Suite d'Al-mawâ'iz wa-l-i'tibâr fî dhikr al-khitab wa al-'âthâr, ouvrage d'Al-Maqrîzî, traduit en français par Urbain Bouriant, sous le titre Description topographique et historique de l'Égypte, Paris, 1895-1900.
Les Coptes racontent encore que l'esprit attaché à la pyramide du nord est un diable jaune et nu et dont la bouche est munie de longues dents ; celui de la pyramide du sud est une femme nue qui laisse voir ses parties naturelles ; elle est belle mais sa bouche est garnie de longues dents ; elle charme les hommes qui la regardent, leur sourit, les attire et leur fait perdre la raison. L'esprit de la pyramide peinte est un vieillard qui tient un encensoir d'église où brûlent des parfums. Bien des gens ont vu à maintes reprises ces esprits qui faisaient le tour de la pyramide vers le milieu du jour et au coucher du soleil.
Après sa mort, Sourid fut enterré dans la pyramide et, avec lui, ses richesses et ses trésors. C'est Sourid qui, d'après les Coptes, aurait construit les temples, y aurait déposé des trésors et gravé sur leurs parois les sciences, et leur aurait donné pour gardiens des esprits chargés de les protéger contre qui aurait voulu les détruire.
Quant aux pyramides de Dachour, elles furent, dit-on, élevées par Shaddat ben 'Adim avec des pierres taillées autrefois par son père. D'après quelques auteurs, ce Shaddat serait le même que Haddah ben 'Ad ; mais ceux qui refusent d'admettre que les Adites soient entrés en Égypte, méconnaissent le nom de Shaddat ben 'Adim et disent Shaddat ben 'Ad, nom qu'ils ont beaucoup plus souvent occasion de prononcer que l'autre qui n'est pas d'un usage fréquent ; d'après ceux-là, un seul roi (étranger) aurait pénétré en Égypte et dompté ses habitants : ce roi est Bokht Nasr. Mais Dieu est le plus savant !
Dans son livre intitulé : Nouvelles des temps et de ceux que les malheurs ont anéantis, Abou l-Hassan El-Maç'oudi raconte que le calife Abdallah Al-Mamoun, ben Haroun El-Rachid, lors de son voyage en Égypte, étant allé visiter les pyramides, eut le désir d'en démolir une pour savoir ce qu'elle renfermait. "C'est impossible, lui dit-on. - Il faut absolument en ouvrir une, répondit-il."
Et on pratiqua pour lui la brèche qui est encore béante aujourd'hui ; on employa pour cela le feu, le vinaigre, les leviers ; des forgerons y travaillèrent et y dépensèrent des sommes considérables. L'épaisseur du mur était d'environ 20 coudées ; étant parvenus à la fin de ce mur, ils trouvèrent au fond du trou un bassin vert rempli d'or monnayé ; il s'y trouvait 1000 dinars, chaque dinar pesant une once. Al-Mamoun admira la pureté de cet or et ayant fait établir la somme des dépenses qu'avait causées la brèche pratiquée dans la pyramide, il se trouva que l'or ainsi découvert était l'équivalent absolu de cette somme. Le calife fut rempli d'étonnement en voyant que les anciens avaient pu connaître précisément la somme qui serait dépensée et l'endroit précis où serait trouvé le bassin aux dinars. Ce bassin était, dit-on, d'émeraude; Al-Mamoun le fit porter dans son trésor et c'était une des plus étonnantes merveilles fabriquées en Égypte.
Pendant de longues années, on fit usage de la brèche d'Al-Mamoun et nombre de gens y pénétrèrent et suivirent la pente ainsi ménagée ; les uns revinrent sains et saufs, d'autres périrent. Un jour, une vingtaine de jeunes gens se réunirent pour y pénétrer et préparèrent à cet effet tout ce qui était nécessaire, aliments, boissons, cordes, bougies, etc. Ils s'engagèrent dans le couloir et y virent des chauves-souris grandes comme des vautours qui leur frappaient le visage. Puis l'un d'eux fut descendu au moyen de cordes, mais l'ouverture du puits se referma sur lui ; ils firent tous leurs efforts pour le tirer et ne cessèrent qu'à bout de forces. Ils entendirent alors une voix effrayante qui les fit s'évanouir. Quand ils revinrent à eux, ils sortirent de la pyramide et tandis qu'ils étaient assis, étonnés de ce qui leur était arrivé, voici que leur compagnon sortit de terre avant eux, se mit à prononcer des paroles qu'ils ne purent comprendre, puis tomba mort. Ils le prirent et l'emportèrent, mais la police s'empara d'eux et les mena au vali auquel ils racontèrent leur aventure. Puis ils demandèrent l'explication des paroles que leur compagnon avait prononcées avant de mourir et on les leur traduisit ainsi : "Ainsi sera puni quiconque cherchera ce qu'il ne doit pas connaître." Cette explication leur fut donnée par un homme du Saïd.
