jeudi 26 mars 2009

Les balanciers giratoires de Francisco de Paula Martínez

Décidément, les bâtisseurs de l'ancienne Égypte inspirent nos techniciens des Travaux Publics. Ce blog en a déjà présenté quelques-uns qui se sont pris de passion pour les pyramides, faisant appel à leurs compétences professionnelles pour tenter de percer le "secret" de la construction de ces merveilles architecturales (voir sur ce blog les notes concernant Manuel Minguez, Jean Kérisel, André Legleye...) . À chacun son métier, sont-ils tentés de penser, visant par là les archéologues qui ne sont pas toujours les mieux équipés pour discerner les avantages et inconvénients de telle ou telle technique de construction.
Tel est notamment le cas de Francisco de Paula Martínez. Trente années d'expérience dans les Travaux Publics (construction d'autoroutes, de barrages, de tunnels...), de bonnes connaissances en archéologie et son appartenance à l'Association Espagnole d'Égyptologie lui permettent de "considérer comme logique et réalisable la description de l'historien grec Hérodote", tout en se demandant "comment on a pu construire des structures si fabuleuses en des temps où les moyens techniques que nous employons aujourd'hui n'étaient même pas imaginables".
Pour mener à bien sa réflexion, il s'est imaginé dans la situation d'un maître d'œuvre chargé de la construction d'une pyramide semblable à celles du plateau de Guizeh. Pour le déroulement de son chantier, il ferait bien évidemment appel à des moyens techniques modernes, notamment des grues très performantes. Puis d'attirer l'attention sur le fait que, si les bâtisseurs égyptiens n'avaient pas à leur disposition de tels instruments de levage, ils n'en utilisaient pas moins leurs "grues" à eux - les chadoufs - baptisées "balanciers giratoires" : "Un chadouf ou balancier giratoire est précisément la même chose qu’une grue tour pivotante actuelle, à cette différence près que le balancier n'a pas de moteur électrique. Les Égyptiens de l'époque disposaient seulement de deux possibilités pour cela : la force de l'homme ou des animaux et la gravité."
Telle était, selon Francisco de Paula Martínez, la "machine" décrite par Hérodote : elle était composée d'un élément vertical (le mât) sur lequel reposait un autre élément horizontal (la flèche) dont l'une des extrémités était lestée d'une charge permanente (le contrepoids) et dont l'autre servait à élever la charge. Le contrepoids devait seulement être un peu plus lourd que la charge à élever pour permettre à celle-ci de monter sans aucun effort humain complémentaire.
L'ossature du balancier giratoire était en bois de cèdre. La plateforme de manœuvre sur une assise de la pyramide était également en bois pour faciliter la tâche et les mouvements des ouvriers. Le contrepoids devait avoir un poids variable en fonction de celui de la charge à élever : il devait donc être à base de sable ou de pierres dans un récipient, l'équilibre étant vraisemblablement complété par la force humaine.
Cette technique permettrait d'élever les blocs de manière continue de la base de la pyramide jusqu'au sommet, si ce n'est, ajoute notre technicien des TP, que "d'une part, il est très probable que pour élever les blocs des premières assises, on a dû construire une rampe adossée à la face Nord de la pyramide. À partir de la cinquième ou sixième assise, c’était alors qu'on a commencé à utiliser les balanciers giratoires pour l'élévation des blocs."
Pour le détail du fonctionnement des batteries de balanciers giratoires mises en œuvre simultanément pour le chantier de construction des pyramide (en termes de calcul, d'un point de vue constructif, des différents paramètres qui interviennent dans l'opération de construction de la pyramide : volume de travail nécessaire pour la construction et le retrait des rampes, temps d'élévation par les diverses méthodes de chaque bloc, temps total nécessaire pour la construction de la pyramide, etc.) : consulter le site Internet de Francisco de Paula Martínez.
On notera par ailleurs à la consultation de ce site une conclusion pour le moins surprenante de l'auteur : dans le but de corroborer le caractère plausible des conclusions de sa recherche, il souhaiterait ni plus ni moins se lancer dans un projet de construction d'une... pyramide identique à celle de Khéops, mais mesurant uniquement 40 mètres de haut ! Avec les mêmes moyens, tient-il à préciser, que ceux utilisés par les bâtisseurs égyptiens, dont - on s'en serait douté - les balanciers giratoires. Il lui reste "simplement" à trouver le lieu et le financement. Mais ceci est, pour l'instant tout du moins, une autre histoire.



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