Cette approche personnelle a été publiée par Michel Sélaudoux durant les années 2003 à 2018 sur son site Numerus. Elle est reproduite ici avec l'aimable autorisation de l'auteur.
Gaine : Communication souterraine reliant les éléments d'un ouvrage fortifié. Techn. Galerie de faible section: gaine d'aération (Dictionnaire Larousse).
Le rôle premier d'une gaine est avant tout un rôle de communication.
Nous savons déjà que, par exemple, la gaine Sud de la chambre de la Reine était obturée par un tympan de pierre de 8 centimètres à son extrémité basse, et à son extrémité haute par une porte de pierre
Hypothèse de Communication humaine :
20 centimètres par 20 ne permettent pas le passage d'un homme ni même d'un enfant.
La voix non plus ne peut se propager sur plus de 60 mètres avec un tympan de pierre de 8 centimètres en clôture.
Pas de communication visuelle ou lumineuse puisque la gaine est obturée et, pour la chambre royale, la gaine Nord par exemple n'est pas rectiligne. On ne peut donc pas non plus parler de système de visée d'étoiles.
Hypothèse de Circulation physique d'un liquide ou d'un pulvérulent :
il irait vers le bas qui était obturé par construction. Quant à la ventilation, le fait que les extrémités soient closes élimine également cette hypothèse.
Hypothèse de moyen d'architecte ?
Pour vérifier la stabilité de la construction dans le temps, on pourrait imaginer un son émis dans la chambre de la Reine en frappant sur le tympan de pierre. Ce son serait écouté en partie haute après avoir ouvert la porte de pierre. L'absence de propagation pouvant signifier un éboulement ou une rupture entre les deux. Si j'émets cette hypothèse, c'est par défaut car, à la vérité, je ne pense pas que les constructeurs se seraient astreints à des rapports géométriques si complexes, précis et contraignants dans leur mise en oeuvre pour un tel objectif.
Hypothèse de rôle cultuel ou magique pour les défunts ? (A supposer qu'il y en eut) :
pour les mêmes raisons que ce qui précède, je n'y crois guère.
Examinons la géométrie des gaines... qui ne sont pas symétriques pour la chambre du Roi dont l'axe vertical est décalé de 22 coudées, mais qui débouchent à un même niveau externe.
Pour la gaine Sud de la chambre de la Reine, le robot upuhaut a mesuré une pente moyenne de 39 degrés et 60 centièmes ou 39 degrés et 36 minutes. La pente des faces extérieures de la pyramide est de environ 51 degrés 25. La somme des deux serait donc de 90 degrés. Pouvons-nous en conclure que la volonté architecturale était qu'elles soient respectivement perpendiculaires ou que cela résulte de la mise en oeuvre du rapport 7/9 avec usage des trames de construction? (Dans ce cas l'angle serait de 89° 17 minutes).
Mais nous pouvons surtout dire que la pente de cette gaine qui, si elle était prolongée, correspondrait dans un même plan à un point de la grande descenderie serait l'origine du triangle rectangle construisant le rapport 7/9.
La gaine Sud de la chambre Royale a pour sa part une pente de 45 degrés. Ce n'est pas neutre non plus. Si cette gaine était prolongée, elle correspondrait dans un même plan au même point de la grande descenderie que la gaine Sud de la chambre de la Reine. Ce ne peut être un hasard là non plus. Encore moins si il est constaté que ce point est à l'aplomb du début de la grande galerie.
Quant à la gaine Nord de la Chambre Royale, donnée pour une pente d'environ 33 degrés 30 minutes (rapport 2/3), elle fera un angle de 60 degrés avec la grande galerie, elle-même ayant une pente de 26 degrés 30 minutes. (La grande galerie a été réalisée en utilisant le rapport de 1/2 qui génère un angle absolu de 26 degrés et 33 minutes).
Enfin la droite élevée depuis le point de convergence vers la gaine Nord de la Chambre Royale à l'intersection de la gaine et l'axe vertical de la pyramide formera un angle de 90 degrés. (Utilisation d'un rapport identique, à savoir 2/3).
La gaine Nord de la chambre de la Reine qui n'est pas rectiligne n'a été que partiellement explorée mais semble symétrique à la gaine Sud et formerait également un angle de 90 degrés avec la pente extérieure de la pyramide. (Pour ce dernier cas, il ne s'agit que d'une hypothèse).
Les gaines ont été non seulement réalisées avec grand soin et difficultés (et représentent une quantité de travail importante), mais elles sont en relations géométriques particulières entre elles et les autres éléments de la pyramide. Ces relations exactes ne peuvent pas être justifiées uniquement par un usage rituel ou par l'une quelconque des hypothèses que l'on peut habituellement formuler quant à leur fonction.
Alors?
Ces valeurs d'angles si particulières ont-elles été un objectif ou une conséquence de la méthode utilisée pour le concept?