- J'ai réfléchi, dit Aly ben Radouan le médecin, à la construction des pyramides, et j'ai conclu qu'il avait fallu de profondes connaissances théoriques et pratiques en architecture et en mécanique à ceux qui avaient tracé le carré de leur base, taillé les pierres mâles et femelles et enduit le tout de plâtre marin, de façon à faire monter la construction jusqu'au point où il était possible d'élever des poids pesants. Plus la construction s'élevait, plus elle allait se rétrécissant, de telle sorte que la surface du carré (de la seconde assise), parallèle au carré de la base, formait un carré plus petit que celui de la base même. Puis sur cette seconde assise était tracé un autre carré plus étroit encore de la quantité nécessaire pour que les poids pesants y fussent montés, et à chaque assise était déposée une pierre parfaitement ajustée, alternativement mâle et femelle, formant une assise égale à la précédente ; on continua ainsi jusqu'au point où il ne fut plus possible de continuer ; alors la hauteur fut tronquée et les arêtes en saillie, utilisées pour l'élévation des lourds matériaux, furent rabattues, et en faisant cette opération depuis le haut jusqu'en bas, ils obtinrent un bloc (lisse) formant la pyramide.
La première pyramide, mesurée suivant la coudée encore en usage aujourd'hui en Égypte pour la construction, compte pour la longueur de chaque face (côté de la base) 400 coudées, ce qui fait en coudées noires (1), dont la longueur est de 24 doigts, 500 coudées, et la base étant carrée, les côtés sont égaux ainsi que les angles. Deux de ces côtés sont parallèles à la ligne méridienne, les deux autres sont parallèles à la ligne est-ouest, et chaque côté est de 500 coudées noires. L'apothème descendant du sommet de la pyramide au milieu du côté de la base est de 470 coudées et serait, si la pyramide était complète, aussi de 500 coudées. Les faces de la pyramide forment quatre triangles ; ces quatre triangles sont isocèles, et chacun de leurs côtés mesurerait, si la pyramide était complète, 560 coudées, et les quatre triangles seraient réunis par leur sommet en un même point qui serait le sommet de la pyramide. Ces diverses dimensions entraînent pour la hauteur une valeur de 430 coudées ; c'est sur cette ligne que se trouvent les centres de gravité. Chacun des triangles formant les faces de la pyramide mesure une superficie totale de 125.000 coudées carrées, et en faisant le total de leur surface, on obtient, pour la surface totale de la pyramide, 500.000 coudées noires. Et je n'ai jamais entendu dire qu'il y eût dans le monde de construction plus colossale, ni plus belle, ni plus grandiose. Et Dieu le sait mieux !
Al-Mamoun ayant ouvert une brèche dans cette pyramide, y découvrit un couloir, qui conduisait par un chemin en pente, à une chambre de forme cubique ; sur le sol était un cercueil de marbre, encore en place aujourd'hui, car personne n'a pu l'en tirer. C'est d'après cela que Galien raconte que les Pyramides étaient des tombeaux. Voici ce qu'il dit à ce propos vers la fin du cinquième livre de son traité de l'Hygiène : "Ils donnent le nom de haram à quiconque est parvenu à cet âge (la vieillesse) ; ce nom est dérivé de celui des pyramides dans lesquelles ils devront bientôt être placés."
El-Hauqali, dans sa Description de l'Egypte, dit : - On voit dans ce pays les deux pyramides qui n'ont pas leurs semblables sur la surface de la terre, ni en pays musulman, ni en pays infidèle ; on n'en n'a jamais fait et on n'en fera jamais de semblables. Un des Abassides a lu la phrase suivante sur l'une d'elles : "Je les ai construites toutes les deux ; que celui qui prétendra au titre de roi puissant les démolisse ! Démolir est pourtant plus aisé que construire." Et l'Abasside le tenta (je crois qu'il s'agit ici d'Al-Mamoun ou d'El-Mo'tassem), mais les revenus de l'Égypte n'auraient pu suffire à la tâche, et cependant de son temps, ces revenus, perçus avec équité, justice, bienveillance envers les sujets, le Nil atteignant 17 coudées et 6 doigts, se montaient à 4.257.000 dinars, l'impôt étant de 2 dinars par feddan. Il abandonna donc son projet, et ne s'en occupa plus.
À la limite du territoire de Fostat, à l'ouest du Nil, on rencontre des constructions colossales, en nombre considérable, et qui sont répandues jusque dans le Saïd ; on les appelle des pyramides ; mais elles ne sauraient être comparées aux deux pyramides situées en face de Fostat et à deux parasanges de cette localité. La hauteur de chacune de ces deux pyramides est de 400 coudées, leur largeur est égale à la hauteur ; elles sont construites en pierre d'El-Kaddan ; chaque pierre a une longueur et une épaisseur de 10 à 8 coudées suivant la place qu'elle devait occuper d'après les exigences de la technique ; car ces deux pyramides deviennent plus étroites à mesure qu'elles s'élèvent, de façon à laisser au sommet une surface égale à celle qui serait nécessaire pour permettre à un chameau de s'agenouiller ; les faces de ces pyramides sont couvertes d'écritures grecques. On a prétendu que ces monuments étaient des tombeaux, mais cela n'est pas exact ; leur constructeur ne les a fait élever que parce qu'il avait prévu le déluge et qu'il savait que ce cataclysme détruirait tout ce qui se trouverait à la surface de la terre, à l'exception de ce qui aurait pu être conservé dans des édifices tels que ces deux pyramides ; aussi y emmagasina-t-il tout ce qu'il put d'objets précieux et de trésors, et le déluge étant survenu, puis s'étant retiré, tout le contenu des pyramides devint la propriété de Bensar ben Mesraïm ben Ham ben Nouh. Les derniers rois convertirent ces monuments en magasins et y établirent des dépôts. Et Dieu le sait mieux que personne. (…)
L'uléma Mouafeq el-Din Abd el-Latif ben Abou -l-'Az Youssef ben Abou'l- Bàrakat Mohammed ben 'Aly ben Sa'd El-Baghdadi, plus connu sous le nom d'Ibn El-Moutahan, raconte, dans son Histoire, qu'un jour un infidèle étranger vint trouver le roi El-Aziz Othman ben Salah el-Din ben Youssef, et (le) persuada que sous la petite pyramide se trouvait un trésor. On envoya des tailleurs de pierres et une foule de soldats qui se mirent à la démolir et passèrent à ce travail des mois et des mois ; mais, incapables d'en venir à bout, ils l'abandonnèrent ; les sommes dépensées et les recherches techniques employées à cette entreprise étaient considérables. Et aujourd'hui, qui verrait la masse de pierres enlevées à la pyramide croirait qu'elle est complètement détruite, mais en regardant la pyramide elle-même, on n'y découvre que des brèches insignifiantes.
