mercredi 31 juillet 2013

Preuves architecturales et topographiques à l’appui, Jean-Pierre Houdin est convaincu que le Sphinx de Gizeh représente le roi Kheops

Le plateau de Gizeh est depuis une quinzaine d’années, pour Jean-Pierre Houdin, un terrain d’études particulièrement riche et fécond. L’architecte y a notamment porté son attention sur la star du site : la Grande Pyramide, à laquelle il a consacré une théorie évolutive, développée dans Kheops Révélé, puis Kheops Renaissance, deux volets d’une même reconstitution du chantier de construction de cette “merveille” de pierre, dont Pyramidales s’est amplement fait l’écho.

Jean-Pierre Houdin
Élargissant son regard sur l’ensemble du plateau, mais sans pour autant s’éloigner de son “chantier” de prédilection, Jean-Pierre Houdin n’a pu qu’intégrer dans ses recherches une autre pièce majeure du grand puzzle que représente le site de Gizeh : le Sphinx. Avec, en filigrane, ces questions récurrentes : que représente cette colossale sculpture ? à quel roi doit-elle être rattachée ?

Fidèle aux techniques et enseignements de son métier de bâtisseur, Jean-Pierre Houdin ne se risque pas à emboîter le pas au “mode opératoire” des égyptologues ou autres archéologues patentés. À chacun son métier... Il entend d’abord, tout en étant averti des développements desdits égyptologues, faire “parler” la topographie du plateau, celle-ci ne pouvant qu’évoluer, au gré des conditions climatiques et de la progression du chantier de Gizeh (creusement de carrières, mise en place des voies de transport des matériaux, construction des pyramides et présence, à un moment donné, d’un certain... Sphinx !).
Au terme de l’étude, le constat s’imposera : le Sphinx est indissociable de Kheops. Mais n’anticipons pas...
Jean-Pierre Houdin a accepté de décrire son cheminement, en exclusivité pour Pyramidales (version française) et Em Hotep (version anglaise), sous forme d’une interview menée, non pas dans un face-à-face, mais via un échange de correspondances écrites. Vu le caractère technique des développements abordés, cette méthode s’imposait. Elle expliquera également le caractère parfois “didactique” des réponses apportées, souci de clarté oblige.



Pyramidales :
Jean-Pierre Houdin, depuis près d’une quinzaine d’années, vous “fréquentez” le plateau de Gizeh. Celui-ci a accaparé votre curiosité d’architecte-chercheur, avec une attention - une prédilection ? - toute particulière pour la star de ce plateau : la Grande Pyramide, dont vous avez, avec tous les détails techniques indispensables, reconstitué le chantier de construction.
Ce faisant, vous avez également intégré dans vos recherches la pyramide de Khephren et sa Chaussée Monumentale, celle-ci chevauchant une première chaussée construite par les bâtisseurs de la pyramide de Kheops pour l’acheminement des matériaux, notamment des monolithes, nécessaires à cette construction.
Et le Sphinx dans tout cela ? Il attire l’attention des touristes, au point de souvent voler la vedette aux pyramides elles-mêmes.
Quelle place tient-il dans vos recherches ?


