mardi 12 octobre 2010

Les pyramides : “l’apothéose d’un peuple disparu” (Gaston Bonnery - XXe s.)

Il m’a été impossible de trouver des informations sur Gaston Bonnery, l’auteur de Croquis de route. Vers Jérusalem par l'Égypte et la Syrie (1901), dont j’ai extrait le texte qui suit.
Un homonyme figure parmi les membres de la Société archéologique de Touraine. Mais s’agit-il de notre auteur ?
Je me contenterai donc de cette courte auto-présentation : Gaston Bonnery affirme être “un voyageur studieux et croyant, aimant à noter ses impressions du coeur et de l'esprit, écoutant partout où il passe ce que lui raconte l'histoire des siècles écoulés, mise en concordance, la pioche à la main et en creusant le sol, avec les pages immortelles que l'Écriture Sainte nous a léguées”.
Son ouvrage est dédié à l’abbé Henry Potard, chevalier du Saint-Sépulcre, secrétaire du pèlerinage Saint-Louis à Jérusalem. On n’en sera pas surpris au vu de l’illustration de la couverture que je reproduis ici.
“Les Pyramides sont signalées comme l'une des sept merveilles du monde ; c'est l'apothéose d'un peuple disparu. Elles ont été décrites tant de fois que je pourrais me dispenser d'en faire la description ; elles exciteront toujours le plus vif intérêt, tant qu'il y aura des hommes capables d'admirer les grandes entreprises des races antiques.
Quarante siècles de faits vous écrasent par leur dramatique histoire dont le souvenir se ravive sur les bords du Nil.
Là, j'ai oublié le temps et les heures, embrassant du même coup d'oeil le cours du fleuve et la grande plaine où les troupes françaises se déployaient comme un torrent impétueux sous les ailes naissantes du général Bonaparte. Là, de toutes parts se présente une étendue sans bornes, la vue s'égare et sur le désert de Lybie qui confine à la partie orientale de la Barbarie, vers la régence de Tripoli, et sur la mer qui baigne les côtes de la Turquie ; l'âme croit embrasser le monde.
Ô vous ! que le destin emportera vers ces parages, sous un soleil ardent, ne retenez pas vos larmes à l'émotion qui se manifestera au dehors de tout votre être. La guerre a toujours rempli de pleurs les yeux des mères, et imposé aux pères les plus grands dévouements envers la nation.
Mes guides me conduisirent à l'intérieur de la grande pyramide, où se trouve le tombeau de granit rose de Chéops qui y fit travailler tous les peuples sous sa domination. Le sol de granit blanc est glissant, l'air chaud, les couloirs étroits où des blocs obstruent le passage ; il faut tantôt ramper sur les genoux ou grimper à l'aide des mains des guides ; les jointures des pierres sont telles que les doigts ne les saisissent pas, des creux entaillés grossièrement dans le sol servent à emboîter vos pas.
La chambre sépulcrale a 10 mètres sur 5 mètres et 6 mètres de haut ; la lumière au magnésium y donne une illusion d'apparition fantastique.
Du haut de la pyramide où l'on arrive après une succession de gradins, formés par l'absence des plaques de marbre qui recouvraient les faces extérieures, il est difficile de garder le silence devant l'immensité des lieux et devant la vastitude du désert. C'était parmi nous une source intarissable d'exclamations, d'admirations et d'hyperboles à jet continu.
On sait que l'état de dégradation de certaines pyramides a permis de démontrer que l'on construisait d'abord une petite pyramide servant de noyau et sur laquelle venaient s'appliquer des enveloppes successives.
Au retour, nous nous désaltérâmes de l'eau du Nil, qui est la première eau du monde.”

Source : Gallica

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