dimanche 27 juin 2010

Quel lien entre les pyramides de Guizeh et le tumulus de Tumiac (Morbihan) ?

Dans son ouvrage, édité en 1887, La création de l'homme et les premiers âges de l'humanité, Henri Du Cleuziou (1833-1896) établit des passerelles culturelles entre les civilisations anciennes, notamment sous l'angle de leurs rites funéraires, de l'Inde à... la presqu'île de Rhuys (Morbihan - France), en passant bien sûr par le plateau de Guizeh.
Dans son argumentation, le fait de situer chronologiquement l'apparition d'Adam "vers l'an 4004" et de donner généreusement aux pyramides égyptiennes "au moins" soixante siècles d'existence laisse a priori supposer que nous serons embarqués dans des considérations simili-historiques faisant place à l'étrange. En fait, l'Atlantide ne sera citée qu'une seule fois, comme en passant, dans les développements de l'auteur.
Henri Du Cleuziou s'efforce surtout de démontrer que l'idée des pyramides n'est pas apparue ex nihilo. Cela, nous le savions déjà, en restant dans le périmètre de la civilisation égyptienne (lien entre les pyramides et les mastabas). Mais l'auteur franchit le pas d'une vision beaucoup plus globale, à partir d'une civilisation antérieure "importée de toutes pièces". Vaste débat !
Quoi qu'il en soit, la ressemblance architectonique que Du Cleuziou relève entre la pyramide de Khéops et le tumulus de Tumiac (communed'Arzon - Morbihan) est pour le moins surprenante.
Le tumulus de Tumiac (86 m de diamètre, 20 m de hauteur) est un monument funéraire de l'époque néolithique, connu également sous le nom de "butte de César" (il aurait en effet, selon une légende, servi d'observatoire à Jules César pendant sa guerre contre les Vénètes en 56 av. J.-C.) Constitué de couches d'argile, il contient une chambre funéraire (4,40 m de longueur, 2,40 m de largeur, 1,75 m de hauteur), construite en pierres sèches et en mégalithes, et couverte par trois dalles.
Selon la datation au carbone 14, le tumulus de Tumiac aurait été érigé entre 4790 et 4530 av. J.-C. (source : Wikipédia)



Texte extrait de La création de l'homme et les premiers âges de l'humanité :
"Les Pyramides de Dahschour et de Sakkarah sont, au dire de Champollion, "les plus anciens monuments construits par la main des hommes dans le monde connu" (Lettres d'Égypte et de Nubie, 1828,1829, p. 364). Elles furent élevées sous les rois de la troisième
dynastie, originaires de Memphis, vers l'an 5318 avant Jésus-Christ.
Celles de Gizeh, qu'on appelle les grandes Pyramides, et qui contiennent les tombeaux de Saophi Ier et de Sen-Saophi, le Chéops et le Chéprem des Grecs, sont un peu plus récentes ; elles ne datent que de la quatrième dynastie, 5121 ans avant Jésus-Christ (Table de Manéthon, p. 269 ; Égypte ancienne, par Champollion-Figeac).
Or, on sait qu'Adam, d'après la chronologie sacrée, ne vint au monde que vers l'an 4004. L'âge de ces monuments remonte donc à une antiquité qui a droit, ce nous semble, à tous nos respects. Ce ne sont pas quarante siècles qui, du haut des Pyramides, nous contemplent, selon le mot fameux du général Bonaparte, mais bien soixante, au moins. "Ruines silencieuses, tombeaux saints, masses formidables, leur aspect, comme dit Volney, ne peut que faire naître dans le cœur de l'homme les leçons utiles, les réflexions fortes, que doit inspirer l'expression première d'une idée sublime, majestueusement tracée par des lignes devenues immortelles."
Ces gigantesques débris sont, pour tout être pensant, profondément vénérables.
La race qui les créa arriva-t-elle du premier coup à combiner ces tailles de pierre, à fabriquer ces plafonds, à creuser ces couloirs, à orienter ces assises, à polir ces granits et ces calcaires ? - Non.
La Pyramide, née de l'imitation de la tombe du scarabée, qui enterre, sous une motte de limon façonnée par ses pattes, son œuf, d'où doit renaître au printemps l'insecte ailé qui s'élèvera vers le soleil (A. Jacquemart, Les Merveilles de la Céramique, p. 12), la Pyramide a eu comme principe un monument plus simple, le tumulus. Ce tertre vert, dont nous retrouvons des traces à l'autre bout du désert (Guillaume Le Jean a signalé des Mégalithes dans son voyage à travers ces contrées inexplorées), ce tertre que nous revoyons chez une autre race, celle des Dolmens, fut l'expression formelle d'une idée, que durent puiser à la même source les Égyptiens et les Aryas (1), religion basée sur le culte des morts, verbe superbe d'immortalité, révélation de nos vrais aïeux.



