jeudi 3 février 2011

La thermographie infrarouge révélera-t-elle d’autres secrets de la Grande Pyramide ?

Lors de la présentation en avant-première de Kheops Renaissance, la “théorie” en version améliorée de l’architecte Jean-Pierre Houdin, relative à la construction de la Grande Pyramide de Guizeh, deux personnalités canadiennes étaient présentes dans la salle de la Géode : Xavier Maldague et Matthieu Klein, de l’Université Laval, de Québec. Le premier est professeur titulaire, dans cette université, de la chaire de recherche Multipolar Infrared Vision Infrarouge Multipolaire (VIMIM) ; le second y prépare un doctorat dans ce même domaine des traitements d’images en vision infrarouge. Pour l’un comme pour l’autre, l’éventualité, suite à des contacts pris par Jean-Pierre Houdin et Dassault Systèmes, d’une application de cette technique de recherche à la pyramide de Khéops est une réelle aubaine. Il y a toutefois un “hic”... qui ne surprendra pas quiconque est au fait des réalités de l’égyptologie.


Décidément, la Grande Pyramide en aura vu de toutes les couleurs au cours de sa très longue existence ! On l’aura soumise à maintes intrusions dans son intimité pour l’amener à révéler enfin “sa” vérité : non pas celle des chasseurs de trésors, ou de pyramidologues plus ou moins perspicaces et inventifs, mais la sienne. Et elle fait toujours de la résistance...
Alors ? Sera-t-elle plus docile face à un nouveau traitement qu’on s’apprête à lui administrer ?
Après les gros trous d’al-Ma’moun, les déflagrations causées par Vyse § Co., les p’tits trous encore des p’tits trous de certaines campagnes aux résultats globalement infructueux et les balades tortueuses d’étonnants joujoux robotisés rampant tant bien que mal dans des conduits supposés être d’aération, voici qu’une équipe franco-canadienne s’apprête à prendre la température du plus célèbre des monuments.
C’est on ne peut plus sérieux !
Il y va, entre autres objectifs, de la validation des intuitions, étayées de maints indices, formulées par l’architecte Jean-Pierre Houdin, dans Kheops Révélé, première formulation de sa théorie sur la construction de la Grande Pyramide, puis dans Kheops Renaissance, la seconde et toute récente formulation, revue, améliorée et enrichie, de cette même théorie. En clair : une technique aux résultats scientifiquement probants - la thermographie infrarouge - serait notamment en mesure d’apporter la preuve de l’existence de la rampe intérieure principale, induite par Jean-Pierre Houdin de ses observations et recherches sur la Grande Pyramide.

Thermographie infrarouge : késako ?
De quoi s’agit-il ?
Dès 2008, Dassault Systèmes a effectué des simulations thermiques sur un modèle de pyramide pleine (sans rampe) et un modèle de pyramide avec la rampe interne pour vérifier que la thermographie infrarouge pourrait valider expérimentalement la théorie houdinienne. Résultat de cette expérimentation virtuelle : la simulation a révélé que l’air emprisonné dans la rampe interne provoque une inversion de la température au sommet du monument ; la pyramide serait plus froide au sommet dans ce cas, alors qu’une pyramide pleine verrait son sommet plus chaud. Les différences observées furent, certes, faibles, mais suffisamment encourageantes pour que l’ “équipe Khéops” envisage de creuser la question en allant chercher des compétences complémentaires là où elles sont.
Après le virtuel, le réel !

