mercredi 7 décembre 2011

“Kheops Renaissance”, un an après


En janvier 2011, Pyramidales se faisait l'écho de la conférence de presse internationale au cours de laquelle Jean-Pierre Houdin et l'Équipe Kheops de Dassault Systèmes présentaient la phase II de la théorie de l'auteur de "Kheops Révélée", formulée sous le label "Kheops Renaissance".
Par la suite, Pyramidales a amplement décrit et illustré ces nouveaux développements relatifs à la construction  et à la configuration technique de la Grande Pyramide du Plateau de Guizeh. Voir ici (liens en bas d'article)
Près d'une année après, il nous a semblé intéressant de savoir comment ce nouveau volet de la théorie "houdinienne" a été reçu et interprété, autant par le grand public que par les experts ou passionnés d'égyptologie.
Jean-Pierre Houdin a aimablement accepté de répondre aux questions de Pyramidales. Qu'il en soit ici très cordialement remercié.


Pyramidales :
Jean-Pierre Houdin, voici à peu près une année que vous avez présenté publiquement, lors d’une conférence de presse internationale, les prolongements de vos recherches et travaux sur la construction de la Grande Pyramide de Guizeh, “Kheops Renaissance” faisant suite à “Kheops Révélée”.
Avec le recul, comment appréciez-vous les réactions suscitées, autant auprès du grand public que des spécialistes ou experts en égyptologie, par ce complément apporté à votre “théorie” ?


Jean-Pierre Houdin :

La présentation de "Kheops Renaissance", le 27 janvier 2011 à la Géode, a tout d’abord été pour moi l’expression d’une grande marque de confiance de la part de mes amis de l’Équipe Kheops chez  Dassault Systèmes. Pour des raisons qui n’ont rien à voir avec la science, aucune mission scientifique sur le site n’a pu être entreprise depuis la révélation de la théorie de la rampe intérieure le 30 mars 2007, avec pour conséquence l’impossibilité de mettre à jour une preuve scientifique de l’existence d’une rampe intérieure. La découverte par le Dr Bob Brier, lors du tournage d’un documentaire en 2008,  d’une pièce non répertoriée derrière l’encoche sur l’arête nord-est fut quand même un indice de grande importance. Au regard de ce contexte, la décision prise par l’Équipe Kheops, quatre ans plus tard, d’aller plus loin dans les révélations en me permettant, avec des moyens 3D extraordinaires, d’annoncer la possible existence  de deux antichambres en complément direct de la Chambre du Roi, fut pour moi un évènement majeur pour la théorie. Après près de huit années de silence sur cette partie de mes travaux, je peux désormais montrer toute la cohérence de ces recherches. Aucun chercheur n’est allé aussi loin dans l’étude de la pyramide de Kheops, tant sur le projet architectural établi par les concepteurs de l’époque que sur l’exécution du chantier. 

Outre la satisfaction qu'elles m'apportent, les réactions du public sont à mes yeux révélatrices : dans mes propositions, on voit de plus en plus une cohérence parfaite, fondée sur la simplicité et la logique, répondant totalement aux interrogations qui sont liées à cette construction et à sa finalité. Le grand public découvre finalement l’intelligence des anciens Égyptiens au travers d’un chantier qui lui paraissait "inexplicable". Il y a une explication à toute intervention humaine, particulièrement quand il s’agit de construction. Il n’y a ni magie, ni miracles dans ce domaine. Concernant les spécialistes de la construction, là aussi les réactions sont très positives, le langage de la 3D permettant de s’exprimer de manière très convaincante. 


Enfin, parlons des experts en égyptologie…français ! Ils n’ont pas daigné s’exprimer utilement depuis l’origine de la théorie. Alors, pourquoi en serait-il autrement maintenant que je les mets en face d’une réflexion qu’ils n’ont jamais entreprise. A contrario, plusieurs égyptologues étrangers m’ont montré un intérêt grandissant pour mes travaux. Malheureusement et depuis toujours, les explications de l’égyptologie au sujet de la pyramide de Kheops sont basées sur un trompe-l’œil : la coupe nord-sud de celle-ci montrant trois chambres, des couloirs et la Grande Galerie. A partir de là, cette discipline ne nous a proposé que des théories ne résistant à aucune analyse minutieuse, que ce soit sur la finalité des différentes pièces, sur les funérailles du Roi et encore moins sous l'angle constructif. Et pourtant, la construction des pyramides sous la 4ième Dynastie, avec Snefrou, Kheops et Khephren, est le résultat d’un véritable savoir-faire, sans cesse amélioré certes, mais au service d’une continuité architecturale. La soi-disant "rupture" de Kheops, basée sur la fameuse coupe nord-sud, n’en est pas une ; elle est le fait d’une vision égyptologique du monument, et non pas d’une vision architecturale. L’architecture doit reprendre sa place car elle est à la base de la construction, et elle seule peut apporter tous les éléments qui permettent de comprendre la volonté des concepteurs. Les pierres parlent à ceux qui savent comprendre leur langage…à un architecte, par exemple.


Pyramidales :
Je constate, en consultant aussi attentivement que possible, les publications récentes - par voie de presse papier ou d’articles sur le web - vous concernant, que votre nom reste globalement attaché à la “théorie” première de la rampe interne, comme si la version II de votre description de la Grande Pyramide, incluant notamment les deux antichambres à la Chambre du Roi, rencontrait quelque difficulté à... “passer la rampe” ! En d’autres termes, “Kheops Révélée” a toujours la cote, alors que “Kheops Renaissance” semble encore confinée dans des sphères plus confidentielles.
Partagez-vous cette impression ?


