Le Marseillais d'origine Jean-Jacques Rifaud (1786-1852) fut membre de l'Académie royale de Marseille et de la Société Statistique de la même ville, de la Société de Géographie de Paris et de la Société Asiatique. Il fut également membre correspondant de la Société royale des Antiquaires de France, et membre correspondant de l'Académie de Nantes.
Grand voyageur, passionné de fouilles archéologiques, il séjourna en Égypte treize années.
"Absent de la France depuis plus de vingt-cinq années, écrira-t-il, je suis resté en Égypte jusqu'à la fin de 1826, occupé à étudier la langue, les usages et les mœurs. J'ai parcouru en tous sens cette terre classique des arts, recherchant ses monuments enfouis sous le sable, observant ses productions, traçant les plans de ses villes détruites, relevant la carte de ses provinces ignorées. Aujourd'hui, je reviens offrir à ma patrie le fruit des travaux d'une vie dévouée tout entière à l'étude d'un pays si riche en grands souvenirs."
Le "fruit de ses travaux" fut une abondante collection de croquis qu'il chercha à éditer, sans toujours trouver l'appui souhaité, sous forme de lithographies. Cent quatre-vingt-neuf de ces lithographies sont conservées dans les collections de la Société royale d'Archéologie, d'Histoire et de Folklore de Nivelles et du Brabant wallon au Musée communal de Nivelles.
Son ouvrage Tableaux de l'Égypte, de la Nubie et des lieux circonvoisins fut publié en 1830 comme un guide utile aux voyageurs. J'en ai extrait le texte suivant :
"Entre le Caire et les provinces de Fayoum et de Bénisouef, la province de Gizèh se présente avec la célébrité que lui ont acquise les anciens monuments qu'elle possède. Il fut un temps où l'on croyait avoir vu l'Égypte lorsqu'on s'était approché des pyramides de Gizèh. Je conviens que, par leur masse imposante, ces monuments durent l'emporter dans l'estime de la plupart des voyageurs sur des débris à moitié recouverts de sable, et firent nécessairement négliger les produits du sol, ainsi que les phénomènes physiques qui le caractérisent. J'ai visité les pyramides de Gizèh en me rendant du Caire dans le Fayoum et aux lacs de Natron ; mais la réserve que je me suis imposée relativement à ce que d'autres se sont appliqués à décrire, et surtout à ce qu'ils ont bien décrit, ne me permet pas de consacrer de longs détails à l'objet de ce chapitre.
Les pyramides de Gizèh sont à quatre lieues du Caire, dans la direction de l'ouest au quart sud-ouest. On attribue à la plus grande une hauteur de quatre cent quatre-vingts pieds : cette hauteur est moindre selon d'autres calculs ; mais il résulte du terme moyen, que cette pyramide est plus élevée que Saint-Pierre de Rome, et par conséquent que tous les monuments de l'Europe. Chaque côté de la base, qui est un triangle équilatéral, a environ six cents pieds de longueur.
Ces pyramides sont assises sur un rocher qui s'élève à quarante ou cinquante pieds au-dessus du niveau de la plaine environnante. La pierre qui forme leur masse est de même nature que ce rocher ; c'est une pierre calcaire blanchâtre, d'où l'on conclut que les matériaux dont elles sont composées ont été extraits de la place même, ou de carrières peu distantes, contradictoirement à l'opinion des auteurs qui, par amour pour le merveilleux, les font venir de bien loin.
D'après la disposition et les dimensions de leurs chambres intérieures, ces monuments ne peuvent avoir été que des tombeaux ; les restes que l'on y a découverts ne laissent d'ailleurs aucune incertitude sur cette opinion. Les documents historiques les plus authentiques font remonter à l'an 900 environ avant Jésus-Christ la construction de la grande pyramide de Gizèh. Cette origine éloignée donne lieu de s'étonner d'une solidité de construction incompatible en apparence avec un développement de superficie qui laisse tant de prise aux causes de destruction. Au surplus, tout étonne le voyageur dans les pyramides de Gizèh. Lorsqu'on commence à les voir, on en est encore à plus de dix lieues : à la distance d'une heure de leur base, on croit y toucher, parce que leur sommet semble dominer perpendiculairement au-dessus de la tête. On approche enfin, et c'est alors que l'étonnement redouble encore par l'idée complexe que font naître leur ampleur et leur solidité, leur longue durée et les travaux qu'elles ont dû coûter à ces générations humaines dont presque seules elles attestent l'existence sur cette partie du globe.
