lundi 30 mars 2009

"Qu'y a-t-il derrière la porte ?"

Les anciens Égyptiens avaient-ils découvert les secrets des mathématiques complexes et de l'art de la construction bien avant les civilisations modernes ? Pourquoi n'a-t-on jamais trouvé de momies dans les pyramides ? Pourquoi la porte secrète découverte dans la Grande Pyramide il y a déjà dix ans n'a-t-elle pas encore été ouverte ? Derrière cette porte, une chambre secrète renfermerait-elle le savoir de temps anciens ou même d'un autre monde ?
Sous une telle présentation ronflante, conclue par un étonnant "Les réponses dans cet incroyable film", ce DVD se contente de juxtaposer les questions et les théories, sans réellement apporter... de réponses ! Ou plutôt, on sent poindre dans le commentaire un certain attrait pour le sensationnalisme et un prétendu argumentaire qui ne repose sur aucune base solide et rationnellement charpentée.
Il n'est donc pas indispensable de se procurer ce DVD...

samedi 28 mars 2009

La rampe tunnel a la préférence de l'ingénieur-architecte Jean Rousseau

Ancien élève de l'École Polytechnique, ingénieur-architecte et chercheur en sciences sociales, Jean Rousseau prend soin, dans son ouvrage Construire la Grande Pyramide (L'Harmattan, 2001, 224 pages), de dresser un inventaire des théories relatives à la construction de la pyramide de Khéops. Oh ! certes, pas toutes les théories (ce blog est bien modestement la preuve qu'elles sont nombreuses). Mais celles qui, selon l'auteur, sont les plus communément admises : deux qui ignorent les rampes et les traîneaux (utilisation de câbles avec compensation par contrepoids ; escaliers géants construits le long des faces ou du noyau de la pyramide) et quatre reposant sur la construction de rampes sur lesquelles progressent les traîneaux (rampes frontales ; rampes enveloppantes ; rampes en zigzag ; rampes de type tunnel ou corridors intérieurs).
Jean Rousseau, précisons-le d'emblée, n'entend pas développer une théorie personnelle. "Aucune donnée archéologique sérieuse, affirme-t-il, ne suggère un procédé plutôt qu'un autre." Il n'en fera pas moins son choix, tout en le pondérant, parmi celles qui ont été élaborées, notamment les six qui retiennent plus particulièrement son attention.
Préalablement, il énonce un aspect technique du chantier de construction qui lui apparaît comme fortement probable, voire quasi certain : "Il est difficile de croire que les Égyptiens retinrent une méthode de construction basée sur l'édification préalable d'un noyau coiffé d'une mire suivie de la pose d'un parement brut et d'un ravalement ; ou sur le procédé de construction d'une pyramide brute en une seule phase. L'édification de la pyramide ne put, semble-t-il, se faire que par pose définitive d'un parement entièrement préfabriqué avec contrôle périodique de la géométrie à partir des assises épaisses." (op.cit. p.130) Puis de commenter dans une note :"Pour construire une assise, il importait d'abord de mettre en place les moellons périphériques. Ensuite, on avait le choix soit de déposer des 'mauvais' moellons s'appuyant directement sur le parement, soit, au contraire, de combler plutôt le centre de l'assise et de terminer par le remplissage de l'espace en arrière du parement." (pp.131-132) Un peu plus loin, le constat sera même plus assuré :"Il est désormais clair - pour nous - que (le) parement (de la Grande Pyramide) et ses arêtes furent préfabriquées au sol et qu'elle fut construite assise après assise sans noyau préalable." (p.135)
Concernant  la ou les techniques appliquées par les bâtisseurs égyptiens pour l'élévation des charges, Jean Rousseau met au clair son inventaire après l'énoncé précédent des six théories les plus plausibles. Maintenant, il n'en retient plus que trois qui lui apparaissent comme "a priori réalistes" : le procédé par escaliers géants, la construction par rampes en zigzag et la construction par rampes en tunnel. Ce dernier procédé est décrit ainsi :"La construction par rampes tunnel aurait pu reposer sur deux doubles rampes tunnel progressant à proximité des plans diagonaux : l'une, un temps découverte pour la montée des mégalithes ; l'autre parvenant indépendamment jusque vers 130 m, les vingt dernières assises étant par exemple construites à l'aide d'une pseudo grue. Ici disparaît tout risque concernant la stabilité et les défauts de surface. Point de production de moellons excédentaires et un délai de construction de l'ordre de six ans compte tenu (...) des difficultés d'inversion du sens des traîneaux." (p.160)
Jean Rousseau s'attarde sur les caractéristiques de cette technique :"Une rampe tunnel, c'est un long couloir ascendant qui s'élève à l'intérieur de la pyramide selon une succession de sections rectilignes se raccordant par des paliers où s'effectuent les changements de direction des traîneaux. Elle constitue en quelque sorte une variante intérieure des rampes enveloppantes ou zigzag. Malheureusement, à l'époque, seuls étaient envisageables des corridors de deux mètres de largeur car les changements de direction exigeaient des portées d'au moins trois mètres, donc une couverture d'épaisses dalles calcaires en chevrons d'au moins quatre mètres. (...) Bien entendu, le tracé, très libre, de ces rampes invite à privilégier des sections rectilignes au voisinage d'un des plans diagonaux, ce qui limite le nombre des inversions de direction à six, avec une pente de 11°. Dans d'autres solutions, les sections rectilignes, plus nombreuses, auraient pu s'enrouler en une sorte de spirale à l'intérieur du massif de la pyramide, ce qui supprime l'inversion à 180° des traîneaux." (p.154)
Vient alors le moment du verdict :"Aussi nous demanderait-on aujourd'hui de construire 'une autre' Grande Pyramide, nous adopterions sans hésiter - on l'a compris -  la méthode des rampes tunnel qui, par rapport aux deux autres procédés [escaliers géants et rampes en zigzag], ne présente que des avantages. (...) Nous ferions sans doute précéder une des doubles rampes tunnel d'une rampe extérieure assez longue et assez large pour acheminer, jusque vers 30 ou 40 m, une bonne partie des moellons de la partie basse, les dalles de granit ainsi que les chevrons couvrant les rampes tunnel." (p.161)

vendredi 27 mars 2009

Les ensembles synergiques de Louis Albertelli

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Ingénieur des Travaux Publics, Louis Albertelli aime à se référer à son expérience professionnelle en Afrique, notamment au Gabon où il a construit des ponts en bois avec des moyens rudimentaires (grumes équarries, cordes, lianes, leviers…), bénéficiant de l’expérience ancestrale d’hommes des tribus des plateaux Batékés.
Cette même expérience l'a amené à s'interroger sur les techniques - également "rudimentaires" - appliquées par les Égyptiens pour la construction de leurs pyramides.
"Comment les maîtres d'œuvre égyptiens ont-ils pu surmonter l'insuffisance de leurs moyens techniques et scientifiques pour satisfaire la volonté du Pharaon ?" Avec en filigrane cette question récurrente à laquelle il donne des contours quelque peu romancés, sans pour autant se départir du sérieux et de la teneur scientifique de sa recherche, il expose sa théorie dans un ouvrage publié en 1993 : Le secret de la construction de la pyramide de Khéops (éditions du Rocher, collection Champollion, 308 pages).
Selon Louis Albertelli, le secret de la construction de la majestueuse pyramide de Khéops réside dans l'utilisation d'une "synergie" basée sur l'utilisation de leviers basculant grâce à des poulies fixes (et non rotatives) situées à leur base, pouvant tracter des traîneaux chargés de blocs de pierre (dont certains monolithes de 30 tonnes) le long de la paroi de la pyramide. La force de traction résidait dans le poids d'une à trois nacelles reliées par des cordes à l'extrémité supérieure de chaque levier, dans lesquelles prenaient place des ouvriers du chantier. À un quart de la hauteur du levier, en partant du sol, était fixée une corde reliée au traîneau à hisser.
"(Le levier) est un bras en bois, dont l'extrémité inférieure se trouve articulée sur un axe horizontal ; ce dernier est encastré en pied sur deux joues verticales solidaires d'une platine reposant au sol. Le levier ainsi conçu, comme un rayon en rotation autour de son axe inférieur, peut donc balayer d'un mouvement circulaire un demi-cercle avant de toucher le sol horizontal d'assise. Il est relié, au quart de sa hauteur, à une corde destinée au halage de la charge. C'est donc à l'extrémité supérieure du levier que doit être appliquée la force destinée à le mettre en action, pour produire la traction maximum sur la corde." (op.cit. p. 132)
Ce système de levage, pense Louis Albertelli, n'a été utilisé qu'à partir de la cinquième assise de la pyramide, le chantier de construction des quatre premières assises ayant été alimenté en matériaux à l'aide d'une rampe perpendiculaire.
 
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Chargé de son monolithe, le traîneau était tiré par la corde actionnée par le levier. Il empruntait tout d'abord, le long et sur la hauteur des quatre premières assises, une rampe de transition en brique crue, à courbure concave. À chaque abattement du levier sur l’assise horizontale, le traîneau chargé était hissé, d’une distance correspondant au mouvement de rotation de ce levier.
Lors du relevage du levier en position verticale pour son réarmement en vue d’une autre séquence de traction, le traîneau et son monolithe étaient soumis à une force de gravitation qui les entraînait vers le bas, en chemin inverse de la distance parcourue. Pour maintenir l'équilibre et éviter ce glissement en arrière, deux poulies fixes étaient encastrées verticalement en bordure d’assise. Sur ces poulies coulissait une corde de rappel fixée à l’avant du traîneau, l’autre extrémité étant lestée d’un contrepoids. Celui-ci était constitué par un second traîneau chargé d’ouvriers : il redescendait, parallèlement au cheminement du traîneau chargé du monolithe, sur la face du monument. Les forces exponentielles de frottement exercées sur la corde par les poulies fixes et l’arête d’assise permettaient au traîneau-contrepoids, transportant seulement 22 hommes, de réaliser l'équilibre du premier traîneau chargé de son monolithe de 30 tonnes.
Le système levier-nacelle pouvait être doublé, voire triplé en fonction du poids du monolithe à hisser.
Lorsque la quatrième assise de la pyramide fut construite, que les derniers monolithes de remplissage étaient en cours d'ajustement et que les rampes perpendiculaires furent démontées pour faire place aux rampes périphériques de transition, Louis Albertelli estime à 128 le nombre d'ensembles synergiques qui furent mis en action sur toute la périphérie de cette quatrième assise. "Dans un va-et-vient continu, les hommes d'équipages et les blocs glissaient sur leur traîneau, empruntant la rampe de transition et les faces de la pyramide naissante. Dans le même temps, des équipes d'ouvriers, porteurs d'eau et de fine argile, lubrifiaient consciencieusement les voies de cheminement des véhicules." (op. cit. p. 193)
"Il apparaît comme une évidence géométrique que le nombre des leviers de halage disposés sur la périphérie de chaque assise ne pouvait être qu'inversement proportionnel à l'altitude de cette assise. Cela n'améliorait pas les cadences d'élévation des monolithes, cadences qui de plus diminuaient à chaque changement d'assise, avec la plus grande distance de halage sur les faces de la pyramide. Cette particularité devait amener les constructeurs à moduler leurs moyens de réalisation en conséquence. Ainsi, en reconduisant les espacements des 128 ensembles synergiques ayant opéré pour la construction de la cinquième assise, le nombre de machines chuta à 100 sur la quarante-septième assise, à 32 sur la cent cinquantième, à 12 sur la cent quatre-vingtième, jusqu'à aboutir au fonctionnement d'un seul levier à partir de la deux cent cinquième assise." (op. cit. pp. 200-201)

Dans un message adressé à Louis Albertelli, je lui posais la question suivante :

"Votre ouvrage Le secret de la construction de la pyramide de Khéops représente-t-il toujours votre théorie sur la construction des pyramides ? Ou bien cette théorie a-t-elle connu des évolutions ?"


Voici la réponse de l'auteur :

"L'ouvrage intitulé Le secret de la construction de la pyramide de Khéops, que j'ai publié en 1993, aux éditions du Rocher à Paris, a été épuisé en librairie.

