mercredi 13 mai 2009

L'énigme de la chambre du Roi et la solution proposée par Jean-Pierre Dupeyron

Dans son ouvrage L'Horizon de Khéops (éditions Trouvailles, 1997, 336 pages), Jean-Pierre Dupeyron (ingénieur électronicien aujourd'hui retraité) fait état des recherches qu'il a menées sur la grande pyramide. Il traite des trois principaux sujets à controverse encore en vigueur de nos jours sur cette pyramide, à savoir :
1) Existe-t-il une chambre secrète ?
2) Le chiffre Pi (3,14), que l’on trouve en divisant deux côtés de la pyramide par sa hauteur, est-il le fait du hasard ou de la volonté délibérée de Khéops ?
3) Comment cette pyramide a t-elle été érigée ?

Existe t-il une chambre secrète, au cœur de la Grande Pyramide, où aurait été déposée la momie du pharaon ? Une chambre que les chercheurs de trésors du dix-neuvième siècle n'ont pas pu trouver et dont la plupart des égyptologues nient l’existence. Cependant, depuis peu, le docteur Zahi Hawass (secrétaire général du Conseil suprême des antiquités égyptiennes) pense qu’elle existe bien, mais il n’a pas encore tout mis en œuvre pour la trouver.
Pour mener à bien sa réflexion, l'auteur s'inscrit dans la lignée des "architectes lillois", à savoir Gilles Dormion et Jean-Patrice Goidin, à cette différence près - et elle est importante - qu' "une mauvaise option dans leur raisonnement les a malencontreusement aiguillés sur une mauvaise piste".
Le pharaon Khéops, selon Jean-Pierre Dupeyron, était un "perfectionniste" qui a tenu à ce que, dans l'aménagement de sa pyramide, fussent mis en place des leurres pour "brouiller les pistes", autrement dit pour retarder ou même empêcher l'accès à sa sépulture. En réponse à sa volonté explicite, toute la construction de la pyramide aurait été organisée autour de la chambre secrète, laquelle fut dotée d'une fermeture sécurisée et d'un dispositif destiné à faire croire au premier profanateur que cette pyramide aurait déjà été pillée.
 Dispositif de fermeture de l'entrée secrète :
- en haut : pendant le transfert de la momie
- en bas : en position fermée.
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Quel est donc alors le "grand secret" de la pyramide de Khéops ? Contrairement à la théorie des architectes lillois selon laquelle le corps de Khéops a été directement installé dans la chambre secrète, "pour notre part, écrit Jean-Pierre Dupeyron, nous pensons qu'il a d'abord été disposé, en présence du clergé et de tous les dignitaires, dans la chambre du Roi. À l'issue de la cérémonie, après le départ de tous les invités, la momie royale fut déplacée par son homme de confiance et son équipe." D'où cette conclusion, d'ordre technique, dans la configuration de la grande galerie : les engravures, visibles à mi-hauteur des parois de ce couloir, ne servaient pas à soutenir un faux-plancher, mais plutôt un faux-plafond destiné à dissimuler, lors de la cérémonie des funérailles, l'entrée de la chambre secrète, qui se trouve en haut de la galerie, quelque part dans le cœur de la maçonnerie, soit au-dessus des chambres de décharge, dans l'axe central de la pyramide, soit grosso modo au niveau de la salle des herses. Bref, la Grande Pyramide, prise globalement, est un leurre géant. Les techniques qui ont été mises en œuvre pour sa construction furent inspirées par le souci primordial d'un "secret défense", pour dissuader toute tentative de récupération des richesses de sa sépulture par les pharaons des dynasties suivantes.

