Reconstitution 3D : vue schématique du "vide" derrière la face Nord de la Grande Pyramide |
cliché ScanPyramids |
En novembre 2015, plusieurs anomalies thermiques avaient déjà été détectées par le spécialiste des mesures infrarouges Jean–Claude Barré (France), dont l’une, très significative, sur la face nord de la Grande Pyramide, dans la zone où quatre chevrons visibles surplombent le couloir descendant.
Une campagne de 3 fois 24 heures a été conduite par l’université Laval (Canada) afin de confirmer l’intérêt de cette zone. Celle-ci comporte différents blocs de mêmes composition et orientation, censés présenter un comportement thermique similaire. Or, ce ne fut pas le cas.
Ces résultats ont convaincu l’équipe de ScanPyramids de poursuivre l’examen de la zone “suspecte” avec des techniques complémentaires.
L’analyse et la reconstruction 3D de cette zone ont été effectuées grâce à l’aide et à l’expertise de la Fondation Dassault Systèmes et de la société Emissive.
Les nombreuses questions soulevées ont conduit ScanPyramids à lancer une campagne complète de muographie dans le couloir descendant qui se trouve juste au-dessous.
À l’achèvement de la pyramide, il y a 4500 ans, les chevrons étaient invisibles, cachés derrière une couche de blocs qui ont été démantelés au cours des siècles. Aujourd’hui, on peut toujours voir, dans la zone, des portions de blocs et des assises obliques, sans doute les vestiges de chevrons manquants qui devaient couvrir une sorte de cavité avant que les pierres ne soient retirées.
Par ailleurs, dans la pyramide, il existe des chevrons dans deux autres endroits : au-dessus de la Chambre du Roi et au-dessus de la Chambre de la Reine. Dans l’architecture antique, les chevrons ne sont pas un décor, ils ont une fonction pratique. Ils protègent une cavité et préviennent l’effondrement de son toit.
D’où la question qui se pose ici : pourquoi tant de chevrons pour protéger une zone si réduite que le début du couloir descendant ?
L’équipe ScanPyramids a donc validé le recours à la muographie pour observer l’intérieur de la pyramide dans la zone des chevrons. Les muons, des particules cosmiques, ont déjà prouvé leur efficacité pour détecter des cavités à l’intérieur de structures massives (volcans, centrales nucléaires, pyramides...). L’équipe a donc décidé d’utiliser cette technique pour observer la zone derrière les chevrons.
En juin 2016, trois plaques d’aluminium contenant des films à émulsion sensible aux muons ont été installées en bas du couloir descendant dans le but de “voir” d’éventuelles cavités au-dessus. Les films ont collecté des données durant 67 jours avant d’être analysés à l’université de Nagoya (Japon).
Les techniciens de l'Université de Nagoya spécialistes de la muographie |
Cette valeur est communément utilisée en physique des hautes énergies comme le seuil permettant de valider une découverte. L’excès a une forme de ligne droite.
Après avoir mis en œuvre ces trois techniques complémentaires, ScanPyramids peut donc confirmer l’existence d’une “cavité”, cachée derrière la face Nord de la Grande Pyramide, qui laisse deviner un ou plusieurs couloirs superposés qui s’enfoncent dans le cœur de la pyramide. La forme précise, la taille et la position exacte de cette structure doivent encore être affinées. Pour ce faire, 12 nouvelles plaques sensibles aux muons ont été installées. Elles seront retirées à la fin du mois d’octobre 2016.
L’équipe de ScanPyramids va aussi recourir, pour cette nouvelle phase d’investigation, à la modélisation 3D de différentes hypothèses architecturales qui seront testées dans des simulateurs muoniques.
L’équipe de ScanPyramids va aussi recourir, pour cette nouvelle phase d’investigation, à la modélisation 3D de différentes hypothèses architecturales qui seront testées dans des simulateurs muoniques.
photo Marc Chartier |
Le télescope à muons du CEA |
Autour de la zone de l’encoche N2, les télescopes ont mesuré un excès statistiquement significatif de muons (6,3 sigmas). Cet excès est parfaitement compatible avec les caractéristiques de la cavité connue (C2). Ce qui valide le fonctionnement des instruments. La cavité en question se trouve à 6 mètres de profondeur sous la surface actuelle de la pyramide.
L’équipe de ScanPyramids continue d’acquérir des données muographiques à l’intérieur de la Chambre de la Reine, au coeur de la Grande Pyramide, avec des films sensibles aux muons et un scintillateur électronique installé par le KEK (Japon). Les résultats sont attendus pour le premier trimestre 2017.
L'équipe de ScanPyramids inspectant la face Nord de la Grande Pyramide |
1. Pour la première fois dans l’histoire, des techniques complémentaires fondées sur les muons, l’infrarouge et la modélisation 3D ont été utilisées pour “scanner” la Grande Pyramide de Gizeh.
2. L’équipe de ScanPyramids peut confirmer la présence d’une cavité inconnue sur l’arête Nord–Est de la pyramide, à une hauteur d’environ 105 mètres du sol.
3. L’équipe de ScanPyramids peut confirmer la présence d’une cavité inconnue derrière les chevrons au–dessus du couloir descendant de la Grande Pyramide. Sa forme précise, sa taille et sa position exacte sont encore à affiner.
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