Les pyramides de Saqqarah sont à environ trois lieues au sud de celles de Gizèh ; on s'y rend du Caire en passant par Gizèh, ou bien par un autre chemin qui traverse le couvent de Saint-Georges, et passe par Matrabenny. Ce village est à une lieue de Saqqarah, que l'on atteint après avoir traversé le canal qui en sépare. Quand on vient du Fayoum à Saqqarah, il faut passer par le village de Dachour, et suivre, l'espace de deux petites lieues, un terrain sablonneux, puis le canal, et l'on arrive au village Nemsyèh-Dachour, situé au midi, en face des grandes pyramides.
Une pyramide en briques est à la hauteur de Dachour ; après avoir franchi un autre terrain sablonneux, on est à Saqqarah même. Ici l'on visite d'abord une butte presque toute d'ossements, où se trouvent divers hypogées. Toute cette contrée n'est qu'un rocher recouvert de six à sept pieds de sable. À une demi-lieue de la principale pyramide, on trouve d'autres grottes sépulcrales qui renferment quantité d'oiseaux embaumés. Trois autres pyramides sont plus au nord. À une lieue et demie dans cette direction, il y a des catacombes, quelques ruines, et des pyramides de moyenne grandeur, parmi lesquelles on en remarque une dont la base carrée a trente pieds de dimension, et qui est bâtie en degrés extérieurs : sa hauteur est d'environ cent cinquante pieds, et sa façade méridionale offre deux entrées. Près de là, la pyramide dite Mastabet el Pharoun, ou siège de Pharaon, a deux cent soixante-dix pieds de large sur seulement quarante-huit de hauteur ; elle est bâtie en grosses pierres toutes crevassées et empreintes de coquillages.
Au nord-ouest il y a une autre pyramide de moyenne hauteur, et plus loin, mais à l'ouest, est la grande pyramide, large de six cent soixante-six pieds, et haute de trois cent quarante-cinq. Cette dernière paraît aussi grande que celles de Gizèh.
En tout, le voyageur peut compter dix-huit pyramides à Saqqarah, et les matériaux dont elles sont formées ont aussi été tirés du sol voisin. Les briques qui entrent dans la construction de l'une d'elles sont d'une terre très noire, mêlée de gravier et de coquillages qui semblent liés ensemble par de la paille ; elles ont quinze pouces de long sur sept de large, et quatre et demi d'épaisseur. Au sud de la pyramide construite en degrés, on trouve des catacombes de forme rectangulaire, qui renferment des appartements divisés par cellules, et entourés de banquettes de deux pieds de hauteur. Les appartements ont sept pieds de hauteur ; le puits des Oiseaux est plus au nord, à la distance d'un quart de lieue. Les ruines de la vaste enceinte construite en briques, dont la plaine de Saqqarah offre encore des vestiges, renfermaient probablement les édifices de l'antique Memphis. C'est ici que M. Caviglia découvrit cette statue de Sésostris, qui, sans les jambes, avait trente-quatre à trente-cinq pieds de hauteur. Le musée de Turin possède aujourd'hui un colosse semblable, en brèche siliceuse, qui fut découvert par moi à Thèbes vers 1817. (…)
La pyramide de Meidoun est remarquable en ce qu'elle se compose de deux parties superposées, et par le peu d'inclinaison de ses arêtes, ce qui lui donne une hauteur presque égale à celle de Gizèh avec une masse infiniment moins considérable. Non loin du village de Meidoun est celui d'Abousir, résidence d'un caïmacan dont on peut, en cas de nécessité, réclamer l'utile protection. Abousir était très peuplé jadis, et, de même que les autres villages du Fayoum, plus considérable que de nos jours ; il est bâti sur une butte de décombres où l'on trouve de grandes pierres, des morceaux de marbre, des débris de poterie, et parmi les décombres, des médailles des Ptolémées. À plusieurs reprises on a tiré des momies des tombeaux qui l'avoisinent. Le sel gemme est abondant dans les montagnes qui sont auprès d'Abousir, mais le divan du Caire en a décrété et maintenu la prohibition. En se rendant d'Abousir à Ellahoun, on franchit des terrains sujets à l'inondation et qui ensuite nourrissent les troupeaux des Bédouins. La pyramide d'Ellahoun, située sur le prolongement de la première chaîne libyque, est bâtie en briques cuites au soleil, remarque que j'ai faite dans un chapitre précédent à l'occasion d'une des pyramides de Saqqarah. Le temps a fait perdre à la pyramide d'Ellahoun sa forme primitive ; ses parties anguleuses ont disparu et elle est devenue ronde. De grosses masses en pierre calcaire soutenaient intérieurement les parois en briques et la masse entière de l'édifice. Le sol sur lequel il s'élève est composé de ce même calcaire, et près de là, les traces d'une ancienne carrière indiquent l'endroit d'où furent tirés ses matériaux les plus solides. Dans les parties du roc découvertes et taillées à pic, on voit en outre des tombeaux.