Jean-Pierre Houdin :
Cet apparent état de choses n’est absolument pas lié à la "qualité" de l’information révélée le 27 janvier dernier (la présence probable de deux antichambres à proximité immédiate de la Chambre du Roi), mais à la "quantité" d’informations qui se sont répandues sur le web à la suite de la conférence de presse. Le 30 mars 2007, il y a eu un "cocktail" extraordinaire entre la qualité et la quantité, la théorie se retrouvant propulsée, par une présentation 3D temps réel et relief innovante, au premier rang de l’information pendant plus de 24h. La nouvelle fit le tour du monde en suivant les fuseaux horaires. Ce type d’"état de grâce" est exceptionnel et plaçait évidemment la barre très haute pour toute nouvelle déclaration sur le sujet.
Le but de la conférence de presse du 27 janvier 2011 était tout autre : enfoncer un peu plus profondément la théorie dans l’esprit des gens, en révélant des éléments qui auraient brouillé le message s’ils avaient été intégrés dans la présentation de 2007. La conférence elle-même a été un très grand succès, les grandes chaînes de télévision françaises (TF1, FR2 et FR3 en particulier) traitant amplement la nouvelle dans leurs journaux du midi et du soir. Quant aux agences de presse et à la presse écrite, elles ont largement diffusé l’information de leur côté, exception faite d’une des grandes agences qui a réussi un très beau "loupé" sur le sujet ; il est en est résulté moins d’articles qu’en 2007.
Mais je crois qu’il y a surtout un évènement majeur non prévu au programme qui a en partie volé la vedette à Kheops Renaissance : le 25 janvier 2011, les premières nouvelles à propos d’un mouvement révolutionnaire embryonnaire nous arrivaient du Caire… Le 27 janvier, jour de la conférence, la révolte de la place Tahrir était déjà à la une dans tous les médias. La suite, vous la connaissez.

Finalement, lorsque vous effectuez une recherche sur la théorie dans Google, il y a plus de réponses liées à 2007 qu’à 2011 ; ce n’est lié qu’à la quantité d’informations disponible, pas à la qualité.
Mais, je peux vous affirmer, et toute l’Équipe Kheops est certainement d’accord avec moi, que le message est très bien passé. Tous les jours, je reçois du monde entier des e-mails de passionnés des pyramides qui connaissent parfaitement le sujet et qui sont totalement convaincus par la cohérence de l’ensemble de la théorie.

La visite du site Kheops Renaissance www.3ds.com/kheops réalisé par Dassault Systèmes leur permet d’avoir "les pieds sur le chantier" comme jamais personne ne l’avait proposé. Ils ressortent de ce voyage dans le temps en m’envoyant des e-mails dont les termes ne leur laissent plus place au doute.
Enfin, je terminerai sur cette question en reprenant votre phrase : "En d’autres termes, “Kheops Révélée” a toujours la cote, alors que “Kheops Renaissance” semble encore confinée dans des sphères plus confidentielles."
Pour moi, qui suis en première ligne, je ne perçois absolument aucun confinement. "Kheops Renaissance" complète à merveille "Kheops Révélée" et toute personne qui s’intéresse à mes travaux finit par avoir connaissance de la théorie dans sa globalité. Le but est donc atteint.
Enfin, au sujet des "sphères confidentielles", je dirai que ces termes s’appliquent mieux à un très petit nombre de personnes du monde de l’égyptologie qui ont choisi de m’ignorer. Tant pis pour eux, le dialogue aurait été intéressant.

Pyramidales :
Lors de votre présentation publique de “Kheops Renaissance”, en janvier 2011, des contacts avaient été établis avec deux experts de l’Université Laval de Québec, en vue d’une éventuelle observation in situ de la Grande Pyramide, à l’aide de la technique de la Vision Infrarouge Multipolaire. Où en êtes-vous de ce projet ?
Complément obligé à cette question : un tel projet supposait et suppose toujours un accord des plus hauts responsables des Antiquités égyptiennes. Or l’Égypte a connu les bouleversements que l’on sait. La nomination d’un nouveau Secrétaire général au Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, puis d'un ministre des Antiquités égyptiennes, laisse-t-elle entrevoir une “fenêtre” à l’aboutissement de votre projet ?


Jean-Pierre Houdin :
La collaboration avec l’équipe de l’Université Laval, le professeur Xavier Maldague, Matthieu Klein et Clemente Ibarra Castanedo, se développe très bien. Des réunions de travail ont eu lieu en juin dernier à l’université et ont permis d’établir un protocole précis, ainsi qu'une stratégie de mise en place d’une mission. Par ailleurs une campagne d’application de la technique de la Vision Infrarouge Multipolaire a été mise en place au Québec : l’expérience a été appliquée à la Redoute, un bâtiment fortifié dans l’enceinte du Vieux Québec, les autorités locales ayant chaleureusement accepté de mettre à disposition ce bâtiment. Nous pourrons donc affiner le protocole en fonction des résultats acquis durant cette campagne.
Cela m’amène à répondre à la deuxième partie de votre question : comme depuis toujours, il est essentiel que toute campagne de recherche sur place se fasse en accord avec les Égyptiens et avec les autorisations légales du Conseil Suprême des Antiquités (CSA). La situation actuelle en Egypte ne permet pas d’avoir une vision très claire de ce qui se passe au CSA, le poste de Secrétaire général ayant été occupé successivement par plusieurs personnes en très peu de temps. Les élections en cours sont un élément d’incertitude supplémentaire quant au futur de ce service. Il en découle qu’il est malheureusement impossible de voir pour l’instant une "fenêtre" à l’aboutissement du projet.

Pyramidales :

Votre théorie telle que formulée dans “Kheops Renaissance” représente-t-elle le terme ultime de votre “reconstruction du chantier” de la Grande Pyramide ? Ou bien est-elle susceptible de connaître à nouveau des évolutions, des perfectionnements ? Si oui, quels sont les axes nouveaux de vos recherches ?

