vendredi 10 mai 2013

La dilatation thermique : cause, selon Peter James, de la dégradation du revêtement des pyramides




"Comme tout matériau, la pierre naturelle est sujette à des variations dimensionnelles sous l'effet de la température. Le coefficient de dilatation thermique caractérise cette déformation et s'exprime en millimètres par mètre et par degré Kelvin (mm/mK). Selon le type de pierre, il peut varier de 1.10-3 à 16.10-3 mm/mK."

Cette citation, empruntée à un organisme technique du Bâtiment (CSTC.be), pourrait servir de support à l'hypothèse développée par Peter James dans un article (en anglais), publié par The Atlantic (10 May 2013).
Selon lui, l'effondrement des blocs de pierre de revêtement sur les pyramides (par ex : la pyramide Rouge et la Grande Pyramide de Guizeh) a été causé par le phénomène naturel de la dilatation des pierres, due aux importantes variations de température.
"Pendant la journée, la température monte à 40 ° C (104 ° F) sur la face de l'enveloppe extérieure, puis la nuit, cette enveloppe se refroidit à 3 ⁰ C (37 ⁰ F) en raison de l'absence de couverture et de l'exposition aux vents dominants. Cela donne une fluctuation de la température quotidienne moyenne de 37 ° C (67 ° F).
Dans une pyramide moins parfaite, comme la Rhomboïdale, la structure est capable d'absorber ces variations.
Par contre, dans les pyramides plus parfaites où les vides entre les blocs de pierre n'existent pratiquement plus, la dilatation des pierres a eu pour conséquence de repousser vers l'extérieur les blocs de façade.
En d'autres termes, "la perfection des pyramides est devenue leur imperfection ; leurs façades lisses ont été brisées par la précision de leur construction".


“Sans explication valable pour la mise en place des blocs de parement, on ne peut expliquer la construction des pyramides elles-mêmes” (Jean-Pierre Houdin)

Jean-Pierre Houdin poursuit ses recherches sur les techniques de construction des pyramides égyptiennes.
Sa reconstitution du chantier de construction de la Grande Pyramide du plateau de Guizeh, présentée dans Kheops Révélé, puis Kheops Renaissance, aura donc des prolongements dont Pyramidales se fera évidemment l’écho.
Nous savons d’ores et déjà que ses nouvelles recherches l’ont conduit à s’intéresser non plus seulement à la pyramide de Kheops, mais également aux autres pyramides lisses... et au Sphinx !
Dans un premier temps, répondant aux questions de notre ami Keith Payne, un blogueur américain passionné d’égyptologie, Jean-Pierre Houdin développe ici son analyse des techniques de construction des divers revêtements mis en oeuvre sur les pyramides de Guizeh.
Dans sa version originale, cette interview a été publiée en anglais sur Em Hotep.

Photo Marc Chartier

Keith Payne (KP) : Vous avez publié récemment, sur la page Facebook Em Hotep BBS, le commentaire suivant à propos de la pyramide de Mykerinos : “J'espère avoir un peu de temps d’ici peu pour vous préciser comment je conçois techniquement la pose des blocs de façade en granit et en calcaire de Tourah... Il y a une énorme différence dans la manière de les poser, qui a été ignorée par tous les égyptologues ayant traité de la construction des pyramides.
Tout d'abord, avant d’aborder la différence de mise en place entre le granit et le calcaire, pourriez-vous nous résumer ce que les égyptologues ont mis en avant en ce qui concerne les façades des pyramides?


Jean-Pierre Houdin (JPH) : En regardant une image de la pyramide de Mykerinos postée sur Em Hotep BBS, j'ai pensé que c'était une bonne occasion pour moi de donner mon explication sur les pierres de revêtement des grandes pyramides lisses égyptiennes et d’exposer les différences de mise en place en fonction du matériau (calcaire de Tourah ou granit) et du support.
Jean-Pierre Houdin