J'ai, depuis, animé une trentaine de conférences-débats (notamment dans les université et écoles d'ingénieurs, ainsi qu'à l'Académie royale de marine de Casablanca, etc.)

Pour répondre à votre question, ma thèse reste toujours une proposition rationnelle, qui n'a pu être ''battue en brèche" tant par les égyptologues reconnus que par d'autres scientifiques qui m'ont apporté la contradiction."

jeudi 26 mars 2009

"Les Portes du Ciel - Visions du monde dans l’Égypte ancienne"

Ce superbe ouvrage, très abondamment illustré, est le catalogue d'une exposition réalisée et accueillie par le musée du Louvre (6 mars-29 juin 2009). Son contenu déborde amplement le cadre quelque peu technique de ce blog. Il n'en est pas moins vrai, me semble-t-il, qu'il y a sa place dans la mesure où la construction des pyramides représentait pour les Égyptiens bien plus qu'une simple performance architecturale : elles étaient d'abord pour eux, comme les nombreux autres supports et objets artistiques ou familiers à la haute valeur symbolique figurant dans l'ouvrage, l'expression d'une "vision du monde" où l'éternité jouxtait le quotidien.
Pour les anciens Égyptiens, les "Portes du ciel", point de passage vers l'au-delà, désignaient les battants du naos, tabernacle placé au cœur du temple qui renfermait la statue d'une divinité. Leur ouverture mettait en contact le monde des hommes et celui des dieux : leur fermeture, le soir venu et jusqu'au matin suivant, était associée à la période de régénération et de gestation du soleil dans la nuit de l’au-delà. La réouverture des "Portes du Ciel" au matin marquait le retour de la lumière et, de ce fait, une résurrection.

Stèle funéraire de la dame Tapéret, Bois
stuqué et peint, H. : 31 cm; La. : 29 cm; Pr. :
2,6 cm. Provenance incertaine, probablement
région thébaine, 22e-25e dynastie, vers 850-690
av. J.-C. Paris, musée du Louvre, E 52-N 3663
© 2008 Musée du Louvre / Georges Poncet
Ici-bas/au-delà, mort/survie, ténèbres/lumière, finitude du quotidien humain/éternité du monde divin, contingence/plénitude : cette bipolarité est omniprésente au cœur de la religion égyptienne, basée sur l'"idée obsédante de la maîtrise de la mort" et un "contact permanent entre les hommes et les dieux".
Par delà les subtilités techniques qui ont inspiré leur construction, les pyramides égyptiennes, et par excellence celles de la 4e dynastie édifiées sur le plateau de Guizeh, sont d'abord une expression, inscrite dans l'architecture, de cette symbiose entre la pesanteur de la pierre et les promesses d'éternité :"Dès l'aube de l'histoire, l'horizon-akhet est transposé dans l'architecture royale funéraire, puisqu'au sein de la pyramide, l''antichambre' symbolise l'endroit où Pharaon prendra son essor vers le firmament, après son passage devant le juge suprême dans les ténèbres dui silencieux serdab."
 
Statue cube de Kha,
quartzite, A 65, musée du Louvre
© 2001 Musée du Louvre /
Georges Poncet
Demeures d'éternité, lieux de transition, avec leurs temples adjacents, vers la transfiguration lumineuse, les pyramides ne participent-elles pas de l'au-delà mystérieux que représente la Douat, domaine à la fois souterrain et céleste où "l'horizon de l'Ouest marque une limite à partir de laquelle commence l'au-delà" ? Construites pour vénérer les morts, elles renferment dans leur symbolique et leur structure même une promesse d'éternité glorieuse.
Par son contenu et son concept éditorial, ce livre-catalogue peut d'ores et déjà être considéré comme  un ouvrage de référence pour quiconque s'intéresse à la civilisation de l'Égypte ancienne. Il est une invitation à un "parcours initiatique dans les méandres de la pensée égyptienne".
"Les Portes du ciel - Visions du monde dans l'Égypte ancienne", ouvrage collectif sous la direction de Marc Étienne, coédité par Somogy et le musée du Louvre, 2009, 400 pages, 350 illustrations.

Les balanciers giratoires de Francisco de Paula Martínez

Décidément, les bâtisseurs de l'ancienne Égypte inspirent nos techniciens des Travaux Publics. Ce blog en a déjà présenté quelques-uns qui se sont pris de passion pour les pyramides, faisant appel à leurs compétences professionnelles pour tenter de percer le "secret" de la construction de ces merveilles architecturales (voir sur ce blog les notes concernant Manuel Minguez, Jean Kérisel, André Legleye...) . À chacun son métier, sont-ils tentés de penser, visant par là les archéologues qui ne sont pas toujours les mieux équipés pour discerner les avantages et inconvénients de telle ou telle technique de construction.
Tel est notamment le cas de Francisco de Paula Martínez. Trente années d'expérience dans les Travaux Publics (construction d'autoroutes, de barrages, de tunnels...), de bonnes connaissances en archéologie et son appartenance à l'Association Espagnole d'Égyptologie lui permettent de "considérer comme logique et réalisable la description de l'historien grec Hérodote", tout en se demandant "comment on a pu construire des structures si fabuleuses en des temps où les moyens techniques que nous employons aujourd'hui n'étaient même pas imaginables".
Pour mener à bien sa réflexion, il s'est imaginé dans la situation d'un maître d'œuvre chargé de la construction d'une pyramide semblable à celles du plateau de Guizeh. Pour le déroulement de son chantier, il ferait bien évidemment appel à des moyens techniques modernes, notamment des grues très performantes. Puis d'attirer l'attention sur le fait que, si les bâtisseurs égyptiens n'avaient pas à leur disposition de tels instruments de levage, ils n'en utilisaient pas moins leurs "grues" à eux - les chadoufs - baptisées "balanciers giratoires" : "Un chadouf ou balancier giratoire est précisément la même chose qu’une grue tour pivotante actuelle, à cette différence près que le balancier n'a pas de moteur électrique. Les Égyptiens de l'époque disposaient seulement de deux possibilités pour cela : la force de l'homme ou des animaux et la gravité."
Telle était, selon Francisco de Paula Martínez, la "machine" décrite par Hérodote : elle était composée d'un élément vertical (le mât) sur lequel reposait un autre élément horizontal (la flèche) dont l'une des extrémités était lestée d'une charge permanente (le contrepoids) et dont l'autre servait à élever la charge. Le contrepoids devait seulement être un peu plus lourd que la charge à élever pour permettre à celle-ci de monter sans aucun effort humain complémentaire.
L'ossature du balancier giratoire était en bois de cèdre. La plateforme de manœuvre sur une assise de la pyramide était également en bois pour faciliter la tâche et les mouvements des ouvriers. Le contrepoids devait avoir un poids variable en fonction de celui de la charge à élever : il devait donc être à base de sable ou de pierres dans un récipient, l'équilibre étant vraisemblablement complété par la force humaine.
Cette technique permettrait d'élever les blocs de manière continue de la base de la pyramide jusqu'au sommet, si ce n'est, ajoute notre technicien des TP, que "d'une part, il est très probable que pour élever les blocs des premières assises, on a dû construire une rampe adossée à la face Nord de la pyramide. À partir de la cinquième ou sixième assise, c’était alors qu'on a commencé à utiliser les balanciers giratoires pour l'élévation des blocs."
Pour le détail du fonctionnement des batteries de balanciers giratoires mises en œuvre simultanément pour le chantier de construction des pyramide (en termes de calcul, d'un point de vue constructif, des différents paramètres qui interviennent dans l'opération de construction de la pyramide : volume de travail nécessaire pour la construction et le retrait des rampes, temps d'élévation par les diverses méthodes de chaque bloc, temps total nécessaire pour la construction de la pyramide, etc.) : consulter le site Internet de Francisco de Paula Martínez.
On notera par ailleurs à la consultation de ce site une conclusion pour le moins surprenante de l'auteur : dans le but de corroborer le caractère plausible des conclusions de sa recherche, il souhaiterait ni plus ni moins se lancer dans un projet de construction d'une... pyramide identique à celle de Khéops, mais mesurant uniquement 40 mètres de haut ! Avec les mêmes moyens, tient-il à préciser, que ceux utilisés par les bâtisseurs égyptiens, dont - on s'en serait douté - les balanciers giratoires. Il lui reste "simplement" à trouver le lieu et le financement. Mais ceci est, pour l'instant tout du moins, une autre histoire.



mardi 24 mars 2009

Les chèvres de Strub-Roessler


En lieu et place de la rampe perpendiculaire qu'il refuse, Hermann Strub-Roessler pense que les bâtisseurs des pyramides avaient recours aux chèvres de bois, à grand renfort de poulies, cordages et cabestans, pour le levage des blocs de pierre à flanc de pyramide. Ancrées en amont sur les gradins, ces machines de levage étaient, selon lui, arrimées depuis le sol à l'aide de cordes de fixation, de plus en plus longues au fur et à mesure de l'avancement du chantier de construction.
Dans son ouvrage Le mystère des pyramides, Jean-Philippe Lauer contredit cette théorie à l'aide des arguments suivants :
- assise des chèvres insuffisante à flanc de pyramide pour en assurer la stabilité ;
- c'est une erreur de soutenir, comme l'admet Strub-Roessler, que le revêtement des pyramides a été effectué à partir du sommet ;
- la manoeuvre des chèvres suppose que l'arête du lit inférieur des blocs de parement était biseautée ; or ce n'est pas le cas.
Jean-Pierre et Henri Houdin partagent la même réticence :"(...) rien n'indique que les Égyptiens aient connu le cabestan et surtout, on imagine mal des chèvres manœuvrées avec précision à plus de 100 m de distance. S'il est sûr que des chèvres ont été employées en quantité sur le chantier, elles ne sont certainement pas à la base de la méthode employée, leur rôle étant plutôt complémentaire d'une autre technique." (La pyramide de Khéops, pp. 57-58)

La rampe en zigzag de Hölscher



Le complexe de Khéphren, d'après Uvo Hölscher

Selon l'égyptologue et architecte allemand Uvo Hölscher (1878-1963), spécialiste de la pyramide de Khéphren, les bâtisseurs égyptiens ont eu recours à des rampes latérales édifiées en briques provisoires accrochées aux gradins de la pyramide en construction.
N'ayant pu, à ce jour, trouver trace des explications de l'architecte lui-même (*), je me fie aux deux relations suivantes :
- "[La] rampe aurait été construite en zigzag sur un remblai en excroissance contre une face de la pyramide, les volées diminuant au fur et à mesure de l'élévation et des paliers permettant la rotation des traîneaux." (Jean-Pierre et Henri Houdin, La pyramide de Khéops, éditions du Linteau, 2003, p. 55)
- "[La méthode] consiste à employer de courts massifs en brique crue en forme de plans inclinés, appliqués parallèlement aux parois d'une pyramide à degrés pour hisser les pierres jusqu'à pied d'oeuvre." (Georges Goyon, Le secret des bâtisseurs des grandes pyramides, J'ai Lu, 1990, p. 91)
S'il semble admis que de telles rampes ont pu être utilisées pour la construction des pyramides à degrés, leur utilisation pour les pyramides lisses, notamment Khéops, présente d'incontestables inconvénients : forte pente, étroitesse du passage, pose du revêtement impossible...

(*) toute information complémentaire sera bien évidemment la bienvenue et je ne manquerai pas de la reproduire ici. Merci par avance.

Uvo Hölscher a également retenu la théorie d'échafaudages à sapines, les trous et encoches observés sur certains blocs de parement et sous le dallage du temple de la pyramide de Khéops ayant servi, selon lui, à la fixation des boulins d'échafaudage. Dans cette logique du levage par sapines, il a par ailleurs déduit que les bâtisseurs égyptiens devaient utiliser, pour hisser les blocs de pierre, de pinces métalliques de levage. 


