mercredi 31 octobre 2018

Carrière de Hatnoub : "une réponse à l’énigme de la construction des pyramides" à l'époque du roi Khéops ?

Communiqué du ministère des Antiquités


توصلت البعثة الاثرية الفرنسية الإنجليزية المشتركة والتابعة للمعهد الفرنسي للآثار الشرقية وجامعة ليفيربول الانجليزية برئاسة يانيس جوردون ورولان انمارش، إلى طريقة نقل المصري القديم للكتل الحجرية من محاجر مرمر بموقع حتنوب  شرق مدينة تل العمارنة بالمنيا في فترة حكم الملك خوفو وذلك من خلال  الدراسات والابحات التي اجرتها البعثة على الكتابات والنقوش الاثرية المكتشفة في موقع محاجر المرمر المصري.
صرح بذلك الدكتور مصطفى وزيري الأمين العام للمجلس الأعلى للآثار، موضحا آن البعثة الاثرية بدات أعمالها في موقع حتنوب منذ عام ٢٠١٢ متضمنة أعمال المسح الهندسي والطوبوغرافي وتصوير النقوش ورفع الرديم عن الموقع، لدراسة كافة الكتابات والنقوش الموجودة به ومعرفة وفهم كيف قام المصري القديم  باستخراج المرمر المصري ونقله، الذي يعد من اهم واروع الأحجار التي استخدمت لصناعة التماثيل والتوابيت والبلاط والمزهريات منذ عصر بناة الأهرامات.
وأضاف يانيس جوردون أن البعثة نجحت في الكشف عن نظام فريد لنقل وسحب الكتل من المدخل أسفل المحجر بعد أن تمكنت من ازالة الرديم الذي كان يغطيه والذي يمكن تأريخه لعهد الملك خوفو على أقصى تقدير. وأشار أن هذا النظام يتكون من منحدر مركزي، يحيط به سلمين بهما ثقوب أعمدة.مما يساعد على رفع كتل المرمر خارج المحجر من خلال منحدرات شديدة الخشونة بنسبة 20 % على الأقل بالاضافه إلى الكشف عنما لا يقل عن 100 نقش يسمح بفهم تنظيم الحملات التي كانت تتم في محاجر حتنوب منذ عهد الدولة القديمة وحتى الدولة الحديثة.
ووصف د. وزيري الكشف بأنه ذو أهمية كبيرة فهي المرة الأولى التي يتم فيها الكشف عن نظام نقل الكتل من المحجر المصري وكيف كان ينحج المصري القديم في رفع الكتل التي تزن العديد من الأطنان من على المنحدرات الشديدة الخشونة خلال عصر بناء الهرم الأكبر، مما يغير تماما من فهمنا لبناء الأهرامات.
ومن جانبه قالرولان أنمارش أن فريق الترميم المرافق للبعثة يواصل أعمال الصيانة والحفظ للنقوش الموجوده بالمحجر، بالاضافة إلى مواصلة البعثة أعمال المسح الأثري للمستوطنات المحيطة بالمحجر والمكونة من بقايا احجار مختلفة الأحجام استخدمت في عصور قديمة كمستوطنات لعمال المحاجر اثناء فترات العمل، حيث كشفت عن 4 لوحات حجرية  تحتوي احداها على الرسم لشخص واقف والثلاث لوحات الباقية تحتوي على كتابات بالخط الهيراطيقي غير واضحه بسبب حالة حفظها السيئة بحيث تحتاج الى اعمال ترميم وصيانه
source  





traduction en anglais:

The joint French-English archaeological expedition of the French Institute for Eastern Archeology and the University of Liverpool, led by Yannis Gourdon and Roland Enmarch, came in the ancient Egyptian way of stone blocks from the Marmar quarries at the place Hatnoub east of the City Tell el-Amarna in Minya under King Khufu.