J'ai eu l'occasion de voir les tailleurs de pierres, et j'ai demandé à leur chef s'il pourrait remettre ces pierres à leur place. "Quand bien même, me répondit-il, le sultan nous donnerait mille dinars par pierre, cela nous serait impossible."
Abou'l-Hassan El-Maçaoudi, dans ses Prairies d'or, s'exprime ainsi : "Quant aux pyramides, leur hauteur est étonnante et leur construction merveilleuse. Elles sont couvertes de plusieurs sortes d'inscriptions dans les diverses langues de peuples passés et disparus. Des gens versés dans la science des mesures assurent que la hauteur verticale de la grande pyramide est d'au moins 400 coudées, et qu'à mesure que la construction s'élève, elle se rétrécit progressivement. La largeur est à peu près égale à la hauteur ; ses faces sont couvertes de textes et de tableaux relatifs aux sciences, aux recettes magiques, aux secrets de la nature ; une de ces inscriptions dit : Nous les avons construites (les Pyramides), et si quelque roi prétend nous égaler et atteindre à notre puissance, qu'il les détruise et en efface la trace ! Détruire est cependant plus facile que construire et désagréger plus aisé que réunir."
On raconte qu'un roi musulman eut l'idée d'en détruire une, mais les revenus de l'Égypte n'auraient pu y suffire, car elle était de pierre et de marbre.
Ces pyramides étaient des tombeaux de rois. Autrefois, quand un roi mourait, on plaçait son corps dans une cuve de pierre, nommée par les Égyptiens et les Syriens geroun et que l'on fermait ; puis on construisait la base d'une pyramide d'après les dimensions qu'on établissait suivant la hauteur choisie, et l'on déposait le sarcophage au milieu de la pyramide et par-dessus on bâtissait une voûte, puis on élevait la construction suivant les dimensions déterminées, réservant l'entrée de la pyramide au-dessous de la pyramide même ; de la porte partait un couloir voûté de pierre dont la longueur souterraine était de 100 coudées au plus. Chacune de ces pyramides a une porte qui y conduit, comme nous venons de le dire. On construisait quelques-unes de ces pyramides avec des degrés à arêtes comme les escaliers ; quand la construction était achevée, on aplanissait les faces du haut en bas. Telle était leur méthode de construction, et pour cela il leur fallait de la force, de la patience et de l'obéissance.
Dans le livre des Constructions et merveilles, il est dit que les deux pyramides situées à l'ouest de Fostat Masr sont des monuments qui peuvent compter parmi les merveilles du monde. Chacune d'elles a 400 coudées de hauteur sur autant de largeur ; elles sont construites en pierres énormes et exposées aux quatre vents, chacune des arêtes de leurs angles faisant face à l'un des vents ; le vent qui a le plus d'influence sur elles est celui du sud nommé merisi.
L'une de ces pyramides est le tombeau de A'adimoun et l'autre celui de Hermès ; entre ces deux personnages il y a près de mille ans, A'adimoun étant le plus ancien des deux. Les habitants de l'Égypte, c'est-à-dire les Coptes, prétendent que ces deux personnages étaient deux prophètes apparus avant la venue du christianisme ; cette opinion est conforme à celle que professent les Sabéens au sujet des prophètes, mais non avec celle que l'on doit avoir à l'égard de la haute prophétie ; mais pour les Coptes, les deux prophètes en question étaient des âmes pures, saintes, exemptes des corruptions terrestres et pourvues de l'inspiration céleste. Aussi connaissaient-ils les événements avant qu'ils se fussent accomplis et n'ignoraient-ils rien des secrets du monde et du reste.
Parmi les Arabes de l'Yémen, quelques-uns considèrent les deux pyramides comme les tombeaux de Sheddad ben 'Ad et d'un autre de leurs rois qui conquirent l'Égypte autrefois ; ceux-là sont de purs Arabes de la tribu d'Amalek et d'autres. Mais, d'après ce que nous venons de dire de la doctrine des Sabéens, ce sont les tombeaux de corps purs.
