vendredi 26 octobre 2018

"Les pyramides de Khéops, Khefren et Mycerinus (...) constituent chacune un chef-d'œuvre de construction" (Gustave Jéquier)

 
photo Marc Chartier
Extraits de l'Histoire de la civilisation égyptienne, de Gustave Jéquier (1868-1946).
Cet égyptologue suisse fut l'élève de Gaston Maspero à l'École des Hautes Études, dont il fut diplômé en 1892. Parti peu après pour l'Égypte, il collabora aux fouilles de Dashour, dirigées par Jacques de Morgan. Au cours d'un bref séjour en Iran où
il suivit de Morgan, il mit au jour, en 1901, le fameux Code de Hammurabi. De retour en Égypte, il participa à des fouilles à Saqqarah, Daschour, Licht, Mazghouna...
En 1913, il publia son Histoire de la civilisation égyptienne, "un petit volume de quelque trois cents pages (qui dresse) le bilan de nos connaissances touchant l'histoire de la civilisation égyptienne. Clair, de lecture facile et complété par une illustration bien choisie, ce livre sans prétention atteste le souci qui anime alors Jéquier de mettre l'égyptologie à la portée d'un public auquel - il le dit dans sa préface - il souhaite inculquer des idées plus nuancées que celles qui avaient cours alors touchant le pays des pharaons." (éloge funèbre prononcé par le président de l'Académie des Inscriptions et Belles-Lettres

"Sous la IVe dynastie le premier tombeau que se fit construire Snefrou, celui de Meïdoum, tient encore du mastaba plus que de la pyramide, mais ce fut le même roi qui adopta peu après le type définitif de la pyramide à base carrée et à faces triangulaires, avec le monument qu’il édifia dans le désert de Dahchour ; les chambres, très petites, sont à peu près au niveau du sol, ensevelies sous l’énorme masse de maçonnerie, et on y accède par un couloir en pente débouchant à mi-hauteur de la face nord du monument.
Les successeurs de Snefrou reprirent ce modèle de monument funéraire et l’adoptèrent pour eux-mêmes sans en modifier les grandes lignes, mais en y apportant des perfectionnements notables ; les problèmes techniques les plus difficiles furent résolus avec une précision merveilleuse dans les pyramides de Khéops, Khefren et Mycerinus qui constituent chacune un chef-d'œuvre de construction, et les dimensions colossales - la plus srande mesurait plus de 146 m. de hauteur sur 227 m. de côté - ne nuisent pas à la perfection des détails. Un revêtement de calcaire fin et de granit bien poli recouvre la maçonnerie disposée en assises régulières de blocs énormes : au-dessus des chambres, des chambrettes de décharge sont destinées à soulager leur toiture du poids considérable qui aurait pu les écraser ; des conduits d'aération traversent le massif tout entier ; chambres et couloirs sont tapissés de blocs gigantesques, soigneusement polis et si admirablement appareillés qu'on ne peut encore maintenant introduire une pointe de couteau dans les joints ; en plusieurs points, des herses de granit placées dans un logement spécial, retombaient après l'inhumation pour obstruer définitivement le couloir dont l'issue à l'extérieur était fermée par un bloc de revêtement semblable aux autres. 

Au milieu de la face est s'élevait la chapelle, centre du culte funéraire, avec son sanctuaire, sa cour-péristyle, ses vestibules, ses magasins, et au delà, de petites pyramides recouvraient la dépouille mortelle des membres de la famille royale. Un grand mur de pierre, formant une vaste enceinte carrée, entourait cet ensemble et l’isolait du terrain environnant ; une allée couverte descendait de la porte de la chambre funéraire du côté de la vallée, jusqu'à un monument qui servait de portique d'entrée et qui atteignait parfois des dimensions imposantes, comme celui de la pyramide de Khefren, mieux connu sous le nom de temple du Sphinx, avec ses énormes piliers de granit rose et ses murailles d’albâtre."