Jean-Pierre Houdin :



La théorie est maintenant globalement formulée, l’architecture funéraire étant précisée, les processus de construction détaillés et l’ensemble du Plateau de Gizeh intégré dans l’explication du chantier et de son déroulement. Mais comme dans toute hypothèse, des détails peuvent encore être améliorés ; ils ne remettront toutefois plus en cause la théorie. Je suis très satisfait que celle-ci s’en soit retrouvée affinée et simplifiée au fur et à mesure de ses développements et que sa logique en ait été renforcée. Chaque étape, chaque détail, chaque processus, chaque choix architectural sont soutenus par des argumentaires solides ou des indices visibles in situ.
La simulation 3D poussée à l’extrême avec le logiciel CATIA de Dassault Systèmes nous a permis d’aboutir à un modèle virtuel parfait de ce que j’imagine. Maintenant, seule la confrontation à la réalité nous permettra de corriger les éventuelles différences de détail. Le doute fait partie de la recherche, bien entendu, mais j’ai de plus en plus de mal à imaginer une autre méthode que la construction "par l’intérieur" pour la construction de ces grandes pyramides. Quand j’essaie de me remettre "à l’extérieur" pour aborder le sujet, et en raison de toutes les connaissances que j’ai acquises pendant douze années de recherches, je me rends toujours compte très vite que je bute sur une impossibilité. J’ai eu le temps de tourner le problème dans tous les sens, croyez-moi !


Comme je le dis souvent, la pyramide de Kheops n’est pas arrivée sur le Plateau de Gizeh par hasard : elle est le résultat d’une évolution dans l’art de construire depuis les premiers mastabas. Ayant étudié toutes les pyramides construites depuis Djoser jusqu’à Mykerinos, il est maintenant normal que je précise pour chacune leur mode de construction, particulièrement les deux pyramides de Snefrou à Dahchour (Rhomboïdale et Rouge) et la pyramide de Khephren à Gizeh. Si la construction "par l’intérieur" est la règle, on trouve néanmoins des variantes adaptées à chacun des monuments dans l’application des processus. La modélisation des ces pyramides montrera les évolutions et ne pourra que compléter et renforcer les grands principes de la théorie.

Pyramidales :
La pyramide de Kheops est considérée comme le nec plus ultra de l’architecture pyramidale sur le plateau de Guizeh, aboutissement du savoir-faire des bâtisseurs égyptiens. Est-ce à dire qu’elle est un cas unique ? Ou bien pensez-vous que les techniques mises en œuvre pour sa construction - notamment, de votre point de vue, la rampe interne - ont également été appliquées pour l’édification d’autres pyramides, Khephren par exemple, voire Mykerinos ?

Henri Houdin, père de Jean-Pierre, attentif aux recherches de son fils
Jean-Pierre Houdin :
Comme je l’indique dans ma réponse précédente, la pyramide de Kheops est l’aboutissement, au début de sa construction, du savoir-faire des bâtisseurs égyptiens ; elle n’est donc absolument pas un cas unique, bien qu’elle soit unique en son genre (architecture funéraire au cœur du monument). La technique de construction "par l’intérieur" a été appliquée à toutes les pyramides lisses construites après la pyramide à degrés de Saqqara. Cela ne veut pas dire pour autant que toutes les pyramides lisses ont été construites en partie grâce à une rampe intérieure. Ce processus technique n’a été nécessaire que pour les grandes pyramides lisses de la 4ème Dynastie (Rhomboïdale, Rouge, Kheops et Khephren… et certainement Meïdoum). Pour toutes les autres pyramides à partir de Mykerinos, les Égyptiens continueront à construire "par l’intérieur", mais sans recours à une rampe intérieure ; une tranchée de construction pénétrant dans une des faces du bâtiment sera réservée pendant la construction avant d’être rebouchée en fin de chantier. On retrouve les traces de ces tranchées dans les ruines des pyramides de Sahure et Neferirkare à Abousir.

Pyramidales :
Une question à mes yeux fondamentale : au vu des multiples théories contemporaines qui se succèdent les unes aux autres pour tenter de percevoir - enfin ! - le “secret des pyramides”, quels sont, selon vous, les atouts, ou mieux : les compétences, que doit ou devrait afficher tout chercheur en ce domaine ?



Jean-Pierre Houdin :
Je crois qu’il est primordial de penser d’abord au monument lui-même, de comprendre la philosophie de conception, de suivre la logique évolutive de l’architecture de l’époque, d’analyser dans le détail les éléments constitutifs, et surtout de ne pas venir appliquer un gadget qui pourrait répondre à un point précis de la construction. Les Égyptiens n’ont fait que pousser à l’extrême, pour Kheops, des processus simples, logiques, mais maîtrisés.
Le cahier des charges était précis : construire une pyramide, rien qu’une pyramide, et non pas, par exemple, construire une grande rampe "à perte" ou des écluses pour construire une pyramide. Il fallait construire en ne gâchant aucun matériau, car chacun avait un coût. Extraire une pierre pour construire une rampe extérieure n’était pas une finalité, mais une étape dans la vie de cette pierre. Des processus adaptés à chaque grande étape de la construction abaissaient le coût de la construction, car cette même pierre ayant servi dans un processus (la rampe extérieure) se retrouvait dans le suivant comme élément constitutif du bâtiment lui-même. C’est le Grand Art des Égyptiens de l’époque.
Les compétences nécessaires ? Certainement de bonnes connaissances en construction, cela me paraît logique… surtout quand je vois certaines théories qui font fi de la gravité !
Je ne pense pas que l’étude seule de textes puisse permettre de comprendre, surtout lorsque les textes sont si rares et sommaires. Herodote ne suffit absolument pas, loin de là !
Par contre, s’appuyer sur le maximum de connaissances de cette époque permet d’avoir une bibliothèque de références très importante ; on retrouve des paramètres communs, un langage architectural et des principes religieux qu’il est obligatoire de connaître pour avancer.

