vendredi 25 mars 2011

Théories sur la construction des pyramides égyptiennes : “Les auteurs ont souvent été plus habiles à souligner les faiblesses des solutions proposées par leurs prédécesseurs qu’à proposer eux-mêmes des solutions sans faille” (John Anthony West)

L’auteur, conférencier et guide touristique John Anthony West est connu pour son interprétation “alternative” (“symboliste”) de l’ancienne culture égyptienne, à la lumière de l’astrologie.
En collaboration avec Robert Schoch, il a élaboré une théorie sur le Sphinx, selon laquelle cette monumentale sculpture a été endommagée par une érosion due à la pluie à une époque très reculée, située entre 10.000 et 5.000 avant notre ère. (1) Elle sort donc du calendrier de l’aménagement du plateau de Guizeh, tel que communément admis, que le Sphinx soit ou non mis en relation avec Khéphren.
Dans son ouvrage The traveller’s key to ancient Egypt, new edition, 1995, il consacre un long développement aux pyramides de Guizeh. Il y présente tout d’abord quelques figures majeures de l’égyptologie, et plus particulièrement de la pyramidologie : Jomard, Vyse, Perring, John Taylor, Smyth, Petrie... Puis il passe en revue, de manière plus détaillée, telle ou telle théorie sur la fonction des pyramides : la Grande Pyramide comme observatoire astronomique (Proctor), la pyramide almanach (Moses B. Cotsworth), la Grande Pyramide comme marqueur géographique ou référentiel géodésique (Livio Stecchini), la pyramide comme centre d’initiation, la pyramide comme Q.G. pour astronautes, la pyramide comme tombeau, la pyramide comme concentration d’énergies.
Commentant les affirmations d’Hérodote sur la chambre souterraine et entourée d’eau, où aurait été déposée la momie du pharaon bâtisseur de la Grande Pyramide, J.A. West reconnaît comme “pas impossible” l’existence de chambres et couloirs encore “cachés” (hidden) dans ce monument, bien que la recherche n’ait pas à ce jour débouché sur des “indications positives”. (2)


Une question... de multiples réponses
Vient ensuite l’incontournable question : “Comment les pyramides ont-elles été construites ?”
Premier constat : en dépit des nombreuses recherches, théories et hypothèses, il faut bien admettre que les auteurs ont souvent été plus habiles à souligner les faiblesses des solutions proposées par leurs prédécesseurs qu’à proposer eux-mêmes des solutions sans faille : “To date, investigators have been more successful in exposing weakness in the solutions proposed by their predecessors than in putting forward unflawed solutions of their own, a problem that is compounded by the almost total lack of information provided by the ancient Egyptians themselves.”
La lacune, en termes d’informations, est donc à chercher très loin dans le temps. Il y a bien un certain Hérodote dont le célébrissime récit a traversé les siècles. Certes, l’historien grec ne fait appel ni à la providence divine, ni aux astronautes ! Mais, dixit J.A. West, “son récit n’en est pas moins rempli d’incohérences et de plusieurs absurdités”. Néanmoins, le récit d’Hérodote peut encore aujourd’hui servir de base à la réflexion des chercheurs, car même s’il repose sur des témoignages transmis au cours de soixante générations, il faut bien admettre que l’on ne détient rien d’autre pour pallier l’absence de quoi que ce soit d’ “officiel” sur la construction des pyramides.
Le problème devient plus complexe, et les avis divergent grandement, lorsqu’il s’agit de reconstituer en détail la “machine de levage” citée par Hérodote. Comment était-elle fabriquée ? Comment fonctionnait-elle ?
En réponse, pour le moins partielle, à cette question, l’auteur écrit : “If there is a general agreement that a combination of logistical genius and organized brute force could handle the rough work - more or less as described by Herodotus -, techniques involved in the finer details of construction remain conjectural.”
D’autres points techniques ou historiques majeurs restent également en suspens :
- comment les 115.000 blocs de revêtement de la Grande Pyramide ont-ils été mis en place ?
- cette pyramide doit-elle être attribuée à Khéops ? (l’avis de West est qu’il qu’il s’agit d’un monument “anonyme”)
Avant de conclure, J.A. West cite deux théories particulières élaborées pour le transport des blocs de pierre : celle consistant à faire “flotter” ces blocs du fleuve jusqu’au site de construction, et celle d’Edward J. Kunkel (présentée dans ce blog ICI).
Puis il termine son chapitre en ces termes :”It is not illogical to suggest that (...) the Egyptians understood and utilized techniques of mechanical balance unknown to us ; what would be magic to us was method to them, and so, with simple tools but a highly sophisticated understanding of the principles involved, they were able to manipulate these immense stones with an ease and a finesse that we, with our elaborate technology, could not reproduce. The only way such a contention could be proved is to possess such techniques ourselves, but since the whole train of modern thinking runs in precisely the opposite direction towards smaller men and bigger machines, the problem of how the pyramids were built will probably remain open, at least until the spirit that motivated these prodigious stone symphonies again prevails upon us.”

Pour consulter l’intégralité de ce chapitre (pp. 85-109) :
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(1) Sur cette théorie, voir la vidéo disponible sur YouTube : 1e partie, 2e partie, 3e partie, 4e partie, 5e partie.
(2) L’auteur cite, en complément, les travaux effectués en 1968 par Luis Alvarez, Prix Nobel de Physique, à l’aide d’ “instruments électroniques sophistiqués”, à la recherche de chambres cachées dans la pyramide de Khéphren, mais n’ayant, semble-t-il, débouché sur aucune découverte particulière.

A compléter par une illustration vidéo des travaux de West sur l'âge du Sphinx : ICI