The joint mission achieved these results through studies and research into inscriptions and inscriptions discovered on the site of the Egyptian Al-Marmar quarries, according to Sputnik.
Dr. Mustafa Waziri, secretary-general of the Supreme Council of Antiquities, said in a press release that Sputnik received a copy on Tuesday that the Archaeological mission began its activities on the Hattnob site since 2012, including engineering and topographic surveys, and the inscriptions it contains found and understand the ancient Egyptian extraction of Egyptian marble and transport, which is one of the most important and beautiful stones used since the time of builders of the pyramids for the manufacture of statues, chests, tiles and vases.
He said that the new disclosure is of great importance, noting that it is the first time in which the detection of the mass transfer system from the Egyptian quarry and how the ancient Egyptian was successful in removing the blocks, which weighs many tons on the steep slopes during the era of building the Great Pyramid, which completely changes our understanding of how pyramids are built.
"We have managed to unravel a unique system to move and draw blocks from the entrance to the bottom of the quarry after it was able to remove the debris that was covered, which can be dated to the king's government at the latest. Khufu ", says Yannis Gourdon, head of the archaeological expedition.
Gordon pointed out that the system consists of a central slope, surrounded by two ladder with column holes, which helps to raise the alabaster blocks outside the quarry by the slopes of at least 20 percent roughness, in addition to the publication of at least 100 engravings , to understand the organization of campaigns that were carried out in the quarries of Hatnob from the time of the old state to the modern state.
The second head of the mission, Roland Enmarch, said that the mission's restoration team was engaged in the maintenance and preservation of quarry inscriptions. In addition, the mission continued the archaeological investigation into the quarry settlements that existed. from the remains of stones of various sizes used in antiquity as quarries for quarry workers during work periods, Where four stone tablets were revealed, one of which contains the drawing of a standing person and the remaining three plates contain writings in the hierarchical line, is unclear due to the poor state of preservation, so that work needs to be done for restoration and maintenance.



Complément d'information (Fonds Khéops pour l'archéologie) :
"Hatnoub, une réponse à l’énigme de la construction des pyramides
Suite à ces découvertes récentes, il est devenu évident que le couloir d’accès doit être vidé de ses nombreux déblais, ce qui permettrait à terme de comprendre l’ensemble des techniques liées à l’exploitation d’une carrière à ciel ouvert, ainsi que le dispositif de halage adopté dès cette époque. Celui-ci comprendrait une rampe-glissière encadrée de deux escaliers et de poteaux latéraux. Il permettrait de hisser des blocs de plusieurs tonnes hors de la carrière sur des pentes très raides, bien supérieures aux pentes maximales envisagées pour la construction des pyramides. Ces nouvelles données permettraient de reconsidérer totalement les théories liées à l’édification des pyramides. Une étude géologique permettrait de comprendre comment les Anciens Égyptiens ont découvert ce gisement ainsi que les différentes étapes de son exploitation. À terme, une couverture photogrammétrique de la carrière permettrait une reconstitution virtuelle retraçant la vie du site, tout en présentant et commentant les inscriptions qui le jalonnent. Une telle reconstitution invitera la grand public à visiter et comprendre ce site exceptionnel mais difficile d’accès.
"







Complément d'information (IFAO) :
Les inscriptions rupestres de Hatnoub
  

mardi 30 octobre 2018

"La pyramide telle que les Égyptiens l'ont réalisée sur le terrain ne manque jamais d'émouvoir profondément qui l’aperçoit pour la première fois" (Gaston Maspero)

Extraits de Égypte, 1912, par Gaston Maspero (1846-1916), égyptologue français, professeur au Collège de France (1874), membre de l’Académie des inscriptions et belles-lettres (1883), successeur de Mariette, en janvier 1881, à la direction du Service des antiquités égyptiennes et du musée d’Archéologie égyptienne de Boulaq. 
 
