Dans son étude “Quelques mises au point au sujet de la Grande Pyramide”, publiée par le Bulletin de la Société française d’égyptologie, n° 199, mars-juin 2018, Jean-Pierre Corteggiani, ancien bibliothécaire de l’Institut français d’archéologie orientale du Caire (IFAO), met en parallèle le Big Void récemment découvert par la Mission ScanPyramids et une autre découverte “tout aussi irréfutable”, réalisée en 2000 à l’aide d’un géoradar par Gilles Dormion : celle de “la présence probable” d’un couloir sous la Chambre dite “de la Reine”... un couloir qui, s’il existe, “conduit vraisemblablement à une chambre funéraire encore inconnue qu’il aurait été bien inutile de chercher ailleurs si son existence avait pu être confirmée”.
Après un “examen approfondi” de la configuration du plafond de la Chambre du Roi et des moyens mis en œuvre pour éviter l’effondrement de ce plafond (les chambres dites “de décharge”), de la configuration de la Grande Galerie, puis des “anomalies” liées à la chambre “de la Reine” et au couloir qui y conduit, Jean-Pierre Corteggiani rappelle l’hypothèse, suggérée par Dormion, de l’existence d’une “structure” dont le toit serait à environ 3,5 mètres de profondeur par rapport au sol de la chambre “de la Reine” et qui aurait la forme d’un couloir conduisant “quelque part au cœur de la pyramide” (une “chambre funéraire dont le sol serait au niveau du plateau rocheux” ?)
Il m’est impossible de reprendre dans le menu détail la progression du développement de l’auteur. Trop la résumer serait en trahir le contenu. On en prendra donc connaissance en se référant à l’article publié par le Bulletin de la Société française d’égyptologie.
Reprenons toutefois la conclusion proposée par Jean-Pierre Corteggiani : “Tout pousse donc à penser que, dans cette Grande Pyramide où tout est exceptionnel, la vaste cavité découverte par ScanPyramids n’est rien d’autre qu'une “chambre de décharge” ; et, en effet, si l'on ne dissocie pas la majestueuse Grande Galerie de la Chambre du Roi, la première structure étant perçue comme une voie d'accès triomphale à la seconde, il semble normal, en y voyant les deux parties d'un ensemble, que l'on ait souhaité assurer la protection de l'une comme de l'autre, quitte à ce que l'excès de précautions, aboutissant à l'inverse de l'effet recherché, soit la cause du sinistre qui a affecté la chambre funéraire. Si le Big Void est une cavité semblable à la Grande Galerie, elle doit en être comme une sorte de “continuation” sur le plan vertical : on a donc affaire, non pas à plusieurs structures adjacentes, mais probablement à une seule dont la largeur se réduit à chaque encorbellement ; dans la Grande Galerie, 7 ressauts d'une palme (7,5 cm) ont permis de passer d'une largeur de 4 coudées (2,10 m) à la base des parois, à 2 coudées (1,05 m) au niveau du plafond, les 7 assises d'épaisseur inégale occupant une hauteur verticale d'environ 6 m ; vraisemblablement, le même dispositif a été répété directement au-dessus des dalles qui en constituent le plafond mais, pour l'heure, il est impossible de dire combien il compte de ressauts et quelle est l'épaisseur moyenne des assises : quoi qu'il en soit, la partie la plus haute de la “chambre de décharge” de la Grande Galerie se trouverait au niveau de la Chambre du Roi.”