Comtesse de Genlis |
Stéphanie Félicité du Crest de Saint-Aubin, par son mariage comtesse de Genlis, marquise de Sillery (1746-1830) était femme de lettres française, réputée pour son savoir encyclopédique.
Les pyramides égyptiennes ne font l’objet que d’une note détaillée dans son ouvrage Alphonse et Dalinde, ou La féerie de l'art et de la nature : conte moral, publié en 1797. Comme de très nombreux auteurs d’ouvrages de vulgarisation, la Comtesse s’est limitée à quelques observations succinctes, empruntées selon toute vraisemblance à d’autres plumes que la sienne. Il est toutefois intéressant de noter ce qui alimentait la curiosité à une époque où l’égyptologie scientifique n’était pas encore née : la performance physique de l’ascension de la Grande Pyramide et le calcul de ses dimensions prenaient très souvent le "dessus" sur une visite des entrailles du monument.
“Les pyramides d'Égypte furent bâties pour servir de tombeaux à ceux qui les ont fait élever. Les Égyptiens de moindre condition, au lieu de pyramides, faisaient creuser pour leurs tombeaux de ces caves qu'on découvre tous les jours et dans lesquelles on trouve des momies.
Toutes les pyramides ont une ouverture qui donne passage dans une allée basse fort longue et qui conduit à une chambre où les anciens Égyptiens mettaient les corps de ceux pour lesquels les pyramides étaient faites. Toutes les pyramides étaient posées avec beaucoup de régularité. Chacune des trois grandes qui subsistent encore sont placées à la tête d'autres petites que l'on ne peut connaître que difficilement parce qu'elles sont couvertes de sable. Toutes sont construites sur un rocher uni, caché sous du sable blanc. Dans toutes les pyramides il y a des puits profonds carrés et taillés dans le roc. Les murailles de quelques-unes ont des figures hiéroglyphiques taillées aussi dans le roc.
Les trois principales pyramides connues des voyageurs sont à environ neuf milles du Caire. La plus belle de toutes est située sur le haut d'une roche dans le désert des sables d'Afrique à un quart de lieue de distance, vers l'ouest, des plaines d'Égypte. Cette roche s'élève environ cent pieds au-dessus du niveau de ces plaines, mais avec une rampe aisée et facile à monter. Elle contribue beaucoup à la majesté de l'ouvrage. On trouve dans cette pyramide des chambres, des corridors, etc. Pour visiter la pyramide en dehors, on monte en reprenant de temps en temps haleine. Environ à la moitié de la hauteur, on rencontre une petite chambre carrée qui ne sert qu'à se reposer Quand on est parvenu au haut, on se trouve sur une plate-forme d'où l'on découvre la plus agréable vue.
La plate-forme qui, à la regarder d'en bas, semble finir en pointe, est de dix à douze grosses pierres et elle a à chaque côté, qui est carré, seize à dix-sept pieds. On ne peut descendre que par le dehors, et cette descente est très dangereuse.
En mesurant cette pyramide d'un coin à l'autre par le devant, le père Vansleb a trouvé qu'elle avait trois cents pas ; ensuite, ayant mesuré la même face avec une corde, cent vingt-huit brasses qui font sept cent quatre pieds.
L'entrée de la pyramide n'est pas au milieu. La hauteur de la pyramide, en la mesurant par-devant avec une corde, est, selon le même voyageur, de cent douze brasses, chacune de cinq pieds et demi, ce qui revient à six cents pieds. On ne peut cependant pas dire de combien elle est plus large que haute, parce que le sable empêche qu'on ne puisse mesurer le pied.”