Bernhard von Breydenbach (1440 ou 1454 ? -1497), riche chanoine de la cathédrale de Mayence, se rendit en pèlerinage en Terre sainte, en 1483-1484, "pour faire pénitence, regrettant une jeunesse passée dans les plaisirs vains". Il relata son périple dans un ouvrage édité en latin et en allemand : Peregrinatio in Terram Sanctam (1486).
Lors de son retour vers l’Allemagne, il fit une halte au Caire qu’il prit le temps de visiter et décrire en détail. Par contre, les pyramides de Guizeh n’eurent droit, sous sa plume, qu’à une très brève et presque insignifiante allusion. Il me semble toutefois intéressant de la reprendre ici, non seulement par souci de compléter l’inventaire de ce blog, mais aussi pour son contenu qui traduit, même très sommairement, la manière dont on pouvait voir et interpréter les pyramides égyptiennes dans la seconde moitié du XVe siècle.
Le texte qui suit est extrait de la traduction en français de l’ouvrage, par Jehan de Hersin, sous le titre Le saint voiage et pelerinage de la cité saincte de Hiérusalem (1489). Source : Gallica
Autre traduction, proposée par le père F. Larrivaz, jésuite :
“Notre vue s’étendait à travers le désert pour ainsi dire jusqu’à la Mer Rouge ; nous apercevions le jardin de baume dont nous avons parlé plus haut. La campagne de Matarieh n’est éloignée que de cinq lieues italiennes ou un peu plus du Caire.
De l’autre côté du Nil, on voyait aussi beaucoup de pyramides : les rois égyptiens les avaient fait élever au-dessus de leurs tombeaux. Le peuple les appelle greniers ou magasins de Joseph ; il les aurait fait bâtir pour garder les blés ; mais c’est manifestement faux, [car] les pyramides ne sont pas creuses à l’intérieur. (1)
Auprès de ces pyramides, la grande idole d’Isis, jadis vénérée par les Égyptiens, semble encore debout. Au-delà, on voit aussi de grandes ruines anciennes ; là se trouvait autrefois la très puissante et très célèbre capitale de l’Égypte, qui avait cent portes : c’est le lieu de naissance de saint Maurice et de la légion thébéenne.”
(1) La traduction de Jehan de Hersin comporte un ajout :”les pyramides sont de grandes aiguilles de pierre aigues par en-haut, mais elles ne sont pas creuses dedans”.
Le texte latin a été établi comme suit par J. Larrivaz : “... de quibus vulgo dicit quod sunt granarie sive horrea quondam ab Joseph ibi pro frumentorum repositione edificate etc. quod falsum liquet quia pyramides iste ab intra non sunt cavate.”
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