Abou Zeid El-Balkhi trouva, au milieu des inscriptions tracées sur la pyramide, une certaine ligne qu'on traduisit en arabe et qui signifiait : "Ces deux pyramides ont été élevées quand l'Aigle tombant se trouvait dans l'Écrevisse." On a fait le calcul du temps écoulé depuis ce moment jusqu'à l'hégire du Prophète et l'on a trouvé 2 fois 36.000 années solaires, c'est-à-dire 72.000 années solaires.
El-Hamadani, dans son livre Des couronnes, dit : De tout ce qui a été submergé par le déluge, il n'a rien subsisté que le village de Nehaouend, retrouvé tel qu'il avait été avant le cataclysme, et les pyramides du Saïd.
Abou Mohammed Abd Allah ben Abd El-Rahim El-Qisi, dans son livre Présent des cœurs, rapporte que les pyramides sont carrées par la base et triangulaires par leurs faces et qu'elles sont au nombre de dix-huit. En face de Fostat il y en a trois dont la principale a un périmètre de 2.000 coudées, chaque côté étant de 500 coudées ; sa hauteur est de 500 coudées également. Chacune des pierres qui la compose a 30 coudées d'épaisseur sur une largeur de 10 coudées ; la disposition et la taille de ces pierres sont parfaites. Près de la ville du Pharaon de Joseph se trouve une autre pyramide encore plus grande et plus imposante, son périmètre étant de 3.000 coudées et sa hauteur de 750 ; les pierres dont elle est bâtie mesurent chacune 50 coudées. Dans le voisinage de la ville du Pharaon de Moïse est une pyramide plus grande encore et plus extraordinaire ; enfin une autre pyramide connue sous le nom de pyramide de Madoum (Meïdoum) est semblable à une montagne et se compose de cinq étages."
Dans ce nouvel extrait, l'historien égyptien poursuit son inventaire des récits relatant l'origine et la finalité des pyramides, à base de "Untel a écrit...", "On raconte que...", "Dieu seul sait".
On prêtera une attention particulière à la relation d'Alî ben Radouân qui, tout médecin qu'il était, manifestait un réel intérêt pour les techniques de construction mises en œuvre dans l'édification des pyramides, avec, en bonus, un éloge du talent des bâtisseurs et de leurs "profondes connaissances théoriques et pratiques en architecture".
Comme pour la note précédente, j'ai inséré quelques extraits du texte original d'al-Maqrîzî, à l'intention des lecteurs arabophones de ce blog.
On prêtera une attention particulière à la relation d'Alî ben Radouân qui, tout médecin qu'il était, manifestait un réel intérêt pour les techniques de construction mises en œuvre dans l'édification des pyramides, avec, en bonus, un éloge du talent des bâtisseurs et de leurs "profondes connaissances théoriques et pratiques en architecture".
Comme pour la note précédente, j'ai inséré quelques extraits du texte original d'al-Maqrîzî, à l'intention des lecteurs arabophones de ce blog.
Le Déluge, selon Michel-Ange (Wikimedia commons)
"Les Coptes racontent dans leurs livres que sur les flancs des pyramides est gravé un texte qui dans leur langue signifie : "C'est moi Sourid, le roi qui ai élevé ces pyramides à telle et telle époque ; j'en ai achevé la construction en six ans ; si quelqu'un de ceux qui viendront après moi se prétend mon égal, qu'il les détruise en six cents ans ; on sait pourtant qu'il est plus aisé de détruire que de construire. Je les ai, après leur achèvement, recouvertes de brocart ; qu'un autre les recouvre seulement de nattes." Et après examen on reconnut que les temps les plus prolongés n'en pourraient rien détruire.
وذكر القبط في كتبهم: أن عليها منقوشًا تفسيره بالعربية: أنا سوريد الملك بنيت هذه الأهرام في وقت كذا وكذا وأتممت بناءها في ست سنين فمن أتى بعدي وزعم أنه ملك مثلي فليهدمها في ستمائة سنة وقد علم أن الهدم أيسر من البنيان وإني كسوتها عند فراغها بالديباج فليكسها بالحصر فنظروا فوجدوا أنه لا يقوم بهدمها شيء من الأزمان الطوال
Les Coptes racontent encore que l'esprit attaché à la pyramide du nord est un diable jaune et nu et dont la bouche est munie de longues dents ; celui de la pyramide du sud est une femme nue qui laisse voir ses parties naturelles ; elle est belle mais sa bouche est garnie de longues dents ; elle charme les hommes qui la regardent, leur sourit, les attire et leur fait perdre la raison. L'esprit de la pyramide peinte est un vieillard qui tient un encensoir d'église où brûlent des parfums. Bien des gens ont vu à maintes reprises ces esprits qui faisaient le tour de la pyramide vers le milieu du jour et au coucher du soleil.
Après sa mort, Sourid fut enterré dans la pyramide et, avec lui, ses richesses et ses trésors. C'est Sourid qui, d'après les Coptes, aurait construit les temples, y aurait déposé des trésors et gravé sur leurs parois les sciences, et leur aurait donné pour gardiens des esprits chargés de les protéger contre qui aurait voulu les détruire.