La butte de Tumiac, dont nous donnons ici une coupe, est une pyramide sans architecture. Qui sait si elle n'est pas plus ancienne que la grande tombe de Chéops ? 
Les Égyptiens des bords du Nil, lorsqu'ils dressèrent les immenses marches de Gizeh, étaient déjà gouvernés par des rois, preuve de décrépitude ; les hommes de la presqu'île d'Arzon, lorsqu'ils accumulèrent les durs cailloux de leur Manè, n'obéissaient encore qu'à des juges : ils étaient restés libres. Appartenaient-ils au même peuple ? C'est ce que nous n'oserions affirmer; mais, à coup sûr, ils dataient d'une époque où l'évolution de la pensée sur la terre se fit jour d'une façon identique, dans ce qui était alors l'humanité.
À la fin de l'époque quaternaire, une révolution colossale eut lieu dans nos contrées. Nous trouvons à ce moment, dit M. de Mortillet, les traces irréfutables de l'invasion chez nous d'une civilisation importée de toutes pièces, installant en maîtresse, sans aucun lien avec celle qui l'avait précédée, se substituant complètement à elle, s'impatronisant de force, l'invasion de la pierre polie. (…)
La science archéologique a le grand tort de se cantonner un peu trop dans l'observation simplement locale des objets et des monuments qu'elle étudie, place par place ; les analyses minutieuses de ses adeptes sont certes très utiles, mais il nous semble qu'il est plus que temps d'essayer d'en faire des synthèses.
La comparaison des nôtres avec les autres peuples du nord, à ces époques lointaines, nous sera devenue facile, grâce à nos musées, à nos collections, conservées secrètes si longtemps, ouvertes maintenant à tous les travailleurs ; grâce surtout aux grandes expositions, qui réunissant les richesses venues de tous les points du globe, provoquent des comparaisons parfaitement lumineuses.
L'Asie, l'Afrique, les grandes îles de la Mer du Sud, nous ont déjà fourni, on le voit, des renseignements tout nouveaux sur les temps qui font l'objet de nos études spéciales. L'Égypte, surtout, perfectionnement superbe du premier élan de l'humanité, à l'origine, nous a déjà permis d'établir la parenté des fellahs, semeurs de blé, bâtisseurs de pyramides, avec les agriculteurs de l'Inde, constructeurs de topes et les laboureurs de France, dresseurs de tombelles. (...) Les monuments de Dahschour et de Giseh nous ont déjà appris ce que furent les Manè de Saint-Michel, de Gavrinis et de Tumiac. Les obélisques de Louxor, pierres du chéri d'Ammon, toujours vivant, nous feront peut-être comprendre le pourquoi des menhirs de Kerveatou, les stèles des vivants à toujours. Et le grand sphinx, accroupi près des hypogées, tête humaine pleine de pensée, corps de lion plein de force, contemplant d'un œil calmé la figure de l'idéale justice, bercé par ce grand bruit d'ailes de l'ureus, esprit qu'entendit un jour le grand croyant ; bête sublime, fécondant de son souffle puissant la nature entière, symbolisée par le Lotus entr'ouvert ; le grand sphinx, plantant la vie dans la mort, nous indiquera que la même pensée d'immortalité surhumaine a traversé le monde, et que le génie celtique, en écrivant au Cap Finistère, au milieu des tombes, cette belle devise : Mervel da veva. mourir c'est vivre, était bien le frère de celui qui inspira jadis les grands penseurs de Thèbes et de Memphis."


Source : Gallica

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