Quand vous regardez ce que les égyptologues ont écrit au sujet des façades des pyramides, vous trouverez de nombreuses propositions “académiques”, mais aucune, parmi les plus communément proposées, n’est plausible à y regarder de plus près.
Sur la base du texte d’Hérodote, il y a ceux qui disent que les blocs de parement ont été ajoutés aux assises en commençant par le haut et en redescendant ; je ne vais pas plus loin, parce que c'est un non-sens en maçonnerie, quelque chose de tout simplement irréaliste techniquement.
Toujours sur la base du texte d’Hérodote, il y a ceux qui disent que les blocs ont été mis en place encore en parallélépipèdes rectangles et que la découpe et le lissage, suivant la pente, ont été effectués à la fin de la construction, de haut en bas. Bien que cela ait pu être techniquement réalisable, c'est certainement la pire idée parce que le travail aurait été très difficile - vous comprendrez pourquoi plus tard - et aurait concerné 84.000 mètres carrés dans le cas de la pyramide de Kheops. En raison de la longueur des assises dans les niveaux supérieurs, le nombre de travailleurs aurait été très faible au début, augmentant seulement au fur et à mesure que les travaux de finition se rapprochaient de la base. Cela représente 10 ans de travaux qui auraient dû être ajoutés à la construction elle-même, et je ne parle pas de la forme de la pyramide qui serait très rapidement partie en vrille.
Enfin, selon le même concept, il y a ceux qui pensent que sur la face avant des blocs, un bossage aurait été conservé jusqu’après la mise en place et que ces blocs auraient été lissés par la suite. C'est tout simplement impossible parce que vous n'avez pas de support pour que les travailleurs prennent appui et vous avez toujours, comme ci-dessus, la même surface devenue très dure à lisser.
Cela dit, beaucoup d'égyptologues (lire annexes ci-dessous) sont d'accord sur une simple évidence : les pierres de parement (calcaire de Tourah), déjà soigneusement lissées, étaient certainement les premières à être mises en place, assise après assise, mais aucun n'est en mesure d'expliquer pourquoi et comment.



KP : En fait, quand vous regardez toutes ces pyramides, presque toutes ont un parement complet en calcaire de Tourah. Il doit donc y avoir une raison.

JPH : Oui, mais je dois d'abord expliquer pourquoi les Égyptiens ont abandonné le modèle de pyramide à degrés (ex: Saqqarah) et choisi de construire de grandes pyramides lisses.
Depuis le début de la construction en pierre (pyramide de Saqqarah et mastabas) et avec le temps, les expériences et les connaissances, les Égyptiens sont arrivés à la conclusion qu'ils seraient en mesure de construire de grandes pyramides lisses parfaites grâce aux qualités du calcaire de Tourah (un matériau qu’ils avaient déjà utilisé pour les façades). Le fait est que ce calcaire est à la fois presque blanc, très dense (densité 2,5) et a une granulation très fine, ce qui fait qu’il est très approprié pour le revêtement d'une pyramide. Mais surtout, en plus de cela, ce calcaire est tendre, alors qu'il est encore en strates dans la carrière, tandis qu'il durcit rapidement après extraction. Comme les principaux outils de taille étaient des ciseaux et scies en cuivre, l'idée la plus logique était de couper et lisser définitivement les blocs de parement directement à la carrière après extraction. Ce faisant, les tailleurs de pierre bénéficiaient de la “tendreté” de la pierre calcaire et épargnaient leurs outils.

Une carrière moderne de calcaire Tourah 
où les blocs sont encore définitivement taillés
Techniquement, en ce qui concerne les longueurs et niveaux, les Égyptiens n'avaient pas d’outil de précision disponible pour vérifier de longues distances comme les assises inférieures de la pyramide, les assises les plus importantes pour déterminer une forme future parfaite.
Ainsi, en étendant le travail à la carrière pour l'ensemble du parement, les Égyptiens ont imaginé une solution intelligente qui a résolu le problème de la précision : ils ont "préfabriqué" là-bas, bloc par bloc, les quatre faces de chaque assise. La hauteur de chaque assise a été

déterminée par la hauteur de chaque strate dans laquelle les blocs ont été coupés. Chaque bloc d'une même assise a été coupé et lissé exactement en même temps que ses deux blocs adjacents (droite et gauche), puis tous les blocs d'une même assise et façade étaient entrecroisés pour vérifier la pente et la hauteur. Puis, et toujours à la carrière, les blocs "préfabriqués" ont été remis à leur place afin de “pré-construire" chaque rangée complète de façade, des marques de carriers étant alors ajoutées, celles-ci portant les informations de pose à l’intention des maçons qui travaillaient à la pyramide. Les Égyptiens ont presque inventé le code-barres.
Enfin, les blocs ont été chargés sur des traîneaux, comme nous le faisons avec nos palettes, et ont été envoyés au chantier, suivant une chaîne d'approvisionnement incroyable !

