Dans son ouvrage Le Bouquet sacré, composé de roses du Calvaire, des lys de Bethléem, des jacinthes d’Olivet (2e édition, 1722), le Père Jean Boucher (env. 1560-1631), Mineur Observantin, n’échappe pas à la règle. Il y fait mention des “montagnes de Pharaon”, qu’il a sans doute contemplées lors du voyage qu’il entreprit, en 1611, pour se rendre à Jérusalem.
Le récit pouvait difficilement être plus bref. De surcroît, il comporte d’étonnantes erreurs sur l’orthographe des noms propres.
Selon toute vraisemblance, à une certaine époque, les pyramides n’étaient considérées que comme une curiosité, qu’il fallait avoir vue au moins une fois dans sa vie, sans pour autant se poser les vraies questions sur le comment et le pourquoi de ces merveilles de l’ingéniosité humaine.
Entre toutes ces pyramides, il y en a trois sur les autres éminentes, la première et plus haute desquelles a 170 pas en chaque face de son carré, ayant sa hauteur égale à la largeur de sa base : elle est composée de grandes pierres qui sont ses degrés, chacun d'iceux étant en haut de deux palmes et demie, ce qui rend la montée de la pyramide assez difficile, mais encore plus pour le peu de largeur desdits degrés ; car à peine ont-ils une palme et demie de largeur, et il n'y a qu'où asseoir assez étroitement la plante du pied, ce qui est cause avec sa hauteur démesurée que peu de personnes peuvent monter jusques au haut, d’autant que le cerveau se trouve tout étonné, s'il n'est bien fort. Je ne conseille aux vertigineux d'y aller.
Cette pyramide fut bâtie par Cheope, autrefois roi d'Égypte, en la fabrique de laquelle trois cent mille hommes travaillèrent continuellement l'espace de dix ans, et dépensèrent en oignons seulement mille six cents talents.
La fille de ce roi, nommée Todope, fit bâtir la seconde, et Crebrenus, son frère, la troisième.
Les Égyptiens les appellent les montagnes de Pharaon, estimant qu'il les fit faire par les enfants d'Israël, durant leur dur esclavage et triste servitude.
Mais ils se trompent, car en tout ce temps-là, ils ne furent occupés, comme remarque l’Écriture sainte, sinon que In operibus duris luti et lateris, à faire et cuire des tuiles, et à bâtir trois villes nommées par la même Écriture Piton, Ramassez, Hiélopolis, que quelques-uns croient avoir été cette Tuabes autrefois tant fameuse, dont Héliodore fait mention en son Histoire éthiopienne.”
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