Pyramidales :
Vous accompagnez de vos encouragements le projet, élaboré par Steve Ward, “Earth Pyramid”. En quoi, selon vous, cette initiative est-elle prometteuse ? Que révèle-t-elle ?



Jean-Pierre Houdin :
J’ai été contacté par Steve Ward il y a maintenant plus d’un an. Steve trouvait ma théorie simple, logique, écologique et parfaitement adaptée à son projet de construction d’une pyramide moderne. Il y avait donc déjà un côté sympathique dans cette rencontre par internet. Mais, ce qui m’a le plus séduit, c’est l’idée maîtresse du projet "Earth Pyramid" : construire un monument destiné à traverser les siècles, pour les générations futures, en impliquant les jeunes générations d’aujourd’hui dans un grand mouvement rassembleur.
En quoi cette initiative est-elle prometteuse ?
On n’a jamais rien sans rien. Ce sont les hommes et les femmes qui soutiendront cette initiative et la rendront prometteuse. Mais elle a tout pour qu’elle le devienne : ce projet est positif, constructif, généreux, pacifique, légèrement utopiste (il en faut pour rêver), tourné vers les enfants du monde entier qui ont un "sacré" besoin d’avoir une autre vision de leur Terre que celle qu’ils voient à longueur de journées dans les télévisions : guerres, crises, catastrophes, famines… rien de très réjouissant dans tout cela. Alors, quand quelqu’un est motivé à fond, se bat pour une idée noble et intelligente (transmettre des messages d’enfants à lire dans un millier d’années), je soutiens, tout simplement. C’est un peu de fraîcheur dans un monde quand même très tourmenté. Et puis le symbole de la pyramide renfermant une "time-capsule" est une excellente idée. On voit bien que ce type de monument peut défier le temps sans trop de problème…Ce ne sont que les actions des hommes qui peuvent perturber leur durée : qui oserait s’attaquer à un symbole dédié aux enfants du monde entier ?


Site de Dassault Systèmes sur Kheops Renaissance





dimanche 13 novembre 2011

Votre calendrier 2012

 
Vous pouvez enregister le calendrier et l'imprimer

mercredi 12 octobre 2011

Les outils et techniques de construction des pyramides d'Égypte, selon Jean Kuzniar


J’ai déjà présenté - très sommairement - dans Pyramidales l’approche technique et expérimentale de Jean Kuzniar, visant à élucider le “mystère” de la construction des pyramides égyptiennes. Voir ICI.
Sur son site internet, cet auteur s’intéresse aux outils de carriers et maçons de l'Ancienne Égypte et à leurs utilisations. Il précise en ces termes sa méthode de recherche : “Dans le domaine de la construction sous l'Ancien Empire, on ne peut rien affirmer. (…) On peut toujours dire : "On ne sait pas comment ils ont fait ; il n'y a aucune preuve", mais on pourrait aussi expliquer comment ils auraient pu faire, car ces monuments sont là et c'est bien eux qui les ont construits. Aujourd'hui on peut démontrer que le déplacement et l'élévation des monolithes de très grand poids peuvent être faits par un petit nombre d'ouvriers sans efforts physiques démesurés.”
Berceaux oscillants, chaises de stockage, pierres convexes, billots, leviers, rouleaux, traîneaux, doubles leviers (leviers à double démultiplication) : tous ces outils ont fait, de sa part, l’objet d’un inventaire et de reproductions en maquettes. De leur analyse méticuleuse, il élabore ses déductions sur les techniques de construction mises en oeuvre par les anciens Égyptiens.
Récemment, Jean Kuzniar a eu l’occasion d’exposer en Italie le fruit de ses recherches. L’une de ses interventions a été filmée, avec commentaires doublés en italien. L’auteur explique notamment en détail les deux sortes de procédés de levage qui, selon lui, ont été utilisés par les bâtisseurs de pyramides : les rampes en zigzag, soit en bois, soit en pierres, pour les blocs de 2 à 3 tonnes ; l’escalier de deux fois 25 m de large pour le transport des blocs beaucoup plus lourds (ceux de la chambre du Roi).
Plutôt que de tenter de résumer ce documentaire, il m’a semblé plus adéquat et instructif de le reproduire ici dans son intégralité. J’ai dû pour ce faire le compresser et le publier sur Dailymotion, en deux parties.
Ce sont ces vidéos que j’ai insérées ci-dessous.


