mercredi 21 décembre 2016

Les pyramides : parmi les regards d'artistes, celui de François Schuiten, associé à la Mission ScanPyramids

aquarelles de ©François Schuiten en insertion : François Schuiten - photo © Philippe Bourseiller pour ScanPyramids
Les pyramides ! Dès que l'on aborde ce sujet, il est difficile de ne pas être banal, tant et tant de choses ayant été dites, écrites… Les aborder par le regard que les artistes ont porté sur elles, au fil des siècles, peut - peut-être - constituer une vision, disons honorable à défaut d'être moins…banale.

en haut, à g. : mosaïque dans la basilique Saint-Marc de Venise
en haut, à dr. : dessin de John Hellfrich
en bas, à g. : tableau de Hubert Robert ; en bas, à dr. : tableau de Luigi Mayer
L'une de leurs premières représentations connue date de 1400 : il s'agit d'une mosaïque qui se trouve dans la basilique Saint-Marc de Venise. Elles nous apparaissent alors bien pointues, semblent se toucher et force est d'avouer que, sans l'explication qui nous en est donnée, nous n'aurions tout simplement pu les identifier.
En 1575, John Hellfrich, un voyageur, nous laisse un dessin à peine fidèle, mais cependant légèrement moins éloigné de la réalité.
En 1760, Hubert Robert, souvent qualité de "peintre des ruines", laisse aller son imagination, leur donnant, là encore une inclinaison trop droite, et leur adjoignant, au mépris de toute réalité, deux obélisques.
En 1801, avec Luigi Mayer, enfin, on touche du doigt - ou plutôt de l'œil - un semblant de réalisme, tant dans la forme, que dans la perspective et l'environnement.


en haut, à g. : Le Sphinx et la Grande Pyramide, par Conté

en haut, à dr. : tableau de Jean-Léon Gérôme

en bas, à g. : aquarelle de David Roberts
en bas, à dr. : tableau de Théodore Frère
Les dessinateurs de la campagne d'Égypte de Bonaparte, notamment Dominique Vivant Denon, ou encore Nicolas-Jacques Conté, se montreront fascinés par elles. Ils se révéleront toutefois plus aptes à les reproduire que la physionomie du sphinx qu'ils ont décidément bien du mal à représenter correctement.
Le grand peintre Jean-Léon Gérôme puise également dans la légende napoléonienne des sujets historiques conciliables avec son goût pour la peinture orientaliste. Sa toile "Bonaparte devant le Sphinx" demeure l'un des plus connus.
En 1838, le grand aquarelliste écossais David Roberts débarque à Alexandrie. Il nous laisse des aquarelles où la couleur des pierres, la chaleur et les nuances des sables du plateau de Guizeh sont merveilleusement rendues.
Théodore Frère est également un incontournable. Commandité par l'impératrice Eugénie pour réaliser une série d'aquarelles tout au long du voyage qu'elle effectue en Égypte en novembre 1869 à l'occasion de l'inauguration du canal de Suez, il nous livre de magnifiques et romantiques toiles, dans la belle lignée des orientalistes.

aquarelle de Howard Carter
En 1891, dans le sillage de Percy Newberry qui travaille alors pour l'Egypt Exploration Found, arrive un jeune dessinateur, copiste, comme avaient l'habitude de s'en adjoindre les premiers égyptologues. Il s'agit d'Howard Carter : il n'a alors que 17 ans et il découvre l'Égypte pour la première fois. Pendant de nombreuses années, il peindra ce pays auquel il consacrera sa vie et pour lequel il écrira une nouvelle page d'histoire en découvrant la tombe d'un enfant-roi qui sommeillait, depuis plus de 3500 ans, oublié dans son éternité… Son talent, son regard avisé nous laissent des aquarelles aux tons tendres, reflétant une rare sensibilité. Le plateau de Guizeh y est merveilleusement rendu, de même que l'assemblage des pierres des pyramides.
Les dessinateurs de BD s'empareront aussi de ces pyramides, choisiront cet endroit pour y faire évoluer leurs héros et y faire dérouler leurs extraordinaires histoires. Hergé avec Les Cigares de pharaon, Edgard-Pierre Jacobs avec Le Mystère de la grande pyramide, Lucien de Gieter, avec Les Aventures de papyrus, Jacques Martin avec les Alix