 

dimanche 22 mars 2009

La "technologie oubliée" selon Wally Wallington

Wally Wallington, un ancien charpentier aujourd'hui à la retraite, tente de ressusciter une technologie qui, selon lui, fut utilisée dans les temps anciens pour le transport d'énormes blocs de pierre pesant plusieurs tonnes. En guise de démonstration de sa théorie, il a entrepris de reconstruire tout seul une réplique du site de Stonehenge (Angleterre) en utilisant de simples leviers, le principe du contrepoids et, surtout, beaucoup d'imagination. Bien sûr, la référence à la construction des pyramides d'Égypte est inhérente à sa démonstration (tout comme elle l'est pour Manuel Minguez dans une étude que je présenterai dans une prochaine note).
Sur son site Internet, Wally Wallington écrit :"I could build the Great Pyramid of Giza, using my techniques and primitive tools. On a twenty-five year construction schedule (working forty hours per week at fifty weeks per year, using the input of myself to calculate), I would need a crew of 520 people to move blocks from the main quarry to the site and another 100 to move the blocks on site. For hoisting, I need a crew of 120 (40 working and 80 rotating)." 
Selon lui, aucune rampe extérieure ne fut nécessaire. Par contre, les bâtisseurs égyptiens ont, selon lui, eu recours au palan en utilisant la pente de la Grande Galerie. En outre, les "berceaux semi-circulaires" leur ont servi pour le transfert latéral des blocs de pierre, une suite rectiligne de ces instruments facilitant la rotation des blocs.

L'ascenseur oscillant de Georges Legrain

Le berceau semi-circulaire auquel l'auteur fait référence et dont un exemplaire est exposé au musée du Caire, était composé de deux pièces de bois en segment de cercle, reliées par des traverses sur lesquelles on installait le bloc de pierre à lever. Il aurait, selon l'égyptologie français Georges Legrain (1865-1917), été utilisé comme moyen de levage par les bâtisseurs égyptiens, dès l'Ancien Empire.
Une simple poussée d'un côté de cet "ascenseur oscillant" chargé de son bloc de pierre provoquait un mouvement de bascule et permettait de glisser un madrier. Une autre poussée de l'autre côté provoquait un mouvement de bascule en sens inverse et permettait l'installation d'un autre madrier, etc.
Selon Jean Kuzniar, l'utilisation de cet outil n'a jamais été démontrée de cette manière. Selon lui, "l'erreur des chercheurs est de vouloir utiliser ce berceau en mettant le coté arrondi contre le sol. Or il faut l'utiliser dans le sens contraire, c'est-à-dire l'arrondi au-dessus. Cela peut paraître un non-sens et non pratique de vouloir mettre un bloc sur un arrondi. Pourtant c'est la solution. Il suffit de placer un berceau contre un bloc, de basculer ce bloc sur un angle jusqu'au centre de gravité ; passé ce centre, le poids crée une force qui entraîne le bloc. Celui-ci déroule jusqu'à l'autre angle. Sur un sol plat, il suffit de placer des berceaux en continu ; les blocs donnent l'impression de rouler sans aucun à-coup. La masse élancée, la notion de poids n'existe plus.
Pour les montées sur rampes, une aide par tirage ou poussage est nécessaire."
Quant à Georges Goyon, il ne voit dans cet ascenseur oscillant qu'une "vue de l'esprit" qui "soulève plusieurs objections d'ordre pratique".

jeudi 19 mars 2009

La rampe frontale de Ludwig Borchardt

À partir de l'examen de vestiges découverts aux abords de la pyramide de Meïdoum, l'archéologue allemand Ludwig Borchardt (1863-1938) a développé sa théorie de la rampe frontale en brique de terre crue.
Cette rampe était unique, perpendiculaire à une face de la pyramide, de largeur constante pour la partie réservée à la circulation et de pente également constante. Cela impliquait que sa longueur grandissait proportionnellement au nombre d'assises de la pyramide auxquelles elle donnait accès.
Sur cette rampe, les blocs de pierre, posés sur des traîneaux, étaient charriés à la force des bras.
L'inconvénient majeur de cette théorie est que la rampe prenait des dimensions considérables et qu'elle représentait un chantier aussi important que celui de la pyramide.
D'après les calculs de Gorges Goyon, appliqué à la pyramide de Khéops, le système de la rampe perpendiculaire tel que proposé par Borchardt aurait représenté les caractéristiques suivantes :
- hauteur du dénivellement depuis la bas de la vallée jusqu'au sommet de la pyramide : 186,59 mètres ;
- longueur de la rampe : 3.331,96 mètres.

mercredi 18 mars 2009

Les "machines" d'André Legleye

Ingénieur des Arts et Manufactures de Paris, spécialiste de la manutention de charges lourdes sur des chantiers off-shore, André Legleye pense pouvoir révéler comment, avec les moyens de l’époque, les Égyptiens ont mis en œuvre une méthode simple, mais pleine d’astuce et de génie, pour réaliser leurs prouesses architecturales en bâtissant les pyramides. Il expose sa théorie dans son ouvrage Khéops ou la fin du secret, éditions du temps, 2008, 176 pages.
Comme pour se faire place nette, l'auteur s'ingénie à rayer d'un trait la théorie des rampes : "(...) les tenants de l'utilisation des rampes [frontales] se montrent sans pitié pour les maçons égyptiens. Imaginer qu'ils aient pu construire une rampe jusqu'au sommet de la pyramide pour y amener l'élément terminal indispensable [le pyramidion] est en effet faire preuve d'un profond mépris pour ces artisans intelligents. (...) L'hypothèse d'une rampe hélicoïdale est à peine plus respectueuse. Quant à une rampe interne à la pyramide, de plus de 4,30 m de large, elle aurait imposé un temps de réflexion aux maîtres d'œuvre, bien plus long encore que celui qui leur fut nécessaire pour résoudre le système de décompression de la 'chambre du Roi'. À moins qu'ils aient pu disposer d'ordinateurs pour pallier leur bon sens d'artisans."
En lieu et place de ces techniques, André Legleye propose, pour l'élévation des blocs de pierre, l'utilisation de chevalets équipés de "coussins d'eau" dont la mise sous pression par remplissage a pour effet le soulèvement de la charge sous laquelle ils sont placés. Ces coussins sont omniprésents, depuis l'extraction des blocs dans les carrières de Haute-Égypte jusqu'à leur transport sur le Nil et à leur mise en place sur la pyramide. Ils sont composés de peaux de forme carrée. Leurs bords sont "collés avec un enduit au bitume et rabattus autour d'un jonc d'un demi-centimètre de diamètre et sertis dans une lame de cuivre martelé en forme de U, assurant ainsi l'étanchéité. Un double embout cylindrique en cuivre, étanchéifié au bitume sur les deux surfaces de contact avec l'une des peaux, permet le remplissage du coussin et le bouchage de celui-ci..." 
Pour la mise sous pression des coussins, "on utilisera des tiges de roseau évidées de 2,5 m de long que l'on remplira [d'eau] en position verticale à l'aide d'une sorte d'entonnoir."
Lors de la construction de la Grande Pyramide de Khéops, "la technique de fabrication des 'coussins d'eau' a connu des améliorations et ceux-ci possèdent maintenant quatre ouvertures : deux ouvertures supérieures où sont emmanchés les roseaux qui permettent (...) l'alimentation et la mise en pression rapide de l'enceinte, et deux ouvertures inférieures permettant la vidance plus expéditive de la vingtaine de litres qu'elle contient".
Quant aux chevalets, pour le levage des pierres, ils sont composés de deux poutres de bois inclinées et rendues très lisses par durcissement au feu. Ces poutres sont disposées de façon parallèle et reliées entre elles par des traverses horizontales à la manière des barreaux d'une échelle. Sur les deux montants coulissent deux patins sur lesquels est fixée une console destinée à recevoir le "coussin d'eau" et la charge.

N'étant pas certain de comprendre totalement les détails de cette technique de levage (notamment les subtilités de la mise sous pression des "coussins d'eau"), je préfère citer ici abondamment l'auteur :
"L'innovation la plus intéressante vient sans aucun doute de l'utilisation du levier, en conjonction avec le principe du chevalet. De quoi s'agit-il ? L'objectif était de ne pas multiplier si possible le nombre de 'coussins d'eau' pour élever la console supportant une pierre devenue plus lourde. Il fallait éviter aussi d'augmenter la pression régnant dans la capacité au-delà de 400 grammes par cm², et de s'en tenir pour le courant à 350 grammes par cm².
La console inférieure qui supporte la capacité comporte un levier qui multiplie l'effort produit par le 'coussin d'eau'. Ce levier repose sur un support solidaire da la console inférieure. À 12,5 cm de là, vers l'extérieur, se trouve un appui matérialisé par une réglette de cuivre qui pousse sous la console porteuse de la pierre, lorsque le 'coussin d'eau' se gonfle. Le centre du 'coussin d'eau' se trouve vers l'extérieur toujours, à 25 cm de l'appui.
Le 'coussin d'eau' rempli de 20 litres d'eau sous une pression de 350 grammes par cm² produit un effort de 950 kg et un déplacement de 7,5 cm ; il en résultera donc pour la console un effort trois fois plus grand, soit près de 2,9 tonnes et un déplacement trois fois plus petit : 2,5 cm. Si l'on admet un cycle de remplissage-vidange des 20 litres de la capacité d'une durée de 45 secondes, qui a pu être réduit à cette valeur par l'utilisation de deux bondes, de deux cannes de remplissage de diamètres plus importants, on pourra considérer que la vitesse de déplacement vertical de la pierre sera d'environ 3,35 cm par minute, soit 2 m à l'heure." (op.cit. p. 124)

S'agit-il en réalité d'une solution synonyme de "fin du secret" de la construction de Khéops ? À chacun d'en juger. Pour sa part, André Legleye donne à son ouvrage une conclusion quelque peu surprenante : "On ne pourra jamais sans doute démontrer l'existence de la technique des 'coussins d'eau'. La seule approche est une démonstration par l'absurde. (...) Et si l'on découvrait la preuve venant confirmer notre proposition, nous en serions profondément attristés, car il y aurait eu parjure, un maître-maçon, charpentier ou tailleur de pierre ne livrant jamais au profane les secrets de son Art, et ceci depuis toujours."

lundi 16 mars 2009

La rampe frontale, à géométrie variable, version Jean-Philippe Lauer


Dans son ouvrage Le mystère des pyramides (Presses de la Cité, 1974, 380 pages), l'architecte-archéologue Jean-Philippe Lauer, spécialiste de la pyramide "à degrés" de Saqqarah, prend soin d'exposer, analyser et critiquer les théories les plus représentatives (à son époque) relatives à la construction des pyramides, notamment de celle qui résume par excellence l'art pyramidal - Khéops -, avant d'exposer sa propre vision (ou interprétation) des techniques constructives des bâtisseurs égyptiens. Même les théories "mystiques" ou pseudo-scientifiques font partie de l'inventaire, comme pour donner encore plus d'assise à un argumentaire scientifique basé sur la stricte observation du "terrain" et les acquis irréfutables de la recherche archéologique.