Lithographie illustrant la pyramide à degrés (Karl Richard Lepsius)
"La Pyramide à degrés (...) n'est pas une pyramide véritable. En (la) commandant à ses architectes, Zosiri voulait un tombeau qui l'emportât sur ceux de ses prédécesseurs et sur (le monument) qu'il se préparait à Béit-Khallaf, selon les errements anciens. Or les talus du mastaba se rapprochaient trop de la perpendiculaire pour qu'avec l'appareil de petits blocs cher à son temps, il pût les monter à la hauteur voulue sans qu'ils risquassent de s'écrouler sous leur propre poussée. C'est afin d'éviter ce danger qu'il les étreignit entre les quatre doublures graduées : celles-ci, les étayant et s'entretayant elles-mêmes, assurèrent la stabilité de l'ensemble. Cette variante surhaussée et renforcée du mastaba continua d'être à la mode pendant plusieurs générations.
Près d'un siècle et demi après Zosiri, Sanafroui, le premier souverain de la IVe Dynastie, n'y avait pas renoncé. La fausse Pyramide de Méidoum, où il avait élu domicile comme roi de la Haute-Égypte, se compose en effet, de même que la prétendue Pyramide à degrés, de vastes dés de maçonnerie à pans inclinés qui se retirent légèrement l’un sur l'autre : toutefois ils sont carrés au lieu d'être rectangulaires ; on en compte quatre seulement, et leur diminution progressive est un pur caprice d'architecte, que nulle raison de métier ne justifie plus. Le cœur de la fabrique n'est pas en effet de pierre rapportée ; c'est une colline naturelle, d'une solidité à toute épreuve, et la maçonnerie qui la masque est en lits de calcaire superbe. Les quatre cubes décroissants sont indépendants l’un de l'autre, et il est probable que le dernier ne fut jamais achevé.
Après Méidoum, les Pharaons n'eurent plus que des pyramides pendant la durée de l'âge memphite. À mon avis, la pyramide dérive non pas du tertre oblong à talus presque droit et à sommet plat qui est à l'origine du mastaba, mais d'un tumulus de pierre à pentes douces et à terminaison pointue, qui aurait été en usage dans les districts du Nord. Une tradition racontait que le quatrième roi de la Ie Dynastie, Ouennéphés, fut l'auteur de celle qu'on voyait à l'époque grecque près de Kôkômé, et il est possible ; mais la plus ancienne que nous connaissions est à Dahchour, où Sanafroui se l'érigea comme roi de la Basse-Égypte. Dès lors, elle ne constituait pas à elle seule la sépulture entière : une chapelle l'accompagnait avec des magasins souterrains, et un téménos dallé s'étendait à l'entour, qui était protégé par une enceinte carrée ou rectangulaire. Une chaussée reliait le tout à un temple situé dans la ville royale, vers la lisière des terres cultivées. Les appartements du double se dissimulaient dans la pyramide ou sous elle ; lui-même, il recevait ses revenus dans la chapelle annexe, et, comme dieu vivant, il était associé aux autres dieux dans le temple de la cité. 

On sait ce que sont les pyramides. Le monceau de pierres qui les compose s'assied sur base carrée, les faces aux points cardinaux comme celles des mastabas, et sans plus d’exactitude que dans la plupart de ceux-ci. Leur hauteur varie de 146 m. 50 chez Chéops à 22 mètres chez Ounas ; mais, quelles que fussent les dimensions de chacune, le plan général était tracé une fois pour toutes avant la mise en train. et on se proposait de le poursuivre sans altération jusqu'à l'achèvement. Il arrivait pourtant qu'on le remaniât au cours des travaux et que les proportions de l'ensemble fussent élargies, ce qui amenait des changements dans l'agencement de l'intérieur : il en fut ainsi probablement de Chéphrên et de Mycérinus, tandis que Chéops paraît avoir été bâti d'une seule venue, sur le site d'un tombeau plus ancien dont il engloba les éléments dans une maçonnerie grossière, qu'il habilla d'un parement de gros blocs. 
Ces repentirs dans l'exécution se remarquent surtout sous la IVe Dynastie, au temps où la formule constructive n'avait pas été fixée encore par une expérience suffisante, et où les architectes se laissaient entraîner à oser plus peut-être qu'il n'était bon pour la solidité de leur œuvre. Ceux de Chéops, afin d'éviter que le caveau ne s'écrasât sous le poids de cent mètres de pierre, avaient ménagé au-dessus de lui cinq chambres de décharge superposées le long de l'axe médial : cet artifice, qui rejetait de lui sur les faces latérales le plus fort de la pression centrale, le sauva en effet, mais il ne fut pas renouvelé dans la suite. 
À partir du milieu de la Ve Dynastie, la plupart des pyramides présentent un plan presque uniforme, qui, réduisant les dimensions, n’en assura pas moins l'inviolabilité de la momie (fig. 76). 
Un couloir incliné, affleurant au sol sous le milieu de la face Nord et dissimulé par le parement de la cour, juste au ras de la première assise, puis une salle d'attente à plafond bas, un corridor horizontal barré presque en son milieu par des herses de granit, un vestibule qui communique, à droite avec la chambre du sarcophage, à gauche avec un serdab où un magasin à provisions : le vestibule et la chambre du sarcophage sont coiffés d'un toit pointu consistant en trois assises de poutres en calcaire, accotées par le haut. Parfois les superstructures étaient constituées entièrement par de gros blocs en calcaire fin, comme chez Ounas ; le plus souvent, elles ont un noyau de calcaire grossier extrait de la montagne voisine et seulement habillé de calcaire fin.
Si peu capables que les figures géométriques soient à l'ordinaire d'éveiller un sentiment ou de procurer une jouissance d'art, la pyramide telle que les Égyptiens l'ont réalisée sur le terrain ne manque jamais d'émouvoir profondément qui l’aperçoit pour la première fois."