François Schuiten
Dans la droite ligne de ces grands illustrateurs et de ces artistes qui accompagnaient les premiers explorateurs et égyptologues, s'inscrit désormais le nom de François Schuiten.
Co-fondateur de HIP (*) et associé à la mission ScanPyramids (*), entouré de scientifiques - les savants des temps modernes ! - égyptiens, français, québécois, japonais, rompus aux technologies "les plus en pointe", il nous raconte, avec son regard et grâce à son talent, une autre histoire - ou plutôt une histoire dans l'histoire.
Scénographe, artiste, dessinateur de bandes dessinées, il a certainement dû s'imprégner longuement de la silhouette des pyramides, de leur forme, de leur masse, de leur structure, de leur environnement pour mieux les comprendre et ainsi mieux les restituer.

dessin de ©François Schuiten ©ScanPymamids
Que ce soit dans ses dessins, précis, au crayon noir, ou dans la douceur de ses aquarelles, on sent qu'il a pris le temps de lire les pierres, d'étudier leur assemblage, de rendre les couleurs que le soleil au levant ou au couchant leur donne… Il est à noter d'ailleurs que son regard attentif a remarqué une 'anomalie" dans la construction qui n'avait jusqu'alors pas été remarquée.


L' "anomalie" dans l'une des façades de la pyramide de Khéops
aquarelle de 
©François Schutten

Et, lorsqu'on l'interroge, on ressent à quel point il demeure toujours sous le charme de cette belle expérience. Dès le départ, il a été séduit par le projet - qui lui a été présenté par Mehdi Tayoubi, président de l’Institut français HIP -, par cette transversalité où, entre scientifiques et artiste, les regards se croisent, s'élargissent et se complètent. L'impression aussi de renouer avec les missions des premiers égyptologues qui étaient accompagnés d'artistes-copistes était séduisante et attirante. Mais là, pas de trésor à trouver…Enfin, plus exactement dit-il, "le seul trésor recherché est la compréhension. C'est essayer de comprendre et de démontrer à quel point l'ingénierie des pyramides, était - est - extraordinaire. Leur construction est une "mécanique" incroyable… et c'est cette richesse-là que nous traquons ! Ce qui fait qu'elle nous plonge dans un autre rapport au temps, qui nous amène à changer notre façon de percevoir et de penser."

Depuis le 10 décembre 2016 - et pour deux mois -, les œuvres de François Schuiten sont présentées au palais des Beaux-Arts de Lille (France) en parallèle à une exposition des antiquités du Musée d’Histoire naturelle de Lille, du musée des Beaux-Arts de Caen, du Scriptorial d’Avranches et du Musée du cinquantenaire de Bruxelles.

Marie Grillot




(*) La mission égypto-internationale #ScanPyramids, sous l’égide du ministère égyptien des Antiquités, est initiée, conçue et coordonnée par la Faculté des Ingénieurs de l’Université du Caire, sous la direction du professeur Hany Helal, ancien ministre de la Recherche et de l’Éducation supérieure du gouvernement égyptien, et l’Institut français HIP (Heritage, Innovation, Preservation). Dans le but de sonder, sans y percer le moindre orifice, le coeur des plus grandes pyramides d’Égypte, elle met en oeuvre les technologies les plus innovantes, utilisées par des chercheurs de réputation internationale et trois grandes universités (le Caire, Québec, Nagoya) : thermographie infrarouge, radiographie par muons (technique développée au Japon par les équipes du KEK - High Energy Accelerator Research Organization - et l’Université de Nagoya), détecteurs de muons à gaz (télescopes) conçus par le CEA/Irfu (Commissariat à l’énergie atomique et aux énergies alternatives - Institut de recherche sur les lois fondamentales de l'Univers), photogrammétrie pour une reconstitution en 3D du plateau de Giza et du site de Dahchour, ainsi que de tous les monuments qui y sont érigés.
"Notre volonté, rappelle Mehdi Tayoubi, président de l’Institut HIP et co-directeur de la mission, est de former un corps d’experts international et de confronter leurs approches théoriques et technologiques à la réalité du terrain archéologique."
À ce jour, ont été rendus publics quelques résultats de cette mission : présence d’une cavité inconnue sur l’arête Nord-Est de la pyramide, à une hauteur d’environ 105 mètres du sol ; présence, derrière les chevrons au-dessus du couloir descendant de la Grande Pyramide, d’une cavité inconnue dont la forme précise, la taille et la position exacte restent à affiner.
Il s’agit pour l’heure de données strictement scientifiques, transmises par la mission #ScanPyramids à un Comité scientifique d’égyptologues, 'missionné' par le docteur Khaled El-Enany, ministre des Antiquités, et dirigé par l’ancien ministre des Antiquités, le docteur Zahi Hawass. Il reviendra à ce comité d’ “interpréter” ces données et celles qui leur seront communiquées ultérieurement, d’un point de vue égyptologique.
MC

