samedi 25 avril 2009

Non, Monsieur ! La poésie ne suffit pas, même dans les sables du désert !

Je viens de retrouver dans ma bibliothèque un fascicule édité par l'Office du tourisme d'Égypte à Paris, où (malheureusement) ne figure aucune mention de date.
Cette publication comporte un article, signé Pierre-François Astor, qui aborde très sommairement, sous le titre "L'escargot, la chèvre et la pyramide", "l'énigme de la plus vaste entreprise de construction de tous les temps". Tenez-vous bien ! Pour un sujet aussi vaste et complexe, on y a droit à... une page (très aérée).
Une autre surprise de taille nous attend, pour le moins stupéfiante dans le contenu d'une publication que nous pourrions qualifier d'"officielle". Après avoir rappelé qu'aucune théorie relative à la construction des pyramides n'est pleinement satisfaisante, notamment concernant l'hypothétique utilisation de la chèvre comme appareil de levage, l'auteur de l'article pencherait plutôt pour l'hypothèse des rampes en briques crues, faiblement inclinées, sur lesquelles on faisait glisser les traîneaux. Avec toutefois une réserve :"Ce qui ne nous dit toujours pas comment [les Égyptiens] pouvaient charger et décharger la pierre du traîneau". Jusqu'ici, tout va bien !
Puis l'auteur d'ajouter :"Certains conteurs arabes pensaient, il y a très, très longtemps, que les sujets de Pharaon maîtrisaient un moyen surnaturel de lévitation. Sauf le respect que je dois à tous les égyptologues et à Georges Goyon en particulier, voilà une image dont la poésie n'est pas pour me déplaire. Une façon élégante de rappeler que la première des sept merveilles du monde antique et la seule à être parvenue jusqu'à nous, saura encore longtemps s'entourer d'un mystère aussi profond que les sables du désert."
On aura remarqué, je pense, que ce blog se tient délibérément à l'écart de toutes les théories faisant appel au "mystérieux" ou à l'irrationnel, sous quelque forme que ce soit, pour résoudre des "secrets" que l'archéologie ou le bon sens n'ont pas encore réussi à élucider. Il m'a semblé utile toutefois de faire ici une exception. Je demandais dans une autre note quelle était la "bonne parole" que les guides officiels égyptiens  sont censés délivrer aux touristes visitant les pyramides. J'ose espérer - j'en suis quasiment certain - que les propos de nos cicérones dûment patentés sont aujourd'hui d'une autre teneur, nettement plus scientifique...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Cher Monsieur,

Cette brochure date, si ma mémoire est bonne, de 1993. « L’auteur de l’article », comme vous l’écrivez, s’est contenté de présenter, à la demande de l’éditeur de la brochure et dans l’espace qui lui était imparti, le livre de Georges Goyon publié en 1990. La phrase finale qui suscite votre réaction est une formule rhétorique de communication touristique plus proche des théories marketing de « l’expérience client » que des théories des sciences historiques. Je fais largement confiance à la qualité des guides égyptiens, bien plus au courant de l’histoire des pyramides qu’un rédacteur de magazine ; ils auront pris cette remarque avec humour et auront su, comme vous le faites, en corriger la « poésie ». Mais la communication touristique a ses exigences de séduction et j’ose espérer que cette brochure, dont je ne fus que l’un des auteurs, a pu attirer en Egypte des visiteurs aussi nombreux que curieux de goûter les charmes du pays et de découvrir ses vérités historiques.
Nous avions, quant à nous, pris beaucoup de plaisir à écrire cette brochure-magazine de 36 pages – un style nouveau à l’époque – en essayant de présenter un panorama assez complet du pays. Nadine Abdallah et Vincent Massoteau, qui en étaient les directeurs artistiques, avaient su créer un univers esthétique chaleureux ; c’est peut-être pour cela, qu’en dépit de ces défauts, vous l’avez si longtemps conservée dans votre bibliothèque.
Votre emportement témoigne en tout cas de la passion que vous portez à ce pays magnifique.
Très cordialement.
Pierre-François Astor
Conseiller en communication et… (J’espère ne pas provoquer davantage votre colère !) Docteur en histoire.

Marc Chartier a dit…

Cher Monsieur,
Dois-je vous rassurer ? Votre titre de Docteur en histoire ne provoque en moi nulle colère. Bien au contraire ! Je suis honoré - et je suppose que les lecteurs de ce modeste blog le sont également - que vous ayez pris le temps de nous apporter vos lumières sur une formulation que je trouvais quelque peu étrange. Vous nous apportez les explications nécessaires et je vous en remercie.
Dois-je derechef vous rassurer ? Je ne nourris aucune rancœur à l'encontre de la poésie prise globalement. Je veux de surcroît bien admettre qu'elle ait sa place lorsqu'il s'agit de trouver des mots à l'admiration que l'on peut ressentir et qui, je le constate avec plaisir, nous est commune face aux "merveilles" de l'Égypte. Je m'étonnais simplement que l'on puisse lui faire quelques concessions face à des "vérités historiques" qui ne sont pas encore totalement établies et prêtent si facilement le flanc à des élucubrations pour le moins fantaisistes. Vous en conviendrez : l'Égypte mérite mieux.
"Qalbî 'alâ Misr" dit-on sur les rives du Nil. C'est cette passion pour l'Égypte, ainsi que mon admiration pour les bâtisseurs de tous temps qui sont à l'origine de ce blog-inventaire. Soyez une nouvelle fois remercié pour votre contribution et la modération que vous apportez à mon "emportement".
Bien cordialement.
Marc Chartier