Pyramide de Meïdoum |
Nous trouvons dans l'histoire des pyramides d'Égypte des circonstances qui viennent à l'appui de cette opinion sur l'origine de la civilisation égyptienne.
Les plus importantes comme les plus connues de ces pyramides sont celles de Gizeh, et on a l'habitude de les considérer comme le type universel et immuable des pyramides égyptiennes ; mais cela n'est pas exact. Il existe en Égypte des pyramides qui ont une forme très différente, comme, par exemple, celle d'El-Meydouneh, composée de deux parties dont la supérieure même est tronquée et forme esplanade, ou bien comme la plus grande des pyramides de Sakkarah, dont la partie supérieure est une sorte de pyramidion, dont les faces ont une autre inclinaison que la base, enfin comme la pyramide d'Abou-Sir, qui est composée de huit degrés.
Au lieu de la pierre employée dans la construction des pyramides de Gizeh, on trouve souvent aussi la brique crue, comme dans les pyramides du Fayoum, dans celle d'El-Lahoun, dans celle de Dashour.
Il y a donc entre les pyramides d'Égypte et les pyramides en terrasses des bords de l'Euphrate des analogies très réelles, bien qu'elles n'aient pas été généralement marquées. Cette observation est d'autant plus importante que, si la pyramide n'était pas en Égypte d'origine étrangère, on aurait peine à s'expliquer comment la brique a pu être employée à sa construction, alors que la pierre abondait sur le sol même où on les élevait. Il faut encore ajouter que les pyramides construites en briques, et qui rappellent la forme en terrasse, sont plus anciennes que celles de Gizeh construites en pierre, et qui présentent la forme rigoureuse de la pyramide géométrique.
Bien que les pyramides de Gizeh remontent à la quatrième dynastie, c'est-à-dire à plus de 4.000 ans avant notre ère, elles paraissent avoir été précédées par les pyramides du Fayoum et de Dashour, et par celle de Sakkarah dans laquelle le système graphique semble ne pas être encore complètement développé.
La substitution graduelle de la pierre à la brique, que nous observons dans les pyramides égyptiennes, s'accorde parfaitement avec ce que nous apprend Manéthon de l'invention de la coupe des pierres chez les Égyptiens, invention qu'il attribue à Tosorthrus, deuxième roi de la troisième dynastie.
Il y a donc tout lieu de penser que l'emploi de la brique, si peu naturel à l'Égypte pour les grandes constructions, y avait été apporté de la Mésopotamie avec la forme même de la pyramide babylonienne, forme qui fut remplacée plus tard par la forme égyptienne pure, de même que la brique fut elle-même remplacée par la pierre et le granit.
Ainsi, tout en admettant que la civilisation égyptienne est descendue dans la vallée du Nil par l'Éthiopie, nous n'en considérons pas moins cette civilisation comme essentiellement asiatique, et en tout cas on se tromperait si l'on croyait qu'elle dérive, comme l'a pensé M. Hoskins, de celle dont on a récemment retrouvé les monuments sur le sol éthiopien. C'est le contraire qui est vrai ; car ces monuments offrent tous une imitation, ou plutôt une dégénération évidente de l'art égyptien, et toutes les inscriptions, tous les noms de rois qu'on a pu y lire, appartiennent à une époque très moderne, aux temps contemporains de la dynastie grecque. On ne retrouve même sur ces monuments presque aucune trace des rois de la dynastie éthiopienne qui régna en Égypte dans le VIIe siècle avant notre ère, et comprit les trois règnes de Sabacon, Taraca et Sevec.”