Jean-Pierre Houdin :
Avant tout, Cher Marc, je vous remercie vivement de me donner une nouvelle fois l’occasion de parler de mes travaux, qui finalement sont encore parfois perçus par le public comme n’étant seulement qu’une théorie de plus, la théorie de la rampe intérieure, au sujet de la construction de la pyramide de Kheops. Comme vous le faites remarquer, mon but, bien au contraire, est de dépasser le stade purement théorique en cherchant à répondre dans les moindres détails à toutes les questions liées à la construction d’un chantier de cette envergure, en attendant la découverte d’une preuve scientifique irréfutable suite à une mission sur place. Je n’étudie donc pas la pyramide de Kheops comme un objet en soi, ce que la plupart des théoriciens font, mais comme un monument intégré dans son environnement, tel que les concepteurs l’ont pensé à l’époque et comme tout architecte le ferait de nos jours.
De plus, comme vous le savez, au fil des ans et suite à Kheops Révélé et Kheops Renaissance (www.3ds.com/kheops), mon partenaire Dassault Systèmes a noué de solides relations avec le MFA Boston et Harvard sur le projet GIZA 3D du Dr Peter Manuelian, égyptologue et professeur dans cette prestigieuse université (http://giza3d.3ds.com/#discover).
Ce projet, basé sur des archives liées aux fouilles de l’égyptologue américain George Reisner sur le Plateau de Gizeh, est réalisé par la même équipe que celle avec laquelle je travaille sur Kheops. Je m’y intéresse donc de près, car ce projet a bien évidemment des retombées sur mes propres travaux de recherche.
Dans une interview publiée sur votre blog le 21 février 2011, que je recommande de lire ou relire avant d’aller plus loin (Pyramidales), je faisais une incursion dans l’environnement de la Grande Pyramide en révélant que la Chaussée Monumentale de Khephren avait pour fondation une rampe existante réalisée pour le chantier de Kheops. Cette rampe, que j’appelle la rampe du port, servait au transport, depuis le port jusqu’à la base de la rampe extérieure principale, des poutres de granit destinées aux plafonds de la Chambre du Roi ; elle servait également au transport des blocs de calcaire local extraits des carrières ouvertes de part et d’autre de celle-ci.



© Jean-Pierre Houdin / Dassault Systèmes


Une parfaite utilisation de la topographie du Plateau


A l’époque, j’étayais mon propos en mettant en avant un indice découvert a posteriori et parfaitement vérifiable : la présence d’une section “maçonnée” au beau milieu du couloir horizontal, creusé profondément dans le socle rocheux, qui relie l’entrée à la chambre funéraire de la pyramide de Khephren. Cette section construite se trouve dans le prolongement de la rampe du port, exactement à l’endroit où je situe la tranchée, creusée dans le socle rocheux, qui aurait servi de glissière pour un système à contrepoids identique à celui de la Grande Galerie dans la pyramide de Kheops.


Lors de la construction de la pyramide de Khephren, la section maçonnée aurait été rendue nécessaire à cause de la présence de ce vide coupant le parcours du couloir d’accès.

© Jean-Pierre Houdin d’après Mark Lehner


La tranchée existante a obligé à construire
une partie du couloir souterrain en maçonnerie




La partie maçonnée, sol, murs et plafond, est bien visible sur cette photo

Témoignant d’un grand savoir-faire de la part des topographes et des géomètres de l’époque, cette rampe du port, parfaitement rectiligne et tracée pour suivre au plus près la pente du terrain, ne nécessita que très peu d’apports en matériaux pour maintenir sa pente constante. Elle coupait littéralement le Plateau en deux parties, le futur Sphinx se retrouvant de fait dans sa partie nord, dans un espace qui s’inscrivait naturellement dans le domaine de Kheops dès le début du chantier. Étant donné que j’étais au courant de la polémique concernant le visage du Sphinx et l’identité du roi qu’il était censé représenter, Khephren ou Kheops, le Sphinx entrait ipso facto dans mon champ d’investigation.

                                              
Khephren ou Kheops ?


Pyramidales :
On a tout dit, tout écrit sur le Sphinx, des théories les plus ésotériques aux tentatives d’explication censément plus scientifique sur son origine, sa construction, son âge, sa fonction.
Remarquons toutefois, en passant, que ni Hérodote, ni Strabon n’y ont fait allusion dans leurs écrits...
Tout d’abord, on peut se poser la question de sa présence, pour le moins insolite, voire incongrue, sur le plateau de Gizeh. Il semble, telle une pièce rapportée en périphérie de l’harmonieuse disposition du site, n’avoir aucun lien avec les pyramides...