samedi 10 septembre 2011

Fin d'inventaire

Photo Marc Chartier

Après quelque trois années d’existence, "Pyramidales" entrevoit le terme de son itinéraire. Celui, en tout cas, que je lui avais fixé.
Je me garde bien de calculer le nombre de théories, relatives à la construction et/ou à la fonction des pyramides égyptiennes, qui y ont été présentées. Cet aspect est purement anecdotique.
Certaines théories, plus ou moins directement inspirées d’orientations ésotériques, ont été délibérément laissées sur la touche.
Mon inventaire, j’en suis bien conscient, est par ailleurs incomplet. Il comporte des lacunes. Tel ou tel auteur en est absent, pour des raisons évidentes (incompréhension, de ma part, de certaines langues, telles que l’allemand ou le néerlandais) ou plus complexes (difficulté d’identifier certains textes, impératifs du respect des droits d’auteur, intention manifeste de certains auteurs contemporains de se tenir à distance d’un support - sans doute pas assez sérieux à leur gré - tel qu’un blog...).
Je me dois, par contre, d’adresser ma plus cordiale gratitude aux nombreux auteurs contemporains qui ont accueilli, parfois amicalement, ma démarche, même s’ils attendaient peut-être tacitement une réponse, de ma part, plus affirmée, plus affichée que la simple neutralité (objectivité ?) à laquelle j’ai tenté de m’astreindre. Ce blog leur doit beaucoup.
Dois-je le préciser, pour la dernière fois : ce blog a été construit et animé de manière à 150 % bénévole, sans la moindre finalité “commerciale”. D’où l’absence totale d’encarts publicitaires.
J’ai été animé exclusivement par la passion et par une dette de reconnaissance qui me lie à cette terre d’Egypte où j’ai pu passer trois fabuleuses années de ma vie.
Ce blog entame donc une nouvelle phase de son existence. "Pyramidales" restera désormais ancré sur la “toile”, bibliothèque numérique à la disposition de celles et ceux qui cherchent le comment du pourquoi, ou bien le pourquoi du comment, ont été construits par la main de l’homme, dans la vallée du Nil, ces amoncellements de pierres voués à l’éternité...
Certes, la porte reste ouverte à d’autres publications occasionnelles, liées à l’actualité, ou encore à de nouvelles propositions spontanées. Mais, après des milliers d’heures de recherches, ainsi de que très nombreuses et interminables heures d’insomnie, je me résous à mettre un terme à l’inventaire.
Dans la foulée, je me suis lancé dans une autre aventure : un nouveau blog, lié à l’actualité culturelle, archéologique et sociale de l'Égypte : 
Egypt-actus. Si vous me faites l’amitié de m’y suivre, vous y serez notamment informés en temps presque réel de la publication des éléments nouveaux venant se greffer sur le contenu, tel qu’il est actuellement, de "Pyramidales".
Merci pour votre confiance.
Bonne route à chacune et chacun d’entre vous !
Marc

Quelques gravures de la Terre des Pharaons

Dans son ouvrage La Terre des Pharaons, tableau de l’ancienne Égypte, édité en 1888 (*), M. Legrand consacre plusieurs pages aux pyramides égyptiennes. Pour se faciliter la tâche, il se contente, après une brève introduction (extraits ci-dessous), de citer abondamment Georg Moritz Ebers.
La seule véritable raison qui m’a amené à faire figurer cet ouvrage dans mon inventaire tient aux illustrations - des “gravures d’après les monuments antiques” - qui accompagnent le texte. J’ai reproduit dans cette note celles qui concernent le site de Guizeh.

“Si l'on se rappelle ce que nous avons dit des croyances religieuses de l'Égypte, on ne s'étonnera pas de l'importance qu'avait, dans le pays des pharaons, l'architecture funéraire. La tombe de l'ancien empire, le mastaba, se compose d'une partie construite et d'une partie souterraine creusée dans le roc, la première renfermant une chambre, la seconde contenant un puits et un caveau. Mais le mastaba, c'est la tombe privée, et pendant la même période, la tombe royale revêt une autre forme : la pyramide, qui, comme le mastaba, se compose d'un puits et d'un caveau. Pour la chapelle (si l'on peut ainsi appeler la chambre où se réunissaient les parents du défunt), elle s'élevait à quelque distance de la face orientale de la pyramide.
(suit une longue citation du récit par G. Ebers de la visite qu'il fit aux pyramides de Guizeh. Cf la note de Pyramidales sur cet auteur)







Source : Gallica

(*) En dépit de la similitude du titre, dans sa traduction française, rien à voir avec le film de Howard Hawks.

Construction des pyramides égyptiennes : un travail et un coût qui n’ont servi à rien, selon Philip Sanford Marden (XIXe-XXe s.)

Une précision immédiate, pour compléter le titre de cette note : l’immense chantier des pyramides n’a été d’aucune utilité pour le but initialement recherché. “Khéops et autres pharaons, écrit Philip Sanford Marden (1874-1963) dans Egyptian days (1912), ont érigé pour eux-mêmes des tombeaux qui devaient durer des siècles, et probablement pour l’éternité, mais leurs corps n’y étaient en définitive pas plus en sécurité que s’ils avaient été ensevelis dans les plus humbles des tombes.”
On retiendra par ailleurs ce que l’auteur écrit à propos de l’accrétion, une théorie, selon lui, qui intéresse sans doute encore les étudiants, mais qui présente en réalité des incohérences, au point d’être “hautement improbable”.

“Various theories have been advanced to account for the extraordinary magnitude of the Fourth Dynasty pyramids as contrasted with those of later times. Most interesting of all, though probably fallacious, is the one which holds that these pyramids were matters of accretion - that is to say, that each king began his monument on a modest scale and added to it year after year, so that the resulting pyramid would be directly proportionate to the length of his reign.
The trouble with this is that several kings, whose reigns were of respectable length and fairly comparable to those of Cheops and Khephrên, did not leave pyramids as large as theirs. And moreover, as will be seen by referring to the drawing of the Great Pyramid in section, such an hypothesis seems irreconcilable with the arrangement of the interior passages. True it is that alterations were made in the internal design as the work advanced, but so far as appears, even the original plans called for a pyramid but little smaller than that which was finally built. The point at which the tomb-passage enters the rock of the plateau appears to fix the lower limit of size in the case of the pyramid of Cheops - and it is no modest pile, even then. Therefore, while the accretion theory is by no means dead and still finds a degree of favor among students, it seems highly improbable that it can be relied on to explain the case.
From the indications it seems necessary to assume that Cheops from the first planned a structure very nearly as large as the one he actually completed ; and plausible to account for the subsequent falling-off in size in the other monuments as due to excessive costs or possibly a failure of engineering skill.