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samedi 15 octobre 2016

ScanPyramids : premiers résultats concluants dans la pyramide de Kheops

Reconstitution 3D : vue schématique du "vide" derrière la face Nord de la Grande Pyramide
Jeudi 13 octobre 2016, l’équipe de ScanPyramids a rencontré, au ministère des Antiquités égyptien , le Comité scientifique des égyptologues, afin de présenter les premiers résultats de la campagne de muographie conduite sur la pyramide de Kheops depuis juin 2016.
cliché ScanPyramids
Le comité scientifique du ministère a été missionné par le docteur Khaled El-Enany, ministre des Antiquités. Il est dirigé par l’ancien ministre des Antiquités, le docteur Zahi Hawass, et composé du docteur Mark Lehner, directeur d’Aera (Ancient Egypt Research Associates), du docteur Miroslav Barta, directeur de la mission archéologique tchèque de Saqqara et du docteur Rainer Stadelmann, ancien directeur de l’Institut archéologique allemand. 


En novembre 2015, plusieurs anomalies thermiques avaient déjà été détectées par le spécialiste des mesures infrarouges Jean–Claude Barré (France), dont l’une, très significative, sur la face nord de la Grande Pyramide, dans la zone où quatre chevrons visibles surplombent le couloir descendant.
Une campagne de 3 fois 24 heures a été conduite par l’université Laval (Canada) afin de confirmer l’intérêt de cette zone. Celle-ci comporte différents blocs de mêmes composition et orientation, censés présenter un comportement thermique similaire. Or, ce ne fut pas le cas.
Ces résultats ont convaincu l’équipe de ScanPyramids de poursuivre l’examen de la zone “suspecte” avec des techniques complémentaires.
L’analyse et la reconstruction 3D de cette zone ont été effectuées grâce à l’aide et à l’expertise de la Fondation Dassault Systèmes et de la société Emissive.
Les nombreuses questions soulevées ont conduit ScanPyramids à lancer une campagne complète de muographie dans le couloir descendant qui se trouve juste au-dessous.

À l’achèvement de la pyramide, il y a 4500 ans, les chevrons étaient invisibles, cachés derrière une couche de blocs qui ont été démantelés au cours des siècles. Aujourd’hui, on peut toujours voir, dans la zone, des portions de blocs et des assises obliques, sans doute les vestiges de chevrons manquants qui devaient couvrir une sorte de cavité avant que les pierres ne soient retirées.

Par ailleurs, dans la pyramide, il existe des chevrons dans deux autres endroits : au-dessus de la Chambre du Roi et au-dessus de la Chambre de la Reine. Dans l’architecture antique, les chevrons ne sont pas un décor, ils ont une fonction pratique. Ils protègent une cavité et préviennent l’effondrement de son toit.

D’où la question qui se pose ici : pourquoi tant de chevrons pour protéger une zone si réduite que le début du couloir descendant ?


L’équipe ScanPyramids a donc validé le recours à la muographie pour observer l’intérieur de la pyramide dans la zone des chevrons. Les muons, des particules cosmiques, ont déjà prouvé leur efficacité pour détecter des cavités à l’intérieur de structures massives (volcans, centrales nucléaires, pyramides...). L’équipe a donc décidé d’utiliser cette technique pour observer la zone derrière les chevrons.

En juin 2016, trois plaques d’aluminium contenant des films à émulsion sensible aux muons ont été installées en bas du couloir descendant dans le but de “voir” d’éventuelles cavités au-dessus. Les films ont collecté des données durant 67 jours avant d’être analysés à l’université de Nagoya (Japon).

Les techniciens de l'Université de Nagoya
spécialistes de la muographie
Chaque plaque a révélé un excès significatif de muons dans la même direction. Plusieurs études ont été menées afin d’apporter la preuve que cet excès, qui pouvait être interprété comme la preuve d’une cavité, ne résultait pas de fluctuations statistiques ou d’un biais quelconque. La comparaison avec des simulations détaillées montre que cet excès est largement au–dessus de 5 sigmas. Un excès de 5 sigmas valide un événement à 99,9999 %.
Cette valeur est communément utilisée en physique des hautes énergies comme le seuil permettant de valider une découverte. L’excès a une forme de ligne droite.
Après avoir mis en œuvre ces trois techniques complémentaires, ScanPyramids peut donc confirmer l’existence d’une “cavité”, cachée derrière la face Nord de la Grande Pyramide, qui laisse deviner un ou plusieurs couloirs superposés qui s’enfoncent dans le cœur de la pyramide. La forme précise, la taille et la position exacte de cette structure doivent encore être affinées. Pour ce faire, 12 nouvelles plaques sensibles aux muons ont été installées. Elles seront retirées à la fin du mois d’octobre 2016.