lundi 29 octobre 2018

"Aucune raison ne permet de croire que les Égyptiens aient jamais été en possession de moyens mécaniques plus perfectionnés que le levier, le rouleau et le plan incliné" (Zakaria Goneim)

Extraits de l'ouvrage La Pyramide ensevelie, 1957 (traduction par Françoise Noël), de l'archéologue égyptien Mohammed Zakaria Goneim   (1905-1959) qui a découvert en 1951 à Saqqarah, près du Caire, une pyramide identifiée comme celle de Sekhemkhet, quatrième souverain de la IIIe dynastie (2780-2720). 

Au cours des fouilles qu’il a poursuivi sur le site jusqu’en 1956, avec une suspension de mai 1952 à novembre 1953, il  fit d’importantes découvertes : une longue tranchée ouverte creusée dans le roc, en plan incliné, et renforcée par des murs de soutènement massifs ; plusieurs mètres cubes d’ossements et restes d’animaux ; des bijoux, dont “une petite boîte pour cosmétiques en or, travaillée en bosse et ayant la forme d'un coquillage” ; de la vaisselle et des jarres “dont les bouchons d'argile portaient une marque imprimée avec un sceau cylindrique et qui révèle le nom d'un roi jusqu'ici inconnu : Sekhem-Khet”.

Sa carrière prit fin de façon dramatique : accusé de vol et de contrebande d'antiquités, il se suicida en se jetant dans le Nil en 1959. Jean-Philippe Lauer (1902-2001), qui poursuivit ses travaux, prouva son innocence. 
Structure de la pyramide de Sekhemkhet (Wikimedia commons) A: Entrée B: Galerie C: Chambre funéraire D: Puits
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"Une pyramide achevée comme celles de Chéops et de Mykérinos ne nous apprend pas grand-chose sur son mode de construction, tandis qu'une œuvre inachevée comme celle-ci (Sekhemkhet) est un véritable document. (...)
N'oublions pas, d'ailleurs, que la technique de construction des pyramides reste en partie mystérieuse, même après les travaux, qui font autorité, de Somers Clarke et R. Engelbach et ceux d'I. E. S. Edwards. Une pyramide était un monument religieux et ses fondations n'allaient jamais sans rites et cérémonies dûment organisés, dont les plus importants nous sont connus. Le rituel était probablement accompli par le roi lui-même, assisté de prêtres et de prêtresses vêtus à l'image des dieux. 
Les principaux éléments de cette fête religieuse consistaient : 1° à jalonner le terrain de piquets qu'on reliait par une corde tendue ; 2° à entamer une tranchée dans le sol ; 3° à répandre du sable ; 4° à confectionner des briques ; 5° à les poser. On remarquera que les deux derniers moments de la célébration sont des survivances des temps où les tombeaux étaient en briques de terre séchée. Pendant ou après ces cérémonies, des spécimens de tous les matériaux qu'on allait utiliser dans la construction étaient enterrés sous les fondations. (...)

