Qui était Scipion Marin ? Un publiciste provençal "monté à Paris", semble-t-il.
Outre son poème dédié aux vétérans de l'armée d'Égypte (Bataille des pyramides, 1826), dont j'ai extrait le texte ci-dessous, il est l'auteur de Conduite de la France envers la Turquie (1840) et de Rôle honorable pour la France dans les affaires d'Orient (1840).
On ne manquera pas de relever le caractère très approximatif de sa brève description des pyramides. Par contre, son sens patriotique pour le moins emphatique frise l'indécence, tel qu'il apparaît dans la dédicace du poème vantant les mérites de ceux qui furent appelés plus tard les Grognards de l'Empire : "Vous arborâtes les étendards de la République, vous fîtes flotter les couleurs de la Liberté sur la terre du despotisme et du Qôran. Une grande révolution morale fut sur le point de s'opérer dans l'Orient : Albion trembla pour le sceptre du Gange. Dans cette expédition, la gloire française fut rehaussée de la célébrité de l'ennemi, de celle des monuments et de la poésie des lieux. Vous triomphâtes, et les Siècles se souviendront que quarante d'entre eux vous contemplaient du haut des Pyramides, le jour où vous vainquîtes les Mamelouks !"
"Œuvres des premiers jours ! augustes pyramides !
De quelle époque date la construction des pyramides ? Ni Homère ni Moïse ne nous en parlent. Il est vrai que le premier n'avait jamais pénétré en Égypte, puisque ce qu'il nous dit de Thèbes aux cent portes, est un ouï-dire plein d'exagération, que l'on adoptera tant que l'on ne voudra pas se donner la peine de faire une multiplication ; et que Moïse n'ayant pas écrit la Genèse, comme on le voit par les Clémentines, et particulièrement par plusieurs passages du Pentateuque, le grand prêtre Helkias, qui rédigea cette légende à son retour de Babylone, était plus propre à nous entretenir des bords de l'Euphrate que de ceux du Nil, comme nous le prouvent sa statistique d'Eden, calquée sur la jonction des deux fleuves, du Tigre et de l'Euphrate, et sa théogonie conforme à celle des Perses.
Les uns veulent voir l'étymologie du mot pyramide dans Bour-à-Mit, qui veut dire la chambre du mort, dans le dialecte judaïque ; les autres dans pyros, feu, à cause de la ressemblance de la structure de ces monuments avec la forme pyramidale d'une flamme.
On compte onze pyramides : la première, en grandeur, est celle du roi Chéops, qui a huit cents pieds d'élévation, en comptant ce qui a été enseveli par les sables venus des déserts lybiques : elle fut bâtie par Chéops, successeur, dit-on, de Prothée, qui vivait du temps du siège de Troie, quoiqu'il soit surprenant qu'un roi égyptien ait porté un nom grec.
La seconde, en grandeur, est presque aussi haute que celle de Chéops, mais elle est moins large à sa base. On prétend qu'elle fut bâtie par la fille d'un Pharaon, du produit de ses galanteries, acquis avec l'autorisation de son père. Suivant nos idées actuelles, cette assertion est inadmissible ; mais si l'on fait attention qu'un peuple qui adorait le Phallus et le Cneix, avait des mœurs extrêmement éloignées des nôtres ; que l'acte de la génération , suivant les idées anciennes de l'Orient, n'avait rien d'indécent, mais bien au contraire un caractère de sainteté, on pourra concevoir qu'un roi, pour laisser une impérissable attestation de l'extrême beauté de sa fille, ait songé à construire une pyramide du produit de ses galanteries, et que les grands du royaume, par adulation, par flatterie, se soient empressés d'acquitter de riches tributs aux pieds de la royale courtisane. Ce qui semble confirmer la probabilité de cette opinion, c'est le nom de Heram Elbent (édifice antique de la fille) que cette pyramide porte encore."
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