L’équipe de ScanPyramids va aussi recourir, pour cette nouvelle phase d’investigation, à la modélisation 3D de différentes hypothèses architecturales qui seront testées dans des simulateurs muoniques. 

photo Marc Chartier
Au début du mois de juin 2016, des détecteurs de muons à gaz (télescopes) ont été déployés à l’extérieur de la Grande Pyramide, autour de l’arête Nord-Est, deux côtés Est, un côté Nord. Ils étaient pointés vers une encoche située à 150 mètres de distance et à une hauteur de 83 mètres. But de cette campagne : valider la technique en détectant dans cette zone une cavité de 9 m² déjà documentée par les chercheurs.



Le télescope à muons du CEA
Ces instruments innovants, conçus par le CEA/Irfu, ont fonctionné sans interruption durant trois mois et accumulé, à eux trois, environ 50 millions de particules cosmiques. L’analyse de leurs données a révélé trois encoches connues : N1, N2, N3.
Autour de la zone de l’encoche N2, les télescopes ont mesuré un excès statistiquement significatif de muons (6,3 sigmas). Cet excès est parfaitement compatible avec les caractéristiques de la cavité connue (C2). Ce qui valide le fonctionnement des instruments. La cavité en question se trouve à 6 mètres de profondeur sous la surface actuelle de la pyramide.




Outre cette validation, un autre excès de muons statistiquement significatif (5,1 sigmas) a été détecté près de l’arête, à environ 105 mètres de haut, proche d’une petite niche (N1), invisible depuis la base de la pyramide. Cet excès correspond à une cavité inconnue (C1), d'un volume approximativement identique à celui de la cavité connue (C2). D’autres analyses sont en cours pour vérifier la présence de cavités supplémentaires du même genre. Dans les mois à venir, les télescopes seront pointés vers les autres arêtes de la pyramide pour acquérir de nouvelles données.


L’équipe de ScanPyramids continue d’acquérir des données muographiques à l’intérieur de la Chambre de la Reine, au coeur de la Grande Pyramide, avec des films sensibles aux muons et un scintillateur électronique installé par le KEK (Japon). Les résultats sont attendus pour le premier trimestre 2017.

L'équipe de ScanPyramids inspectant la face Nord de la Grande Pyramide
Tous ces résultats au terme d’une année de travail, présentés au Comité Scientifique du ministère des Antiquités, peuvent se résumer de la façon suivante :
1. Pour la première fois dans l’histoire, des techniques complémentaires fondées sur les muons, l’infrarouge et la modélisation 3D ont été utilisées pour “scanner” la Grande Pyramide de Gizeh.
2. L’équipe de ScanPyramids peut confirmer la présence d’une cavité inconnue sur l’arête Nord–Est de la pyramide, à une hauteur d’environ 105 mètres du sol.
3. L’équipe de ScanPyramids peut confirmer la présence d’une cavité inconnue derrière les chevrons au–dessus du couloir descendant de la Grande Pyramide. Sa forme précise, sa taille et sa position exacte sont encore à affiner.


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dimanche 4 septembre 2016

"Sur les traces des pillards de la grande pyramide de Khéops", par Mike Dash


"Aucune structure au monde n’est plus mystérieuse que la pyramide de Khéops. Mais qui a déjoué le premier les pièges du tombeau du pharaon ?"

Cet article comporte les parties suivantes :

La chambre du roi

Le passage secret

Le trésor du pharaon

La dalle brisée

Extrait
"Telle qu’elle nous est rapportée actuellement, l’entrée par effraction dans la pyramide est trop belle pour être vraie. Nous devrions nous poser la question suivante : comment une percée creusée au hasard dans une structure aussi colossale que la Grande Pyramide a-t-elle pu émerger à l’endroit exact où se rencontrent les couloirs ascendant et descendant, et où les secrets des étages supérieurs de la pyramide sont le plus exposés ?
S’agit-il d’une coïncidence ? Je ne le crois pas. Je suis d’avis que quelqu’un, quelque part, à une époque donnée, sut précisément où il fallait creuser. Cela signifierait que ce qu’on tient pour être la percée d’Al-Ma’mūn aurait été creusée des siècles avant que les musulmans n’entrent en Égypte, avant d’être rebouchée puis oubliée – peut-être même au temps des dynasties. Cette hypothèse signifierait que le grand mystère de Khéops n’était pas aussi secret qu’il l’espérait…
"

http://www.ulyces.co/mike-dash/sur-les-traces-des-pillards-du-tombeau-de-kheops/

http://www.ulyces.co/mike-dash/sur-les-traces-des-pillards-de-la-grande-pyramide-de-kheops-2/




mardi 7 juin 2016

ScanPyramids déploie ses détecteurs à muons à Gizeh pour "scanner" la Grande Pyramide.