Nous ne pouvons relater ici que les grandes lignes du processus de construction. Mais encore faut-il rappeler ce qu'on sait aujourd'hui de l'organisation du travail et de l'enchaînement des opérations. Sans vouloir exposer à mon tour une théorie personnelle sur la manière dont ont été transportées et mises en place les pierres énormes des pyramides les plus récentes, je dirai qu'aucune raison ne permet de croire que les Égyptiens aient jamais été en possession de moyens mécaniques plus perfectionnés que le levier, le rouleau et le plan incliné. Il y a même peu de chances de pouvoir prouver qu'ils aient connu la poulie. Engelbach émet l'hypothèse que les pierres étaient traînées à bras d'homme et qu'on les faisait glisser dans une sorte d'ornière de mortier liquide qui servait de lubrifiant. Il pense aussi qu'on achevait de les polir et de les mettre en forme sur place. Aucune figuration de poulie ou de treuil n'a jamais été relevée dans les peintures ni dans les bas-reliefs. On n'a pas non plus réussi à discerner sur aucune pierre des traces de griffes ou de traits qui eussent révélé un système de traction. On sait d'autre part que même les vergues des bateaux égyptiens étaient hissées d'en bas et non point tirées. (...)
Quant à la manière précise dont furent échafaudées les pyramides, la question reste ouverte ; et ce qui rend la réponse difficile, c'est qu'il n'existe aucune trace écrite ou dessinée du procédé. On n'a pas manqué d'imaginer nombre d'hypothèses ingénieuses ou délirantes. (...)
De toutes ces méthodes, la seule qui ait effectivement été employée pour la construction des grandes pyramides consiste en une rampe latérale, sorte de piste inclinée dressée comme un échafaudage sur tout un côté. Ce système fut appliqué très tardivement, ainsi qu'en témoigne une peinture murale du Nouvel Empire. (...)
... j'ai trouvé, au cours de mes fouilles de 1953-1954, des preuves qui confirment la thèse de l'élévation des pierres au moyen d'une rampe. D'autres preuves viendront peut-être la confirmer après une totale investigation du site. Sur les quatre côtés du monument, j'ai en effet relevé des traces de ces petites rampes étroites ou digues qui permettaient l'accès des ouvriers aux étages supérieurs ; elles sont faites de glaise et de débris extraits des galeries souterraines. On peut voir encore leur sommet aboutir au-dessus du niveau actuel de la pyramide, fait intéressant qui démontre que notre monument a été mené à un stade plus avancé que celui que nous lui connaissons aujourd'hui ; les étages supérieurs ont été remployés ailleurs. De même, à l'ouest et non loin de la carrière, nous avons trouvé le point de départ de la grande rampe. Si la pyramide avait été achevée, cette rampe et les digues latérales auraient été raccourcies suivant un processus inverse à celui de leur construction, leur hauteur diminuant au fur et à mesure de la disposition, de haut en bas, des pierres de revêtement." 

dimanche 28 octobre 2018

Construction de la Grande Pyramide : ce qu'ont écrit Hérodote, Diodore et Pline est "partiellement vrai" selon le guide Murray (fin XIXe s.)

photo datée de 1896 (Underwood und Underwood)