Quant aux pyramides de Dachour, elles furent, dit-on, élevées par Shaddat ben 'Adim avec des pierres taillées autrefois par son père. D'après quelques auteurs, ce Shaddat serait le même que Haddah ben 'Ad ; mais ceux qui refusent d'admettre que les Adites soient entrés en Égypte, méconnaissent le nom de Shaddat ben 'Adim et disent Shaddat ben 'Ad, nom qu'ils ont beaucoup plus souvent occasion de prononcer que l'autre qui n'est pas d'un usage fréquent ; d'après ceux-là, un seul roi (étranger) aurait pénétré en Égypte et dompté ses habitants : ce roi est Bokht Nasr. Mais Dieu est le plus savant !
Dans son livre intitulé : Nouvelles des temps et de ceux que les malheurs ont anéantis, Abou l-Hassan El-Maç'oudi raconte que le calife Abdallah Al-Mamoun, ben Haroun El-Rachid, lors de son voyage en Égypte, étant allé visiter les pyramides, eut le désir d'en démolir une pour savoir ce qu'elle renfermait. "C'est impossible, lui dit-on. - Il faut absolument en ouvrir une, répondit-il."
Et on pratiqua pour lui la brèche qui est encore béante aujourd'hui ; on employa pour cela le feu, le vinaigre, les leviers ; des forgerons y travaillèrent et y dépensèrent des sommes considérables. L'épaisseur du mur était d'environ 20 coudées ; étant parvenus à la fin de ce mur, ils trouvèrent au fond du trou un bassin vert rempli d'or monnayé ; il s'y trouvait 1000 dinars, chaque dinar pesant une once. Al-Mamoun admira la pureté de cet or et ayant fait établir la somme des dépenses qu'avait causées la brèche pratiquée dans la pyramide, il se trouva que l'or ainsi découvert était l'équivalent absolu de cette somme. Le calife fut rempli d'étonnement en voyant que les anciens avaient pu connaître précisément la somme qui serait dépensée et l'endroit précis où serait trouvé le bassin aux dinars. Ce bassin était, dit-on, d'émeraude; Al-Mamoun le fit porter dans son trésor et c'était une des plus étonnantes merveilles fabriquées en Égypte.
Pendant de longues années, on fit usage de la brèche d'Al-Mamoun et nombre de gens y pénétrèrent et suivirent la pente ainsi ménagée ; les uns revinrent sains et saufs, d'autres périrent. Un jour, une vingtaine de jeunes gens se réunirent pour y pénétrer et préparèrent à cet effet tout ce qui était nécessaire, aliments, boissons, cordes, bougies, etc. Ils s'engagèrent dans le couloir et y virent des chauves-souris grandes comme des vautours qui leur frappaient le visage. Puis l'un d'eux fut descendu au moyen de cordes, mais l'ouverture du puits se referma sur lui ; ils firent tous leurs efforts pour le tirer et ne cessèrent qu'à bout de forces. Ils entendirent alors une voix effrayante qui les fit s'évanouir. Quand ils revinrent à eux, ils sortirent de la pyramide et tandis qu'ils étaient assis, étonnés de ce qui leur était arrivé, voici que leur compagnon sortit de terre avant eux, se mit à prononcer des paroles qu'ils ne purent comprendre, puis tomba mort. Ils le prirent et l'emportèrent, mais la police s'empara d'eux et les mena au vali auquel ils racontèrent leur aventure. Puis ils demandèrent l'explication des paroles que leur compagnon avait prononcées avant de mourir et on les leur traduisit ainsi : "Ainsi sera puni quiconque cherchera ce qu'il ne doit pas connaître." Cette explication leur fut donnée par un homme du Saïd.
- J'ai réfléchi, dit Aly ben Radouan le médecin, à la construction des pyramides, et j'ai conclu qu'il avait fallu de profondes connaissances théoriques et pratiques en architecture et en mécanique à ceux qui avaient tracé le carré de leur base, taillé les pierres mâles et femelles et enduit le tout de plâtre marin, de façon à faire monter la construction jusqu'au point où il était possible d'élever des poids pesants. Plus la construction s'élevait, plus elle allait se rétrécissant, de telle sorte que la surface du carré (de la seconde assise), parallèle au carré de la base, formait un carré plus petit que celui de la base même. Puis sur cette seconde assise était tracé un autre carré plus étroit encore de la quantité nécessaire pour que les poids pesants y fussent montés, et à chaque assise était déposée une pierre parfaitement ajustée, alternativement mâle et femelle, formant une assise égale à la précédente ; on continua ainsi jusqu'au point où il ne fut plus possible de continuer ; alors la hauteur fut tronquée et les arêtes en saillie, utilisées pour l'élévation des lourds matériaux, furent rabattues, et en faisant cette opération depuis le haut jusqu'en bas, ils obtinrent un bloc (lisse) formant la pyramide.