  Un bloc de parement sur un traîneau, ancêtres de nos palettes,
avec sa protection en bois sur la face extérieure

Bien que les blocs aient reçu une certaine protection, beaucoup ont été endommagés pendant le transport et ont eu besoin d’être réparés avant la mise en place finale. Les blocs de calcaire de Tourah pouvaient être réparés avec des ciseaux de cuivre : des trous très propres ont été creusés à la place des dommages et de petits blocs en calcaire de Tourah y ont été insérés, des patchs de réparation en quelque sorte. De nombreuses restaurations sont encore visibles dans les blocs de parement de la pyramide Rhomboïdale à Dahchour. Enfin, on peut voir que certains des correctifs ont été insérés par le dessus, ce qui prouve que ces réparations ont été effectuées avant que le bloc de la couche immédiatement au-dessus n’ait été mis en place, et donc que le lissage final de la pyramide a été fait pendant la construction elle-même.

  Différents types de patchs et certains très visibles à la pyramide Rhomboïdale

KP : Alors, pourquoi ces égyptologues sont-ils à court d'explications ?

JPH : Les grandes pyramides lisses de la IVe dynastie ont été construites par couches horizontales successives. Cela était fondamental pour les processus de construction
Aveuglés par la “pensée unique”, basée sur le mauvais paradigme que les pyramides ont été construites à partir de l'extérieur, les égyptologues que vous mentionnez ne pouvaient pas imaginer une explication plausible sur la façon dont les pierres de revêtement ont été mises en place, même si beaucoup sont certains qu'elles ont été posées à partir de l'intérieur.
Ils ne sont pas globalement en mesure de donner une explication valable, parce qu'ils ont raté ce point : la technique de mise en place des pierres de parement est indissociable de la conception des procédés de construction. Si l’on est incapable d'expliquer la mise en place des blocs de parement, on ne peut expliquer la construction des pyramides.
Personne n'a jamais été en mesure de donner une explication plausible pour une raison très simple : on n'a jamais imaginé que les pyramides ont été construites de l’intérieur ! Autrement dit, tous les matériaux ont été transportés à l'intérieur du périmètre de chaque pyramide avant leur mise en place, dans cet ordre : les pierres de façade d'abord, puis les pierres de soutien et, finalement, les blocs bruts pour le remplissage, ce processus étant exécuté couche après couche, en partant de la base jusqu'au sommet. La mise en place des blocs de calcaire Tourah par l’intérieur était impérative parce que les travailleurs ne pouvaient tout simplement pas se tenir debout sur la face extérieure des blocs, ceux-ci étant déjà définitivement taillés et lissés suivant la pente. Au contraire, ils avaient tous les supports nécessaires pour travailler à l'intérieur.

Les blocs en calcaire de Tourah sont posés de l'intérieur
et le revêtement final est fait en même temps que la pyramide est construite

Cerise sur le gâteau, cette technique permettait un contrôle constant de la forme de la pyramide pendant toute la construction, parce que les faces, les arêtes, les diagonales et les axes étaient libres de tout élément perturbateur. Ainsi, toute légère correction est facile à réaliser.

Les façades sont libres et peuvent être facilement vérifiées

Le seul problème était de pouvoir transporter les blocs à l'intérieur du périmètre de la pyramide, couche après couche, de la base jusqu’au sommet.
Ma réponse est la suivante : pour les grandes pyramides lisses, une rampe extérieure jusqu’au tiers de la hauteur (2/3 du volume), et une rampe intérieure pour les 2 derniers tiers (1/3 du volume). C'est tout ! Simple et logique ! Vous connaissez la théorie, que j’ai développée par ailleurs...
Sinon, pour les pyramides plus petites (environ 60 m de hauteur ou moins), construites après la pyramide de Khephren, soit Mykerinos et celles des dynasties suivantes : ells ont été construites grâce à une “tranchée de construction” en lieu et place d'une rampe intérieure. Cette tranchée était remplie à la fin de la construction avec les mêmes matériaux que le corps. Les pyramides de Sahure et Neferkere à Abousir montrent chacune les restes d'une telle "tranchée de la construction”.
Dans un volume pyramidale à base carrée, il existe une constante :
au tiers de la hauteur, il y a déjà 2/3 du volume, peu importe la pente

KP : Voici donc votre explication pour le calcaire deTourah. Mais pourquoi y a-t-il une "différence énorme" de mise en place pour le moins d'1% restant de parement composé de blocs de granit ?

