mercredi 10 novembre 2010

“On est fort peu renseigné sur tout ce qui concerne les pyramides d'Égypte” (Dictionnaire Larousse - XIXe s.)

Le Grand dictionnaire universel Larousse du XIXe siècle, édité de 1866 à 1877, comporte un long développement sur les pyramides, dont - par excellence - celles d’Égypte, la spécificité de ce genre de publication étant bien sûr de faire le point sur les connaissances de l’époque.
Les “connaissances” ? Ou plutôt, en l’occurrence, sur les non-connaissances, les données “vagues et insuffisantes” transmises par les historiens en matière de pyramides étant “contradictoires”. On a beau savoir que les pyramides ont été admises à figurer au palmarès des sept merveilles du monde, on n’est guère plus avancé pour autant. Prenez, par exemple, le cas des trois grandes pyramides de Guizeh : “On ignore les auteurs, le mode et l'époque de la construction de ces trois monuments.”
Alors ? Quand on ne sait pas, vers qui se tourne-t-on ? Je vous le donne en mille... Vers notre cher Hérodote évidemment ! Mais, conforme à sa logique éditoriale, le Grand dictionnaire universel procède à une plus ample revue de détail des historiens ou/et théoriciens les plus en vue. Dans l’ordre d’apparition, après le Père de l’Histoire : Diodore de Sicile, Strabon, Pline, Aristide et une kyrielle d’historiens arabes, dont leur chef de file ‘Abd al-Latif, même s’ils méritent en général “peu de confiance” !
Ce premier wagon d’auteurs fera l’objet de la présente note. Suivra une seconde, qui s’intéressera à des auteurs plus modernes, dont Piazzi Smyth, qui aura droit à des ”égards” particuliers.




Photo Marc Chartier
“Les pyramides sont des monuments de dimension variable et de forme pyramidale, comme leur nom l'indique. On en compte un grand nombre en Égypte et en Nubie. Il y a aussi des pyramides assyriennes, étrusques, mexicaines. On en trouve en Irlande, dans la Perse, dans l'Inde et dans le royaume de Siam. On en a rencontré jusque dans l'archipel des Mariannes, à Rota et à Tinian. Mentionnons encore les pyramides portatives, de 1 à 2 pieds de hauteur, dit Batissier, décorées de peintures funéraires et d'inscriptions. Elles étaient placées à côté de la momie du défunt. On en voit dans presque toutes les collections d'antiquités. Les Grecs, les Romains et les modernes ont construit quelques tombeaux en forme de pyramide ; ces derniers monuments sont de petites dimensions et n'ont aucune importance.
Les pyramides les plus remarquables sont celles d'Égypte et de Nubie et celles du Mexique. On compte en Égypte 39 pyramides de diverses grandeurs et, en Nubie, une centaine. Le groupe de pyramides égyptiennes le plus important est celui de Gizeh ou Djizeh, composé de 9 pyramides, parmi lesquelles se trouvent les monuments de ce genre les plus célèbres, savoir la pyramide de Chéops, dite la grande pyramide ; celle de Chéphren et celle de Mycérinus, beaucoup plus petite que les deux premières.