Fin 2010, Jean-Pierre Houdin a donc, une nouvelle fois, pris son bâton de pèlerin, pour rencontrer l’équipe de la chaire MIVIM de l’Université Laval au Québec. Et la greffe (j’allais dire plus prosaïquement : la mayonnaise) a pris immédiatement. La coopération scientifique franco-canadienne était déjà mise sur les rails. Une nouvelle équipe de travail venait de naître. Il ne lui reste plus qu’à prendre le chemin du plateau de Guizeh.
Au préalable, faisons le point, avec quelques rapides explications empruntées au langage scientifique et au dossier de presse remis par Dassault Systèmes : Pourquoi la thermographie infrarouge ?
Les rayons infrarouges sont des ondes, tout comme la lumière visible, mais de fréquences bien plus faibles. Tout objet ayant une température non nulle émet une certaine quantité de ce rayonnement électromagnétique infrarouge, proportionnellement à sa température. La lumière visible révèle la forme extérieure des objets par réflexion et leur couleur par absorption d’une partie du rayonnement par le matériau dont est constitué l’objet.
Les rayons infrarouges, au contraire, peuvent révéler la structure profonde des objets par leur émission de chaleur. En fonction du matériau et des anomalies sous-surfaciques telles que fissures, cavités, etc., la chaleur renvoyée à la surface est différente, permettant ainsi d’obtenir une image de la structure interne. C’est la thermographie infrarouge.
Les cycles de variations de température extérieure d'une saison à l'autre influencent l'évolution de la température de la surface de la pyramide dans le temps. De manière assez évidente, l'évolution de la température de surface de la pyramide, que l'on appelle dans le jargon la  “réponse thermique”, suit donc presque la même évolution de température que celle des saisons. Mais il y a une nuance : l'évolution de la température à la surface de la pyramide va en réalité dépendre très légèrement de ce qui se trouve sous sa surface et, en particulier, s'il y a un vide sous la surface, comme par exemple une hypothétique rampe. C'est ainsi l'observation non pas directement des températures de surface, mais plutôt de la différence d'évolution des températures d'un point à l'autre à la surface de la pyramide qui pourra donner une indication quant à la présence de rampe interne ou non.
La mesure de température pour le suivi de l'évolution de la réponse thermique est effectuée par caméra infrarouge. Cet outil présenterait l'avantage de pouvoir mesurer la température de surface de la pyramide en tout point, sans le moindre contact, à une distance pouvant atteindre plus de 300 mètres.

Une méthode non intrusive
Les conséquences sont évidentes pour qui veut bien les accepter : aucun dommage ne serait causé à notre chère pyramide, aucun trou, pas le moindre grain de sable déplacé. La méthode est non intrusive, qu’on se le dise ! De surcroît, elle est totalement invisible du public, notamment des touristes, sans besoin même de présence d'opérateurs sur place. Les données seraient recueillies à distance par internet (*) et les traitements des informations réalisés directement au Canada dans le laboratoire MIVIMl, avec la coopération de Dassault Systèmes.
Simple en apparence, mais en apparence seulement, cette technique porte l’appellation d' “évaluation non destructive des matériaux” ou, en des termes plus bizarroïdes, “NDT par thermographie active modulée ou lock-in”.
La méthode de la “thermographie modulée” est appliquée, par exemple, dans l'évaluation des matériaux composites en aéronautique (ailes d’avion). Il y a toutefois une différence de taille, observent nos amis experts canadiens de l’Université Laval : dans le cas de la pyramide de Khéops, la technique sera appliquée à une échelle très nettement supérieure, étant donné l’épaisseur du matériau à sonder, comme cela n'a encore jamais été fait dans le passé. À une telle échelle, il faut plus de temps. Une ou deux années entières de mesures 24h/24h ne seront pas de trop pour observer les très lentes évolutions de températures dans le temps au travers des trois à six mètres d'épaisseur de murs qui couvriraient les rampes. Mais, tient-on à souligner : depuis 4500 ans qu’elles existent, les pyramides sont une majestueuse et exemplaire école de patience.


Laissez-passer de rigueur
Voici donc un bien beau et très enthousiasmant projet ; mais, remarquions-nous en préambule, il y a un “hic”, symbolisé par le point d’interrogation du titre de cette note : il est de taille et son nom est sur toutes les lèvres. Nous le savons : la planète “Égyptologie” ne tourne pas toujours aussi rond que le souhaiteraient ceux qui, de près ou de loin, avec plus ou moins de compétences reconnues, ont des projets d’observation directe des monuments égyptiens, à commencer par le plus célèbre d’entre eux.
Le refrain est tellement connu qu’il est devenu une rengaine. Le grain de sable qui contrarie le mécanisme de la coopération archéologique porte un nom propre, celui d’une éminente personnalité dont le bon vouloir ou les préférences, pas toujours compréhensibles de notre côté de la lorgnette, peuvent faire la pluie et le mauvais temps sur les intentions les plus louables.
Ainsi va la vie sur les rives du Nil.
Au lieu de se hasarder dans la politique du pot de terre contre le pot de fer, sans doute est-il préférable d’adopter la philosophie, non pas de l’autruche, mais du “roseau pensant”...

(*) À noter au passage que cette transmission par internet pourrait rendre la consultation des relevés accessible à tout internaute... à condition évidemment qu’il sache les interpréter. 

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