Jean-Pierre Houdin :
C’est un fait que le Sphinx a fait, et continue à faire couler beaucoup d’encre, pour le meilleur comme pour le pire. Vous connaissez mon côté rationnel et vous imaginez bien que je suis convaincu depuis toujours que cette énigmatique statue mi-homme mi-animal est en total rapport avec les pyramides de Gizeh et que toutes les théories alternatives à son égard ne peuvent avoir aucune crédibilité à mes yeux. Vouloir faire remonter son origine à plus de 10.000 ans, en mettant en avant des arguments très mal étayés, ou vouloir lui attribuer des liens avec une civilisation prétendument disparue, sont des désirs relevant plus du domaine de l’imaginaire exacerbé que de la réalité scientifique.
Qu’Hérodote ou Strabon n’évoquent pas le Sphinx, cela n’est pas étonnant, car leurs récits sont plus que succincts. Lorsque ces deux illustres voyageurs sont passés sur le Plateau de Gizeh, on peut penser que leurs guides respectifs n’ont même pas évoqué ce bout de rocher plus ou moins enseveli qui ne supportait pas la comparaison avec les mastodontes de pierre qui trônaient plus haut sur le site. Le Sphinx serait ainsi passé en pertes et profits dans leurs récits.


À l’opposé, Pline l’Ancien, ayant vécu juste après Strabon, nous donne une description assez précise du Sphinx, du moins quant à ses dimensions, dans son Histoire Naturelle écrite au début de notre ère.
C’est un fait que le Sphinx semble être une “pièce” supplémentaire sur le Plateau. Pourquoi a-t-il été sculpté et pourquoi à cet endroit précis ? Je pense que le tracé de la rampe du port a dû avoir une grande influence sur sa création. Le Sphinx n’a pas été taillé dans une butte comme certains l’évoquent, mais dans une excroissance rocheuse qui s’est retrouvée dans un espace clos délimité au nord par la pyramide de Kheops, à l’ouest par la rampe de chantier extérieure, au sud par la rampe du port et à l’est par le port de livraison des matériaux.



© Jean-Pierre Houdin / Dassault Systèmes

L’excroissance rocheuse à l’origine de la tête du Sphinx (à droite en bas du trait rouge)
s’est retrouvée dans un espace clos


Ce type d’excroissance (yardang) est dû à la moindre érosion d’une strate d’un calcaire plus dur inséré dans la stratification générale. Curieusement, et peu de gens le remarquent, on en trouve toujours sur le site de Gizeh, particulièrement au sud, sur la colline aux Corbeaux sur l’autre versant du wadi.

Pyramidales :
Avant d’aborder l’épineuse question de l’éventuel “lien” du Sphinx avec telle ou telle pyramide, on peut se demander pour quelle raison le Roi bâtisseur concerné - quel qu’il soit - s’est lancé dans pareille construction qui devait “distraire” peu ou prou les bâtisseurs de leur chantier prioritaire : achever, en temps et en heure, et de la manière la plus parfaite possible, la dernière demeure royale.
Quelle pouvait bien être, selon vous, la fonction, ou l’utilité, de ce monstre de pierre ?
Les deux chantiers de construction - celui de la pyramide et celui du Sphinx - ont-ils été menés de front ?
Jean-Pierre Houdin :
Je reviens aux excroissances de la colline aux Corbeaux dont je viens de parler ; il y en a une qui, vue depuis le bas de la Chaussée Monumentale de Khephren, fait penser de loin à un lion couché sur ses pattes. De plus, l’excroissance calcaire dans laquelle la tête du Sphinx a été sculptée se trouvait en contrebas des carrières principales du chantier, tout près du port. Tous ces éléments ont-ils contribué à donner l’idée à l’un des architectes d’ouvrir une petite carrière complémentaire autour de cette excroissance tout en conservant un noyau central pour créer un animal mythique à l’effigie du roi qui marquerait et garderait les lieux, qui sait ?
Toute création, toute novation trouve souvent sa racine à partir d’un contexte particulier, d’un élément déclencheur.