The latter factor in the time of Cheops was indeed marvelous, as is revealed by the nicety of measurement and accuracy of orientation. The error in attempting to make the front of the tomb face the true north is practically negligible, and the same is said to be true of the slight errors in placing the four comers. Considering the primitive tools and the configuration of the land, which precluded direct sighting, the results attained were extraordinary, and could not be bettered, even if they could be equaled, by modem engineers. As for the fitted blocks of the exterior casing, while few remain, it is possible to see that their joints were of amazing accuracy, and the work in the casing of the inner hall is frequently compared for minuteness of exactitude to the best work of modem opticians. (...)
A glance at the plan of the pyramid of Cheops will serve to show more of its arrangement than a
visit to its depths. A steeply descending passage leads down to a sepulchral chamber deep in the native rock. That is not shown to visitors. Instead, one takes the ascending passage that leads up to the very centre of the pyramid, part of it spacious and lofty, but most of it abominably cramped and low.
Up this incline it is supposed the body of Cheops was carried on the last day and laid to rest in the huge sarcophagus that still occupies a place in the " King's Chamber". Then the huge plug blocks of granite which had been prepared were let down to bar future entry, the narrower passages were (perhaps) filled with rubble,
the workmen escaped by the roughly vertical shaft to the lower passage in the rock below, the entrance in the outer casing was smoothly closed - and theoretically the grave-robbers were forever foiled ! Practically the tomb was rifled within a few hundred years - possibly even during the period of unrest that closed the Old Kingdom's career in the Ninth and Tenth dynasties. The labor and cost had been all in vain. Cheops and the rest had erected for themselves tombs that would endure for centuries, probably for all time, but their bodies were no more secure at the last than if they had been laid in the humblest grave.”

Source : archive.org

“Il n’est pas étonnant que les Égyptiens aient choisi le désert, image de la mort, pour y construire leurs tombes et leurs sépulcres” (Giuseppe de Nizzoli - XIXe s.)

Le diplomate Giuseppe de Nizzoli fut, de 1818 à 1828, chancelier du consulat autrichien à Alexandrie. Spécialisé dans la collecte et le commerce d’objets archéologiques, il fut à l’origine de grandes collections qui furent accueillies par les musées de Vienne, Florence et Bologne.
Ayant pris connaissance, en 1845, de la théorie de Fialin de Persigny sur “la destination et de l'utilité permanente des Pyramides d'Égypte et de Nubie”, il écrivit Le Piramidi d’Egitto, une longue note dans laquelle il prit le contre-pied de cette hypothèse selon laquelle les pyramides auraient été construites pour servir d’abord de barrière contre l’ensablement du Nil.
En préambule, il justifia la légitimité de son initiative en ces termes : ”Je n’ai pas lu l’ouvrage de Persigny, mais j’ai visité l’Égypte, j’ai vu les pyramides, j’ai examiné ces lieux, où j’ai fait exécuter des fouilles pour mon propre compte et comme membre de la Société antiquaire d’Égypte, créée au Caire en 1821.”
La conclusion de sa démonstration est sans équivoque :”Les pyramides ont été érigées pour servir de tombes royales et de sépulcres : telle fut leur destination absolue, qui ne peut nullement être mise en doute.”

