jeudi 22 octobre 2009

La technique de la bascule, inspirée de la théorie d'Hérodote, selon le Britannique Henry Perigal (1844)

Dans la revue Philosophical magazine, vol. 24, troisième série, de janvier 1844, j'ai trouvé cette théorie, me semble-t-il inédite en français, relative à l'élévation des blocs de pierre lors de la construction des pyramides (ou du site de Stonehenge). Pour les connaisseurs, elle aura toutefois un "petit air de déjà vu quelque part".
Elle a été développée par Henry Perigal (*), dans une communication adressée à la British Association for the Advancement of Science. Elle présentait apparemment des points communs avec une technique similaire mise au point, à la même époque, par un certain lieutenant-colonel Dansey pour des applications militaires, comme hisser un canon sur son engin de transport, ou un bateau de guerre pour le mettre en cale sèche sur un quai...
(*) Qui était cet inventeur ? À ce jour, sous réserve d'informations complémentaires, je pense qu'il pourrait s'agir d'un mathématicien britannique amateur (1801-1898), principalement connu pour sa preuve de "dissection" du théorème de Pythagore. Mais sans garantie aucune... Quoi qu'il en soit, la théorie est la suivante :



Description du procédé supposé avoir été adopté par les Égyptiens pour hisser les blocs de pierre, d'une assise à l'autre, dans la construction des pyramides.
Durant deux ou trois mille ans, ou même plus, cela a donné matière à étonnement et fut un sujet favori de conjectures et enquêtes : comment les anciens Égyptiens ont-ils procédé pour élever à leur place les énormes blocs de pierre ayant servi à construire les pyramides ? (...) De quel genre étaient les engins employés (pour autant qu'on en ait utilisé), quelles astuces (expedients) ont été adoptées pour élever les pierres très pesantes : voici un mystère qui a duré jusqu'à maintenant. Bien que diverses méthodes aient été suggérées, plus ou moins praticables, aucune de ces conjectures n'a été considérée comme une solution satisfaisante à ce problème qui a confondu les savants et les esprits ingénieux depuis bien longtemps.
[Après avoir cité Hérodote et sa célèbre théorie des "'machines faites de courts morceaux de bois", Henry Perigal poursuit : ] Bien que les pierres de la Grande Pyramide ne soient pas toutes de 30 pieds de long, comme l'affirme Hérodote, certaines mesurent plus de 40 pieds de long. (...) Il apparaît ici qu'il n'y a aucune évidence que les architectes des pyramides aient eu quelque pratique de dispositifs ou autres appareils complexes équivalents à ce que l'on pourrait appeler des machines ou des engins, selon l'acception moderne de ces mots. Au contraire, il semble beaucoup plus probable que leurs gigantesques entreprises furent accomplies à l'aide de moyens très simples. Cette simplicité (inférant la notion que les moyens furent évidents par eux-mêmes) fut peut-être la vraie raison du fait qu'aucun compte rendu ne fut gardé, ni transmis à la postérité, de leur "mode opératoire". Avec cette conviction, en supposant que la relation d'Hérodote soit fondée sur des faits réels, je me suis efforcé de découvrir de quelle manière de tels blocs énormes ont bien pu être élevés, d'une assise à l'autre, simplement à l'aide de cours morceaux de bois. Puis l'idée m'est apparue qu'ils ont pu être élevés grâce au procédé suivant : chaque bloc de pierre, taillé et prêt à l'emploi avant de quitter la carrière, était transporté sur le Nil (notamment en période d'inondations) sur des radeaux ou autres embarcations appropriées, jusqu'à la chaussée décrite par Hérodote. Sur cette chaussée, il était tiré sur des rondins ou sur des traîneaux si la pierre était lisse et polie, par des hommes ou des animaux, jusqu'à un emplacement adéquat à proximité de la pyramide. [Lorsqu'on en avait besoin], on le transportait sur la première assise de la pyramide, à l'aide de rondins. On utilisait des cales pour glisser les rondins dessous, si le sol était du rocher solide ; sinon, la terre était enlevée de dessous la moitié du bloc, le responsable de la manœuvre (director) ou le "surintendant" s'étant placé sur le bord opposé pour empêcher le bloc de basculer trop rapidement.


 





Lorsque le responsable de la manœuvre se déplaçait sur l'autre côté du bloc, celui-ci, déséquilibré par ce poids supplémentaire, basculait dans le trou pratiqué sur le sol, pendant que des rondins étaient placés sous l'autre moitié du bloc.
Lorsque le responsable de la manœuvre faisait marche arrière, le bloc basculait vers les rondins et pouvait alors être transporté au pied de la pyramide. (...)


 

 


Commençait alors le procédé d'élévation du bloc. Tous les rondins, sauf un, étaient enlevés : celui qui restait devait être le plus près possible sous le centre de gravité. Le bloc de pierre basculait comme précédemment, pendant que des tasseaux ou des planches étaient glissés dessous, ainsi qu'un autre tasseau, beaucoup plus étroit, pour servir de pivot, tous étant de même longueur, adaptée à la largeur du bloc.
Lorsque le responsable de la manœuvre se déplaçait de l'autre côté du bloc, celui-ci basculait du côté des tasseaux ; d'autres planches étaient alors glissées sous [le côté libéré], parallèles [à celles déjà en place], plus nombreuses et sur une plus grande hauteur, ainsi qu'un nouveau pivot étroit sur lequel le bloc basculerait...
(...) Pour parler d'une façon figurée, le bloc de pierre était fait pour s'élever lui-même au moyen de son propre poids.
De cette manière, à l'aide d'une petite douzaine de planches, deux hommes (l'un se déplaçant d'un côté à l'autre du bloc, pendant que l'autre mettait en place les planches) suffisaient pour transporter jusqu'au sommet de la Grande Pyramide les plus grosses pierres utilisées pour sa construction. Ceci corrobore l'assertion des prêtres égyptiens, telle que relatée par Hérodote, selon laquelle "les pierres étaient élevées d'assise en assise, à l'aide de courts morceaux de bois (...)".
En conclusion, Henry Perigal avoue ne pas posséder de preuve certaine que cette technique fut réellement appliquée par les bâtisseurs égyptiens ; il n'en pense pas moins que sa théorie est hautement probable ("something like presumptive evidence of its probability").
Source : Google livres

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