jeudi 26 mars 2009

"Les Portes du Ciel - Visions du monde dans l’Égypte ancienne"

Ce superbe ouvrage, très abondamment illustré, est le catalogue d'une exposition réalisée et accueillie par le musée du Louvre (6 mars-29 juin 2009). Son contenu déborde amplement le cadre quelque peu technique de ce blog. Il n'en est pas moins vrai, me semble-t-il, qu'il y a sa place dans la mesure où la construction des pyramides représentait pour les Égyptiens bien plus qu'une simple performance architecturale : elles étaient d'abord pour eux, comme les nombreux autres supports et objets artistiques ou familiers à la haute valeur symbolique figurant dans l'ouvrage, l'expression d'une "vision du monde" où l'éternité jouxtait le quotidien.
Pour les anciens Égyptiens, les "Portes du ciel", point de passage vers l'au-delà, désignaient les battants du naos, tabernacle placé au cœur du temple qui renfermait la statue d'une divinité. Leur ouverture mettait en contact le monde des hommes et celui des dieux : leur fermeture, le soir venu et jusqu'au matin suivant, était associée à la période de régénération et de gestation du soleil dans la nuit de l’au-delà. La réouverture des "Portes du Ciel" au matin marquait le retour de la lumière et, de ce fait, une résurrection.

Stèle funéraire de la dame Tapéret, Bois
stuqué et peint, H. : 31 cm; La. : 29 cm; Pr. :
2,6 cm. Provenance incertaine, probablement
région thébaine, 22e-25e dynastie, vers 850-690
av. J.-C. Paris, musée du Louvre, E 52-N 3663
© 2008 Musée du Louvre / Georges Poncet
Ici-bas/au-delà, mort/survie, ténèbres/lumière, finitude du quotidien humain/éternité du monde divin, contingence/plénitude : cette bipolarité est omniprésente au cœur de la religion égyptienne, basée sur l'"idée obsédante de la maîtrise de la mort" et un "contact permanent entre les hommes et les dieux".
Par delà les subtilités techniques qui ont inspiré leur construction, les pyramides égyptiennes, et par excellence celles de la 4e dynastie édifiées sur le plateau de Guizeh, sont d'abord une expression, inscrite dans l'architecture, de cette symbiose entre la pesanteur de la pierre et les promesses d'éternité :"Dès l'aube de l'histoire, l'horizon-akhet est transposé dans l'architecture royale funéraire, puisqu'au sein de la pyramide, l''antichambre' symbolise l'endroit où Pharaon prendra son essor vers le firmament, après son passage devant le juge suprême dans les ténèbres dui silencieux serdab."
 
Statue cube de Kha,
quartzite, A 65, musée du Louvre
© 2001 Musée du Louvre /
Georges Poncet
Demeures d'éternité, lieux de transition, avec leurs temples adjacents, vers la transfiguration lumineuse, les pyramides ne participent-elles pas de l'au-delà mystérieux que représente la Douat, domaine à la fois souterrain et céleste où "l'horizon de l'Ouest marque une limite à partir de laquelle commence l'au-delà" ? Construites pour vénérer les morts, elles renferment dans leur symbolique et leur structure même une promesse d'éternité glorieuse.
Par son contenu et son concept éditorial, ce livre-catalogue peut d'ores et déjà être considéré comme  un ouvrage de référence pour quiconque s'intéresse à la civilisation de l'Égypte ancienne. Il est une invitation à un "parcours initiatique dans les méandres de la pensée égyptienne".
"Les Portes du ciel - Visions du monde dans l'Égypte ancienne", ouvrage collectif sous la direction de Marc Étienne, coédité par Somogy et le musée du Louvre, 2009, 400 pages, 350 illustrations.

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