L'astronome Nouet a déterminé la position géographique de ces trois monuments par des observations répétées ; il a trouvé, pour la latitude, 28° 52' 2" N., pour la longitude, 29° 59' 6" à l'E. du méridien de Paris. Il résulte encore de ses opérations trigonométriques que la grande pyramide est à 12.080 mètres au S.-O. du palais de l'Institut d'Égypte, au Caire. Le colonel Jacotin a calculé qu'elles étaient à 26.560 mètres au S. de la pointe actuelle du Delta et à 23.760 mètres S.-O. de l'obélisque d'Héliopolis. D'après les calculs du même ingénieur, la première pyramide est à 483 mères N.-O. de la seconde, à 926 mètres N.-E. 1/4 N. de la troisième et à 549 mètres N.-O. 1/4 N. du grand sphinx.
Les anciens mettaient les pyramides d'Égypte au nombre des sept merveilles du monde. Elles dépassent en hauteur tous les monuments connus de la terre. La hauteur actuelle de la grande pyramide est, en effet, de 138 mètres au-dessus du sol, c'est-à-dire plus du double de celle de Notre-Dame de Paris (66 mètres) ; sa base actuelle est de 227 mètres, et son arête de 217 mètres. On évalue son volume au chiffre de 2.562.576 mètres cubes, volume vraiment prodigieux. Nous donnons ses dimensions actuelles ; car la base est enterrée, la plate-forme s'élargit avec le temps, enfin le revêtement de la pyramide a été enlevé ; avec le revêtement, la base et le sommet étant ceux d'aujourd'hui, la première pyramide aurait une base de 231 mètres et une hauteur de 144 à 146 mètres.
Les dimensions actuelles de la seconde pyramide sont : base, 207 mètres ; hauteur, 139 mètres ; volume, 1.903.275 mètres cubes. Les dimensions actuelles de la troisième pyramide sont : base, 100 mètres ; hauteur, 53 mètres ; arête, 88 mètres ; volume, 179.182 mètres cubes.
On ignore les auteurs, le mode et l'époque de la construction de ces trois monuments. Les inscriptions dont elles étaient couvertes n'existent plus ; on a trouvé, il est vrai, un ou deux hiéroglyphes à l'intérieur ; mais avec le peu de connaissance que nous avons de la langue des anciens Égyptiens, nous ne pouvons donner ni raison ni tort aux érudits, dont chacun explique les hiéroglyphes à sa manière et selon son bon plaisir. (...)
Les pyramides avaient jadis un revêtement très épais, formé de blocs calcaires, régulièrement taillés et soudés entre eux par un ciment extrêmement puissant, grâce auquel le tout formait un ensemble qu’on ne pouvait détruire qu'en le brisant. Chose à peine croyable et que cependant Abd-al-Latif et, plus récemment, le colonel Wyse ont attestée, ce ciment n'avait que l'épaisseur d'une feuille de papier.
Le revêtement, chargé d'inscriptions en langue inconnue ou tracées par les voyageurs grecs ou romains, a été détruit dans presque toutes les pyramides d'Égypte par les Arabes, surtout, d'après Letronne, pendant le XIVe et le XVe siècle.


