mercredi 13 octobre 2010

Les pyramides : “C'est lourd, laid et immortel, comme la sottise des hommes” (Auguste Lefranc, XXe s.)

Je ne sais qui était l’abbé Auguste Lefranc, hormis le fait qu’il se présente comme un licencié ès-lettres dans son ouvrage Vues et impressions d'Orient, courtes notes de voyage (1906) dont on trouvera ci-dessous des extraits consacrés à l’Égypte.
“Consacrés” : le mot est peut-être adapté à l’état de l’auteur ; il ne l’est sûrement pas à la teneur de son texte qui, en l’occurrence, revêt des allures de satire voltairienne.
On a peine à imaginer aujourd’hui qu’on ait pu écrire de telles inepties sur la civilisation égyptienne : un vrai crime contre la culture !
Je me suis forcé toutefois à inclure ce texte dans mon inventaire. Mais pour le coup, je suis sorti, dans cette courte présentation, de l’objectivité et de la neutralité que je tente de garder comme leit-motiv de la ligne éditoriale de ce blog. Abbé Lefranc, où que vous soyez, je vous pose la question : où sont la “laideur” et la “sottise” ? Dans les pyramides (êtes-vous seulement allé les voir ?)... ou bien dans vos propos ?

“Au Caire, nous visitons le musée, le fameux musée, qui contient ce que tant de vieilles générations ont laissé depuis des mille ans : ce n'est qu'un assemblage de momies et de cercueils plus ou moins bizarres.
Les pyramides ne sont chacune d'elles qu'un monstrueux entassement de pierres sur un tombeau contenant la momie de quelque odieux malfaiteur de l'humanité. Ce sont d'énormes monticules carrés et pointus, dont les arêtes se rencontrant trop tôt dans le ciel donnent à la base un évasement démesuré. C'est lourd, laid et immortel, comme la sottise des hommes.
Pendant quelque cinquante ans, le monstre, dont la loque desséchée a été déposée sous ces pierres, a tenu sous les fouets des milliers et des milliers de malheureux toujours remplacés par d'autres, à mesure que la souffrance et la mort éclaircissaient leurs rangs.
Dans toutes les constructions de l'ancienne Égypte, ne cherchez pas une idée de vraie grandeur, pas plus qu'un vrai sentiment esthétique : de lourds colosses de pierres en formes de momies effroyablement soufflées et pétrifiées, voilà les types ordinaires que l'on découvre. J'oubliais les momies des scarabées, des chiens et des chats, et les cénotaphes élevés à la mémoire des vaches Hatron et des boeufs Apis.
Pourquoi les savants ont-ils déchiré la terre et exhumé ces horribles témoignages de la folie humaine ? Soldats, du haut de ces pyramides quarante siècles vous contemplent ! disait
Bonaparte. C'étaient quarante siècles d'asservissement, de misère et de ridicules superstitions.”

Source : Gallica

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