Première conviction de Jean-Philippe Lauer, contredisant une lecture trop rapide d'Hérodote :"Si (...) les théories sur les instruments de levage des constructeurs égyptiens de l'Ancien Empire restent fort hypothétiques, nous trouvons, en revanche, à toutes les époques des indications certaines de l'emploi de rampes, soit pour la construction des édifices, soit pour leur exploitation comme carrières." (op.cit. p. 289)

S'il exclut tout procédé de levage, l'archéologue n'a d'autre solution à sa disposition que celle d'une rampe. Après un examen approfondi des théories élaborées en conformité avec cette technique de construction, il précise sa théorie personnelle :"L'idéal serait évidemment que la rampe [frontale] eût, au niveau de chaque assise à construire, la même largeur que cette dernière, mais la rampe aurait alors atteint un volume beaucoup trop important, et il suffisait en réalité de ne lui accorder qu'une fraction de cette dimension de l'assise. Si tout près du sommet une largeur de voie de 2,50 m était suffisante, il semble que la construction des assises de base de grandes pyramides aurait nécessité une largeur de 70 à 100 mètres. Or, un pareil écart était aisément réalisable au moyen de la rampe à large voie initiale que nous préconisons, où, tandis que la rampe s'exhausse d'assise en assise et s'allonge, sa largeur se trouve au contraire proportionnellement réduite." (p. 280)

Entre autres avantages, cette rampe permettait au "principe de halage" d'être appliqué jusqu'au sommet du monument : "Il était, par exemple, possible aux haleurs de faire coulisser leurs câbles de traction sur de gros rondins fixés horizontalement au-dessus des bords de la plate-forme provisoire de la pyramide, soit en redescendant eux-mêmes de quelques mètres sur la rampe, soit plutôt en poursuivant leur chemin sur une plate-forme de brique crue, qui aurait prolongé celle de la pyramide même. Cette plate-forme additionnelle, sorte de tour-échafaudage aux parois ne présentant qu'un fruit léger, aurait été construite à partir d'un revêtement de brique crue provisoire, de deux ou trois coudées (1,05 m à 1,60 m) d'épaisseur, qu'il était nécessaire d'élever tout autour de la pyramide - et en même temps qu'elle - pour permettre l'ajustage de front des blocs de parement, puis leur ravalement à effectuer depuis le sommet. Cette tour-échafaudage se serait ainsi élevée avec chacune des dernières assises de la pyramide, sans difficulté sur quelques mètres de hauteur, jusqu'au niveau où devait être placé le gros monolithe en granit du pyramidion terminal." (p. 283)

À l'examen des théories élaborées par d'éminents égyptologues (dont Croon), concernant la forme des rampes, Jean-Philippe Lauer propose la conclusion suivante :"Telles seraient les deux méthodes générales, celle de la grande rampe perpendiculaire et celle des rampes enveloppantes, qui ont pu, à notre avis, être employées pour la construction des pyramides. Elles nécessitaient à peu près le même cube de brique et de remblai, mais la seconde avait l'inconvénient à partir d'un certain niveau de présenter des coudes à angle droit, complication évidente pour le halage des traîneaux. Il est vraisemblable que les deux systèmes furent tentés par les Égyptiens qui, à notre avis, durent finalement adopter le premier."
Quant au texte d'Hérodote relatif aux "machines faites de morceaux de bois courts", texte qui a bien évidemment inspiré les théories "machinistes", Jean-Philippe Lauer pense qu'il est "assez sujet à caution". En tout cas, ce texte, qui a servi notamment de base à la théorie de Hermann Strub-Roessler sur l'utilisation de grandes chèvres de bois, ne résiste pas à quelques objections majeures. Les appareils de levage tels que conçus par Strub-Roessler ne correspondent en rien aux "morceaux de bois courts" cités par Hérodote. En outre, l'assise des chèvres sur les gradins de la partie de pyramide déjà construite "paraît bien insuffisante pour en assurer la stabilité". Enfin, pour la partie supérieure de la pyramide, à plus de 100 mètres de hauteur, comment concevoir la manoeuvre de tels instruments de levage, avec des câbles de retenue qui auraient dû atteindre 150 ou 200 mètres de longueur?

En résumé : la rampe perpendiculaire, version Lauer, a dû commencer tout près de la pyramide avec une grande largeur de voie. Puis son point de départ s'est éloigné progressivement de la pyramide au fur et à mesure que celle-ci gagnait en hauteur : le talus s'élevait alors progressivement, tandis que sa largeur de voie diminuait.

samedi 14 mars 2009

Le point de vue d'un ingénieur en génie civil sur la construction de Khéops : Jean Kérisel

Dans son superbe ouvrage La pyramide à travers les âges (Presses de l'École nationale des Ponts et Chaussées, 1991, 214 pages), l'ingénieur des Ponts et Chaussées Jean Kerisel (1908-2005), expert mondialement connu en mécanique des sols, dresse un vaste panorama des grandes formes pyramidales au cours de l'histoire et dans diverses sphères culturelles, y compris dans leurs survivances contemporaines.
Un important chapitre est évidemment consacré aux pyramides égyptiennes (et soudanaises). L'auteur y démontre tout d'abord que la perfection constatée dans la conception des trois pyramides majeures de Guizeh et dans l'application des techniques (supposées ou évidentes) ayant contribué à leur construction est tributaire du savoir-faire préalablement mis en œuvre dans l'édification des pyramides de Saqqarah, Meïdoum et Dahchour.
Aussi somptueuse qu'elle puisse être, Khéops ne doit pas faire oublier le remarquable génie d'Imhotep, "merveilleux virtuose de la structure" de Saqqarah, bâtisseur de la pyramide de Djoser qui, avec ses 60 mètres de hauteur, est le plus ancien monument en pierre de l'humanité. Quant à Meidoum, elle représente une "petite révolution" dans la mesure où elle illustre le passage de la pyramide à gradins à la pyramide lisse.
D'un point de vue technique, sans pour autant vouloir ternir la prestigieuse renommée de Khéops, Jean Kérisel relève trois anomalies dans la chambre du Roi : les dalles de couverture sont largement fissurées et la chambre est globalement gauchie, sa face sud étant descendue de 4 cm par rapport à la face nord. Par ailleurs, le toit en chevron s'est aplati. Laissons la parole au technicien :"L'orgueilleux ensemble de la chambre du Roi, avec ses granites d'Assouan et son calcaire de Tourah, n'est pas un chef-d'œuvre. Tout d'abord, il y a un mélange des genres, des chevrons couronnant un système de portiques multiples. Mais, surtout, cet ensemble, sur son socle en pierres bien assisées, est beaucoup trop rigide et élancé, au regard du poids dominant, pour être inséré dans un noyau beaucoup moins raide, fait de pierres à peine équarries, qui le borde du bas jusqu'en haut. Ce noyau s'est affaissé progressivement sous le faix. (...) Plus encore, comme le noyau se dérobait, une partie de la charge qu'il devait prendre s'est reportée sur le toit en chevron et l'a légèrement aplati. Les chambres supérieures qui se voulaient être chambres de protection (chambres de décharge, lit-on bien souvent) sont devenues chambres de surcharge." Puis Jean Kérisel de commenter :" [Alors que] la grande galerie est une magnifique oeuvre d'art, (...) on a peine à croire que le même architecte ait conçu à la fois ceci et l'ensemble des superstructures qui dominent la chambre du Roi."
Une quatrième anomalie concerne un déficit de matière dans la structure, mis en évidence par la microgravimétrie en bordure ouest de la chambre de la Reine. Cette anomalie tient à  la fois à la nature du mortier de la maçonnerie (à base de plâtre)  du noyau et à l'intrusion d'eau dans la pyramide. D'où cette affirmation :"Il y a une profonde différence entre la pyramide de Djoser à Saqqarah et celle de Khéops. Celle-ci n'est pas, tout au moins pour la stabilité à court terme, une prouesse technique comme l'était celle de Djoser avec ses murs internes et ses ébauches de pierres taillées, liées par des mortiers d'argile." L'intrusion d'eau dans le corps de la pyramide de Khéops, due à la condensation, à l'eau du ciel qui s'infiltre par le sommet étêté et à l'ascension capillaire à partie d'une nappe polluée, est cause d'une "destruction douce", dont le manque de matière mentionné ci-dessus est un indice.
Quant à la construction proprement dite de la pyramide de Khéops, Jean Kérisel remarque qu'elle "marqua l'apogée de la construction des pyramides". Sans prendre pour ou contre les "rampistes" ou les "machinistes", il pense que le constructeur de Khéops a utilisé successivement les deux procédés : la rampe d'abord, la machine ensuite. "L'emploi des traîneaux par les Égyptiens, note-t-il, pour faire glisser des charges sur du limon mouillé est un fait attesté (...)". Par contre, les matériaux ne pouvaient être transportés avec ce procédé que jusqu'à la hauteur de 32 mètres (référence au papyrus Anastasi I). Au-delà, "il est difficile d'imaginer que (les) rampes hélicoïdales aient pu exister" pour cause de pentes croissantes et de largeurs décroissantes. Par contre, les bâtisseurs ont dû avoir recours aux machines, notamment au monte-charge à contrepoids tel que celui proposé par Jean-Pierre Adam.
Et Jean Kérisel de conclure sur ce sujet :"Seule la mise en place du pyramidion reste difficile à concevoir : il se serait agi d'un bloc de 5 ou 6 tonnes, dépassant de loin les capacités d'une machine. Mais a-t-il réellement existé ?"

jeudi 12 mars 2009

La rampe en spirale enveloppante de Georges Goyon

"Notre contribution à cette controverse [celle des divergences relatives à la construction des pyramides] consistera uniquement à projeter la lumière sur les détails techniques de la construction, en les expliquant d'une manière qui ne relève que de la pratique de l'art de bâtir ou du simple bon sens, pour montrer que ces gigantesques documents ne sont, et cela est déjà admirable, que des œuvres humaines."
C'est en ces termes que l'archéologue-égyptologue Georges Goyon définit, dans son ouvrage Le secret des bâtisseurs des grandes pyramides - La fabuleuse histoire de Khéops (1976 ; éditions J'ai lu, 1990, 348 pages), la ligne directrice de ses recherches. Puis de préciser :"C'est (...) des bas-reliefs gravés sur les parois des mastabas représentant les scènes de la vie privée des Égyptiens que nous tirerons la majeure partie de nos renseignements. Avec les évidences fournies par les fouilles archéologiques, ils nous permettront, dans une certaine mesure, de connaître ou de retrouver l'usage de techniques aujourd'hui oubliées."
Préalablement à l'exposé de sa propre théorie, il prend soin de présenter et réfuter les principales méthodes de construction des grandes pyramides, préconisées par des auteurs modernes : la théorie dite des "accrétions" de Lepsius, reprise par Choisy, la théorie de l'"ascenseur oscillant" proposée par Legrain (une simple "vue de l'esprit" selon Goyon), l'utilisation de la chèvre ou de la sapine, l'échafaudage en sapines, le procédé de levage par suspension (Croon), le plan incliné général, le terre-plein de Petrie, la rampe de Borchardt, le plan incliné latéral de Hölscher... Puis il résume ainsi les "évidences techniques", donc les avantages de l'emploi de la rampe enveloppante qu'il préconise :
- aucun changement de pente au fur et à mesure de l'élévation du chantier ;
- une largeur suffisante pour permettre toutes les manœuvres de plusieurs équipes de travail ;
- construction simultanée du parement, de la structure interne de la pyramide, des salles et couloirs intérieurs ;
- non encombrement du plateau de Guizeh ;
- pente légère et régulière, la rampe pouvant être construite à mesure que la maçonnerie s'élève ;
- ravalement pouvant être effectué en commençant par le sommet de la pyramide ;
- pas de déchargements intermédiaires des traîneaux...
En préambule à la construction de la pyramide de Khéops proprement dite, l'édification d'une chaussée monumentale montante surmontée d'un couloir couvert aurait, selon Georges Goyon qui reprend les données fournies par Hérodote, duré dix années. Cette voie fut évidemment utilisée pour le transport sur traîneaux des blocs de pierre depuis le débarcadère jusqu'au pied du chantier de la pyramide.
Concernant la construction de la pyramide, Georges Goyon juxtapose deux paramètres.
Tout d'abord, cette construction a fait appel à plusieurs types de maçonnerie, la pyramide renfermant dans sa partie interne une autre pyramide, à degrés :"Nous savons, par analogie avec les autres pyramides, que chacune comprenait successivement : le revêtement extérieur, puis un fourrage composé de gros blocs, le revêtement de la pyramide à degrés et un autre fourrage, et enfin des éléments internes, couloirs, cryptes, salles de décharge, construits simultanément, en granit et en calcaire fin."
Second paramètre : la pyramide a été construite en une seule venue et par couches horizontales. Plusieurs équipes travaillaient donc simultanément : une qui posait les pierres d'angle et le revêtement extérieur ; une chargée du bourrage en gros libages ; une qui posait le revêtement de la pyramide interne ; une chargée de la construction des éléments internes ; une dernière composée d'échafaudeurs préparant la rampe extérieure, "dont la construction progressait sur le plan horizontal à mesure que l'assise était achevée".
L'on sait maintenant, pour les raisons déjà rappelées, que la rampe-échafaudage extérieure (dont l'emploi est "indiscutable") était de forme hélicoïdale, enveloppante. D'une longueur totale de 2.617,75 m, d'une largeur moyenne de 15,75 m et d'un fruit de 10 cm environ, elle était construite en brique crue, consolidée, pour supporter le passage des traîneaux chargés de blocs, avec des traverses en troncs de palmier (bois imputrescible).
Pour les détails techniques du déroulement du chantier (taille et pose des assises, les aplombs, les joints de revêtement, les bossages, construction des salles internes, pose du pyramidion, démolition des échafaudages, ravalement...), on se référera évidemment à l'ouvrage de Georges Goyon.
Un dernier point, et non des moindres : comment les Égyptiens procédaient-ils pour l'acheminement des plus gros monolithes (environ 40 tonnes) ? Réponse : de la même manière que pour les autres blocs, mais avec des traîneaux beaucoup plus résistants et avec une troupe de 250 hommes répartis en quatre files (la rampe était suffisamment large pour leur permettre d'évoluer de front). Par contre, la question se corse pour les virages, aux angles de la pyramide en construction. Georges Goyon se contente d'affirmer que les Égyptiens possédaient un procédé pratique, un "truc". Mais lequel ? "Autant de questions embarrassantes, poursuit l'auteur de la théorie, qui doivent, pour le moment, demeurer sans réponse ; nous n'avons pour notre part aucun exemple à offrir en parallèle. Pourtant, il est certain que les Égyptiens ont résolu tous ces problèmes, puisque les pierres sont là, en place, pour en témoigner."
Relevons enfin la conclusion de l'auteur, dans laquelle il n'est pas interdit de voir un exemple à la fois de modestie intellectuelle et de rigueur scientifique :"Mais avons-nous tout compris et tout dit sur ce sujet qui englobe, en somme, toute la science des Égyptiens de l'Ancien Empire ? Certainement pas. Nous avons le sentiment d'avoir seulement soulevé un petit coin du voile qui recouvre leur connaissance. Que de questions demeurent et demeureront éternellement insolubles !"