JPH : Il y a seulement deux exemples connus de l'utilisation de blocs de granit pour les faces d'une pyramide - les pyramides de Khephren et Mykerinos sur le plateau de Gizeh -, et étrangement, leur mise en place a été effectuée suivant deux procédés différents.
Dans l’ordre de construction, la pyramide de Khephren a été la première (après la pyramide de Kheops et la pyramide de Djedefre) et les architectes ont astucieusement profité de la topographie pour construire une pyramide légèrement plus petite à côté de la pyramide de Kheops. Néanmoins, cette pyramide semble être aussi haute que sa grande sœur parce que les géomètres l’ont implantée une quinzaine de mètres plus haut sur ​​le plateau. Par ailleurs, une ancienne rampe de construction (la rampe du port) utilisée pour la pyramide de Kheops a été recyclée comme base de la chaussée reliant le Temple de la Vallée et le Temple Haut. En conséquence, et en raison de la pente, la pyramide a été implantée entre les lignes de contour 65 et 80, à cheval sur les lignes de contour 70 et 75. Il y a une grande différence de niveau entre l'Est et l'Ouest, ce qui a conduit à ce que le calcaire local tout autour soit largement exploité pour la construction, en particulier vers le Nord et l'Ouest.
La pyramide de Khephren à cheval sur les lignes de contour 70 et 75 
(le Nord est en haut)

La pyramide de Khephren est directement construite dans une grande carrière

Par ailleurs, dans la partie nord-ouest, la base de la pyramide a été taillée en degrés directement dans la roche jusqu'à une hauteur de 10 mètres. La roche affleurant, en raison de la pente, à des niveaux plus faibles dans les autres angles et le long des quatre faces, d'énormes blocs de calcaire ont été découpés directement à l'intérieur du périmètre de la pyramide et ont été traînés vers les façades afin de créer des degrés, jusqu'à 8 mètres de hauteur en certains endroits.

L’angle Nord-Ouest

L'angle Nord-Est et les très gros blocs découpés et traînés

Ainsi, il devenait impossible de mettre en place des blocs de façade en granit de l'intérieur, de sorte que ce sont plutôt de petits blocs, déjà taillés et lissés, qui ont été poussés de l'extérieur contre les degrés, l’espace entre les deux étant remplis de mortier.

Deux blocs de granit encore en place collés contre les degrés

Bien qu'il n'existe aucune preuve historique du nombre d’assises construites avec ce genre de blocs, il semble évident, quand on regarde la base de la pyramide, que cinq ou six rangées ont été faites avec ce matériau. Certains blocs de calcaire de Tourah doivent également avoir été mis en place de la même façon dans quelques zones comme dans le nord-ouest. Au-dessus du granit et jusqu’au sommet, la technique de mise en place de l’intérieur a été utilisée pour tous les blocs de parement en calcaire de Tourah.
Les blocs de granit à la base n'ont eu aucun rôle au niveau structurel, n’étant juste qu’un simple parement, contrairement aux blocs de calcaire de Tourah posés en façade.

KP : Je comprends maintenant que la topographie a eu une grande influence pour la pyramide de Khephren, mais pour quelle raison les Égyptiens auraient-ils changé encore une fois le processus de mise en place des blocs de granit de la pyramide de Mykerinos?

JPH : N’oubliez pas que la pyramide de Mykerinos est beaucoup plus petite que ses deux sœurs, avec une base carrée d'un peu plus de 100 m pour une hauteur de 65 m, et un volume d'environ seulement 1/10e de la pyramide de Kheops. Quand vous regardez à nouveau le schéma de la topographie, vous voyez que la pyramide de Mykerinos est implantée entre les lignes de contour 70 et 75, de sorte que la différence de niveau est beaucoup plus faible que dans le cas de Khephren. La conséquence est qu'aucun degré n’a été sculpté directement dans la roche pour soutenir les blocs de parement.

La pyramide de Mykerinos implanté entre des lignes de contour 70 et 75
(le Nord est en haut)

Vous remarquerez également la “vague” dessinée par les lignes de contours sur le côté Nord-Est de la pyramide. Ce détail dans la topographie a joué un rôle important pour l'implantation de la pyramide, en particulier en ce qui concerne la composante rampe externe des processus de construction (le même genre de détail dans la topographie a également joué un rôle pour la pyramide de Khephren, mais dans une moindre mesure).