Photo Marc Chartier


Les Arabes ont pénétré pendant le moyen-âge dans l'intérieur des pyramides. Les auteurs arabes prétendent que des trésors, des objets d'art, des sarcophages, etc., auraient été découverts dans l'intérieur de ces monuments, mais la description que font ces auteurs de l'intérieur des pyramides ne concorde pas avec celles qu'en font les voyageurs modernes, ce qui fait supposer que les parties des pyramides visitées parles Arabes n'étaient pas les mêmes que celles qu'ont visitées les modernes.
On est fort peu renseigné sur tout ce qui concerne les pyramides d'Égypte ; les données vagues et insuffisantes qu'ont transmises les historiens sont contradictoires. Ainsi, pour attribuer un auteur à la première pyramide, il faut choisir entre Chéops ou Chemmis, Armœus ou Armais, Souryd ou Saurid, fils de Sahlouk, Agathodémon, Venephès et Suphis.
On ignore jusqu'à la date de la construction de ces monuments, mais ce qu'on peut avancer avec pleine certitude, c'est qu’ils sont de l'antiquité la plus reculée et qu'à l'époque où les philosophes et les plus anciens historiens de la Grèce voyageaient en Égypte, leur origine, mêlée de traditions fabuleuses, se perdait déjà dans la nuit des temps.
Le premier auteur de l'antiquité qui ait parlé des pyramides est Hérodote. Homère, qui, d'après cet historien, aurait visité l'Égypte, ne mentionne pas les pyramides dans ses poèmes. D'après Hérodote, la première pyramide aurait été construite par Chéops, la seconde par Chéphren, la troisième par Mycérinus. La construction de la première pyramide aurait coûté trente années ; pendant les. dix premières années, 100.000 homes auraient travaillé à la construction d'une chaussée conduisant à la pyramide.
Voici maintenant ce que dit Diodore : “Le huitième successeur de Remphis, fils de Protée, fut Chemmis, né à Memphis, qui régna cinquante ans. Ce fut lui qui fit élever la plus grande des trois pyramides qu'on met au rang des sept merveilles du monde. Elle est construite tout entière de pierres très difficiles à travailler, mais aussi d'une durée éternelle, et, comme on n'avait pas encore l'art d'échafauder, on dit qu'on s'était servi de terrasses pour les élever. Mais ce qu'il y a de plus incompréhensible dans cet ouvrage, c'est que, étant au milieu des sables, on n'aperçoit aucune trace ni de transport, ni de la taille des pierres, ni des terrasses dont nous avons parlé ; de telle sorte qu'il semble que, sans emprunter la main des hommes, qui est toujours lente, les dieux ont placé tout à coup ce monument au milieu des terres. On dit que 360.000 manœuvres ou esclaves furent occupés près de vingt ans à ce travail.”
Strabon parle de ces monuments à peu près dans les mêmes termes.
“Parlons, dit Pline, des pyramides d'Égypte, démonstration vaine et insensée de la richesse des rois. Le motif qui leur a fait élever ces monuments fut, disent les uns, la crainte d'abandonner leurs trésors à leurs successeurs ou à leurs ennemis, et, selon d'autres, la crainte de laisser le peuple dans l'oisiveté. La vanité de ces hommes s'est exercée sur les pyramides ; il existe des traces d'un grand nombre qui ne sont que commencées. La plus grande des pyramides a été tirée des carrières de l'Arabie ; on prétend que 366.000 hommes ont travaillé vingt ans pour la construire. Les trois ont été faites en soixante-dix-huit ans et quatre mois. Ceux qui ont écrit sur ce sujet sont Hérodote, Evhémère, Duris de Samos, Aristagoras, Denys, Artémidore, Alexandre Polyhistor, Butorides, Antisthenès, Démétrius, Démotetés, Apion ; ils ne sont pas d'accord entre eux sur les auteurs de ces ouvrages ; les noms de ceux-ci ont péri par une juste punition d'une telle vanité.”
Hérodote est le seul des douze auteurs dont parle Pline dont les ouvrages nous soient parvenus. Jomard fait remarquer que la durée du travail, telle qu'elle aurait été d'après Pline (soixante-dix-huit ans), ne s'accorde pas avec les règnes attribués aux auteurs des pyramides ; savoir, cent six années pour les deux premiers rois seulement. Pline parle aussi du puits de la grande pyramide, puits qui recevait, dit-on, les eaux du fleuve.


