Dans son ouvrage Principes de psychologie individuelle et sociale, ouvrage traduit de l'espagnol, avec une préface, par Auguste Dietrich, Paris, 1903, le sociologue argentin Carlos Octavio Bunge (1875-1918) décrit les conditions de travail sur le chantier des pyramides en ces termes :
Ainsi, la reconstruction de la formation des premières sociétés humaines nous démontre que, par la discipline et la division du travail, une société ou nation représente une force plus grande
que celle que constitueraient ses individus, isolés ou indépendants. On raconte en effet qu'un ambassadeur ayant demandé à un Pharaon comment on avait construit les Pyramides, les monuments les plus durables du pouvoir et de la richesse de l'antique Orient, le Pharaon répondit, en montrant une baguette à fouetter les esclaves : "Avec ceci." Il avait raison, et il aurait eu plus raison encore s'il avait présenté le sceptre autocratique, le symbole de la race, qui était à son tour symbole du pouvoir national qui châtie les épaules des sujets. On pourrait m'objecter que la baguette ne fit que canaliser la force des millions d'esclaves travailleurs, sans l'augmenter ; que, à dire vrai, la baguette ne créa pas ces forces : que, libres et de leur propre initiative, ces travailleurs auraient pu aussi construire les Pyramides. Mais rien de plus faux. Dans un grand ensemble d'hommes il n'y a d'autre force humaine que la tyrannie nationale, capable d'imposer, dans la division du travail, un labeur aussi dur que le transport de la pierre ; libre et de sa propre initiative, personne ne s'y serait soumis.
Mais il y a plus. En supposant qu'elles se fussent soumises, les forces de tous les travailleurs n'auraient pas été efficientes, sans le stimulant du fouet. De récentes expériences de Féré, Mosso, Schiff et autres physiologistes, démontrent que les sensations périphériques augmentent le pouvoir dynamique des hommes.
Illustration (portrait de C.O. Bunge) extraite de Wikipedia commons
Ainsi, la reconstruction de la formation des premières sociétés humaines nous démontre que, par la discipline et la division du travail, une société ou nation représente une force plus grande
que celle que constitueraient ses individus, isolés ou indépendants. On raconte en effet qu'un ambassadeur ayant demandé à un Pharaon comment on avait construit les Pyramides, les monuments les plus durables du pouvoir et de la richesse de l'antique Orient, le Pharaon répondit, en montrant une baguette à fouetter les esclaves : "Avec ceci." Il avait raison, et il aurait eu plus raison encore s'il avait présenté le sceptre autocratique, le symbole de la race, qui était à son tour symbole du pouvoir national qui châtie les épaules des sujets. On pourrait m'objecter que la baguette ne fit que canaliser la force des millions d'esclaves travailleurs, sans l'augmenter ; que, à dire vrai, la baguette ne créa pas ces forces : que, libres et de leur propre initiative, ces travailleurs auraient pu aussi construire les Pyramides. Mais rien de plus faux. Dans un grand ensemble d'hommes il n'y a d'autre force humaine que la tyrannie nationale, capable d'imposer, dans la division du travail, un labeur aussi dur que le transport de la pierre ; libre et de sa propre initiative, personne ne s'y serait soumis.
Mais il y a plus. En supposant qu'elles se fussent soumises, les forces de tous les travailleurs n'auraient pas été efficientes, sans le stimulant du fouet. De récentes expériences de Féré, Mosso, Schiff et autres physiologistes, démontrent que les sensations périphériques augmentent le pouvoir dynamique des hommes.
Illustration (portrait de C.O. Bunge) extraite de Wikipedia commons
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