La pyramide de Mykerinos est implantée 
sur une partie moins en pente du plateau

Il est possible que les Égyptiens aient rencontré quelques problèmes avec les blocs de granit de la pyramide de Khephren. Soit ils arrivaient déjà taillés et lissés des carrières d’Assouan (la même technique que le pour les blocs de façade en calcaire de Tourah) et beaucoup ont été endommagés durant le transport ; soit ils ont été lissés directement sur le chantier, juste avant la pose, et beaucoup ont été endommagés lors de la construction de la pyramide. Que ce soit pour l’une ou l’autre de ces raisons, peu importe ; le résultat est que les Égyptiens étaient incapables de réparer ces blocs, car ils n'avaient pas d'outils assez durs pour y faire des trous propres pour ensuite y insérer les patchs. Ils ont été obligés de changer les blocs endommagés, ce qui était encore possible parce que ces blocs étaient juste posés en placage et étaient très près du sol.
Lors de la conception de la pyramide de Mykerinos, les architectes ont choisi de faire les façades, pour les seize premières assises, avec des blocs de granit. Ils retournèrent à la technique de mise en place par l’intérieur, avec les blocs de parement intégrés dans la structure comme ils avaient l’habitude de le faire avec les blocs en calcaire de Tourah. Pour éviter d'endommager les blocs avant la fin de la construction, les blocs de granit ont été livrés, depuis les carrières d'Assouan, avec un bosselage complémentaire conservé sur la face avant, des ergots étant même laissés en partie basse pour l'utilisation de leviers lors de la mise en place.
Mathias Glad
Les blocs de granit pour le revêtement de la pyramide de Mykerinos sont plus longs afin d’être structurellement intégrés



Un bosselage complémentaire était conservé sur la face avant

Des ergots étaient conservés au bas des blocs de granit 
pour l'utilisation de leviers

Ainsi, les seize premières assises ont été construites aussi de l’intérieur, comme les blocs en calcaire de Tourah pour les assises supérieures, ces derniers étant déjà lissés comme d'habitude. Le lissage des blocs de granit était prévu pour la fin de la construction, avec utilisation d’échafaudages en bois puisque ce travail était limité à la partie inférieure, facilement accessible à partir du sol.
Mais en réalité, la plupart du lissage n'a jamais été réalisé. Pour quelle raison ? Que s'est-il donc passé ?
Il semble que les travaux avaient en partie commencé normalement, car les ergots des assises inférieures ont été supprimés.

Les ergots ont été supprimés dans la partie inférieure

Les travaux de finition doivent avoir été arrêtés pour cause d’événement inattendu : la mort du roi Mykerinos.
Les constructeurs n’avaient pratiquement plus d’autre choix que de lisser les blocs de granit autour de l'entrée, tandis que les cérémonies des funérailles se déroulaient au Temple de la Vallée, ne laissant seulement qu’environ deux mois pour ces travaux.
Cela semble étrange, car l'entrée du couloir descendant était de facto clairement repérable sur la face Nord de la pyramide, mais qui sait ?
Je serais très heureux d'avoir une explication de la part des égyptologues sur ce dernier point.

L'entrée de la pyramide de Mykerinos est clairement repérable sur la face nord

KP : Merci Jean-Pierre pour cette explication détaillée qui semble être soutenue par des preuves sur place.
En guise de conclusion, pourriez-vous nous préciser quels sont vos projets pour les mois à venir ? Nous savons tous que vous souhaiteriez mener une mission de recherche sur la pyramide de Kheops. Avez-vous quelque chose en préparation ?  

