mercredi 28 octobre 2009

"Peut-être y a-t-il encore [dans la Grande Pyramide] des chambres qui n'ont pas été découvertes" (Jean Yoyotte)



Illustration extraite de universalis-productions.eu
Pour honorer la mémoire de l'égyptologue français, récemment disparu, Jean Yoyotte (1927-2009), relisons l'entretien qu'il avait accordé à la revue L'Histoire, en mai 2005.
Après avoir mentionné les raisons de la fascination qu'exercent les pyramides, et en tout premier lieu celle de Khéops, Jean Yoyotte regrette que ces monuments fassent trop souvent l'objet de "débats tapageurs" et d'"hypothèses fantaisistes", notamment à propos des techniques mises en œuvre pour leur construction. Sont particulièrement visés ici "ceux qui se sont efforcés de tirer des prédictions à partir des mensurations de la [grande] pyramide". Rien ne sert, selon lui, de s'émerveiller devant les "performances" dont les pyramides sont le reflet et la concrétisation, si l'on ne s'attarde pas tout d'abord sur les "démarches affectives et intellectuelles" qui ont présidé à de telles réalisations, pourtant considérées à juste titre comme des chefs-d'œuvre de l'art constructif.
Avant de donner son point de vue sur ces techniques, il rappelle que les pyramides égyptiennes ne doivent pas être considérées isolément, mais qu'elles "ne sont que le sommet, la partie visible, ostensible, d'un ensemble urbain qui portait le même nom [qu'elles]". Chacune se retrouve au cœur de tout un complexe architectural englobant également un petit temple, un autre temple au niveau de la vallée du Nil, un canal d'irrigation et des alignements de mastabas : "... à chaque fois qu'il y a une pyramide, il y a une ville dans la vallée." Servant de résidence au pharaon quand il était de passage, cette ville était peuplée d'administrateurs, de prêtres du roi et d'exploitants agricoles qui profitaient des aménagements du site pour l'irrigation de leurs terres.
Concernant les aménagements intérieurs de la Grande Pyramide, Jean Yoyotte tient à préciser qu'il n'est pas "compétent" en matière d'architecture funéraire de l'Ancien Empire. Il n'en souligne pas moins que cette pyramide, la plus remarquable de toutes, représente une véritable "apothéose monumentale". Puis il s'attarde, pour répondre aux questions posées en cours d'entretien, sur l'hypothèse, développée par Gilles Dormion, de l'existence d'une chambre, demeurée inviolée à ce jour, sous la Chambre de la Reine. Selon lui, "il est certain (...) que certaines constatations sur les espaces, les aménagements intérieurs des pyramides, faites par Gilles Dormion correspondent à des réalités. Ce qui est audacieux et discutable, ce sont les conclusions qu'il en tire, et surtout le fait qu'il annonce qu'il va retrouver les 'trésors' de Khéops. Cette manière de prendre l'Audimat à témoin avant toute discussion approfondie entre spécialistes qualifiés est une fâcheuse caractéristique de notre époque."
Au préalable, Jean Yoyotte a reconnu : "Il se peut qu'on découvre [dans la Grande Pyramide] un magasin, une chambre annexe [à la Chambre du Roi] qui contenait des meubles (...). Des chambres aveugles existaient. Peut-être y a-t-il encore des chambres qui, en effet, n'ont pas été découvertes."
(Merci à Dominique Cardinal d'avoir attiré mon attention sur cet article)

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