Photo Marc Chartier

Selon Aristide (ou plutôt d'après le rapport qu'il dit lui avoir été fait par les prêtres), les pyramides s'enfoncent autant sous la terre que leurs sommets s'élèvent au-dessus. Ce qui semblerait confirmer cette assertion, c'est que les auteurs anciens qui ont parlé des pyramides donnent à celles-ci une base plus large que celle qu'elles ont aujourd’hui.
Il est beaucoup question des pyramides dans les ouvrages d'Abd-el-Hokm, de Ben-Ouessyf-Chah, de Kodhaï, d'Abd-el-Rachyd, d'Abou-Yaboub-Mohammed, d'Abd-al-Latif et de quelques autres historiens arabes, les seuls auteurs qui, après les anciens et jusqu'au XVIIe siècle, aient traité des pyramides et qui méritent, en général, peu de confiance ; on sait combien l'imagination orientale se plaît à dénaturer les faits. Néanmoins leur témoignage, par suite de l'insuffisance de tout autre écrit sur les pyramides, est très précieux. Nous avons vu, en effet, que la plupart des ouvrages de l'antiquité qui ont traité des pyramides ne sont pas parvenus jusqu'à nous.
Abd-al-Latif, qui a visité les pyramides, donne de nombreux détails à leur sujet. Voici un extrait d'un des ouvrages de cet écrivain sur les deux plus grandes pyramides : “L'une de ces deux pyramides est ouverte et offre une entrée par laquelle on pénètre dans l'intérieur. Cette ouverture mène à des passages étroits, à des conduits qui s'étendent jusqu'à une grande profondeur, à des puits et à des précipices, comme l'assurent les personnes qui ont eu le courage de s'y enfoncer car il y a un grand nombre de gens qu'une folle cupidité et des espérances chimériques conduisent dans l'intérieur de cet édifice. Ils s'enfoncent dans ses cavités les plus profondes et arrivent enfin à un endroit où il ne leur est plus possible de pousser plus avant. Quant au passage le plus fréquenté et que l'on suit d'ordinaire, c'est un glacis qui conduit vers la partie supérieure de la pyramide, où l'on trouve une chambre carrée et, dans cette chambre, un sarcophage de pierre. Cette ouverture, par laquelle on pénètre aujourd'hui dans l'intérieur de la pyramide, n’est point la porte qui avait été ménagée lors de sa construction ; c'est un trou fait avec effort et pratiqué au hasard. On dit que c'est le calife Mamoun qui l'a fait ouvrir. La plupart des personnes de notre compagnie entrèrent dans cette ouverture et montèrent jusqu'à la chambre pratiquée en haut de la pyramide. À leur descente, elles racontèrent que ce passage était plein de chauves-souris et de leurs ordures, qu'il en était presque bouché (le savant Coutelle, lors de l'expédition d'Égypte, a trouvé aussi une quantité de chauves-souris dans la pyramide) ; que les chauves-souris y étaient presque aussi grosses que des pigeons et qu’on y voyait, dans la partie supérieure, des ouvertures et des fenêtres qui semblaient avoir été ménagées pour donner passage à l'air et à la lumière. Dans une autre visite que je rendis aux pyramides, j'entrai dans ce conduit intérieur avec plusieurs personnes et je pénétrai jusqu'aux deux tiers environ mais, ayant perdu connaissance par un effet de la frayeur que m'inspirait cette montée, je redescendis à demi mort. Les pierres des pyramides sont revêtues d'écriture dans cet ancien caractère dont on ignore aujourd'hui la valeur. Je n'ai rencontré dans toute l'Égypte personne qui pût dire connaître, même par ouï-dire, quelqu'un qui fut au fait de ce caractère. Ces inscriptions sont en si grand nombre que, si l'on voulait copier sur du papier celles seulement que l'on voit sur la surface de ces deux pyramides, on emplirait plus de dix mille pages. J'ai lu dans quelques livres des anciens Sabéens que, de ces deux pyramides, l'une est le tombeau d'Agathodémon et l'autre celui d'Hermès. Ce sont, suivant eux, deux grands prophètes, mais Agathodémon est le plus ancien des deux et le plus grand. Ils disent que de toutes les contrées de la terre on venait en pèlerinage a ces deux pyramides. Quand Mélik-al-Aziz-Othman-ben-Yousouf eut succédé son père, il se laissa persuader par quelques personnes de sa cour, gens dépourvus de bon sens, de démolir ces pyramides, et l'on commença par la pyramide rouge, qui est la troisième des grandes pyramides et la moins considérable. Le sultan y envoya donc des sapeurs, des mineurs et des carriers, sous la conduite de quelques-uns de ses principaux officiers et des premiers émirs de sa cour, et leur donna ordre de la détruire. Pour exécuter les ordres dont ils étaient chargés, ils établirent leur camp près de la pyramide ; ils y ramassèrent de tous côtés un grand nombre de travailleurs et les entretinrent à grands frais. Ils y demeurèrent ainsi huit mois entiers, occupés avec tout leur monde à l'exécution de la commission dont ils étaient chargés, enlevant chaque jour, après s'être donné bien du mal et après avoir épuisé toutes leurs forces, une ou deux pierres. Les uns les poussaient d'en haut avec des coins et des leviers, tandis que d'autres travailleurs les