JPH : Permettez-moi de vous donner un bref résumé de nos tentatives pour effectuer des recherches, in situ, sur la pyramide de Kheops.
En 2005, j'étais très proche de réaliser une mission scientifique sur place, disposant de cinq à sept techniques non destructives, avec les équipes appropriées. Tous les renseignements administratifs (CV, copies des passeports) requis par le Conseil Suprême des Antiquités (CSA) pour chacun des membres des cinq équipes sélectionnées (environ 50 personnes) avaient été joints au dossier de demande d’autorisation. Tous les processus d’investigations avaient été clairement détaillés et un planning d’exécution avait été proposé. Malheureusement, je n'ai jamais eu l’opportunité de déposer le dossier, “quelqu'un” s’y étant opposé pour des raisons que je qualifierais d’“étranges”.
Si cette autorisation m’avait été accordée, aujourd'hui nous serions sûrs que ma théorie est la bonne (ou non).
Le 30 mars 2007, à la Géode (Paris), nous avons, Dassault Systèmes et moi, donné une première conférence de presse (“Kheops Révélé”), qui reçut un très large écho dans le monde entier. Quelques jours plus tard, avec “l'Equipe” de Dassault Systèmes, nous avons fait un premier voyage au Caire pour rencontrer le même "quelqu'un" au CSA. A la fin de la rencontre, on nous a demandé de revenir quelques semaines plus tard (un nouveau voyage spécialement prévu à cet effet) afin de présenter l'animation 3D à des "experts étrangers". A cette époque, nous pensions que l’autorisation viendrait rapidement, mais ledit "quelqu'un" s’est à nouveau interposé.
En 2008, nous pensions que les trois documentaires filmés à propos de la théorie (un français, un américain et un japonais) aideraient à ce que la théorie puisse enfin être vérifiée.
De surcroît, la visite de l’encoche dans l’arête nord-est effectuée, durant une demi-heure, par le Dr Bob Brier a eu un résultat d’une importance majeure : la redécouverte d'une pièce “construite” à l'endroit exact d'un des espaces de rotation des traîneaux de la rampe interne. Depuis cette redécouverte, j'ai eu des milliers d'e-mails de personnes dans le monde entier qui nous félicitent du travail accompli et qui soutiennent la théorie. Et c'est toujours valable aujourd'hui. Bien que certaines personnes aient expressément demandé de nous laisser effectuer une mission infrarouge, un procédé totalement non-destructif que nous aurions mis en oeuvre à 200 m ou plus de la pyramide, le sempiternel “quelqu'un - monsieur veto” n’a pas daigné s’en soucier.
Le 27 janvier 2011, toujours à la Géode, nous avons, Dassault Systèmes et moi, donné une seconde conférence de presse (“Kheops Renaissance”), afin de révéler l'existence probable de deux antichambres inconnues, la théorie étant grandement améliorée suite à la redécouverte de la “Bob’s Room”. La nouvelle s’est répandue dans le monde entier une fois de plus, mais le même jour, la révolution en Égypte commençait. Comme on le sait, celle-ci n’est pas terminée. Par contre, un certain... "quelqu'un" semble être désormais hors jeu.

Quoi qu’il en soit, nous n'avons pas perdu notre temps. Avec Alain Dugousset, un spécialiste du logiciel CATIA chez Dassault Systèmes, nous sommes retournés dans le passé, avant l'époque de Kheops. Nous avons modélisé la pyramide rouge de Dahchour avec tous ses procédés de construction inclus. Et laissez-moi vous dire que les processus de construction de la pyramide Rhomboïdale sont un mélange de ceux de la pyramide Rouge et de celle de Kheops (ainsi que de celle de Khephren). L'explication de la construction des quatre Grandes Pyramides devrait être terminée dans un avenir pas trop lointain.
En parallèle, j'ai découvert une nouvelle technique non destructive qui sera utilisée, en complément de la technique infrarouge. Nous travaillons actuellement avec des personnes au Caire pour mettre en place une nouvelle équipe internationale, incluant une faculté égyptienne bien connue. C'est encore une fois un défi en raison de la situation en Egypte, mais je suis convaincu que le temps est toujours de notre côté.
Enfin, je suis en train de préparer un document sur ​​le Sphinx. Après la conférence de presse de 2011, j'ai été stupéfait de constater que personne n'ait remarqué que le Sphinx avait été modélisé dans l'animation 3D, sculpté pendant que la pyramide de Kheops était en construction. Le "survol" à la fin de la présentation (visible sur le site www.3ds.com/khufu) n'a pas du tout attiré l'attention des spectateurs, alors même que cela aurait dû susciter beaucoup de questions.
Je vais aussi expliquer pourquoi il y a de fortes marques d'érosion par la pluie sur les parois latérales de la carrière (fosse) du Sphinx, érosion de ruissellement d’eau de pluie liée à la construction de la pyramide de Khephren, et non pas datant d’il y a 10.000 ans comme certains voudraient nous le faire croire.

