mardi 7 juin 2016

ScanPyramids déploie ses détecteurs à muons à Gizeh pour "scanner" la Grande Pyramide.


©  Egyptian Ministry of Antiquities, HIP Institute, Faculty of Engineering (Cairo University)


Après avoir démontré l’efficacité de la radiographie par muons appliquée à la pyramide Rhomboïdale de Dashour, l’équipe internationale de la mission #ScanPyramids, dirigée par la Faculté des ingénieurs (Université du Caire) et l’Institut français HIP (www.hip.institute), déploie à présent ses détecteurs à muons sur le plateau de Gizeh.

La technologie de “scan” non destructive doit permettre d’observer, dans cette première phase, la pyramide de Kheops à différents endroits afin de détecter des vides connus et non connus.
Les ingénieurs de #ScanPyramids utilisent 3 types de techniques de muographie (*) au sein et autour de la Grande Pyramide. Ces trois techniques sont décrites en détail dans cette vidéo :




- La première technique a recours à des plaques contenant des films plastiques enduits d’une émulsion chimique sensible aux muons. Ce procédé est la spécialité de l’université de Nagoya (Japon). Au total 80 films ont été installés à l’intérieur de la pyramide de Kheops pour une durée d’exposition aux muons de 40 jours (Chambre de la Reine, Niche de la Chambre de la Reine, chambre souterraine).


©  Egyptian Ministry of Antiquities, HIP Institute, Faculty of Engineering (Cairo University)
- La seconde technique utilise des télescopes électroniques à muons avec des détecteurs contenant un gaz sensible aux muons. Ces télescopes baptisés “Alhazen” et “Alvarez” sont fabriqués par le CEA (Commissariat à l’Énergie Atomique et aux Énergies Alternatives - France) et ont été placés à l’extérieur de la pyramide de Kheops. Ils vont pendant un mois être calibrés en étant pointés sur des zones spécifiques avec des cavités connues, avant ensuite d’être orientés vers d’autres zones à la recherche de cavités non connues.

- La troisième technique consistera, au mois de juillet, à déployer dans la Chambre de la Reine de la Grande Pyramide un scintillateur électronique équipé de détecteurs fabriqués avec un plastique spécial sensible aux muons. Ce scintillateur a été conçu par le KEK (High Energy Accelerator Research Organization - Tsukuba Japon)

©  Egyptian Ministry of Antiquities, HIP Institute, Faculty of Engineering (Cairo University)


Les résultats de cette nouvelle campagne de muographie opérée par l’équipe #ScanPyramids seront partagés afin d’être interprétés par des comités scientifiques représentant différentes disciplines (physique des particules, architecture, ingénierie mécanique, simulations, égyptologie, archéologie, etc.). L’un de ces comités, composé d’égyptologues, a été mis en place par le ministère des Antiquités égyptien. Il sera dirigé par l’ancien ministre des Antiquités, le Dr. Zahi Hawass.


Pour en savoir plus : http://www.hip.institute

#ScanPyramids : http://www.scanpyramids.org 

http://www.hip.institute/press/HIP_INSTITUTE_CP7_EN.pdf


(*)La muographie

Les muons, qui tombent en permanence sur la Terre à une vitesse proche de la lumière avec un débit d’environ 10 000 par m2 par minute, proviennent des hautes couches de l’atmosphère, où ils ont été créés lors de collisions entre des rayons cosmiques issus de notre environnement galactique et les noyaux des atomes de l’atmosphère. À l’instar des rayons X qui traversent notre corps et permettent de visualiser notre squelette, ces particules élémentaires, sorte d’électrons lourds, peuvent traverser très facilement des roches de grande épaisseur, telles les montagnes. Des détecteurs, placés à des endroits judicieux (par exemple à l’intérieur de la pyramide, sous une possible chambre encore non détectée), permettent, par accumulation dans le temps des particules, de discerner les zones de vide (que les muons ont traversé sans interagir) et les zones plus denses où certains d’entre eux ont pu être absorbés ou déviés. Tout l’art de la mesure consiste à réaliser des détecteurs extrêmement sensibles puis à accumuler suffisamment de données (pendant plusieurs jours ou mois ) pour accentuer les contrastes.
La radiographie par muons est aujourd’hui fréquemment utilisée dans l’observation des volcans, notamment par les équipes de recherche de l’université de Nagoya.