Cliché de David Gardiner (1906)
“Che le Piramidi fossero erette per servire di regie tombe e sepolcri, e che tale fosse la lor destinazione assoluta e la prima idea in chi ne escogitò l'inalzamento, pare che non possa mettersi in dubio alcuno, come pare che non possa altrimenti dubitarsi, quella essere stata l'idea principale, e non accessoria, come pretende il de Persigny, il quale le riguarda inalzate invece allo scopo di garantire la vallata del Nilo dalle invasioni sabbioniccie del deserto, appoggiandosi, come dice l'articolo, a considerazioni storiche ed archeologiche di tanti viaggiatori dell' antichità e moderni, ed a considerazioni geografiche e topografiche intorno a' luoghi su cui posano le Piramidi stesse : in una parola, secondo l’articolo, le Piramidi non sarebbero che paraventi !
Ma le considerazioni su di cui posa l’edifizio del sig. Persigny sono quelle che sembrano riflettere appunto contro il suo argomento medesimo.
Che le Piramidi fossero in origine destinate principalmente a sepolcri sembra evidentemente dimostrato da quanto ci narrano i più celebri scrittori antichi e moderni che sul luogo stesso si recarono, senza che mai la mente suggerisse loro che quei monumenti avessero potuto avere ancora la speciale destinazione che il sig. de Persigny intende di attribuirgli in principalità, considerando come puramente accessoria quella di tombe.
Non v'è credo chi non sappia che fu mai sempre usanza di porre sul luogo ove giace il defunto un mucchio di pietre sia per riconoscere il luogo, sia per vieppiù assicurarlo onde non gli sia recata ingiuria. La sua grandezza era a misura della possibilità del morto. Un principe dovea in conseguenza più che gli altri far risplendere la sua possanza in una maggiore elevazione, che ristretta ad un solo punto nè ristabilì poi la forma di una Piramide. (...)
In ogni modo ciò ch'è evidente e non soggiace a dubì si è che le Piramidi non fossero altro che tombe dei re d'Egitto, desiderosi di lasciare alla posterità opere tali, che indicassero per secoli infiniti la loro possanza e grandezza. Ed infatti esse furono visitate ed ammirate in ogni epoca dalla più gran parte dei filosofi, poeti, e viaggiatori più illustri, ma a nessuno di questi, nè di que'ch'ebbero perfino comunicazione coi sacerdoti Egiziani, non fu dato mai di scoprire o almeno d'intendere che le Piramidi, oltre lo scopo di tombe, riunissero poi una diversa principale destinazione quale vorrebbe il sig. de Persigny attribuirgli.
Infatti se ben si esamina la qualità di qué'monumenti, la loro magnificenza e struttura, a tutt'altro conduce il pensiero, fuorchè a riconoscere in essi un argine contro l'avanzamento delle sabbie del deserto. (...)
Le Piramidi menfìtiche (...) si ergono come giganti isolati, e senza verun circostante oggetto sulle creste di quei colli, piantale senz'ordine nè regola per tutto il tratto della lunghezza disopra enunciala, ed anzichè essere disposte in linea parallela dal nord al sud, come avrebbero dovuto esserlo per poter corrispondere in qualche modo all'idea del sig. de Persigny, le tre più grandi scorrono invece una linea quasi opposta, cioè da Oriente a Occidente, restringendo così la lora forza riparatrice contro la furia di venti trasversali diretti sopra la vallata, mentre le altre Piramidi sì vedono egualmente sparse quà e là senza direzione, né scopo simmetrico, ed elevate come a caso ora in una or in un' altra situazione lungo il tratto di collinette formanti la summentovata catena libica, e questo tratto, che neppure forma grandi ineguaglianze, fa parte del deserto, anzi è lo stesso deserto : e Diodoro ce lo conferma, quando ci narra che la 3.za Piramide di Gezeh, quella cioè di Micerino, fu eretta alquanto dentro del deserto.
Ne risulterebbe dunque che un deserto erano sempre quei luoghi, e che il deserto invece di essere in ogni caso trattenuto dalle Piramidi, si sarebbe avanzato anzi nella vallata verso il Nilo, come pure ne risulterebbe che le Piramidi non fossero state erette avanti a gole di montagne. (...)
Non è quindi maraviglia che siccome il deserto è l’imagine della morte, abbiano gli Egiziani scelti appunto quei luoghi tristi e silenziosi per scavarvi le loro sotterranee catacombe, e per erigervi le loro tombe e sepolcri sulla superficie della terra. (...)
Cosa è mai in sostanza una Piramide per quanto sterminata ne sia la mole in confronto dell'immensità dello spazio che presenta il deserto, per credere che una ventina di tali monumenti, d'altronde irregolarmente disposti in una linea di circa 20 miglia inglesi, potrebbero servire a trattenere l'avanzamento del deserto ? (...)
Per poter ammettere in qualche parte l'argomento portato in campo dal sig. di Persigny avrebbe convenuto, che per tutta la sua lunghezza, la catena libica o memfitica che si estende da Gizeh a Darjour, fosse stata difesa da una linea non interrotta di Piramidi : ma quante centinaia di Piramidi non avrebbe bisognato in tal caso di costruire per porre un argine di qualche utilità contro l'avanzamento materiale delle sabbie ; dico con qualche utilità, giacchè la stessa forma quadrangolare delle Piramidi terminando in punta diminuirebbe d' assai l'effetto che se ne vorrebbe ottenere. (...)
Se veramente si potesse ammettere come principal scopo dell' inalzamento delle Piramidi, quello di difendere la vallata del Nilo dall' avanzamento del deserto, e di trattenere le sabbie che i venti vi trasportano, non sarebbe in tal caso convenuto meglio a quegli antichi di erigere una grande muraglia lungo la linea memfìtica anziché inalzare delle Piramidi qua e là senz' ordine nè regola ?
Perchè infatti,o bisognava a riempire tutti i vacui della linea memfìtica, inalzando una fila di infinite Piramidi, una stretta all' altra (cosa pressoché impossibile a verificarsi), o erigere una muraglia corrispondente, lochè era tanto più facile da concepire, come da eseguirsi. (...)
E dopo di tutto questo chi è che vorrà mettere appena in dubbio che lo scopo principale, il vero e consentaneo propriamente ai principi religiosi professati da quel popolo, nell'inalzare le suddette Piramidi che andavano del pari ai tanti altri maravigliosi colossali monumenti eretti allo stesso fine, non fosse quello di tombe ?
Come sostenere che una tale destinazione funeraria delle Piramidi fosse puramente accessoria e quasi accidentale, dopo che catacombe, statue, labirinti, sfingi, mausolei e tutto finalmente nelle Necropoli, siano tali opere scavate e scolpite sotto le rocce e nel seno dei monti o erette sulla loro superficie, non avevano di mira che le tombe, e che tutto in somma dinota un solo pensiero profondamente religioso quello dei trapassati, il perché a questi pensarono molto e gran parte della vita, e tesori dedicarono al riposo di quelli. (...)
E ritornando all' argomento in questione dirò che il solo ed unico mezzo per cui potevasi dagli Egizi, senza il soccorso d'altronde inutile delle Piramidi, procurare di trattenere l'avanzamento del deserto nella vallata, anziché servirsi di quello ideato dal sig. Persigny, esser dovea quello di una savia amministrazione unita a buone leggi che valessero ad estendere i modi di agricoltura, ad aumentarne le piantagioni di alberi utili, a fertilizzare il paese, con ben regolarne le irrigazioni mediante opportuni canali onde le aque giungere potessero a deporre fino alle più possibili estremità laterali lungo la vallata coltivabile del Nilo, il prezioso e benefico suo limo da cui derivarne dovea tanta ubertosità e ricchezza.”

vendredi 9 septembre 2011

Les pyramides d’Égypte, au cœur d’un voyage initiatique, sous la plume de Samuel Johnson (XVIIIe s.)

Samuel Johnson (1709-1784), connu sous le nom de Dr Johnson, est l'un des plus grands esprits encyclopédiques de la littérature anglaise. Poète, essayiste, biographe, lexicographe, pamphlétaire, journaliste, moraliste, critique littéraire, auteur du Dictionary of the English Language, il est l'écrivain anglais le plus cité après Shakespeare.
En 1759, il publia un court roman philosophique - The History of Rasselas, Prince of Abissinia (titre original : The Choice of Life) -, dans lequel il décrivit la vie du Prince Rasselas (un Candide anglais) et de sa sœur Nekayah, gardés dans un endroit nommé Happy Valley, en Abyssinie. Cette vallée est un lieu idyllique ; mais avec l'aide du philosophe Imlac, Rasselas s'en échappe pour aller explorer le monde où il constate que la société est plutôt en proie à la souffrance.
Au cours de ce voyage initiatique, une halte est faite aux pyramides d’Égypte.
Deux traductions françaises de l’ouvrage sont disponibles sur Gallica : l’une sous le titre La Vallée heureuse, ou le Prince mécontent de son sort, 1803 (traduction de Louis ?) ; l’autre, éditée en 1819, sous le titre Rasselas, prince d'Abyssinie. C’est cette seconde version que j’ai retenue pour les extraits qui suivent.