قال علي بن رضوان الطبيب: فكرت في بناء الأهرام فأوجب علم الهندسة العلمية ورفع الثقيل إلى فوق أن يكون القوم هندسوا سطحًا مربعًا ونحتوا الحجارة ذكرًا وأنثى ورصوها بالجبس البحريّ إلى أن ارتفع البناء مقدار ما يمكن رفع الثقيل وكانوا كلما صعدوا ضموا البناء حتى يكون السطح الموازي للمربع الأسفل مربعًا أصغر من المربع السفلانيّ ثم عملوا في السطح المربع الفوقانيّ مربعًا أصغر بمقدار ما بقي في الحاشية ما يمكن رفع الثقيل إليه وكلما رفعوا حجرًا مهندمًا رصوه إليه ذكرًا وأنثى إلى أن ارتفع مقدار مثل المقدار الأوّل ولم يزالوا يفعلون ذلك إلى أن بلغوا غاية لا يمكنهم بعدها أن يفعلوا ذلك فقطعوا الارتفاع ونحتوا الجوانب البارزة التي فرضوها لرفع الثقيل ونزلوا في النحت من فوق إلى أسفل وصار الجميع هرمًا واحدًا.
La première pyramide, mesurée suivant la coudée encore en usage aujourd'hui en Égypte pour la construction, compte pour la longueur de chaque face (côté de la base) 400 coudées, ce qui fait en coudées noires (1), dont la longueur est de 24 doigts, 500 coudées, et la base étant carrée, les côtés sont égaux ainsi que les angles. Deux de ces côtés sont parallèles à la ligne méridienne, les deux autres sont parallèles à la ligne est-ouest, et chaque côté est de 500 coudées noires. L'apothème descendant du sommet de la pyramide au milieu du côté de la base est de 470 coudées et serait, si la pyramide était complète, aussi de 500 coudées. Les faces de la pyramide forment quatre triangles ; ces quatre triangles sont isocèles, et chacun de leurs côtés mesurerait, si la pyramide était complète, 560 coudées, et les quatre triangles seraient réunis par leur sommet en un même point qui serait le sommet de la pyramide. Ces diverses dimensions entraînent pour la hauteur une valeur de 430 coudées ; c'est sur cette ligne que se trouvent les centres de gravité. Chacun des triangles formant les faces de la pyramide mesure une superficie totale de 125.000 coudées carrées, et en faisant le total de leur surface, on obtient, pour la surface totale de la pyramide, 500.000 coudées noires. Et je n'ai jamais entendu dire qu'il y eût dans le monde de construction plus colossale, ni plus belle, ni plus grandiose. Et Dieu le sait mieux !
Al-Mamoun ayant ouvert une brèche dans cette pyramide, y découvrit un couloir, qui conduisait par un chemin en pente, à une chambre de forme cubique ; sur le sol était un cercueil de marbre, encore en place aujourd'hui, car personne n'a pu l'en tirer. C'est d'après cela que Galien raconte que les Pyramides étaient des tombeaux. Voici ce qu'il dit à ce propos vers la fin du cinquième livre de son traité de l'Hygiène : "Ils donnent le nom de haram à quiconque est parvenu à cet âge (la vieillesse) ; ce nom est dérivé de celui des pyramides dans lesquelles ils devront bientôt être placés."
El-Hauqali, dans sa Description de l'Egypte, dit : - On voit dans ce pays les deux pyramides qui n'ont pas leurs semblables sur la surface de la terre, ni en pays musulman, ni en pays infidèle ; on n'en n'a jamais fait et on n'en fera jamais de semblables. Un des Abassides a lu la phrase suivante sur l'une d'elles : "Je les ai construites toutes les deux ; que celui qui prétendra au titre de roi puissant les démolisse ! Démolir est pourtant plus aisé que construire." Et l'Abasside le tenta (je crois qu'il s'agit ici d'Al-Mamoun ou d'El-Mo'tassem), mais les revenus de l'Égypte n'auraient pu suffire à la tâche, et cependant de son temps, ces revenus, perçus avec équité, justice, bienveillance envers les sujets, le Nil atteignant 17 coudées et 6 doigts, se montaient à 4.257.000 dinars, l'impôt étant de 2 dinars par feddan. Il abandonna donc son projet, et ne s'en occupa plus.