À défaut de réponse pour ce qui est de leur rôle, elles témoignent d'une connaissance parfaite de la géométrie et, qui plus est, de sa mise en oeuvre architecturale dont la pureté du résultat n'a de corollaire que dans la complexité des interactions. Elles s'inscrivent parfaitement dans ce que j'appelle le concept mathématique de Khéops qui n'utilise que des rapports simples, ce avec une méthode de mise en oeuvre aisée.
Ceci peut être rapproché des deux trames qui permettent le tracé de l'ensemble des constructions et qui n'utilisent que les "5 premiers des nombres premiers..."
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Fonction des gaines
Hypothèse nouvelle, février 2019
Aucune réponse satisfaisante à cette question n'a été apportée à ce jour.
Après des années de recherches consacrées à Gizeh, je puis proposer une petite hypothèse, invérifiable en l'état, mais qui a au moins le mérite de justifier l'existence et le rôle de ces
gaines de façon rationnelle et cohérente.
Pourquoi ces gaines ne seraient-elles pas véritablement des gaines de ventilation ?
Je pense qu'il convient de considérer non pas ce qu'elles sont aujourd'hui, mais ce qu'elles étaient lors de la construction et leur utilité.
Prenons l'exemple de la Chambre de la Reine.
Lorsque la Chambre de la Reine était "ouverte" ou "découverte" durant le chantier de construction, il n'y avait pas de problème ni d'éclairage ni de ventilation.
Lorsqu'elle fut recouverte, il fallut s'éclairer (torches ? combustion quelconque?), et dans un tel volume, l'air serait vite devenu irrespirable pour les ouvriers tant par les fumées que par les poussières résultant du travail.
En laissant un bloc ouvert en attente, le bloc évidé, il y avait renouvellement ou évacuation.
Au fur et à mesure du niveau d'élévation et de comblement de la pyramide, la gaine était prolongée.
Lorsque l'éloignement de 100 coudées du plan vertical de symétrie de la pyramide fut atteint avec une altitude de 120 coudées tel que prévu par les concepteurs, une porte ouvrant depuis l'extérieur fut posée, et l'extrémité basse dans la Chambre de la Reine devait demeurer encore ouverte sans son bloc évidé.
Pourquoi?
Simplement pour permettre une ventilation jusqu'à l'achèvement des finitions de la Chambre de la Reine.
Dans cette situation il fallait pouvoir permettre, grâce à la fermeture temporaire de la porte en extrémité haute, que des matériaux de comblement des parties supérieures ou que par
exemple des vents de sable ou de l'eau de pluie (ça arrive !), ne puissent pénétrer et obturer la ventilation, puis ensuite l'ouvrir à nouveau pour reprendre la fonction de ventilation.
Sans cette possibilité d'accès préservée, on peut facilement se représenter l'énormité de travail ou l'impossibilité que pourrait représenter le désengorgement d'une gaine obturée par le sable à plusieurs dizaines de mètres de son orifice!
On peut remarquer que l'orifice haut de la gaine Sud de la Chambre de la Reine fermé par une porte est inférieur au niveau de l'ensemble formé par la Chambre du Roi, donc susceptible d'être accidentellement comblé durant les travaux concernant celle-ci. Ce qui peut éventuellement expliquer que les gaines de la Chambre du Roi qui débouchent à une altitude supérieure aux chambres de décharge, c'est-à-dire aux travaux terminés, n'aient pas nécessité et n'ont fait l'objet que d'un comblement simple de protection et non pas d'obturation... et que pour atteindre le même éloignement de 100 coudées du plan vertical de symétrie de la pyramide, le rapport de pente de 1/1 (45 degrés) soit beaucoup plus aisé que les 5/6 (39°48'20") de la Chambre de la Reine.
Note: Maragioglio et Rinaldi dans les années 1964 avaient évalué la pente à 38°28', pente que le robot de Monsieur Gantenbrink a mesurée pour 39°48'20".
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<- SUD Les dimensions sont exprimées en Coudées Royales. - 1 Cr équivaut -(proportion)- à 0,5236 mètre -(unité de mesure). NORD -> |
Une fois la Chambre de la Reine totalement achevée, le bloc évidé était alors mis en place en final par insertion et scellement.
L'extrémité de la gaine est ainsi close par le tympan de 8 centimètres constitué du fait de l'évidement du bloc.
Les extrémités basses, éloignées à 5 coudées du mur de la face Est à une hauteur de 2,5 à 3 coudées, à l'identique dans la Chambre de la Reine et la Chambre du Roi, pouvaient en cas de nécessité être aisément retrouvées.
Quelle utilité de pouvoir maintenir les gaines fonctionnelles si nécessaire ?
Rien n'établit à ce jour qu'il n'ait pas existé des interconnexions avec d'autres lieux car, et ceci n'engage que moi, si ce que l'on appelle la Chambre Secrète existe, alors elle ne serait pas unique et j'y reviendrai plus tard.
(Rien d'impossible ! Exemple : les appartements de la pyramide de Djéser, même remaniés dans le temps, ne sont-ils pas proches d'un "château de gruyère"?)