   

Le Sphinx et dans le fond la Colline aux Corbeaux et ses excroissances


   
A gauche, l’excroissance de droite de la Colline retournée dans le sens du Sphinx


   
                                          
Cette même excroissance (de profil) et la tête du Sphinx (de face)


Une fois le concept entré dans les esprits, la construction d’un Temple pour les offrandes devenait un complément logique à la fonction mystique du Sphinx.
À partir du moment où une nouvelle carrière était ouverte, la seule contrainte supplémentaire était de garder le noyau central dans lequel le corps du Sphinx allait être sculpté et suffisamment de blocs pour construire le Temple ; les blocs extraits en surplus étaient envoyés sur le chantier et participaient de fait à la construction elle-même, comme n’importe quel autre bloc des carrières voisines.
Il n’y a finalement que les travaux de sculpture qui ont nécessité une main-d’œuvre qualifiée et je pense qu’il devait y avoir de très bons sculpteurs parmi les carriers, un métier très différent des maçons travaillant à la pyramide elle-même. De plus, et je vous en parlerai certainement plus loin, le planning de réalisation du Sphinx coïncida avec la forte diminution des besoins en blocs de calcaire, ce qui a libéré de nombreux carriers. Je ne vois donc pas d’incompatibilité technique ou humaine à mener les deux chantiers de front.

Pyramidales :
De très nombreuses cartes postales, illustrant le plateau de Gizeh, montrent le Sphinx au premier plan, sur fond de pyramide de Khephren, laissant à penser que les deux sont indissociables. La perspective, il est vrai, - j’allais dire : l’alignement - s’y prête.
Partagez-vous cette association entre les deux monuments ? Ou bien le Sphinx a-t-il une autre “paternité” ?



Jean-Pierre Houdin :
Lorsque j’ai commencé à étudier les pyramides, j’ai bien entendu remarqué très vite que le Sphinx et la pyramide de Khephren volaient un peu la vedette à la pyramide de Kheops, au point que souvent, on trouvait dans les médias une photo mettant en scène les deux premiers pour illustrer la “Grande Pyramide”. L’angle de prise de vue est largement influencé par la manière dont les visiteurs ont abordé depuis des décennies cette partie du Plateau de Gizeh, à savoir par l’est, ce qui a créé une association d’idées dans l’esprit du public.


© Jean-Pierre Houdin

Le Sphinx semble faire partie du complexe funéraire de Khephren, et pourtant…


Je n’ai pas du tout été convaincu par les arguments de ceux qui attribuent le Sphinx à Khephren, arguments fondés à la fois sur sa position par rapport à la pyramide de ce dernier et sur une reconstitution 3D de son visage qui me semble basée sur un a priori. Je trouvais la morphologie du visage, avec une mâchoire carrée, beaucoup plus proche de celle de Kheops, tandis que les textes anciens décrivent un nez camus, comme on peut le voir sur la statuette de ce roi au musée du Caire, donc tout le contraire du nez droit de Khephren.
Les travaux du Pr Dr Rainer Stadelmann me paraissaient plus convaincants (voir annexe), car en plus de ce que je viens de dire, ils prenaient en compte la topographie du Plateau.
De son côté, le Dr Vassil Dobrev attribue aussi le Sphinx à Kheops mais comme une réalisation de son fils Djedefre en hommage à son père. Pour moi, cette dernière proposition implique un autre élément pouvant faire débat, mais intéressant, comme une possible régence de Djedefre dans les dernières années du règne de Kheops. N’étant pas égyptologue, je ne pouvais pas argumenter sur ce point, mais je voulais mener ma propre “enquête” afin d’apporter une preuve architecturale supplémentaire au fait que le Sphinx représente bien le roi Kheops.