Du côté du nord on aperçoit un couvent copte abandonné depuis longtemps. Une digue en maçonnerie destinée à préserver les terrains de l'invasion du Bahr Balema, conduit auprès de la pyramide Awouara. Cette pyramide, très bien conservée, est aussi bâtie en briques ; elle est plus haute que celle d'Ellahoun ; mon grand ouvrage sur l'Égypte contient des détails très étendus au sujet des fouilles que j'y ai faites ainsi qu'aux environs. Les voyageurs peuvent toujours examiner à son côté oriental les restes d'une vaste enceinte et d'un beau monument. Il resterait à faire en cet endroit, et du côté de l'ouest ou du nord-ouest, des fouilles, qui selon les apparences devraient être productives. De même qu'à Ellahoun, il y a ici quantité de tombeaux creusés dans le roc à pic, et il s'y trouve encore des cadavres sans cercueil. J'ai habité ce lieu solitaire pendant l'espace de huit mois ; je me rendais du village d'Awouara à la pyramide en traversant un ancien canal qui est dans un bas-fond, et en gagnant ensuite un autre canal qui passe au pied de la pyramide, et dont les eaux communiquent avec celles de Tamièh."
Grand voyageur, passionné de fouilles archéologiques, il séjourna en Égypte treize années.
"Absent de la France depuis plus de vingt-cinq années, écrira-t-il, je suis resté en Égypte jusqu'à la fin de 1826, occupé à étudier la langue, les usages et les mœurs. J'ai parcouru en tous sens cette terre classique des arts, recherchant ses monuments enfouis sous le sable, observant ses productions, traçant les plans de ses villes détruites, relevant la carte de ses provinces ignorées. Aujourd'hui, je reviens offrir à ma patrie le fruit des travaux d'une vie dévouée tout entière à l'étude d'un pays si riche en grands souvenirs."
Le "fruit de ses travaux" fut une abondante collection de croquis qu'il chercha à éditer, sans toujours trouver l'appui souhaité, sous forme de lithographies. Cent quatre-vingt-neuf de ces lithographies sont conservées dans les collections de la Société royale d'Archéologie, d'Histoire et de Folklore de Nivelles et du Brabant wallon au Musée communal de Nivelles.
Son ouvrage Tableaux de l'Égypte, de la Nubie et des lieux circonvoisins fut publié en 1830 comme un guide utile aux voyageurs. J'en ai extrait le texte suivant :
"Entre le Caire et les provinces de Fayoum et de Bénisouef, la province de Gizèh se présente avec la célébrité que lui ont acquise les anciens monuments qu'elle possède. Il fut un temps où l'on croyait avoir vu l'Égypte lorsqu'on s'était approché des pyramides de Gizèh. Je conviens que, par leur masse imposante, ces monuments durent l'emporter dans l'estime de la plupart des voyageurs sur des débris à moitié recouverts de sable, et firent nécessairement négliger les produits du sol, ainsi que les phénomènes physiques qui le caractérisent. J'ai visité les pyramides de Gizèh en me rendant du Caire dans le Fayoum et aux lacs de Natron ; mais la réserve que je me suis imposée relativement à ce que d'autres se sont appliqués à décrire, et surtout à ce qu'ils ont bien décrit, ne me permet pas de consacrer de longs détails à l'objet de ce chapitre.
