jeudi 11 juin 2009

Selon le Duc de Persigny (XIXe siècle), les pyramides furent construites comme un rempart contre l'ensablement du Nil



Illustration extraite de Wikipédia
Jean-Gilbert Victor Fialin, duc de Persigny (1808-1872) était un homme d'État du Second Empire. Ayant fait, en 1835, la connaissance de Louis Napoléon Bonaparte, il participa à ses tentatives de coup d’État en 1836 et 1840, ce qui lui valut d'être condamné à vingt ans de détention par la Cour des Pairs et incarcéré à Doullens. C'est dans les murs de la prison qu'il rédigea son mémoire De la destination et de l'utilité permanente des Pyramides d'Égypte et de Nubie contre les irruptions sablonneuses du désert, publié en 1845, dans lequel il affirme que la fonction des pyramides est de prévenir l'ensablement du Nil.

"Depuis quatre mille ans, les pyramides ne sont comptées que pour des tombeaux ; mais cette croyance même révèle l'existence d'un grand secret et accuse le génie mystérieux des collèges sacrés de l'ancienne Égypte d'avoir dérobé au monde la véritable destination de ces montagnes factices. Des tombeaux qui, d'après le calcul d'un célèbre membre de l'Institut d'Égypte, supposent
chacun presque autant de matériaux, et peut-être autant de travail et de dépense que la construction des plus grandes villes modernes, sont en effet le plus inconcevable mystère de l'histoire. Aussi la raison politique ou religieuse de l'Égypte à faire une question d'État du sépulcre de ses souverains, n'a-t-elle été pénétrée ni par les anciens, ni par les modernes. On a fait mille suppositions pour expliquer ce prodigieux effort de la volonté humaine ; mais, en cela, la science est restée toute conjecturale, et par conséquent on ne sait rien de ce grand secret historique. D'ailleurs, si la plupart des savants et des philosophes se sont contentés de ce banal argument : « Les pyramides renferment des sépultures; donc les pyramides sont des tombeaux, » d'autres savants illustres, Diderot, Bailly, M. Jomard, et presque tous les membres de l'Institut d'Égypte, n'ont vu dans l'usage funéraire des vides intérieurs des pyramides qu'une destination tout à fait accessoire ; et plusieurs d'entre eux ont émis l'opinion que ces monuments cachent un mystère ou scientifique ou religieux.
Ainsi l'hypothèse de la destination des pyramides contre le désert, dégagée de toute considération scientifique, me paraissait déjà plus satisfaisante pour la raison que tous les systèmes dont ces constructions merveilleuses ont été l'objet. Il me sembla que le moment était venu de pénétrer ce grand mystère, et que le sphinx placé au pied des pyramides pour défier la postérité d'en découvrir le secret, allait être enfin confondu.
(...)
Assises sur de si énormes bases et élevées jusqu'aux cieux, les pyramides ne pouvaient être, en effet, de simples barrages ; elles n'avaient été construites massives que pour être éternelles, et peut-être parce que l'art des voûtes n'était pas suffisamment connu des anciens Égyptiens. Mais ces masses prodigieuses cachaient un grand problème de mécanique ; c'étaient d'immenses surfaces
présentées aux vents du désert ; elles avaient pour objet d'opposer au fluide atmosphérique une résistance égale à l'excès de vitesse capable d'entraîner les sables, et devaient être enfin considérées comme de grandes machines aérostatiques, de puissants agents modificateurs des causes météorologiques du fléau."

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