jeudi 3 janvier 2013

Pyramides égyptiennes : Il était déjà question de pierres factices au XIXe siècle - IIe partie

Le professeur Joseph Davidovits est connu pour sa théorie sur la méthode de construction des pyramides d’Égypte avec, non pas d'énormes blocs taillés et traînés sur des rampes, mais des pierres ré-agglomérées, autrement dit des pierres calcaires naturelles fabriquées comme du béton, puis moulées. (Cf. Pyramidales ICI)
Bien avant lui, un certain Delafaye (De La Faye) avait déjà émis pareille hypothèse. Pyramidales présentera prochainement des extraits publiés par cet auteur, qui a retenu l’attention de Jean-Henri Hassenfratz dans son Traité théorique et pratique de l'art de calciner la pierre calcaire et de fabriquer toutes sortes de mortiers, ciments, bétons, etc., soit à bras d'hommes, soit à l'aide de machines, Paris, 1825 (Cf. Pyramidales ICI), ainsi que de Valentin Biston (17...?- 18.. ?), un architecte, auteur de manuels techniques, dans son ouvrage Manuel théorique et pratique du chaufournier, contenant L'Art de calciner la pierre à Chaux et à Plâtre ; de composer toutes sortes de Mortiers ordinaires et hydrauliques, Ciments, Pouzzolanes artificielles, Bétons, Mastics; Briques crues, Pierres et Stucs ou Marbres factices propres aux constructions, 1828.
Le texte qui suit est extrait de ce dernier ouvrage.



Photo : Marc Chartier


“L'art de bâtir en briques crues et en pierres factices remonte aux temps les plus reculés. Les Babyloniens, les Égyptiens, les Grecs et les Romains employaient fréquemment ces sortes de pierres dans leurs constructions, et l'on en fait encore usage en Barbarie et chez les Indiens malabares.
De nombreuses ruines de monuments qui datent de plusieurs siècles ; des constructions qui subsistent encore dans les pays septentrionaux, tels que l'Angleterre, l'Ecosse, et même dans quelques contrées situées au nord de la France ; des assertions qui paraissent plus ou moins fondées sur ce que les pyramides d'Egypte sont construites en pierres factices, ainsi que plusieurs autres monuments antiques non moins remarquables qu'extraordinaires ; enfin, de nombreuses expériences faites pendant trente années par Fleuret, ancien professeur d'architecture à l'École royale de Paris, prouvent que ces pierres peuvent être d'une grande utilité dans beaucoup de circonstances, principalement dans les pays où le bois est peu abondant, de même que dans ceux où les pierres de taille naturelles sont rares, soit pour des pompes, des citernes, des auges, des bassins, des aqueducs, des réservoirs, terrasses, grands carreaux pour construire des murailles, et autres constructions hydrauliques ou en plein air ; soit enfin pour celles établies dans l'intérieur des édifices, telles que des pavés imperméables, des enduits et des crépis solides, des planchers d'étages supérieurs pour étuves, chambres de douches, salles de bains, etc. (...)

Ce moyen consiste à faire l'analyse de la pierre que l'on veut connaître; et il suffit, pour cela, de comparer la quantité d'acide carbonique qu'elle contient à celle de la chaux qui la forme. Jamais les pierres factices ne reprennent tout l'acide que le carbonate de chaux contenait. Si donc la proportion de l'acide était moindre que 0,43, 0,45, que contient ordinairement ce carbonate, ce serait une preuve, ou du moins une probabilité très grande en faveur de la pierre soumise à l'épreuve.
Ce sont des expériences de cette nature qui ont conduit à faire croire que les pierres qui forment les parements des grandes pyramides d'Egypte sont factices ; des fragments de l'une d'elles ayant été calcinés et trempés ensuite dans l'eau, ont exhalé de la fumée comme aurait fait une pierre de chaux ; et la matière ayant été pétrie ensuite, a pris corps presque aussi vite que le plâtre ; après quoi on l'a polie comme on ferait un enduit de chaux et de sable fin.
De La Faye, par qui cette expérience a été faite, croit également que les petites pyramides de Nîmes sont en pierres factices. Les piliers de l'église de Saint-Amand, en Flandre, les colonnes du chœur de l'église de Vazelais, en Bourgogne, ont aussi été reconnues construites en pierres de cette nature, par Vauban. Nous pourrions même citer plusieurs autres exemples semblables pour confirmer de la possibilité de fabriquer ces sortes de pierres, ou comme un témoignage en faveur de leur durée.
De La Faye, à l'appui de son assertion, fait remarquer que les pierres des parements des grandes pyramides d'Egypte ont toutes les mêmes dimensions ; qu'elles ne sont liées par aucun mortier ; que la pointe d'un couteau ne peut pénétrer dans les joints qui les séparent ; qu'elles n'ont point de lit, et qu'enfin elles ressemblent en tout à de la pierre factice. On remarquera d'ailleurs que ces pierres ont environ 30 pieds de long sur 4 de large et 3 de haut; qu'il n'existe aucune carrière connue, si ce n'est à une très grande distance, d'où ces pierres auraient pu être tirées ; que leurs masses auraient été trop considérables pour qu'elles eussent pu être charriées et élevées à une aussi grande hauteur, puisque leur poids peut être estimé 65 milliers environ ; qu'on ne trouve aucun débris provenant de leur taille ; et qu'enfin elles portent tous les caractères d'un mortier calcaire.”
Source : Google livres