mardi 10 mars 2009

Jean-Pierre Adam et Christiane Ziegler : l'"usage assuré" des rampes, complété par le recours à des "procédés de levage"


Dans Les pyramides d'Égypte (Hachette, 1999, 216 pages), Jean-Pierre Adam, architecte et archéologue au CNRS, et Christiane Ziegler, conservateur général, chargée du département des Antiquités égyptiennes au musée du Louvre (Paris), dressent un vaste panorama des complexes pyramidaux qui, autant par leur architecture que par leur décor et leur portée symbolique, illustrent par excellence les premières pages de l'histoire de l'Égypte.
La description détaillée des sites de Saqqarah, Meidoum, Dachour, Abou Roach, Abousir et, bien sûr, Guizeh constitue l'essentiel du contenu de l'ouvrage.
Toutefois, dans la logique de ce blog, j'ai porté plus particulièrement mon attention aux quarante pages d'introduction, consacrées spécifiquement à l'art des bâtisseurs égyptiens qui, dans leur savoir-faire architectural, ont mêlé simplicité et démesure, tel un "défi permanent poussé jusqu'à l'absurde".
Sans trop s'attarder aux détails techniques, les auteurs décrivent tout d'abord l'environnement du chantier de construction des pyramides, notamment de Khéops :
- les intervenants, à savoir le roi, les architectes, les géomètres et les ouvriers, ces derniers étant répartis en trois catégories : les ouvriers spécialisés (carriers, tailleurs de pierre, appareilleurs, artistes), les paysans (mobilisés pendant la période des crues du Nil) et les esclaves (prisonniers de guerre, ramenés des campagnes militaires) ;
- les instruments et les outils manuels, dont le merkhet (viseur pour définir l'orientation de la pyramide)...;
- la maquette en grandeur réelle des galeries de la Grande Pyramide, découverte par Flinders Petrie, à 85 m du pied oriental de la pyramide : ce réseau de galeries taillées dans la roche ayant servi de gabarit pour définir la morphologie de la construction finale.

Reste le point essentiel, objet de tous les débats : les bâtisseurs égyptiens ont-ils eu recours aux rampes ? Si oui, lesquelles ? Et dans quelles conditions ? Pour un maximum de précision, je cite abondamment les auteurs :
" Si l'usage des rampes est bien hors de doute, on ne saurait affirmer ni qu'elles étaient toujours orthogonales aux faces, ni qu'elles s'élevaient jusqu'au sommet des pyramides. On peut penser que l'on eut parfois recours à des rampes hélicoïdales, ce qui suppose que les blocs du parement n'étaient pas ravalés afin de permettre l'accrochage de ces rampes sur les gradins, ce qui facilitait ce ravalement au fur et à mesure du démontage de la rampe. On est en droit de supposer également qu'afin d'épargner le volume considérable exigé par les rampes frontales, on limitait la rampe au tiers ou à la moitié de la hauteur ; et que, au-delà, les bâtisseurs, selon la formule vague donnée par Hérodote, recouraient à des procédés de levage où de simples leviers tenaient une place essentielle. Cette seconde hypothèse est d'autant plus vraisemblable qu'avec l'élévation, le volume du monument se réduit, et que la dimension des pierres va généralement en diminuant. Pour la Grande Pyramide, il semble évident que la [ou les] rampe[s] devai[en]t au moins permettre de hisser les énormes poutres de granite couvrant la plus hautes des chambres de décharge." (op.cit. pp.41-42)
Refusant au passage la théorie dite des "accrétions" (ou agrégation successive), défendue notamment par Choisy, Christiane Ziegler et Jean-Pierre Adam affirment que "la Grande Pyramide est bien un monument unitaire entièrement conçu avant le commencement de sa construction et non le fruit de modifications successives". (p.134)
Quant à la théorie de la "chambre secrète" proposée par Gilles Dormion, Jean-Pierre Adam la qualifie sans détour de "mystification" et de "pseudo-découverte". Puis d'ajouter sur un ton plus aigre-doux :" Ce n'est pas la première fois que des amateurs affirment avoir percé les secrets de la Grande Pyramide. (...) Tout cela est d'une démagogie propre aux tenants de l'irrationnel, qui consiste à tourner en dérision la science, dite officielle, au profit d'idées neuves que, seuls, des esprits libres pourraient exprimer. On souhaite que les autorités égyptiennes, et d'abord le directeur des Antiquités, Zahi Hawass, maintiennent leur vigilance et s'opposent à toute entreprise de vandalisme qui n'apporterait aucune lumière sur la grande question que pose ce monument: comment était organisé ce formidable chantier ?"

lundi 9 mars 2009

La réponse de Gilles Job au "mystère" de la construction des pyramides : l'"ancêtre" du treuil à engrenages


La solution proposée par Gilles Job pour l'élévation des blocs de pierre du pied des pyramides jusqu'à l'assise en cours de construction repose sur la combinaison de trois composantes :
- la pierre : celle qui doit être élevée et celle qui en amont, à l'autre extrémité du système de levage, est utilisée comme contrepoids ;
- le bois : utilisé pour la structure des deux "grues" complémentaires de levage, pour l'habillage du bloc à élever et pour caler le bloc en cours de manœuvre (blocage anti-retour);
- les cordes : utilisées pour assembler les 12 poutrelles servant de cadre au bloc à lever et pour relier la flèche de la "grue" aux leviers de l'ensemble bloc-cadre.
Installées sur l'assise de la pyramide en cours de construction, les deux grues, reliées par des cordes au bloc à lever, font faire à celui-ci, par un mouvement de balance, une rotation jusqu'à l'appui sur le gradin supérieur déjà en place. De marche en marche, par impulsions successives, le bloc sera ainsi transporté (selon le "principe de la culbute") jusqu'au niveau du chantier en cours, autrement dit au pied des grues, chaque étape de la manœuvre étant assurée par le blocage anti-retour (rôle du cliquet dans nos treuils à engrenages modernes) : "Le principe de découpage en séquences de la progression de ce procédé permet de recharger inlassablement la force de réserve nécessaire pour contrebalancer la pièce concernée [exploitation de la gravitation universelle]".

Quant à savoir ce qu'il advient des blocs de pierre une fois hissés jusqu'au pied des grues de levage, voici la réponse donnée par Gilles Job :" (le) principe des vases communicants, (...) dans le cas présent, interdit effectivement à notre bloc considéré de progresser plus haut que le niveau zéro où les grues sont positionnées. Cependant, il n'est pas prévu de continuer à faire culbuter la pierre par une nouvelle impulsion, celle-ci est au stade intermédiaire de son fabuleux voyage sur le monument et la grue doit désormais soulever tout simplement cette masse imposante de 2.5 tonnes et la faire pivoter vers l'intérieur du chantier où d'autres grues assurent les relais jusqu'au centre névralgique de l'ouvrage (...) de la même façon qu'un seau d'eau passe de mains en mains pour lutter contre un incendie. (...)" (extrait de Taverne de l'étrange)

Une animation sur cette théorie : ICI
 
Gilles Job a exposé cette théorie dans son ouvrage Le mystère de la construction des pyramides : L'énigme résolue - L'astuce inattendue (éditions Bénévent, 2006, 50 pages).

Taverne Etrange TV- L'interview chez Gilles Job


Le blog de Gilles Job



samedi 7 mars 2009

I.E.S Edwards tient bon... la rampe !

Dans son livre Les Pyramides d'Égypte publié il y a plus de quarante années de cela (édition française), I.E.S Edwards retrace l'histoire des pyramides égyptiennes, depuis leur origine sous forme de mastabas jusqu'à leur développement le plus majestueux (le "groupe" de Guizeh), puis à leur déclin progressif et à leur abandon.
Concernant les méthodes de construction, le constat s'impose : pour des motifs restés à ce jour secrets : les bâtisseurs égyptiens n'ont laissé aucune trace de leur savoir-faire et des techniques qu'ils ont appliquées. I.E.S Edwards ajoute toutefois :" On peut néanmoins beaucoup apprendre des textes religieux gravés sur les murs des chambres et des couloirs des pyramides de la cinquième dynastie finissante et de la sixième dynastie, et de l'étude de certains détails mineurs de construction, des traces des rampes des édifices et des outils retrouvés au cours des fouilles."
Compte tenu des données archéologiques à sa disposition et de l'analyse qu'il en fait, I.E.S Edwards reprend une théorie que nous pourrions qualifier de "classique" sur les techniques de transport des matériaux.
Pour l'acheminement sur terre vers le site de construction, prenant appui sur l'illustration due à Djehoutihotep, noble de la XIIe dynastie, dans son tombeau d'El-Berchech, il retient le procédé du transport par traîneaux :"Chaque bloc était probablement hissé sur le traîneau soit directement du sol, soit par l'intermédiaire d'une rampe basse en brique et en pierre. Puis, bloc et traîneau, liés ensemble par des cordes, étaient peut-être encore soulevés par des leviers pour qu'on pût glisser des rouleaux de bois en dessous ; après quoi, ils étaient tirés sur une chaussée de rondins par des hommes attelés à des cordes." (Livre de Poche, 1967, p.307)
Pour la phase ultime du transport, I.E.S Edwards développe la théorie de la rampe unique verticale qui, aujourd'hui, trouve difficilement de nouveaux défenseurs :"En l'absence de la poulie - qui ne semble pas avoir été connue des Égyptiens avant l'époque romaine - un seul moyen était à la disposition des bâtisseurs pour monter des poids très lourds : la rampe en brique et en terre qui s'élevait depuis le sol jusqu'à la hauteur désirée. (...) la rampe et les chaussées étaient élevées jusqu'à la nouvelle hauteur de la pyramide et les maçons s'employaient à ravaler la surface supérieure des blocs qui venaient d'être posés, pour assurer un ajustage parfait avec l'assise en préparation. Ainsi s'élevait l'édifice, lit après lit, jusqu'à ce qu'enfin le pyramidion, généralement en granite, fût placé à son sommet;" (ibid. pp. 311, 317)

vendredi 6 mars 2009

"La nouvelle histoire des pyramides", de Joseph Davidovits

Cet ouvrage (éditions Jean-Cyrille Godefroy, Paris, 2004) et la théorie qu'il présente ont eu et continuent d'avoir le retentissement que l'on sait.
En amont d'une lecture de cet ouvrage, il m'a paru intéressant de reprendre ici dans son intégralité le dossier de presse qui lui a été consacré.

