jeudi 2 avril 2009

Selon Pierre Crozat, chaque type de pierres, pour la construction de Khéops, a exigé une technique de mise en œuvre spécifique

La théorie de Pierre Crozat sur l'"accroissement pyramidal" a déjà été présentée ici.
Dans son ouvrage Le génie des pyramides (Dervy, 2002), l'auteur apporte des compléments techniques à cette théorie, concernant les procédés appliqués pour la mise en œuvre des différents types de pierres utilisés par les bâtisseurs égyptiens pour la construction de la Grande Pyramide. "L'erreur communément commise par toutes les théories de construction connues de la pyramide de Khéops, écrit-il, semble bien être de vouloir tout mettre en oeuvre à partir d'un seul et même procédé. Or, le procédé qui résout la mise en œuvre des bloc de 2;5 tonnes du massif de gros œuvre ne peut résoudre la mise en œuvre des arcs de décharge de 40 tonnes, et réciproquement." (op.cit. p. 80)
Pour les blocs calcaires provenant du plateau de Guizeh (2,5 tonnes en moyenne) et formant 98 % de la masse de la pyramide, le précédé de levage devait être le levier (chadouf) ou trépied, répondant à la "machine faite de courtes pièces de bois" d'Hérodote.
La même technique du lever, en procédant de bas en haut, a dû être appliquée pour la mise en place des pierres de revêtement (blocs calcaires de Tourah).
Finalement, pour les énormes blocs de granit de la Chambre du Roi, "on songe plutôt à un procédé par glissement sur une rampe, technique couramment employée pour le transport de statues colossales". (p. 79)
Selon Pierre Crozat, c'est la Grande Galerie qui a dû être utilisée à cette fin. "Pour hisser un par un (...) les cinquante-deux monolithes de granit de 30 à 60 tonnes, [l'architecte de Khéops]  a imaginé, réalisé et fait fonctionner un 'extraordinaire ascenseur oblique', par équilibre des charges, dont la Grande Galerie n'est autre que le chemin de glissement du contrepoids constitué par 5-13 blocs de granit, qui, une fois leur service rendu, et après la mise en sarcophage de la momie, seront lâchés et glisseront sur la pente de la galerie et du couloir ascendant pour remplir leur dernière fonction : venir s'encastrer dans le rétrécissement aménagé au bas de celui-ci, pour l'obstruer définitivement. (...) Le rôle de la Grande Galerie apparaît alors purement 'utilitaire', comme l'espace de manœuvre et le chemin de glissement du contrepoids d'un extraordinaire ascenseur oblique'." (pp. 157-158)
L'ascenseur comprend une glissière centrale et des banquettes latérales (d'où son profil), une crémaillère formée des mortaises latérales disposées régulièrement sur toute la longueur de la galerie, un contrepoids composé des 5 à 13 blocs (utilisés finalement comme tampons), des moufles et cordages, à savoir les paliers de cylindres et encoches de cordes dans l'antichambre de la Chambre du Roi. Cette antichambre et ses herses mobiles ont donc eu, selon Pierre Crozat, une autre utilité que l'obstruction de l'entrée : elles ont eu un rôle important dans le réarmement du contrepoids, voire même dans le dispositif d'inversion et de régulation des charges équilibrées. D'où ce constat :"La forme semi-circulaire des paliers d'appui témoigne (de) l'utilisation de pièces de bois cylindriques (rouleaux) du dispositif d'action des herses, ce qui démontre bien l'existence, la connaissance et l'utilisation du cylindre, donc de la roue." (p.157)
En conclusion, Pierre Crozat écrit :"L'ensemble de ces dispositifs sera réalisé 'à ciel ouvert', et la Grande Galerie sera petit à petit recouverte (fausse voûte en encorbellement) au fur et à mesure de l'élévation du faisceau de plans inclinés, afin de ménager l'espace de manœuvre et de réarmement des contrepoids. Tout ce dispositif sera ensuite englobé dans la pyramide par la poursuite de la construction sur les quatre faces, suivant le procédé d'accroissement pyramidal..." (pp. 159-160)

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