À la limite du territoire de Fostat, à l'ouest du Nil, on rencontre des constructions colossales, en nombre considérable, et qui sont répandues jusque dans le Saïd ; on les appelle des pyramides ; mais elles ne sauraient être comparées aux deux pyramides situées en face de Fostat et à deux parasanges de cette localité. La hauteur de chacune de ces deux pyramides est de 400 coudées, leur largeur est égale à la hauteur ; elles sont construites en pierre d'El-Kaddan ; chaque pierre a une longueur et une épaisseur de 10 à 8 coudées suivant la place qu'elle devait occuper d'après les exigences de la technique ; car ces deux pyramides deviennent plus étroites à mesure qu'elles s'élèvent, de façon à laisser au sommet une surface égale à celle qui serait nécessaire pour permettre à un chameau de s'agenouiller ; les faces de ces pyramides sont couvertes d'écritures grecques. On a prétendu que ces monuments étaient des tombeaux, mais cela n'est pas exact ; leur constructeur ne les a fait élever que parce qu'il avait prévu le déluge et qu'il savait que ce cataclysme détruirait tout ce qui se trouverait à la surface de la terre, à l'exception de ce qui aurait pu être conservé dans des édifices tels que ces deux pyramides ; aussi y emmagasina-t-il tout ce qu'il put d'objets précieux et de trésors, et le déluge étant survenu, puis s'étant retiré, tout le contenu des pyramides devint la propriété de Bensar ben Mesraïm ben Ham ben Nouh. Les derniers rois convertirent ces monuments en magasins et y établirent des dépôts. Et Dieu le sait mieux que personne. (…)
وفي حدّ الفسطاط في غربيّ النيل أبنية عظام يكثر عددها مفترشة في سائر الصعيد تدعى: الأهرام وليست كالهرمين اللذين تجاه الفسطاط وعلى فرسخين منها ارتفاع كل واحد منهما: أربعمائة ذراع وعرضه كارتفاعه مبنيّ بحجارة الكدَّان التي سمك الحجر وطوله وعرضه من العشر أذرع إلى الثمان بحسب ما دعت الحاجة إلى وضعه في زيادته ونقصه وأوجبته الهندسة عندهم لأنهما كلما ارتفعا في البناء ضاقا حتى يصير أعلاهما من كل واحد منهما مثل مبرك جمل وقد ملئت حيطانهما بالكتابة اليونانية وقد ذكر قوم أنهما قبران وليس كذلك وإنما حمل صاحبهما على عملهما أنه قضى بالطوفان أنه يهلك جميع ما على وجه الأرض إلا ما حصن في مثلهما فخزن ذخائره وأمواله فيهما وأتى الطوفان ثم نضب فصار ما كان فيهما إلى بيصر بن مصرايم بن حام بن نوح وقد خزن فيهما بعض الملوك المتأخرين وجعلهما هراءه واللّه أعلم.
L'uléma Mouafeq el-Din Abd el-Latif ben Abou -l-'Az Youssef ben Abou'l- Bàrakat Mohammed ben 'Aly ben Sa'd El-Baghdadi, plus connu sous le nom d'Ibn El-Moutahan, raconte, dans son Histoire, qu'un jour un infidèle étranger vint trouver le roi El-Aziz Othman ben Salah el-Din ben Youssef, et (le) persuada que sous la petite pyramide se trouvait un trésor. On envoya des tailleurs de pierres et une foule de soldats qui se mirent à la démolir et passèrent à ce travail des mois et des mois ; mais, incapables d'en venir à bout, ils l'abandonnèrent ; les sommes dépensées et les recherches techniques employées à cette entreprise étaient considérables. Et aujourd'hui, qui verrait la masse de pierres enlevées à la pyramide croirait qu'elle est complètement détruite, mais en regardant la pyramide elle-même, on n'y découvre que des brèches insignifiantes.
J'ai eu l'occasion de voir les tailleurs de pierres, et j'ai demandé à leur chef s'il pourrait remettre ces pierres à leur place. "Quand bien même, me répondit-il, le sultan nous donnerait mille dinars par pierre, cela nous serait impossible."
Abou'l-Hassan El-Maçaoudi, dans ses Prairies d'or, s'exprime ainsi : "Quant aux pyramides, leur hauteur est étonnante et leur construction merveilleuse. Elles sont couvertes de plusieurs sortes d'inscriptions dans les diverses langues de peuples passés et disparus. Des gens versés dans la science des mesures assurent que la hauteur verticale de la grande pyramide est d'au moins 400 coudées, et qu'à mesure que la construction s'élève, elle se rétrécit progressivement. La largeur est à peu près égale à la hauteur ; ses faces sont couvertes de textes et de tableaux relatifs aux sciences, aux recettes magiques, aux secrets de la nature ; une de ces inscriptions dit : Nous les avons construites (les Pyramides), et si quelque roi prétend nous égaler et atteindre à notre puissance, qu'il les détruise et en efface la trace ! Détruire est cependant plus facile que construire et désagréger plus aisé que réunir."
وقال أبو الحسن المسعودي في مروج الذهب: وأما الأهرام فطولها عظيم وبنيانها عجيب عليها أنواع من الكتابات بأقلام الأمم السالفة والممالك الدائرة لا يُدرى ما تلك الكتابة ولا المراد بها وقد قال من عني بتقدير ذرعها: أن مقدار ارتفاع الهرم الكبير ذهابًا في الجوّ نحو أربعمائة ذراع أو أكثر وكلما صعد دق ذلك والعرض نحو ما وصفنا وعليها من الرسوم علوم وخواص وسحر وأسرار الطبيعة وإن من تلك الكتابة مكتوبًا إنا بنيناها فمن يدّعي موازاتنا في الملك وبلوغ القدرة وانتهاء أمر السلطان فليهدمها وليزع رسمها فإن الهدم أيسر من البناء والتفريق أسهل من التأليف.
On raconte qu'un roi musulman eut l'idée d'en détruire une, mais les revenus de l'Égypte n'auraient pu y suffire, car elle était de pierre et de marbre.
Ces pyramides étaient des tombeaux de rois. Autrefois, quand un roi mourait, on plaçait son corps dans une cuve de pierre, nommée par les Égyptiens et les Syriens geroun et que l'on fermait ; puis on construisait la base d'une pyramide d'après les dimensions qu'on établissait suivant la hauteur choisie, et l'on déposait le sarcophage au milieu de la pyramide et par-dessus on bâtissait une voûte, puis on élevait la construction suivant les dimensions déterminées, réservant l'entrée de la pyramide au-dessous de la pyramide même ; de la porte partait un couloir voûté de pierre dont la longueur souterraine était de 100 coudées au plus. Chacune de ces pyramides a une porte qui y conduit, comme nous venons de le dire. On construisait quelques-unes de ces pyramides avec des degrés à arêtes comme les escaliers ; quand la construction était achevée, on aplanissait les faces du haut en bas. Telle était leur méthode de construction, et pour cela il leur fallait de la force, de la patience et de l'obéissance.
