Selon l'égyptologue Salah al-Naggar, les fissures dans le plafond de la Chambre du Roi (Grande Pyramide) "paraissent s'être produites à l'époque même de la construction du monument"

Photo Jon Bodsworth (Wikimedia commons)

Dans la revue Verlag der Österreichischen Akademie der Wissenschaften (Vienne, 2005), l'égyptologue Salah al-Naggar, auteur de l'ouvrage Les voûtes dans l’architecture de l’Égypte ancienne (2 vol., 1999), a publié un article sous le titre "Les couvrements de granit dans les pyramides de Giza".
L'auteur y rappelle que la chambre haute de la Grande Pyramide est entièrement construite de blocs de granit. Elle comporte notamment un couvrement "complexe et unique", à savoir un plafond composé de neuf énormes poutres de granit, "toutes ces poutres (présentant) des fissures qui paraissent s'être produites à l'époque même de la construction du monument".
Des poutres de granit ont également été utilisées dans la construction des cinq pièces vides qui surmontent de plafond de la Chambre du Roi.
Le premier emploi de ce matériau, provenant d'Assouan (900 km au sud de Guizeh), dans l'architecture égyptienne remonte à la IIe dynastie (tombe de Khâsekhemoui, en jambage de porte), puis, pour la construction de plafonds, à la IIIe dynastie (deux caveaux du complexe funéraire du roi Neteri-Khet - Djoser -, à Saqqara, construit par Imhotep, l'inventeur de la construction en pierre de taille). Mais c'est bien dans la Chambre du Roi de la pyramide de Khéops que l'emploi du granit bat des records : alors que les poutres utilisées à Saqqara pour Djoser mesurent 3,80 m de long, elles atteignent 7,35 m pour la pyramides de Khéops.
La technique sera appliquée ensuite pour les pyramides de Râdjedef (voûte de granit en chevrons) et de Mykérinos (chambre funéraire, avec construction d'une voûte formée de neuf paires de dalles de granit en chevrons à intrados curviligne), alors que les bâtisseurs de la pyramide de Khéphren ont fait l'impasse, évitant d'utiliser ce matériau, pour le remplacer par du calcaire, dans un couvrement sous la charge de la pyramide.
Un détail technique, déjà mentionné, retiendra l'attention : en deux occasions dans le cours de son article, l'auteur relève que, dans le plafond de la chambre du sarcophage et les chambres de décharge (Grande Pyramide), "fissures et désordres se sont très probablement produits durant la construction".
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