Les pyramides de Gizèh sont à quatre lieues du Caire, dans la direction de l'ouest au quart sud-ouest. On attribue à la plus grande une hauteur de quatre cent quatre-vingts pieds : cette hauteur est moindre selon d'autres calculs ; mais il résulte du terme moyen, que cette pyramide est plus élevée que Saint-Pierre de Rome, et par conséquent que tous les monuments de l'Europe. Chaque côté de la base, qui est un triangle équilatéral, a environ six cents pieds de longueur.
Ces pyramides sont assises sur un rocher qui s'élève à quarante ou cinquante pieds au-dessus du niveau de la plaine environnante. La pierre qui forme leur masse est de même nature que ce rocher ; c'est une pierre calcaire blanchâtre, d'où l'on conclut que les matériaux dont elles sont composées ont été extraits de la place même, ou de carrières peu distantes, contradictoirement à l'opinion des auteurs qui, par amour pour le merveilleux, les font venir de bien loin.
D'après la disposition et les dimensions de leurs chambres intérieures, ces monuments ne peuvent avoir été que des tombeaux ; les restes que l'on y a découverts ne laissent d'ailleurs aucune incertitude sur cette opinion. Les documents historiques les plus authentiques font remonter à l'an 900 environ avant Jésus-Christ la construction de la grande pyramide de Gizèh. Cette origine éloignée donne lieu de s'étonner d'une solidité de construction incompatible en apparence avec un développement de superficie qui laisse tant de prise aux causes de destruction. Au surplus, tout étonne le voyageur dans les pyramides de Gizèh. Lorsqu'on commence à les voir, on en est encore à plus de dix lieues : à la distance d'une heure de leur base, on croit y toucher, parce que leur sommet semble dominer perpendiculairement au-dessus de la tête. On approche enfin, et c'est alors que l'étonnement redouble encore par l'idée complexe que font naître leur ampleur et leur solidité, leur longue durée et les travaux qu'elles ont dû coûter à ces générations humaines dont presque seules elles attestent l'existence sur cette partie du globe.
Les pyramides de Saqqarah sont à environ trois lieues au sud de celles de Gizèh ; on s'y rend du Caire en passant par Gizèh, ou bien par un autre chemin qui traverse le couvent de Saint-Georges, et passe par Matrabenny. Ce village est à une lieue de Saqqarah, que l'on atteint après avoir traversé le canal qui en sépare. Quand on vient du Fayoum à Saqqarah, il faut passer par le village de Dachour, et suivre, l'espace de deux petites lieues, un terrain sablonneux, puis le canal, et l'on arrive au village Nemsyèh-Dachour, situé au midi, en face des grandes pyramides.
Une pyramide en briques est à la hauteur de Dachour ; après avoir franchi un autre terrain sablonneux, on est à Saqqarah même. Ici l'on visite d'abord une butte presque toute d'ossements, où se trouvent divers hypogées. Toute cette contrée n'est qu'un rocher recouvert de six à sept pieds de sable. À une demi-lieue de la principale pyramide, on trouve d'autres grottes sépulcrales qui renferment quantité d'oiseaux embaumés. Trois autres pyramides sont plus au nord. À une lieue et demie dans cette direction, il y a des catacombes, quelques ruines, et des pyramides de moyenne grandeur, parmi lesquelles on en remarque une dont la base carrée a trente pieds de dimension, et qui est bâtie en degrés extérieurs : sa hauteur est d'environ cent cinquante pieds, et sa façade méridionale offre deux entrées. Près de là, la pyramide dite Mastabet el Pharoun, ou siège de Pharaon, a deux cent soixante-dix pieds de large sur seulement quarante-huit de hauteur ; elle est bâtie en grosses pierres toutes crevassées et empreintes de coquillages.
Illustration du catalogue d'une exposition organisée en 1998
par La Société royale d'Archéologie, d'Histoire et de Folklore de Nivelles et du Brabant wallon
Au nord-ouest il y a une autre pyramide de moyenne hauteur, et plus loin, mais à l'ouest, est la grande pyramide, large de six cent soixante-six pieds, et haute de trois cent quarante-cinq. Cette dernière paraît aussi grande que celles de Gizèh.