وقد ذكر أن بعض ملوك الإسلام شرع يهدم بعضها فإذا خراج مصر لا يفي بقلعها وهي من الحجر والرخام وأنها قبور لملوك وكان الملك منهم إذا مات وضع في حوض من حجارة ويسمى بمصر والشام: الجرون وأطبق عليه ثم بني من الهرم على مقدار ما يريحون من ارتفاع الأساس ثم يحمل الحوض ويوضع وسط الهرم ثم يقنطر عليه البنيان ثم يرفعون البناء على المقدار الذي يرونه ويجعل باب الهرم تحت الهرم ثم يحفر له طريق في الأرض ويعقد أزج طوله تحت الأرض مائة ذراع أو أكثر ولكل هرم من هذه الأهرام باب مدخله على ما وصفت قال: وكان القوم يبنون الهرم من هذه الأهرام مدرجًا ذا مراق كالحرج فإذا فرغوا نحتوه من فوق إلى أسفل فهذه كانت جبلتهم وكانوا مع ذلك لهم قوّة وصبر وطاعة.
Dans le livre des Constructions et merveilles, il est dit que les deux pyramides situées à l'ouest de Fostat Masr sont des monuments qui peuvent compter parmi les merveilles du monde. Chacune d'elles a 400 coudées de hauteur sur autant de largeur ; elles sont construites en pierres énormes et exposées aux quatre vents, chacune des arêtes de leurs angles faisant face à l'un des vents ; le vent qui a le plus d'influence sur elles est celui du sud nommé merisi.
L'une de ces pyramides est le tombeau de A'adimoun et l'autre celui de Hermès ; entre ces deux personnages il y a près de mille ans, A'adimoun étant le plus ancien des deux. Les habitants de l'Égypte, c'est-à-dire les Coptes, prétendent que ces deux personnages étaient deux prophètes apparus avant la venue du christianisme ; cette opinion est conforme à celle que professent les Sabéens au sujet des prophètes, mais non avec celle que l'on doit avoir à l'égard de la haute prophétie ; mais pour les Coptes, les deux prophètes en question étaient des âmes pures, saintes, exemptes des corruptions terrestres et pourvues de l'inspiration céleste. Aussi connaissaient-ils les événements avant qu'ils se fussent accomplis et n'ignoraient-ils rien des secrets du monde et du reste.
Parmi les Arabes de l'Yémen, quelques-uns considèrent les deux pyramides comme les tombeaux de Sheddad ben 'Ad et d'un autre de leurs rois qui conquirent l'Égypte autrefois ; ceux-là sont de purs Arabes de la tribu d'Amalek et d'autres. Mais, d'après ce que nous venons de dire de la doctrine des Sabéens, ce sont les tombeaux de corps purs.
Abou Zeid El-Balkhi trouva, au milieu des inscriptions tracées sur la pyramide, une certaine ligne qu'on traduisit en arabe et qui signifiait : "Ces deux pyramides ont été élevées quand l'Aigle tombant se trouvait dans l'Écrevisse." On a fait le calcul du temps écoulé depuis ce moment jusqu'à l'hégire du Prophète et l'on a trouvé 2 fois 36.000 années solaires, c'est-à-dire 72.000 années solaires.
El-Hamadani, dans son livre Des couronnes, dit : De tout ce qui a été submergé par le déluge, il n'a rien subsisté que le village de Nehaouend, retrouvé tel qu'il avait été avant le cataclysme, et les pyramides du Saïd.
Abou Mohammed Abd Allah ben Abd El-Rahim El-Qisi, dans son livre Présent des cœurs, rapporte que les pyramides sont carrées par la base et triangulaires par leurs faces et qu'elles sont au nombre de dix-huit. En face de Fostat il y en a trois dont la principale a un périmètre de 2.000 coudées, chaque côté étant de 500 coudées ; sa hauteur est de 500 coudées également. Chacune des pierres qui la compose a 30 coudées d'épaisseur sur une largeur de 10 coudées ; la disposition et la taille de ces pierres sont parfaites. Près de la ville du Pharaon de Joseph se trouve une autre pyramide encore plus grande et plus imposante, son périmètre étant de 3.000 coudées et sa hauteur de 750 ; les pierres dont elle est bâtie mesurent chacune 50 coudées. Dans le voisinage de la ville du Pharaon de Moïse est une pyramide plus grande encore et plus extraordinaire ; enfin une autre pyramide connue sous le nom de pyramide de Madoum (Meïdoum) est semblable à une montagne et se compose de cinq étages."
1) "La coudée noire fixée à 54,04 cm est identique à la coudée commune en usage au Maghreb et en Espagne. Elle fut introduite sous les Abbassides mais non pas, comme on le croit souvent, sous al-Ma’mûn, qui employa la coudée légale." (source: Qantara, Patrimoine méditerranéen)
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