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Annexes : Abstracts from Egyptologists’ books


1) From Peter Tompkins's book “Secret of the Great Pyramid”

Page 228
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Petrie believes the masons finished and laid the casing and some of the core masonry, course by course, on the ground, before raising them. He found horizontal lines carved on the casing stones and on the core stones showing just how they were to be fitted. He believes that skilled masons planned all the work throughout the year and that a flood time gangs of unskilled workmen raised the finished stones to their indicated positions.
Petrie says the casing stones were dressed very fine picking or adzing and were moved into position from the inside, whereas the core was filled in afterwards.

Pages 228/229
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Maragioglio and Rinaldi, two Italian scholars who recently made extensive measurements of the pyramids of Giza which they incorporated into four carefully illustrated quarto volumes entitled l’Architectura delle Pyramidi Menefite, agree that the casing and the nucleus were built up at the same time; they think the casing blocks were slid into place by means of a thin layer or very liquid mortar that served as a lubricant as well as a filler and binder; they also think the casing blocks were levered into position from the back and sides so as not to show marks or ships in the front.

Page 229
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In support of Petrie, I.E.S. Edwards point out that because the lowest course of casing stones lies on the smooth pavement of Tura limestone which project a couple of feet beyond the Pyramid base, it would have been impossible to lay the casing stones from the outer side without damaging the fringe of the pavement which was to remain exposed; nor they have been dressed after being put in position without damaging the pavement.
The fact that some of the limestone slabs of the foundation pavement are seen to be laid beneath the nucleus blocks also indicates the nucleus was filled in after the casing blocks have been placed in position.
Petrie believes the casing blocks were placed side by side on the ground and worked so that the back, sides and bottom would fit perfectly when put in place. The only thing left to do on the spot would have been the levelling of the upper face.

Pages 229/230/231
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In any case, the arrangement of casing blocks must have been worked out in detail well in advance of placement so as to assure a variance in the width and height of the backing stones from level to level, so as to prevent the vertical joints from coinciding.
All the stones presently visible in the Pyramid are backing stones specially cut to dovetail and fit behind the outer casing. They are dressed and squared, but made with fossilized limestone instead of the pure white.
Behind them the nucleus consists of less well-dressed and roughly faced blocks of greatly varying sizes, for easier construction, and to ensure that break joints did not coincide in either sense? They are held together by a mortar composed of sand, lime and crushed red pottery, which gives it a slightly pinkish color.


2) From Dieter Arnold's book “Building in Egypt - Pharaonic stone masonry”

Page 119
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Often, each course has a different height, even in pyramid casing, suggesting that blocks of similar height had been arranged in the storage area to permit speedy transport and setting in the walls. Without this preparation, builders would have received blocks of different dimensions, which would have required additional dressing and resulted in a waste of material.

Page 132
…/…
Normally, building stones were set with extra stock at the front faces. There are instances, however, where blocks were already dressed down before setting, and we do not always understand under what conditions this happened.

Page 169
…/…
There is no doubt that the casing, backing and packing stones were treated as a structural unit to be built simultaneously.


3) From Edwards “Les pyramides d’Egypte”

Page 319
.../...
Pétrie s’est déclaré persuadé que les pierres de parement de la Grande Pyramide avaient été montées jusqu’à leurs assises respectives avec leur face extérieure déjà ravalées et mises en position par l’intérieur. De cette façon, le parement était posé le premier et le noyau rempli ensuite, grâce à quoi il aurait suffit d’une seule rampe et trois faces de la pyramide auraient été achevées aussitôt leur revêtement placé. A l’appui de cette thèse Pétrie écrit : Il y a une petite différence d’angle entre les blocs (de parement) à leur jonction, qui prouve que les faces n’ont même pas été lissées depuis leur ajustage

Page 404
.../...
Dans la pyramide Nord de Dahchour cependant, les fouilleurs allemands ont trouvé en 1983 que : (a) le parement et les blocs du noyau avaient été posés en même temps ; et (b) que le processus de ravalement avait commencé à la base et continué vers le haut.


4) From Mark Lehner's book “The complete pyramid”

Pages 122/123
.../...
The casing stones at the top of the pyramid are much smaller – about 1 cubit thick (c.50 cm/20 in) – than the casing stones which survive at the bottom of Khufu’s pyramid and those of his queens. Their outsides are often staggered by a few millimeters rather than flush. This might suggest that at this level, the outer slope was cut into the blocks before they were laid, due to reduced working space.