Pourquoi une théorie différente sur la construction des pyramides ?

Professeur Davidovits, vous êtes docteur ès sciences et l'on dit de vous que vous êtes le père d'une toute nouvelle branche de la chimie. Partout dans le monde des thèses prolongent, dans des domaines assez variés, vos travaux sur ce que vous avez baptisé "géopolymères". Mais que sont ces géopolymères ?

Professeur Davidovits : Les géopolymères sont des matières minérales obtenues de façon synthétique ; c'est-à-dire par des procédés chimiques que, du reste, la nature réalise elle-même, mais sur des cycles très longs de plusieurs millions d'années.

C'est-à-dire que vous êtes capable de reproduire toutes sortes de pierres, de roches identiques à celles que l'on trouve à l'état naturel ?

Oui et non. Ces pierres de synthèse sont en fait des matériaux ré-agglomérés. Le procédé est expliqué plus en détail dans le livre. Le principe est, en gros, le suivant : on part d'une matière minérale, d'une roche érodée, délitée, naturellement désagrégée – par exemple le calcaire comme celui qui affleure un peu partout dans le Nord de la France – et on va lui redonner une structure compacte grâce à un liant, une colle géologique qui va agglomérer (ou ré-agglomérer) entre elles les particules minérales. Le résultat final est celui d'une roche qui semble parfaitement naturelle : dans notre cas, par exemple, un calcaire extrêmement solide comme peuvent l'être certains calcaires. Le géologue n'y verra que du feu. Seule une observation très fine du liant peut révéler la nature synthétique de la roche puisque nos particules sont incontestablement du calcaire, du granit ou ce que vous voulez.
Ainsi, les belles statues exposées dans votre laboratoire qui représentent toutes la même tête déclinée dans diverses pierres sont en géopolymères ?

Bien sûr, elles ont toutes été coulées dans le même moule à partir de pâtes différentes et constituent un échantillonnage de ce que nous savons faire.

Intéressant. Mais comment êtes-vous passé des géopolymères aux pyramides d’Égypte ?

En partie par hasard. J'ai vraiment commencé mon travail de chercheur en 1972. Pendant deux ans, dans mon premier laboratoire de Saint-Quentin en Picardie, j'ai, tout d'abord, travaillé sur les réactions chimiques des argiles. Personne ne s'occupe de nous et avec mon équipe, nous mettons au point nos premières utilisations pour le bâtiment. Mais, en juin 1974, je prends conscience que nous fabriquons des éléments qui sont proches de ceux des ciments naturels, comme des roches à base de feldspaths, de feldspathoïdes. Un jour, en plaisantant, je demande à mes partenaires scientifiques du Muséum d'Histoire Naturelle de Paris ce qui arriverait si, ayant enfoui dans la terre un morceau de ce produit que nous synthétisions au laboratoire, un archéologue le découvrait dans 3000 ans. Leur réponse est surprenante : l'archéologue analysera cet objet déterré dans le jardin d'une ruine de Saint-Quentin et l'analyse révélera que le plus proche gisement naturel de cette pierre se situe en Égypte, dans la région d'Assouan ! C'est donc ce jour-là qu'il m'apparaît que si je n'indique pas le caractère synthétique du produit que nous venons de mettre au point, on le prend pour une pierre naturelle.

Je crois savoir où vous allez en venir. Pourquoi alors ne pas imaginer que les pyramides soient issues de la même science ?

Les pyramides, mais aussi d'autres mégalithes de l'Antiquité parce que souvent se posent les mêmes énigmes : des carrières toujours éloignées de plusieurs dizaines de kilomètres, quand ce n'est pas plus. Donc des problèmes insolubles concernant le mode de transport, sans compter celui de la taille de ces énormes blocs de pierre à des âges où l'on ne connaît pas encore le fer. Plus j'y pense et moins l'idée me semble absurde. L'analyse des pierres des mégalithes a sûrement été faite superficiellement, et, de toute façon, personne n'a jusqu'à présent mis en doute officiellement leur caractère naturel. À la recherche de renseignements précis, je m'adresse à l'UNESCO. J'obtiens le rapport de l'expédition de 1972 à l'Île de Pâques. Ce rapport contient des données géologiques et minéralogiques sur les statues. Or, certaines de ces données qui concernent les statues les plus anciennes évoquent assez nettement, à la lueur de mes nouvelles connaissances, une fabrication par agglomération.

Êtes-vous en train de nous énoncer l'objet de votre prochain livre ?

Non, parce que ce n'est pas un, mais plusieurs livres qu'il faudrait écrire. En fait, toute une collection, car les renseignements que j'ai rassemblés – et nous sommes toujours en 1974 – autoriseraient une étude approfondie de plusieurs autres sites que ceux des statues de l'Île de Pâques et des pyramides, répartis un peu partout dans le monde. Non, si à l'époque je préfère me concentrer sur l'Égypte, c'est que j'ai déjà reconstitué tout un scénario : les blocs de calcaire tendre extraits des carrières, désagrégés avec de l’eau, pourraient donner une pâte calcaire facilement transportable dans des paniers. Cette pâte, mélangée à des ingrédients comme l'argile kaolinitique, le sel natron et la chaux, pourrait être versée, tassée, compactée dans des moules, comme du béton, sur le site même des pyramides.

À vous entendre, quelque chose d'assez simple dans la mise en oeuvre !

Tout à fait !

L'idée est pour le moins inédite et, telle que vous la présentez, ne semble pas manquer d'intérêt. Je suppose, puisque nous sommes toujours en 1974, que vous n'avez pas tardé à en faire part officiellement.

À ce stade, il faut que je fasse connaître ma théorie, pour qu'en retour on puisse me fournir les informations dont j'ai encore besoin. C'est ainsi qu'après la parution d'un article de l’Agence France Presse repris par les médias français et étrangers, je publie, 4 ans plus tard, mon premier ouvrage en prévision du deuxième Congrès International des Égyptologues, à Grenoble, organisé en 1979 par le CNRS. J'y présentais deux conférences. L'une décrit l'hypothèse de la technique de fabrication des vases égyptiens de pierres dures, par agglomération à l'aide de liants, c'est-à-dire de ciments spéciaux. L'autre, que cette technique est appliquée aussi aux pyramides, grâce à l'action du sel natron (appelée en chimie : carbonate de sodium).

Quelque chose me dit que vos explications n'ont pas soulevé un grand enthousiasme ?

Et pourquoi cela ?

Parce que cela se saurait !

Vous voulez donc savoir ce qui s'est passé ?

S'il vous plaît !

Eh bien, lors de la discussion qui a suivi, on a reconnu que ma thèse sur la fabrication des vases en pierre artificielle était admissible. En effet, les Égyptiens avaient les connaissances chimiques et techniques nécessaires pour les mouler de cette manière (maîtrise du cuivre, des alcalis, de la céramique). Mais on a ajouté que ma transposition de cette alchimie aux pyramides était inconcevable.

C'était le début de la polémique ?

Oui, mais je vous passe et l'historique et l'argumentaire sur lesquels j'aurai l'occasion de revenir. La note à la fin de ce chapitre vous fera revivre l’ambiance qui régnait à cette époque, notamment lors du congrès de Toronto, au Canada.

Mais n'y avait-il pas moyen de trancher par des analyses ? Vous nous avez dit au commencement de cet entretien qu'une observation du liant permet de déterminer la nature de la roche.

Ce sont des analyses très fines qui requièrent des spécialistes et un matériel sophistiqué que nous n'avions pas à l'époque.

Et aujourd'hui ?

Les analyses ont été réalisées il y a peu par une équipe internationale.

Et alors ?

La preuve est faite. Les échantillons que m'avaient donnés l'égyptologue Jean-Philippe Lauer en 1982 sont bien des fragments géopolymères, ce qui confirme mes propres analyses aux rayons X de 1982-1984.

Vous voilà donc un homme heureux !

Je ne suis surtout pas mécontent finalement que ces analyses n'aient pas été faisables il y a vingt ou trente ans, car faute de la "preuve scientifique incontestable", il m'a bien fallu déborder mon domaine de compétence initiale pour investir celui, tout aussi vaste, de l'égyptologie. Et j'ai beaucoup appris. J'étais tout d'abord persuadé que si les pyramides avaient été édifiées telles que je le pensais, il devait forcément au regard de tous les écrits que nous ont laissés les Égyptiens, y en avoir trace quelque part. J'ai donc dû "éplucher" et comparer quantité de traductions dans plusieurs langues. Et j'ai trouvé, car les textes existent et sont même bien connus des spécialistes. Mais, faute de comprendre ce qu'ils décrivaient, les traducteurs s’en sont tenus à des termes imprécis, quand ils les ont traduits ou quand ils n'ont pas interprété le passage tout entier de façon totalement erronée. C'est ainsi que j'ai été amené à remonter aux textes originaux et à entamer un travail de linguiste sur une série de mots techniques. Et vous verrez dans le livre qu'il en va de même pour l'histoire, la religion et même l'économie, en bref, que tout est lié.

À vous suivre, il semblerait que les implications de votre découverte ouvrent un vaste champ d'investigation pour l'archéologie et remettent en cause peut-être bien des choses sur ce que nous croyons savoir. Est-ce cela qui a gêné vos détracteurs ?

Pour ce qui est du travail à venir, vous avez très probablement raison. Quant à mes "détracteurs", je ne sais pas. En tant que chimiste, j'étais surtout un "amateur" aux yeux de beaucoup d'Égyptologues. Donc, a priori, quelqu'un de peu sérieux. Et c'est ce "handicap", somme toute normal, qui m'a contraint à approfondir toujours plus mon argumentation et qui fait que ma thèse a aujourd'hui droit de regard dans la communauté scientifique et comprend son lot de défenseurs.

Pouvez-vous nous citer un exemple qui, indépendamment des pyramides, révèle l’utilisation de cette science chimique ?

Oui, et il est assez spectaculaire. En 1999 se tint au Grand Palais à Paris, une exposition sur l'Ancien Empire égyptien, "L'art égyptien au temps des pyramides". On y présentait des objets de l'Ancien Empire (3000 à 2400 av. J.-C.), comme des statues de pierre dure (granit et gneiss). Parmi d'autres objets remarquables, j'aperçus un vase ou comme l'appelait le catalogue au n°99 une "coupe" ressemblant à un cendrier. La forme de ce vase évoque curieusement la céramique alors qu'il est fait dans une des roches les plus dures qui soient, le gneiss anorthositique. Le commentaire du catalogue la décrit ainsi : "… ses parois sont étonnamment fines et le plissage du bord a tant de naturel que quiconque ignorant qu’il est en pierre pourrait le croire en matériau souple…". Mais le galbe de ses courbes, la finesse du matériau, l'extrême précision de l'ouvrage ne peuvent que surprendre le technicien : comment un vase de ce type a-t-il pu être façonné ? Comment une matière aussi dure et cristalline a-t-elle pu être travaillée sans être cassée par le ciseau du sculpteur ? À cela, les experts n'ont pas de réponse et se contentent de suggérer que l'artisan aurait travaillé avec une extrême lenteur et minutie, en usant cette matière particulièrement dure, millimètre par millimètre, pendant une vie entière. À l’évidence, l’artisan avait employé une technique proche du façonnage de l’argile, substituant la céramique par une pâte de pierre élaborée grâce à la chimie et travaillée comme l’argile. De quoi laisser songeur.
Certainement, mais avouez aussi que prêter à des hommes d'il y a pratiquement 5000 ans des connaissances qui font figure aujourd'hui d'une science et d'une technologie d'avant-garde, ça a de quoi laisser perplexe !

