mardi 7 mars 2017

La construction des pyramides égyptiennes en pierres ré-agglomérées : Joseph Davidovits persiste et signe !


Depuis quarante ans, le professeur Joseph Davidovits développe sa théorie relative à la construction des pyramides égyptiennes en y intégrant la chimie des polymères dont il est l’inventeur. Dans son nouvel ouvrage au titre énigmatique Bâtir les pyramides sans pierres ni esclaves ?, il la résume en ces termes : “Les grandes pyramides d’Égypte furent bâties en employant de la pierre ré-agglomérée (du calcaire naturel traité comme un béton géopolymère, puis moulé), et non à l’aide d’énormes blocs taillés et traînés sur des rampes.” Une théorie globale, basée sur le recours à des agrégats de calcaire et à un liant d’alumino-silicate alcalin, qui a fait l’objet de maintes critiques de la part des égyptologues, que l’auteur entend “défier” une fois encore…

Joseph Davidovits, inlassablement, revient à la charge, fort du soutien d’autres scientifiques (Guy Demortier, Michel Barsoum, le paléontologue Martin Oliva...). Il étaie sa démonstration à partir d’arguments qu’il n’avait pas encore publiés et qui reposent sur des analyses scientifiques, des preuves archéologiques, des textes hiéroglyphiques. Pour valider sa démarche, il cite, entre autres démonstrations, la symbolique religieuse (la création par agglomération selon le dieu Khnoum) ainsi que ses observations de certains détails de maçonnerie révélateurs (extrême qualité des joints entre éléments structurels des pyramides, densité plus légère de ces blocs et présence d’humidité résiduelle, le mode de fabrication polymère nécessitant l’imprégnation des agrégats dans l’eau). Il se réfère surtout au résultat de ses analyses physico-chimiques en laboratoire, dont celle de deux échantillons qui lui ont été confiés par l’égyptologue français Jean-Philippe Lauer, l’un provenant de la pyramide de Khéops, l’autre de celle de Téti.

Plus surprenante, plus inattendue dans l’évolution de la démonstration proposée par Joseph Davidovits : la présence d’Hérodote et de Diodore de Sicile ! Ces deux historiens de l’antiquité égyptienne sont bien connus des pyramidologues. Notre auteur les convoque à la barre pour qu’ils témoignent en sa faveur. Ainsi d’Hérodote avec sa mention, dans le livre II de son Histoire, de la “pierre polie” qui est “une caractéristique de la pierre agglomérée” ; ou encore des “courts morceaux de bois” qui ne sont nullement indicateurs d’un quelconque “dispositif” élévateur, mais bien des “moules” ou “conteneurs” indispensables au processus de la réagglomération.

La lecture interprétative du texte d’Hérodote est ainsi la suivante : "Voici comment fut construite cette pyramide: d’abord une succession de degrés (par agglomération de la pierre), que certains appellent krossai (khusi) et d’autres bômides (pierre faite comme un autel) ; quand la pyramide fut construite sous cette forme, on éleva le reste des pierres à l’aide de conteneurs (moules) faits de morceaux de bois courts ; on les élevait de terre à la première assise des degrés ; la pierre, montée là, était placée dans un autre conteneur (moule) dressé sur la première assise ; de cette première assise, elle était amenée à la seconde et placée dans un autre conteneur (moule). Car, autant il y avait d’assises de degrés, autant il y avait de conteneurs (moules) ; ou bien le même conteneur (moule), unique et facile à transporter, était installé successivement sur chacune des assises, après que chaque fois la pierre en avait été retirée ; nous devons en effet présenter la chose des deux façons, comme on la présente."

Quant au récit de Diodore de Sicile, dans le livre I de sa Bibliothèque historique, il “suppose que l’eau du Nil arrivait sur le site [des pyramides] à l’aide de canaux afin de désagréger le calcaire et le natron, conformément aux procédés [de la réagglomération].”

Bref ! la théorie des pierres moulées in situ trouve une étonnante ancienneté : “Les récits d’Hérodote et de Diodore, une fois débarrassées des quelques informations légendaires qu’ils comportent, ne viennent plus du tout soutenir les théories standard, mais représentent un document historique démontrant la validité de notre découverte.

Il est probable que d’aucuns qualifieront un tel recours à ces pages d’histoire la plus ancienne de plaidoyer pro domo. C’est, dirions-nous, “de bonne guerre” dans ces milieux spécifiques de l’égyptologie où les divergences d’analyses et de points de vue prennent régulièrement une tournure d’affrontements directs par théories interposées.

Pour le professeur Davidovits, les données atteignent le summum de la complexité dans la mesure où il s’est vu opposer un “refus catégorique” à sa demande de prélèvement d’échantillons sur les pyramides afin de les soumettre à des analyses au demeurant encore plus concluantes. Mais qu’importe en définitive, puisqu’il pense être en possession de “pierres officielles” (échantillons de Lauer, fragments “déjà cassés et parfaitement identifiables quant à leur origine”) qui lui permettent de se dispenser de toute nouvelle demande d’échantillonnage, face à une administration égyptienne tatillonne et semble-t-il peu ouverte aux idées venant d’ailleurs !

L’auteur n’en termine pas moins son propos par une note d’optimisme : “L’Égypte fascine assurément, et la prouesse inconcevable que représente cette image d’Épinal de la pyramide de Chéops, construite en pierres aussi difficilement taillées que remorquées sur des traîneaux et des rampes, contribue à cette fascination. Mais faut-il rabattre de son enthousiasme parce que les Égyptiens ont su très pragmatiquement utiliser les ressources mises à leur disposition par la topographie naturelle des lieux, s’épargnant ainsi bien des efforts surhumains ? Est-ce à dire, en d’autres termes, que ce temps, le temps de l’émerveillement, est révolu ? N’y a-t-il pas là, au contraire, une formidable leçon de maîtrise technique et d’intelligence de la matière ?

La science défie les égyptologues” : Joseph Davidovits a tenu à faire figurer cette assertion quelque peu provocatrice en couverture de son nouvel ouvrage. La science, selon lui, celle qu’il met en oeuvre pour percer les secrets des maîtres bâtisseurs égyptiens, a parlé. Il revient désormais aux “égyptologues” de relever une fois encore le défi, amplifié par les nouvelles démonstrations et révélations que ce livre résume en ces termes : “Il n’existe aucun document découvrant la construction des pyramides avec des pierres taillées, des rampes, des traîneaux en bois. À l’inverse, de nombreux textes montrent que les anciens Égyptiens possédaient la connaissance de la géosynthèse.

Le débat est, plus que jamais, ouvert. La parole désormais aux égyptologues !


Joseph Davidovits, Bâtir les pyramides sans pierres ni esclaves ?, éditions Jean-Cyrille Godefroy, 2017, 160 pages