lundi 12 juin 2017

Les pyramides d’Égypte, construites “pour détourner les peuples de l'oisiveté”, selon Charles Fourré - XVIIIe s.

 Extrait de Abrégé des vies des poètes, historiens et orateurs grecs et latins, qu'on voit ordinairement dans les collèges, 1707, par Charles Fourré (aucune information fiable à notre disposition sur cet auteur) 

Illustration de Fischer von Erlach, 1721
Vous vous plaignez, Monsieur, de n'avoir pas une connaissance assez étendue des sept Merveilles du monde, et ce que vous en avez lu dans l'Histoire poétique du R. P. Gautruche (1) ne fait qu'exciter votre curiosité. Je veux bien vous satisfaire. (...)
On a donné le nom de Merveilles du monde à sept différentes sortes d'ouvrages ou édifices qui ont attiré l'admiration de tous les siècles, ou pour la manière dont on les avait faits, ou pour les sommes immenses qu'on avait dépensées à les construire.
Les Pyramides étaient des espèces d'obélisques ou plutôt des masses de pierre qui finissaient en pointe comme la flamme. Le mot grec ‘pur’, qui signifie feu, leur a donné le nom de Pyramides. On en voyait et on en voit encore plusieurs en Égypte, et entre autres une d'une hauteur prodigieuse. Six cent mille hommes, si on en croit Pline, furent occupés l'espace de vingt ans à la construction d'une de ces Pyramides. Il se dépensa dix-huit cents talents en oignons ou autres légumes pour la nourriture des ouvriers. Dix-huit cents talents petits ou communs font quatre millons trois cent vingt mille livres de notre monnaie, à suivre la supputation des RR. PP. Jouvanci et Tarteron, qui font valoir le talent dont je parle deux mille quatre cents livres. Les Rois d'Égypte qui firent ces grosses dépenses ne les faisaient que pour détourner les peuples de l'oisiveté, et empêcher par-là les soulèvements qui auraient pu arriver.



(1) Pierre Gautruche Pierre (1602-1681), jésuite, professeur de philosophie et de théologie, préfet des études à Caen, auteur d’une Histoire poétique pour l'intelligence des poètes, 1671