extraits de Murray's hand-book - Egypt, 1880

Les Manuels pour les voyageurs de l'éditeur britannique John Murray étaient des guides de voyage publiés à Londres à partir de 1836. La série couvrait des destinations touristiques en Europe et dans certaines régions d’Asie et d’Afrique du Nord. Selon le chercheur James Buzard, le style Murray "illustre bien la planification rationnelle exhaustive qui était autant un idéal de l'industrie touristique émergente que de l'organisation commerciale et industrielle britannique en général".
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"The statement of the three writers already cited (Herodotus, Diodorus, Pliny), that Cheops Pyramid was built with stone from the quarries of the Arabian mountains, is partly true, as much of the material comes from the magnesian limestone quarries of Toora and Masarah, but the nummulite limestone of the neighbouring rock has also been largely employed. The causeway along which the stone from the other side of the river was brought will be found described further (...). Traces of a similar causeway have been observed between Gebel Masarah and the Nile, which probably served for the conveyance of the stone from the quarry to the river. Herodotus’s expression, that the "greater part is of polished stone, most carefully put together," corroborated by similar statements of Plato, Pliny, and early Arabian authors, though conjectured to mean that the Great Pyramid had, originally, a smooth and even surface, similar to what may still be seen at the top of the Second Pyramid, received no proof until the discovery by Col. Howard Vyse, in 1837, of two of the "casing stones" in situ.
They were blocks of limestone from the Toora quarries 4 feet 11 inches in perpendicular height, and 8 feet 3 inches long, the outer face sloping with an angle of 51° 50’.
After this discovery, there was no longer any doubt that the spaces between the several corners of the Pyramid had been filled in with similar blocks, which after insertion, had been shaped to the required angle, and then polished to an uniform surface.
It is conjectured that these stones, with the exception of the two found by Col. Vyse, were taken away during the time of the Khalifs, for building purposes at Cairo.
They were in their place, in the time of Abd-el-Lateef, who speaks of the extreme nicety with which the stones of which the pyramid is constructed have been prepared and adjusted, a nicety so precise that not even a needle or hair can be inserted between any two of them.
The same author corroborates Herodotus in his assertion, that these polished exterior stones were covered with writing, and adds : "These inscriptions are so numerous, that if those only, which are seen on the surface of these two pyramids were copied upon paper, more than 10,000 pages would be filled with them".

The stones which now appear on the exterior are of various sizes, varying from 2 feet to 5 feet in depth : the first layer is laid in the rock, and the others, each receding about a foot, form, as it were, a staircase. The mortar used appears to be made of crushed red bricks, gravel, sand, Nile mud, and lime.
The method employed in the construction of pyramids has been already described, and is applicable in all its general features to the Great Pyramid. The rock has been carefully levelled all round, and a nucleus of native rock, about 22 feet high, left in the interior.
As to how the stones were raised into their places and what was the form of the machines mentioned by Herodotus, nothing is known. "The notion of Diodorus that machines were not yet invented, is sufficiently disproved by common sense, and by the assertion of Herodotus. It is certainly singular, that the Egyptians, who have left behind them so many records of their customs, should have omitted every explanation of their mode of raising the enormous blocks they used. Some have imagined inclined planes, without recollecting what their extent would be when of such a height and length of base ; and, though the inclined plane may have been employed for some purposes, as it was in sieges by the Assyrians and others, as a "bank" (2 Kings XIX, 32; 2 Samuel XX, 19) for running up the movable tower against a perpendicular wall, it would be difficult to adapt it to the sloping face of a pyramid, or to introduce it into the interior of a large temple." (Rawlinson’s Herodotus)

samedi 27 octobre 2018

Lorsque les Chemins de fer égyptiens mettaient sur la voie d'une visite des pyramides

illustration d'Augustus Osborne Lamplough
Extraits du guide Comment visiter l'Égypte, 1911, rédigé par un groupe de fonctionnaires des Chemins de fer de l'État égyptien, illustré par Augustus Osborne Lamplough (1877-1930)

"À gauche de Ména on suit sur la colline un chemin tournant qui conduit aux Pyramides.
Le voyageur est frappé de la grandeur de ces monuments restés immuables au milieu des siècles. Leur grande masse dépouillée de leurs anciens revêtements, excepté pour la deuxième où on en voit encore une partie, est fort imposante. Ce sont des monuments d’un aspect un peu rude, car le temps, malgré tout, a fait son œuvre de destruction, mais ils laissent un souvenir inoubliable. (...)
Elles sont au nombre de trois.
La Grande de Chéops, la seconde de Kéfren, et la troisième, plus petite, de Micérinus ou Menkera. Elles datent toutes de la quatrième dynastie.