                                 Samuel Johnson, par Reynolds (1772)                            
           
- “Je suis disposé, dit le prince, à voir tout ce qui peut mériter ma recherche.”
- “Et moi, dit la princesse, je trouverai, du plaisir à apprendre quelque chose des coutumes de l'antiquité.”
- “Les plus pompeux monuments de la grandeur de l'Égypte, et l'un des ouvrages les plus massifs de l'industrie manuelle, dit Imlac, ce sont les pyramides, ces fabriques élevées avant les temps historiques, et dont les récits les plus reculés ne nous offrent que des traditions incertaines. La plus grande existe encore, très peu endommagée par le temps.”
- “Allons les visiter demain, dit Nekayah ; j'ai souvent entendu parler des pyramides, et je n'aurai de repos que lorsque je les aurai vues en dedans et en dehors. de mes propres yeux.”
-------------
Cette résolution prise, ils partirent le lendemain. Ils chargèrent leurs tentes sur leurs chameaux, étant résolus de ne quitter les pyramides que quand ils auraient pleinement satisfait leur curiosité. Ils voyagèrent à leur aise, se détournèrent pour voir tout, ce qu'il y avait de remarquable, s'arrêtèrent de temps en temps pour converser avec les habitants, et observèrent les divers aspects des villes ruinées et désertes, de la nature sauvage et de la nature cultivée.
Lorsqu'ils arrivèrent à la grande pyramide, ils furent étonnés de l'étendue de la base et de la hauteur du sommet. Imlac leur expliqua les principes d'après lesquels on avait choisi la forme
pyramidale pour une fabrique destinée à prolonger sa durée à l'égal de celle du monde. Il leur fit voir que sa diminution graduelle lui donnait une stabilité telle qu'elle bravait les attaques ordinaires des éléments, et pourrait à peine être renversée par les tremblements de terre eux-mêmes, violence naturelle à laquelle on peut le moins résister. Une secousse qui pourrait ébranler la pyramide, menacerait de la dissolution du continent.
Ils mesurèrent toutes ses dimensions, et dressèrent leurs tentes auprès. Le lendemain, ils se préparèrent à entrer dans les appartements intérieurs, et après avoir loué les guides ordinaires, ils grimpèrent jusqu'au premier passage, quand la favorite de la princesse, en examinant l'ouverture, recula en arrière, et trembla.
- “Pekuah, dit la princesse, de quoi es-tu effrayée ?”
- “De l'entrée étroite, répondit la favorite, et de l'obscurité épouvantable. Je n'ose entrer dans un lieu habité certainement par des âmes malheureuses. Les premiers propriétaires de ces horribles voûtes s'élanceront devant nous, et peut-être nous y enfermeront pour toujours.”
(...)
Pekuah descendit vers les tentes, et les autres entrèrent dans la pyramide. Ils traversèrent les galeries, contemplèrent les voûtes de marbre, et examinèrent la caisse où l'on supposait que le corps du fondateur avait été placé. Ils s'assirent dans une des chambres les plus spacieuses, pour se reposer quelque temps, avant d'entreprendre leur retour.
- “Nous avons maintenant, dit Imlac, satisfait notre esprit par une vue détaillée du plus grand
ouvrage des hommes, excepté la muraille de la Chine. Il est aisé d'assigner le motif de la muraille. Elle garantissait une nation riche et timide des incursions des barbares, dont l'ignorance dans les arts leur faisait trouver plus aisé de suppléer à leurs besoins par la rapine que par l'industrie ; et qui, de temps en temps, se répandaient sur les habitations du paisible commerce, comme les vautours fondent sur les oiseaux domestiques. Leur célérité et leur férocité rendirent la muraille nécessaire, et leur ignorance la rendit efficace.
“Mais quant à la pyramide, on n'a jamais donné de justes raisons de la dépense et du travail de l'édifice. La petitesse des chambres prouve qu'elles ne pouvaient offrir de retraite contre les ennemis ; et on aurait pu cacher des trésors avec bien moins de frais et avec autant de sûreté.
Elle semble n'avoir été élevée que pour se prêter à ces ardents désirs de l'imagination qui
consument constamment la vie, et qu'il faut toujours apaiser par quelque entreprise. Il faut que ceux qui ont déjà tout ce dont ils peuvent jouir, donnent plus d'étendue à leurs désirs. Il faut que celui qui a bâti pour l'utilité, lorsque ce but est rempli, commence à bâtir pour la vanité, et étende son plan jusqu'au-delà de ce que les hommes peuvent produire, afin de ne pas être bientôt réduit à former d'autres vœux.     
Je considère ce puissant édifice comme un monument de l'insuffisance des jouissances de
l'homme. Un roi, dont le pouvoir est illimité, et dont les trésors surpassent tous les besoins réels
et imaginaires, est entraîné à égayer, par l'érection d'une pyramide, la satiété de la puissance et l'insipidité des plaisirs ; et à amuser l'ennui du déclin de sa vie par la vue de milliers d'ouvriers travaillant sans cesse, et de pierres posées l'une sur l'autre sans aucun but. Qui que tu sois, qui n'es pas content d'une situation modérée, qui imagines que le bonheur est dans une magnificence royale, et qui rêves que l'autorité ou les richesses peuvent nourrir l'appétit de la
nouveauté par des jouissances continuelles, regarde les pyramides, et avoue ta folie.”


Texte anglais