tiraient d'en bas avec des cordes et des câbles. Quand une de ces pierres venait enfin tomber, elle faisait un bruit épouvantable, qui retentissait à un très grand éloignement et qui ébranlait la terre et faisait trembler les montagnes. Dans sa chute, elle s'enfonçait dans le sable ; il fallait derechef employer de grands efforts pour l'en retirer; après quoi l'on y pratiquait des entailles pour y faire entrer des coins ; on faisait ainsi éclater des. pierres en plusieurs morceaux ; puis on chargeait claqua morceau sur un chariot pour le traîner au pied de la montagne qui est à peu de distance et où on l’y jetait. Après être restés longtemps campés en cet endroit et avoir consommé tous leurs moyens pécuniaires, comme leur peine et leurs fatigues allaient toujours en croissant, que leur résolution, au contraire, s'affaiblissait de jour en jour et que leurs forces étaient épuisées, ils furent contraints de renoncer honteusement à leur entreprise. Ceci se passait en l'année 593 (1196). Aujourd'hui, quand on considère les pierres provenues de la démolition, on se persuade que la pyramide a été détruite jusqu'aux fondements. Mais si, au contraire, on porte les regards sur la pyramide, on s'imagine qu'elle n'a éprouvé aucune dégradation et que, d'un côté seulement, il y a une partie du revêtement qui s'est détachée.”
D'après Abd-al-Latif, on trouvait en face des pyramides, sur la rive orientale du Nil, d'immenses carrières qui pouvaient avoir servi à l'extraction des matériaux qui les ont formées. Des voyageurs européens ont visité depuis ces mêmes carrières ; mais on ignore encore si ce sont réellement les carrières auxquelles ont puisé les constructeurs des pyramides, ou si les matériaux de ces monuments ont été comme le prétend le plus grand nombre des historiens, amenés de l'Arabie.
Tous les écrivains arabes s'accordent sur les noms des rois auxquels sont attribuées les trois pyramides de Giseh. “C'est toujours, dit Jomard, à Souryd, fils de Sahlouk, que la première est attribuée, à Herdjib la deuxième, à Keroures la troisième ; ces deux derniers princes, comme dans les écrits des Grecs, sont le frère et le neveu du premier. Ce nom de Keroures ou Kouros est le seul qui ait quelque analogie avec le nom de Cherinus (My-cerinus), que rapporte Diodore de Sicile.
Toutes les ouvertures des pyramides découvertes jusqu'à présent sont sur la face du nord, et nous voyons que les auteurs arabes placent les portes différemment : celles de la grande à l'E., de la deuxième à l'O., de la troisième au S. (un auteur dit au N.). Est-il prouvé qu'ils se sont trompés ? Non, sans doute, et il est presque impossible d'obtenir cette preuve à cause des masses immenses de décombres et de sables accumulés au pied de ces monuments. À l'époque d'Al-Mamoun, elles ne s'étaient pas amoncelées à ce point, et l'on avait pu trouver les bases découvertes ou peu encombrées. D'un autre côté, les ouvertures que nous connaissons sont toutes bien au-dessus de la base, à environ 12 mètres. Il semble donc que les écrivains, en parlant de portes conduisant à des galeries, à des canaux souterrains, désignent autre chose que les ouvertures semblables à celle qui est au N. de la grande pyramide et qui n'a guère que 1 mètre en tous sens. Tous ces écrivains, au reste, sont persuadés que ces monuments ont précédé le déluge, ce qui ne prouve qu'une chose, c'est l'ancienneté immémoriale de leur construction.”
D'après l'historien arabe Abou-Zeyd-el-Balkhy, l'inscription gravée sur les pyramides fut traduite en arabe : elle apprenait l'époque de la construction ; c'est le temps où, dit-il, la Lyre se trouvait dans le signe du Cancer ; en calculant, on trouvera deux fois trente-six mille ans solaires avant l'hégire. Cette dernière évaluation est évidemment exagérée. N'oublions pas, toutefois, que Manéthon assigne à l'histoire d'Égypte une durée de trente mille ans. Les prêtres thébains ont montré à Hérodote trois cent quarante et un colosses qui marquaient la succession de grands prêtres de père en fils depuis plus de onze mille ans. Les zodiaques des temples de Denderah et d'Esneh dénotent, d'après les astronomes modernes, un état du ciel qui remonte au moins à quinze mille ans. Plusieurs savants prétendent, il est vrai, que ces zodiaques sont de construction plus moderne. Mais d'autres indices, tirés des traditions astronomiques des anciens Égyptiens, prouvent, selon M. Rodier, que la civilisation égyptienne remonte au moins au CLe siècle av. J.-C.
Nous ne discuterons pas plus au long cette question de chronologie. Nous ferons seulement observer que, si, comme le prétendent un grand nombre de savants, l'Égypte était déjà un État civilisé onze mille ans av. J.-C., les pyramides pourraient fort bien être un monument âgé de quinze mille ans, c'est-à-dire qu'elles compteraient parmi les plus anciens monuments de l'industrie humaine, avec les dolmens et les menhirs.

Source : Gallica

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