La hauteur de la Grande Pyramide est de 137 mètres (autrefois 146 mètres), ses côtés ont 229 mètres de longueur à la base (autrefois 254). Elle couvre une superficie d'environ 52,600 mètres carrés. La seconde Pyramide a 136 mètres de hauteur et la troisième 62.
Les Pyramides semblent constituées par un noyau de rochers autour duquel ont été apportées et entassées de grandes pierres calcaires taillées et unies ; elles étaient couvertes à leur tour par un revêtement qui a été renouvelé à différentes époques. Il ne reste de ce dernier qu’une partie encore visible sur la deuxième Pyramide. La surface unie du revêtement était couverte d’écritures et inscriptions.
De grands couloirs intérieurs donnent accès aux chambres funéraires qui ont contenu les momies royales. Près de chaque Pyramide se trouvait une chapelle dédiée au monarque défunt. 

L’ascension de la Grande Pyramide peut être exécutée avec une facilité relative. De son sommet la vue embrasse un admirable panorama. La Grande Pyramide fut ouverte par le Khalife El Mamoun, l’an 820 de notre ère, dans l'espoir d’y trouver des trésors. L'entrée pratiquée à ce moment est actuellement obstruée. La porte naturelle se trouve à environ 12 mètres de la base dans la partie nord.
Un grand couloir vouté conduit à la chambre funéraire, qui se trouve placée à 27 mètres en dessous de la base et 40 mètres du point d'entrée. Mariette soutenait que c'était une fausse chambre destinée à tromper les voleurs. Un passage supérieur conduit au centre de la Pyramide et amène à la chambre de la reine. Mariette fait observer que l'entrée de la grande galerie était fermée, de sorte que les visiteurs pouvaient parfaitement ignorer cette partie de la Pyramide. La grande galerie a 46 mètres de longueur sur 2,13 de largeur et 8,50 de haut. C’est elle qui conduit à la véritable chambre où reposait la momie du roi. Dans cette chambre on a trouvé les restes d’un sarcophage en granit rouge. 

Une légende dit que la plus petite Pyramide, celle de Micérinus, a été construite par une princesse qui se procurait des ressources par des procédés douteux. Une autre version, dit qu’elle est due à Rodophis, mais elle doit être attribuée à Micérinus. C’est ce dernier auquel les dieux avaient révélé qu’il n’avait que dix ans à vivre. Aussi, pour doubler cette période il eut l’artifice de changer la moitié des jours en nuits.
Voici la traduction de l'inscription qui se trouve sur le couvercle du sarcophage de Micérinus découvert dans la troisième Pyramide :
“Ô Osiris, Seigneur des deux terres, Menkera qui vis éternellement, fils du ciel, né du sein de Nut, engendré de Gabou ; ta mère Nut s'incline vers toi du haut du ciel. Elle t’a fait un dieu et a anéanti tes ennemis. Ô roi Menkera qui vis éternellement."


 


vendredi 26 octobre 2018

"Les pyramides de Khéops, Khefren et Mycerinus (...) constituent chacune un chef-d'œuvre de construction" (Gustave Jéquier)

 
photo Marc Chartier
Extraits de l'Histoire de la civilisation égyptienne, de Gustave Jéquier (1868-1946).
Cet égyptologue suisse fut l'élève de Gaston Maspero à l'École des Hautes Études, dont il fut diplômé en 1892. Parti peu après pour l'Égypte, il collabora aux fouilles de Dashour, dirigées par Jacques de Morgan. Au cours d'un bref séjour en Iran où
il suivit de Morgan, il mit au jour, en 1901, le fameux Code de Hammurabi. De retour en Égypte, il participa à des fouilles à Saqqarah, Daschour, Licht, Mazghouna...
En 1913, il publia son Histoire de la civilisation égyptienne, "un petit volume de quelque trois cents pages (qui dresse) le bilan de nos connaissances touchant l'histoire de la civilisation égyptienne. Clair, de lecture facile et complété par une illustration bien choisie, ce livre sans prétention atteste le souci qui anime alors Jéquier de mettre l'égyptologie à la portée d'un public auquel - il le dit dans sa préface - il souhaite inculquer des idées plus nuancées que celles qui avaient cours alors touchant le pays des pharaons." (éloge funèbre prononcé par le président de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