Revenons au Plateau de Gizeh et analysons la topographie : si la rampe du port et les carrières au nord de celle-ci n’avaient pas existé au moment de la construction de la pyramide de Khephren, la Chaussée Monumentale reliant le Temple de la Vallée au Temple Haut de Khephren aurait pu être parfaitement alignée sur l’axe ouest/est sans demander plus de travaux qu’à l’emplacement actuel. C’est d’ailleurs le parti qui a été pris par les concepteurs de la pyramide de Mykerinos ; la seule exception aurait alors été la Chaussée Monumentale de Kheops qui, en raison de la topographie dans son secteur, suit un parcours obliquant vers le nord/est pour profiter d’une cuvette naturelle dans la falaise bordant le Plateau à l’est.


© Jean-Pierre Houdin / Google


La Chaussée Monumentale de Khephren aurait pu être alignée
sur l’axe ouest/est comme celle de Mykerinos



© Jean-Pierre Houdin / Giza Archives


La topographie du terrain se serait très bien prêtée à la réalisation
d’une Chaussée Monumentale sur l’axe ouest/est pour Khephren ;
le Temple de la Vallée aurait alors été construit au nord du Temple du Sphinx,
ce dernier se retrouvant quant à lui au sud de la Chaussée Monumentale.


Un autre élément prend toute son importance : l’architecture des Temples funéraires que l’on trouve sur le Plateau et la façon dont les chaussées monumentales respectives y pénètrent.
Quand on regarde les Temples de Khephren, on remarque que la Chaussée ne pénètre pas dans les Temples d’une façon logique, mais qu’il a fallu l’adapter à une situation existante : la présence de la rampe du port du chantier de Kheops. Elle ne pénètre pas dans l’axe des temples, mais sur un côté des façades correspondantes. En fait, il manquait très peu pour que la chaussée pénètre dans l’axe des Temples, mais pour y parvenir, il aurait fallu faire pivoter très légèrement son axe ; le problème aurait alors été que cette chaussée serait sortie de la fondation existante à chaque extrémité. Par ailleurs, concernant l’architecture des Temples, on voit que celle-ci est massive, lourde, le ratio vides/pleins étant très nettement marqué au profit des pleins. On pourrait la qualifier d’architecture de "pleins".


    

© Franck Monnier


Pénétration de la Chaussée de Khephren dans le Temple de la Vallée (à gauche)
et le Temple Haut (à droite).


A contrario, et bien que la Chaussée Monumentale de Kheops soit en biais, celle-ci se raccroche au Temple Haut sur l’axe ouest/est de la pyramide. L'architecture intérieure est très aérée : c’est une architecture de "vides" ; elle est antérieure à celle des Temples de Khephren.


© Franck Monnier


Pénétration de la Chaussée de Kheops dans le Temple Haut


Maintenant, regardons l’entrée du Temple Haut de Mykerinos : la chaussée est droite et perpendiculaire au Temple Haut et se raccroche dans l'axe de celui-ci et de la pyramide (ouest/est). L'architecture est également massive, lourde : c’est une architecture de "pleins", comme celle des Temples de Khephren, montrant bien une postériorité à ceux-ci.


© Franck Monnier


L’architecture du Temple Haut de Mykerinos est plus en phase
avec celle des Temples de Khephren


Enfin, lorsque l’on compare l’architecture des trois Temples suivants : Temple du Sphinx, Temple de la Vallée de Khephren et Temple Haut de Kheops, on perçoit bien que le premier a été construit antérieurement à celui de Khephren car on y retrouve le même style d’architecture aérée que celui du Temple Haut de Kheops.

D’après Jean-Philippe Lauer


A gauche, une architecture massive, à droite une architecture aérée

     

D’après Jean-Philippe Lauer


Un même style architectural aéré pour les Temples du Sphinx (à gauche)
et de Kheops (à droite)


Deuxième partie