Certes, mais on peut aussi appréhender les choses autrement. Est-ce au fond si étonnant qu'une civilisation qui a tant vénéré la pierre, symbole d'éternité (et l'on verra que l'acte d'agglomération est indissociable du fait religieux) oriente une partie de son énergie à l'observation, à l'étude et à l'expérimentation du minéral ? Ainsi, ses connaissances ne sont pas apparues ex nihilo. Elles sont le produit d'une histoire, c'est-à-dire d'une longue transmission d'initié à initié, avec ses découvertes, ses échecs, ses savants dont un au moins, Imhotep, le plus génial probablement, nous est connu. À ce titre, elle relève d'un véritable statut de science. Et cette science, comme d'autres, s'est perdue. L'histoire du progrès scientifique n'est pas linéaire, pas plus que celle du progrès tout court, nous le savons bien. Enfin, et toujours pour s'ouvrir d'autres perspectives, n'est-il pas paradoxal que notre société occidentale moderne qui a tant investi dans l'étude des règnes animal et végétal (d'où est issue la chimie du pétrole) se soit si peu préoccupée du minéral ? Autrement dit, votre perplexité est peut-être plus à mettre sur le compte de notre ignorance que sur celui de l'incontestable génie des anciens Égyptiens.

Résumé de la Théorie (argumentaire simplifié)

Le professeur Joseph Davidovits, dans ses livres Ils ont bâti les pyramides (2002) et La nouvelle histoire des pyramides (2004), présente une théorie sur la construction des pyramides : celles-ci ont été bâties en employant de la pierre ré-agglomérée (du calcaire naturel traité comme un béton, puis moulé), et non à l'aide d'énormes blocs taillés et traînés sur des rampes. Initialement publiée à New York en 1988 sous le titre The pyramids: an enigma solved, cette thèse est reprise dans les livres récemment publiés en français avec une importante mise à jour des éléments concrets absents de la première édition américaine.
La théorie est basée sur des analyses scientifiques, des éléments archéologiques, des textes hiéroglyphes ainsi que des aspects religieux et historiques. À l'opposé des autres théories ne cherchant qu'une explication technique aux pyramides du plateau de Guizeh, voire uniquement à celle de Khéops, sa théorie est une présentation globale de la construction de toutes les pyramides d'Égypte pendant 250 ans, de la première de Djoser à celles en briques crues.

Théorie

1. La formule et les matériaux utilisés:
Le matériau le plus important est le calcaire. Les analyses du géochimiste allemand D.D. Klemm [1] démontrent que 97 à 100% des blocs proviennent de la couche de calcaire tendre et argileuse située dans l'Oued (wadi) en contrebas du plateau de Guizeh. Or, d'après l'égyptologue M.Lehner [2], les Égyptiens employèrent un calcaire tendre et friable, inutilisable comme pierre de taille. Les ouvriers n'ont pas mis en œuvre le calcaire dur et dense situé à proximité des pyramides, sauf à de rares exceptions pour les restaurations ultérieures. Le géologue L. Gauri [3] démontre que ce calcaire est fragile, car il inclut des matériaux argileux (notamment une argile kaolinite) sensibles à l'eau expliquant l'extrême fragilité du corps du Sphinx, alors que sa tête, taillée dans la couche géologique dure et dense, a résisté à 4000 ans d'érosion.
Ce calcaire argileux tendre, trop fragile pour être une pierre de taille, est bien adapté à l'agglomération. De plus, il contient naturellement des ingrédients géopolymériques réactifs, comme l'argile kaolinitique, indispensable pour fabriquer la colle géologique (le ciment de liaison) et assurer la géosynthèse.
Il n'est pas nécessaire de broyer cette pierre, car elle se désagrège facilement avec l'eau du Nil pendant les inondations (l'Oued ou wadi est rempli d'eau à ce moment) pour former une boue calcaire. À cette boue, on ajoute des matériaux géologiques réactifs (la mafkat, un silicate hydraté de cuivre et d'alumine, surexploitée au temps de Khéops dans les mines du Sinaï) [4], le sel natron égyptien (carbonate de soude, présent massivement dans le Wadi Natrum), et de la chaux provenant de cendres de plantes et de bois [5]. On transporte cette boue de calcaire dans des paniers, on la verse, puis la tasse dans des moules (faits en bois, pierre, brique crue), directement sur le chantier. La méthode est identique à celle du pisé, encore utilisé aujourd'hui.
Ce calcaire, ré-aggloméré par réaction géochimique, durcit naturellement pour fournir des blocs résistants. Les blocs sont ainsi constitués de 90 à 95% de calcaire naturel en agrégats avec les coquillages fossiles, et de 5 à 10% de colle géologique (ciment dit "géopolymérique") à base d'alumino-silicates.

2. Pourquoi les géologues ne voient rien ?
Cela tient à la colle géologique qui, bien qu'artificielle, est vue par les géologues soit comme une impureté, donc inutile à étudier, soit comme un liant naturel. Au mieux, les outils d'analyses et les méthodes de travail des géologues prennent le ciment pour un "liant micritique" parfaitement naturel. Une pierre calcaire artificielle contenant 15% de liant synthétique a été fabriquée par Joseph Davidovits et soumise à des géologues qui n'ont rien soupçonné [6]. Un géologue non formé à la chimie des géopolymères affirmera de bonne foi que les pierres sont naturelles.

3. La formule chimique:
La géosynthèse consiste à faire réagir l'argile kaolinite (naturellement incluse dans le calcaire de Guizeh) avec de la soude caustique (cf. formule chimique 1). Pour fabriquer cette soude caustique, on fait intervenir le natron égyptien (carbonate de sodium) et la chaux éteinte (issue de cendres de plantes) (cf. formule chimique 2). On obtient alors de la soude qui va réagir avec l'argile. Mais le plus intéressant est que cette réaction chimique crée du calcaire pur ainsi que de l'hydrosodalite (un minéral appartenant à la famille des feldspathoïdes ou des zéolithes). [6]
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Résumé de la formule chimique du liant de la pierre ré-agglomérée:
argile + natron + chaux => feldspathoïde + calcaire (c'est-à-dire une pierre naturelle)
Le liant de la pierre ré-agglomérée est le résultat d'une géosynthèse (un géopolymère) qui crée deux minéraux naturels : le calcaire et le feldspath hydraté (feldspathoïde). On comprend pourquoi les géologues peuvent être facilement trompés.

4. Les analyses scientifiques:
Les méthodes d'analyses couramment utilisées par les géologues ne sont pas pertinentes. Pour démontrer le caractère artificiel, il faut employer des méthodes plus puissantes (analyses par synchrotron, microscopie électronique à balayage SEM et à transmission TEM, la Résonnance Magnétique Nucléaire, Particle Induced Gamma-Ray Emission, Particle Induced X-Ray Emission, Fluorescence X, Diffraction RX). Ces outils sont rarement utilisés dans cette situation.
Des études ont été faites, toutes démontrent que les pierres des pyramides sont artificielles. [7]

Les Preuves archéologiques

1. Les textes hiéroglyphes:
L'Égypte des pharaons est bien connue grâce à ses nombreuses stèles, fresques et papyri décrivant toutes sortes de savoirs religieux, scientifiques, techniques, l'artisanat, l'agriculture, la médecine, l'astronomie... Or, il n'existe aucun document hiéroglyphique décrivant la
construction des pyramides avec des pierres taillées, des rampes, des traîneaux en bois. À l'inverse, de nombreux textes montrent que les anciens Égyptiens possédaient la connaissance de la pierre de synthèse.
La Stèle de la Famine se trouve sur l'île de Séhel près d'Éléphantine, gravée sur un rocher. Elle met en scène le dieu Khnoum, le pharaon Djoser et son architecte Imhotep, constructeur de la première pyramide de Saqqarah. Cette inscription contient 650 hiéroglyphes désignant soit des roches et des minéraux, soit leurs procédés de transformation. Dans la colonne 12, on peut lire : "Avec ces produits (minéraux) ils ont bâti (...) la tombe royale (la pyramide)". Dans les colonnes 18 à 20, le dieu Khnoum donne à Djoser les minéraux nécessaires à la construction de ces monuments sacrés. Cette liste ne fait pas mention des traditionnelles pierres dures et compactes de construction comme le calcaire (ainr-hedj), le grès monumental (ainr-rwdt) ou le granit d'Assouan (mat). En étudiant ce texte, on constate qu'on ne peut pas construire une pyramide ou un temple avec de simples minéraux, sauf s'ils sont employés pour fabriquer le liant de la pierre ré-agglomérée. [8]
La stèle d'Irtysen C14 du Musée du Louvre est une autobiographie du sculpteur Irtysen sous un des pharaons Mentouhotep, XIe dynastie (2000 av. J.-C.). Elle présente la technique de fabrication des statues en pierres synthétiques ("pierre coulée"). [9]
La fresque de Ti, Ve dynastie (2450 av. J.-C.), illustre le travail de sculpteurs d'une statue en bois, la confection d'une statue en pierre et le mélange dans des vases. Cette fresque montre parfaitement la différence entre tailler une statue (ici en bois avec les signes hiéroglyphes décrivant l'opération de la taille), le façonnage d'une statue (en pierre synthétique avec les signes hiéroglyphes représentant l'action de "synthétiser", "faite de main d'homme"), et le mélange des produits chimiques caustiques pour façonner cette statue dans des vases en céramique. [10]

2. L'invention de la pierre ré-agglomérée: croissance et déclin d'une technologie
Avant la première pyramide édifiée en pierre, les anciens Égyptiens ont érigé des monuments très imposants en briques d'argile crue. Ce sont les grandes enceintes des temples funéraires de la IIe dynastie, dont celui de Khasekhemwy (2730 av. J.-C.). Sa muraille massive est en briques d'argile crue, donc en matériau moulée. Il est généralement admis, puisque ces briques ont été façonnées dans des moules, que leur dimension doit être uniforme. Or, c'est faux. Bien qu'ayant été fabriquées dans des moules, les briques d'argiles sont d'environ 5 tailles différentes, impliquant l'usage de plusieurs gabarits. Ces différences de proportions se retrouveront dans toutes les pyramides. Cette hétérogénéité permet aux monuments de résister aux séismes en évitant l'amplification de l'onde sismique dans le bâtiment. 20 ans plus tard, Djoser ordonne à Imhotep de lui construire un monument pour l'éternité en pierre.
Le scribe Imhotep est l'inventeur de la pierre ré-agglomérée (2650 av. J.-C.) et l'architecte de la première pyramide d'Égypte. Au lieu d'utiliser la brique d'argile crue, il remplace simplement l'argile par un calcaire ré-aggloméré et garde la même technique de moulage de briques. C'est pourquoi la première pyramide est faite en petites briques qui grossissent en dimension au fur et à mesure que l'invention est maîtrisée. Les briques sont fabriquées sur le lieu d'extraction de la pierre, dans l'Oued (wadi à l'est du complexe [11]) au moment de la crue du Nil, puis portées et placées sur la pyramide.
Son invention, héritée du pisé et de la brique crue, se perfectionne lors de l'édification des pyramides des IIIe et IVe dynasties. À partir de la petite brique de calcaire de Saqqarah, la dimension des pierres augmente graduellement. Pour les pyramides de Meidoum et la Rhomboïdale, les blocs sont produits près du site et montés sur la pyramide. Il y a toujours un Oued (wadi) à proximité pour désagréger le calcaire facilement avec de l'eau et préparer le mélange lors des crues du Nil.
À compter de la pyramide rouge de Snéfrou (à Daschour), les blocs sont fabriqués sur place, car les dimensions sont trop importantes pour être transportées.
À Guizeh, certaines pierres (notamment celles du temple de Khefren) atteignent plus de 30 tonnes. Comment les auraient-ils taillées simplement avec des outils en cuivre tendre, sans roue ni poulie?
D'après Guy Demortier [12], ré-agglomérer des blocs sur place simplifie grandement les problèmes de logistique. Au lieu des 25.000 à 100.000 ouvriers nécessaires pour la taille [13], il déduit que l'occupation du site ne dépassa jamais 2300 personnes, ce que confirme l'égyptologue M. Lehner à propos de ses fouilles du village des ouvriers à Guizeh.
Le déclin de la technologie en pierre agglomérée se manifeste avec la pyramide de Mykérinos qui ne représente que 7% en volume de celle de Khéops. Pourquoi cette pyramide est-elle soudainement si petite ? Ce déclin aurait été causé par une brusque réduction des ressources en minéraux réactifs, comme l'épuisement des principales mines du Sinaï à la fin de la IVe dynastie.
Les expéditions de B. Rothenberg [4] montrèrent qu'on avait extrait d'énormes quantités de turquoises et de chrysocolles (appelées mafkat en égyptien), quantités excluant leur utilisation en orfèvrerie et décoration, comme le confirme l'égyptologue Sydney Aufrère [14].
Le déclin résulterait aussi d'une catastrophe écologique et agricole limitant radicalement la production de chaux provenant des cendres de plantes brûlées à cet effet. Si on brûle plus qu'on ne peut produire ou renouveler, une famine ou un désastre écologique peut survenir. Analysée par D.D. Klemm [15], la chaux, présente dans les mortiers des IIIe et IVe dynasties, disparaît dans celles des Ve et VIe. En effet, les pyramides suivantes, et notamment celle d'Ouserkaf, premier roi de la Ve dynastie, sont ridiculement petites comparées à celle de Mykérinos. Elles étaient recouvertes à l'origine d'un revêtement de calcaire qui cachait la masse des blocs naturels mal agencés. Cette pyramide n'est qu'un assemblage disparate de pierres couvrant une chambre funéraire faite, cette fois, en pierre ré-agglomérée et protégée par d'énormes linteaux de plusieurs dizaines de tonnes. Seul le cœur de ces pyramides est fabriqué avec soin, le reste étant assemblé de manière précaire, car les matériaux réactifs se font rares. On est donc en présence d'un tout autre système qui ne peut être expliqué par la pierre taillée. Si les pyramides de Guizeh avaient été taillées, comment expliquer une telle chute de qualité architecturale alors que la pierre est un matériau abondant ? La taille aurait permis une qualité de construction équivalente comparée à celles de Guizeh, même avec des pyramides d'une hauteur plus raisonnable, mais ce n'est pas le cas.
Face à un appauvrissement des ressources, à partir de la XIIe dynastie (1990-1780 av. J.-C.), le pharaon Amenemhat I et ses successeurs construisent des pyramides en briques crues. Mais là aussi, seule la chambre funéraire est construite en pierre ré-agglomérée avec grand soin. Pourtant, les Égyptiens n'ont pas choisi de tailler la pierre pour le corps des pyramides lui préférant la brique crue, alors qu'ils disposaient d'outils en bronze plus durs, plus aptes à tailler la pierre.
On constate alors que la technologie de la pierre ré-agglomérée, après un essor formidable, une maîtrise parfaite du procédé, une exploitation intense de ses ressources, a débouché sur un déclin architectural et surtout extrêmement rapide. Un épuisement des ressources minières en réactifs chimiques, et un désastre écologique et agricole expliquent ce déclin. [16] [17]

