samedi 10 avril 2010

Construction des pyramides : extraits des voyages fameux du sieur Vincent Le Blanc, marseillais (XVIIe s.)

Il fut un temps où l'on pouvait faire coexister pacifiquement un Marseillais et un Parisien, au point de les amener même à collaborer.
Ainsi donc, le Parisien – Pierre Bergeron – s'est saisi des mémoires et registres du Marseillais – le globe-trotter Vincent Le Blanc (1554-1640 ?) – pour le meilleur de la littérature de voyages. Ce qui nous vaut cet ouvrage : Les voyages fameux du sieur Vincent Le Blanc, marseillais, qu'il a faits depuis l'âge de douze ans jusques à soixante, aux quatre parties du monde, à savoir aux Indes orientales et occidentales, en Perse et Pegu, aux royaumes de Fez, de Maroc et de Guinée, et dans toute l'Afrique intérieure, depuis le cap de Bonne Espérance jusques en Alexandrie, par les terres de Monomotapa, du Preste Jean et de l'Égypte, aux îles de la Méditerranée, et aux principales provinces de l'Europe, etc., rédigées fidèlement sur ses mémoires et registres, tirés de la bibliothèque de Monsieur de Peiresc, et enrichis de très curieuses observations, par Pierre Bergeron, parisien, 1649.
Je n'ai évidemment retenu que le passage où sont décrites les pyramides égyptiennes.
Vous le remarquerez : j'ai inséré un membre de phrase extrait de la mise en page originale, pour la seule raison que l'un des mots m'échappe. Que signifie le mot "cavalliers" ou "canalliers" ? Comment lire ? Mystère ! C'est pour moi une façon de vous associer à mes recherches quotidiennes et aux surprises qu'elles me réservent. Si votre lecture et, éventuellement, votre pratique des textes anciens vous permettent d'identifier le mot en question, merci à l'avance de faire profiter de votre perspicacité tous les lecteurs de ce blog.

"Environ à quatre lieues du Caire, et une et demie du Nil, sont les fameuses pyramides d'une prodigieuse hauteur et admirable structure, bâties autrefois par les anciens rois d'Égypte, ou par ostentation et pour mémoire de leur grandeur et magnificence, ou pour garder leurs trésors, ou pour la sépulture de leurs corps.
Le bâtiment en est d'autant plus merveilleux que les pierres très grandes et dures en étaient apportées à grands frais et avec beaucoup de travail de fort loin, même comme disent quelques-uns d'Arabie et Éthiopie. Et ces masses étaient élevées à cette immense hauteur, non par des grues, échafaudages et autres engins qui n'étaient encore lors en usage
à force de bras et par un labeur extrême, (…).
C'est une merveille que des trois la plus grande qu'on dit avoir été bâtie par Chemmis, roi d'Égypte, par le travail de 360 mille hommes et 20 ans durant, soit encore quasi toute entière, bien qu'il y ait plus de trois mille ans de sa construction. On tient que chaque face de son carré par en bas est de plus de 200 toises, sa hauteur de plus de 800 pieds. Elle est creuse au milieu, où il y a quelques allées et une chambre où pouvait être la sépulture.
Les autres deux sont plus petites et toutes massives, l'une bâtie par le roi Cophus, et l'autre par Mycerine, ou par la courtisane Rhodope.
La grandeur de ces édifices les a fait mettre au nombre des sept merveilles du monde, et dit-on que les enfants d'Israël furent employés au bâtiment de ces masses énormes.
On voit là encore quelque reste d'un monstre merveilleux en sa forme et grandeur, qu'on dit être d'un sphinx, fait de marbre numidique ou serpentin très dur, ayant la face humaine, et le corsage de lion, comme les anciens figuraient ce monstre."

Source : Gallica

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