©  Egyptian Ministry of Antiquities, HIP Institute, Faculty of Engineering (Cairo University)


Après avoir démontré l’efficacité de la radiographie par muons appliquée à la pyramide Rhomboïdale de Dashour, l’équipe internationale de la mission #ScanPyramids, dirigée par la Faculté des ingénieurs (Université du Caire) et l’Institut français HIP (www.hip.institute), déploie à présent ses détecteurs à muons sur le plateau de Gizeh.

La technologie de “scan” non destructive doit permettre d’observer, dans cette première phase, la pyramide de Kheops à différents endroits afin de détecter des vides connus et non connus.
Les ingénieurs de #ScanPyramids utilisent 3 types de techniques de muographie (*) au sein et autour de la Grande Pyramide. Ces trois techniques sont décrites en détail dans cette vidéo :




- La première technique a recours à des plaques contenant des films plastiques enduits d’une émulsion chimique sensible aux muons. Ce procédé est la spécialité de l’université de Nagoya (Japon). Au total 80 films ont été installés à l’intérieur de la pyramide de Kheops pour une durée d’exposition aux muons de 40 jours (Chambre de la Reine, Niche de la Chambre de la Reine, chambre souterraine).


©  Egyptian Ministry of Antiquities, HIP Institute, Faculty of Engineering (Cairo University)
- La seconde technique utilise des télescopes électroniques à muons avec des détecteurs contenant un gaz sensible aux muons. Ces télescopes baptisés “Alhazen” et “Alvarez” sont fabriqués par le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives - France) et ont été placés à l’extérieur de la pyramide de Kheops. Ils vont pendant un mois être calibrés en étant pointés sur des zones spécifiques avec des cavités connues, avant ensuite d’être orientés vers d’autres zones à la recherche de cavités non connues.

- La troisième technique consistera, au mois de juillet, à déployer dans la Chambre de la Reine de la Grande Pyramide un scintillateur électronique équipé de détecteurs fabriqués avec un plastique spécial sensible aux muons. Ce scintillateur a été conçu par le KEK (High Energy Accelerator Research Organization - Tsukuba Japon)

©  Egyptian Ministry of Antiquities, HIP Institute, Faculty of Engineering (Cairo University)


Les résultats de cette nouvelle campagne de muographie opérée par l’équipe #ScanPyramids seront partagés afin d’être interprétés par des comités scientifiques représentant différentes disciplines (physique des particules, architecture, ingénierie mécanique, simulations, égyptologie, archéologie, etc.). L’un de ces comités, composé d’égyptologues, a été mis en place par le ministère des Antiquités égyptien. Il sera dirigé par l’ancien ministre des Antiquités, le Dr. Zahi Hawass.


Pour en savoir plus : http://www.hip.institute

#ScanPyramids : http://www.scanpyramids.org 

http://www.hip.institute/press/HIP_INSTITUTE_CP7_EN.pdf


(*)La muographie

Les muons, qui tombent en permanence sur la Terre à une vitesse proche de la lumière avec un débit d’environ 10 000 par m2 par minute, proviennent des hautes couches de l’atmosphère, où ils ont été créés lors de collisions entre des rayons cosmiques issus de notre environnement galactique et les noyaux des atomes de l’atmosphère. À l’instar des rayons X qui traversent notre corps et permettent de visualiser notre squelette, ces particules élémentaires, sorte d’électrons lourds, peuvent traverser très facilement des roches de grande épaisseur, telles les montagnes. Des détecteurs, placés à des endroits judicieux (par exemple à l’intérieur de la pyramide, sous une possible chambre encore non détectée), permettent, par accumulation dans le temps des particules, de discerner les zones de vide (que les muons ont traversé sans interagir) et les zones plus denses où certains d’entre eux ont pu être absorbés ou déviés. Tout l’art de la mesure consiste à réaliser des détecteurs extrêmement sensibles puis à accumuler suffisamment de données (pendant plusieurs jours ou mois ) pour accentuer les contrastes.
La radiographie par muons est aujourd’hui fréquemment utilisée dans l’observation des volcans, notamment par les équipes de recherche de l’université de Nagoya.