3. Le contexte religieux:
Pourquoi cette nécessité de construire en pierre agglomérée ou de conserver le système de l'agglomération alors qu'ils pouvaient tailler la pierre?
Chez les anciens Égyptiens, la pierre avait une valeur sacrée, utilisée uniquement à des fins religieuses qui interdisaient son utilisation dans des bâtiments à usage profane (construits plutôt en briques de limon, argile et bois, jamais en pierre). Ce n'est que sous les Ptolémée, 2000 ans après les pyramides, que la pierre devint un matériau de construction banal. Les causes de cette distinction sont religieuses.
La civilisation égyptienne s'étire sur plus de 3000 ans et, contrairement à ce que pense le grand public, elle n'est pas homogène. Ainsi, il y a deux genèses expliquant la création du monde. Deux divinités distinctes revendiquent la création du monde et de l'homme : Khnoum et Amon. Le dieu Khnoum est vénéré durant l'Ancien et le Moyen Empire (3000 à 1800 av. J.-C.). Il est représenté sous la forme d'un homme à tête de bélier aux cornes horizontales. Il personnifie le Nil nourricier et à Éléphantine, Thèbes, Héracléopolis, Memphis, il est le dieu créateur. Dans son acte de création, il "pétrit" l'humanité sur son tour de potier avec le limon du Nil et d'autres minéraux comme le mafkat, le natron, à l'instar de la genèse biblique et coranique. Cela ne donne pas une argile quelconque, mais une pierre appelée "ka", c'est-à-dire l'âme qui n'est pas esprit, mais pierre éternelle. Khnoum et toutes les incarnations divines de Râ sont matérialisés par l'acte de fabrication de la pierre. Son signe hiéroglyphique est un vase de pierre dure comme ceux des époques nagadéennes (3500 à 3000 av. J.-C.). Ainsi, sous l'Ancien Empire, l'acte d'agglomération avait pour but de reproduire l'intervention divine lors de la création du monde et de l'âme humaine.
Pour les deux principaux pharaons de l'Ancien Empire, Djoser et Khéops, les liens avec Khnoum sont attestés par les découvertes archéologiques (cf. la Stèle de la Famine). Aussi, le véritable nom de Khéops est Khnoum-Khoufou (que le dieu Khnoum protège Khéops). Khéops aurait-il attaché son nom à un dieu secondaire? Non, Khnoun est bien un dieu majeur. C'est simplement la perception du panthéon égyptien qui n'est pas correcte.
Amon est le second démiurge. Il n'est à l'origine qu'une divinité insignifiante. Il devient dieu dynastique lors de la XIIe dynastie (1800 av. J.-C.), mais il n'est pas encore démiurge, rôle toujours réservé à Khnoum. Puis, il devient le "roi des dieux" et les prêtres lui donnent le pouvoir de création du monde. Dans le mythe de la genèse, Amon est identifié à une montagne sacrée et il "taille" chaque être dans une partie de lui-même, c'est-à-dire à même la montagne sacrée. Amon et toutes les incarnations divines d'Amon-Râ sont donc matérialisés par l'acte de la taille de la pierre, et sont à l'origine des monuments du Nouvel Empire, comme ceux de Ramsès II, 1300 ans après les pyramides.
On comprend alors pourquoi les tombes ne sont plus sous des pyramides, symboles d'agglomération, mais sous une montagne sacrée, la Vallée des Rois, symbole d'Amon. De même, les temples sont construits en pierre taillée avec grands soins et les obélisques sont appelés les "doigts d'Amon". Comme durant l'Ancien Empire, où le nom de Khnoum ("celui qui lie") se trouve dans le nom complet de Khéops (Khnoum-Khoufou), le nom d'Amon ("celui qui est caché") se rencontre dans les noms des pharaons du Nouvel Empire comme Amenhotep.

Arguments opposés à la théorie de la taille

Voici les arguments avancés par les partisans de la taille pour démontrer que cette technique était celle utilisée à l'époque de la construction des pyramides. Or, ces preuves sont anachroniques ; elles datent du Moyen et Nouvel Empire, époques où l'on taillait la pierre, et non de l'Ancien Empire, le temps des pyramides.
L'extraction des blocs aurait été faite au moyen de coins de bois que l'on mouille pour faire éclater la pierre. Or, D.D. Klemm démontre que cette technique primitive n'a été utilisée que très tardivement par les Romains. Chaque période a laissé des traces distinctes de taille dans les carrières permettant ainsi de les dater, sauf au temps des pyramides qui n'ont pas de trace. [18]
Le bas relief de Djehoutihotep illustre le transport sur un traîneau d'une statue colossale [19]. De même, R. Stadelman découvrit que les ouvriers d'Amenemhat II avaient transporté par traîneaux des pierres dérobées de la pyramide de Snéfrou, utilisée comme une vulgaire carrière. Ces deux événements eurent lieu sous la XIIe dynastie (1800 av. J.-C.), soit 700 ans après la construction des pyramides.
La stèle de Toura montre un bloc de pierre tiré sur un traîneau par des boeufs [20]. Elle ne constitue pas une preuve parce qu'encore une fois, elle date d'environ 1000 ans après la construction des grandes pyramides.
La fresque de Rekhmiré présente des tailleurs de pierres en train de dresser des blocs avec des outils en bronze. Mais ces nouveaux outils étaient inconnus des constructeurs de pyramides 1300 ans auparavant.
Les rampes seraient en briques d'argile crue, de plusieurs kilomètres de long (qu'elles soient droites ou hélicoïdales, sans parler du problème du passage aux tournants), représentant une masse de matériaux considérable. Chaque équipe devrait asperger le sol avec de l'eau pour faciliter le glissement du traîneau. Mais l'action de l'eau transforme la rampe en une pente savonneuse et très glissante. Après le passage de plusieurs équipes, elle se serait couverte de boue où traîneaux et tireurs s'enliseraient !
Il n'existe aucune théorie officielle de la taille, du halage des blocs sur des traîneaux et des rampes. Au lieu de cela, environ une vingtaine proposent leurs solutions. Ces théories ne sont pas basées sur des textes hiéroglyphes, ne correspondent pas à la technologie trouvée sur les sites archéologiques, et ne tiennent pas compte du contexte historique et religieux. Ces théories se focalisent sur la pyramide de Khéops, la plus remarquable, mais ne peuvent s'appliquer aux pyramides qui la précèdent, ni aux suivantes, et encore moins à celles en brique crue.

Notes et références
[1] Klemm, Steine und Steinbrüche in Alten Ägypten, Springer Verlag Berlin Heidelberg, 1993.
[2] M. Lehner, The Development of the Giza Necropolis: The Khufu project, Mitteilungun des Deutschen Institutes, Abteilung Kairo, 41, p. 149, 1985.
[3] L. Gauri, Geological study of the Sphinx, Newsletter American Research Center in Egypt, No 127, pp. 24-43, 1984.
[4] B. Rothenberg, Sinai exploration 1967-1972, Bulletin, Museum Haaretz Tel Aviv, 1972, p. 35
[5] J. Davidovits, Ils ont bâti les pyramides, éd. J-C Godefroy, Paris, 2002, pp. 161-162, 307-311
[6] J. Davidovits, La nouvelle histoire des pyramides, éd. J-C Godefroy, Paris, 2004, pp. 57-58 et 72
[7] Voir les réf. [5] et [6] pour les notes bibliographiques complètes et les débats avec les géologues.
[8] Pyramid Man-Made Stone, Myths or Facts, III. The Famine Stela Provides the Hieroglyphic Names of Chemicals and Minerals Involved in the Construction , Davidovits J., 5th Int. Congress of Egyptology, Cairo, Egypt, 1988; Egyptian Antiquities Organization; EGY; 1988; pp. 57-58 in Résumés des Communications. Voir aussi les réf. [5] et [6].
[9] J. Davidovits, Ils ont bâti les pyramides, éd. J-C Godefroy, Paris, 2002, pp. 229-236
[10] J. Davidovits, La nouvelle histoire des pyramides, éd. J-C Godefroy, Paris, 2004, pp. 145-150
[11] M. Lehner, The Complete Pyramids, Thames and Hudson, 1997, p. 83
[12] G. Demortier, La construction de la pyramide de Khéops, Revue des questions scientifiques, Bruxelles, 2004, Tome 175, p. 341-382
[13] M. Lehner, The Complete Pyramids, Thames and Hudson, 1997, p. 224
[14] Sydney Aufrère, L'univers minéral dans la pensée égyptienne, IFAO, Le Caire, 1991, Volume 2, p. 494
[15] D.D. Klemm and R. Klemm, Mortar evolution in the old kingdom of Egypt, Archaeometry '90, Birkhaüser Verlag, Basel, Suisse, 1990, pp. 445-454
[16] J. Davidovits, Ils ont bâti les pyramides, éd. J-C Godefroy, Paris, 2002, pp. 297-328
[17] J. Davidovits, La nouvelle histoire des pyramides, éd. J-C Godefroy, Paris, 2004, pp. 207-228
[18] Klemm, The archaeological map of Gebel el Silsila, 2nd Int. Congress of Egyptologists, Grenoble, 1979, Session 05.
[19] J. P. Adam, l'Archéologie devant l'imposture, éd. Robert Laffont, Paris, 1975, p. 158
[20] Vyze-Perring, The Pyramids of Gizeh, Vol. III, p. 99
Illustration de la théorie (Dessins de Serge Dutfoy)
 
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