En tout, le voyageur peut compter dix-huit pyramides à Saqqarah, et les matériaux dont elles sont formées ont aussi été tirés du sol voisin. Les briques qui entrent dans la construction de l'une d'elles sont d'une terre très noire, mêlée de gravier et de coquillages qui semblent liés ensemble par de la paille ; elles ont quinze pouces de long sur sept de large, et quatre et demi d'épaisseur. Au sud de la pyramide construite en degrés, on trouve des catacombes de forme rectangulaire, qui renferment des appartements divisés par cellules, et entourés de banquettes de deux pieds de hauteur. Les appartements ont sept pieds de hauteur ; le puits des Oiseaux est plus au nord, à la distance d'un quart de lieue. Les ruines de la vaste enceinte construite en briques, dont la plaine de Saqqarah offre encore des vestiges, renfermaient probablement les édifices de l'antique Memphis. C'est ici que M. Caviglia découvrit cette statue de Sésostris, qui, sans les jambes, avait trente-quatre à trente-cinq pieds de hauteur. Le musée de Turin possède aujourd'hui un colosse semblable, en brèche siliceuse, qui fut découvert par moi à Thèbes vers 1817. (…)
La pyramide de Meidoun est remarquable en ce qu'elle se compose de deux parties superposées, et par le peu d'inclinaison de ses arêtes, ce qui lui donne une hauteur presque égale à celle de Gizèh avec une masse infiniment moins considérable. Non loin du village de Meidoun est celui d'Abousir, résidence d'un caïmacan dont on peut, en cas de nécessité, réclamer l'utile protection. Abousir était très peuplé jadis, et, de même que les autres villages du Fayoum, plus considérable que de nos jours ; il est bâti sur une butte de décombres où l'on trouve de grandes pierres, des morceaux de marbre, des débris de poterie, et parmi les décombres, des médailles des Ptolémées. À plusieurs reprises on a tiré des momies des tombeaux qui l'avoisinent. Le sel gemme est abondant dans les montagnes qui sont auprès d'Abousir, mais le divan du Caire en a décrété et maintenu la prohibition. En se rendant d'Abousir à Ellahoun, on franchit des terrains sujets à l'inondation et qui ensuite nourrissent les troupeaux des Bédouins. La pyramide d'Ellahoun, située sur le prolongement de la première chaîne libyque, est bâtie en briques cuites au soleil, remarque que j'ai faite dans un chapitre précédent à l'occasion d'une des pyramides de Saqqarah. Le temps a fait perdre à la pyramide d'Ellahoun sa forme primitive ; ses parties anguleuses ont disparu et elle est devenue ronde. De grosses masses en pierre calcaire soutenaient intérieurement les parois en briques et la masse entière de l'édifice. Le sol sur lequel il s'élève est composé de ce même calcaire, et près de là, les traces d'une ancienne carrière indiquent l'endroit d'où furent tirés ses matériaux les plus solides. Dans les parties du roc découvertes et taillées à pic, on voit en outre des tombeaux.
Du côté du nord on aperçoit un couvent copte abandonné depuis longtemps. Une digue en maçonnerie destinée à préserver les terrains de l'invasion du Bahr Balema, conduit auprès de la pyramide Awouara. Cette pyramide, très bien conservée, est aussi bâtie en briques ; elle est plus haute que celle d'Ellahoun ; mon grand ouvrage sur l'Égypte contient des détails très étendus au sujet des fouilles que j'y ai faites ainsi qu'aux environs. Les voyageurs peuvent toujours examiner à son côté oriental les restes d'une vaste enceinte et d'un beau monument. Il resterait à faire en cet endroit, et du côté de l'ouest ou du nord-ouest, des fouilles, qui selon les apparences devraient être productives. De même qu'à Ellahoun, il y a ici quantité de tombeaux creusés dans le roc à pic, et il s'y trouve encore des cadavres sans cercueil. J'ai habité ce lieu solitaire pendant l'espace de huit mois ; je me rendais du village d'Awouara à la pyramide en traversant un ancien canal qui est dans un bas-fond, et en gagnant ensuite un autre canal qui passe au pied de la pyramide, et dont les eaux communiquent avec celles de Tamièh."
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