"Sous la IVe dynastie le premier tombeau que se fit construire Snefrou, celui de Meïdoum, tient encore du mastaba plus que de la pyramide, mais ce fut le même roi qui adopta peu après le type définitif de la pyramide à base carrée et à faces triangulaires, avec le monument qu’il édifia dans le désert de Dahchour ; les chambres, très petites, sont à peu près au niveau du sol, ensevelies sous l’énorme masse de maçonnerie, et on y accède par un couloir en pente débouchant à mi-hauteur de la face nord du monument.
Les successeurs de Snefrou reprirent ce modèle de monument funéraire et l’adoptèrent pour eux-mêmes sans en modifier les grandes lignes, mais en y apportant des perfectionnements notables ; les problèmes techniques les plus difficiles furent résolus avec une précision merveilleuse dans les pyramides de Khéops, Khefren et Mycerinus qui constituent chacune un chef-d'œuvre de construction, et les dimensions colossales - la plus srande mesurait plus de 146 m. de hauteur sur 227 m. de côté - ne nuisent pas à la perfection des détails. Un revêtement de calcaire fin et de granit bien poli recouvre la maçonnerie disposée en assises régulières de blocs énormes : au-dessus des chambres, des chambrettes de décharge sont destinées à soulager leur toiture du poids considérable qui aurait pu les écraser ; des conduits d'aération traversent le massif tout entier ; chambres et couloirs sont tapissés de blocs gigantesques, soigneusement polis et si admirablement appareillés qu'on ne peut encore maintenant introduire une pointe de couteau dans les joints ; en plusieurs points, des herses de granit placées dans un logement spécial, retombaient après l'inhumation pour obstruer définitivement le couloir dont l'issue à l'extérieur était fermée par un bloc de revêtement semblable aux autres. 

Au milieu de la face est s'élevait la chapelle, centre du culte funéraire, avec son sanctuaire, sa cour-péristyle, ses vestibules, ses magasins, et au delà, de petites pyramides recouvraient la dépouille mortelle des membres de la famille royale. Un grand mur de pierre, formant une vaste enceinte carrée, entourait cet ensemble et l’isolait du terrain environnant ; une allée couverte descendait de la porte de la chambre funéraire du côté de la vallée, jusqu'à un monument qui servait de portique d'entrée et qui atteignait parfois des dimensions imposantes, comme celui de la pyramide de Khefren, mieux connu sous le nom de temple du Sphinx, avec ses énormes piliers de granit rose et ses murailles d’albâtre."

jeudi 4 octobre 2018

"Les textes de la pyramide de Pépy Ier ", par Bernard Mathieu

Les parois inscrites des appartements funéraires de la pyramide de Pépy Ier, troisième pharaon de la VIe dynastie (c. 2330-2280), livrent le plus vaste ensemble de Textes des Pyramides actuellement connu. Fondée sur la publication de ces textes en fac-similés (MIFAO 118/1-2), dont une 2e édition est parue en 2010, la présente traduction intègre les compléments fournis notamment par la pyramide de Mérenrê et celle de la reine Ânkhesenpépy II, découverte en 2000 par la Mission archéologique franco-suisse de Saqqâra (MafS).
La traduction de près de 800 formules, dont 81 formules « nouvelles » (TP 1001-1081), est précédée d’une présentation générale de l’ensemble du corpus.
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The inscribed walls of the inner chambers and corridors of Pepy Ist’s pyramid, the third Pharaoh of the VIth Dynasty (c. 2330-2280), offer the largest set of Pyramid Texts known. Based on the previous publication of these texts in facsimiles (MIFAO 118/1-2), a 2nd edition of which came out in 2010., the present translation includes additional material, especially from Merenre’s and queen Ankhesenpepy II’s pyramids, the last one discovered in 2000 by the French-Swiss archaeological Mission of Saqqâra (MafS). The translation of about 800 spells, including 81 “new” ones (PT 1001-1081), is preceded by a general presentation of the whole corpus.


2018 IFAO
Collection: MIFAO 142
1 vol., 668 p.
 


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