Pour le chiffre Pi (3,14) que l’on trouve dans les mesures de la pyramide, Jean-Pierre Dupeyron démontre qu’il est délibéré. Il résulterait tout simplement de la manière dont les architectes traçaient leurs plans.
Séquence pour le déplacement d'un "traînor"
à 5 traverses.
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Concernant l'aspect technique de l'élévation des blocs de pierre, Jean-Pierre Dupeyron réinterprète la relation d'Hérodote, décrivant ainsi la "machine" de l'historien grec : pour pouvoir fonctionner, cette machine comportait une partie mobile, une partie fixe et une source d'énergie. La partie mobile devait ressembler à un traîneau : d'où son nom de "traînor". La partie fixe (ou "stator") devait être réalisée en pierres, d'excellente qualité, en forme de mortaises : pour l'auteur, elles correspondent aux bômides ou "pierres formant socles" mentionnées par Hérodote. La source d'énergie, enfin, provenait des ouvriers, "hommes forts et habiles, utilisant des morceaux de bois courts (des leviers) et organisés en chaîne humaine". Contrairement aux tireurs qui devaient hisser le bloc de pierre, le chariot et eux- mêmes, à chaque voyage, ces "pulseurs" ne progressaient pas avec l'avancement du traîneau : ils prenaient leur poste de travail au début de la journée de travail et ne le quittaient pas de la journée pour exécuter leur tâche répétitive (insérer leur levier dans la mortaise correspondant à leur niveau pour prendre le relais des "pulseurs" précédents) une fois que le traîneau parvenait à leur hauteur, poussé par les "pulseurs" précédents.
Ce dispositif d'élévation des blocs de pierre était adapté autant à la Grande Galerie qu'à la rampe extérieure, de forme hélicoïdale (telle que celle proposée par Georges Goyon, mais beaucoup plus étroite). Sur cette rampe extérieure, nous retrouvons la terminologie d'Hérodote, avec toutefois quelques nuances importantes :"Deux rampes sont prévues [pour les manœuvres des traînors], précise Jean-Pierre Dupeyron : l'une assure la montée et l'autre, le retour des traînors vides." Cette disposition a, pour l'auteur, le mérite de "procurer une interprétation plausible à une explication qu'Hérodote n'a manifestement pas bien comprise". Selon l'historien grec, les crossais (pierres en saillie) et les bômides (pierres formant socles) étaient deux mots correspondant à une même configuration des pierres. Jean-Pierre Dupeyron pense plutôt que ces deux mots représentaient deux dispositions différentes des pierres, mais pour une même fonction, les bômides étant la rampe de montée ("stator") et les crossais, le chemin de retour des traîneaux.
Quant à savoir si ce dispositif d'élévation des blocs de pierre a été effectivement utilisé, à l'intérieur de la pyramide, dans la Grande Galerie, la réponse de Jean-Pierre Dupeyron est claire :"D’après moi, a-t-il répondu à une question que je lui posais, la Grande Galerie n’a jamais servi à l’élévation des blocs. La principale fonction de cette machine à l’intérieur était un leurre servant à justifier une grande cavité permettant de dissimuler l’entrée secrète de la chambre funéraire de Khéops. Pour que cette galerie ne soit pas vue par les profanateurs comme une anomalie, il fallait trouver une astuce. La machine permettait de justifier cette réalisation et, éventuellement, à ajuster le couloir descendant à la taille des blocs-bouchons."
Pour le cas spécifique des monolithes en granite mis en place pour les chambres de décharge au-dessus de la Chambre du Roi, voici la suite de la réponse de l'auteur :"L’élévation des monolithes est, à mon avis, un faux problème : il suffisait de disposer de tous les blocs nécessaires au tout début de la construction. Ensuite, au fur et à mesure de l’élévation de la pyramide, il fallait élever ces blocs de seulement une assise. Dans mon livre, j’envisage le cas où, s’il manquait un bloc, il fallait bien pouvoir le hisser. Dans ce cas, seules les cordes [et non les leviers] devaient pouvoir réaliser cette fonction ; la force développée par les leviers étant trop faible pour être efficace."
Un dernier point que me précise Jean-Pierre Dupeyron au regard des propositions faites par ses "collègues" : l’archéologue Stuart Kirkland Wier a calculé théoriquement le nombre d'ouvriers strictement nécessaires à la construction de la pyramide. Or, ce chiffre est étonnamment bas : 1430 en moyenne pendant 20 ans. Bien sûr, le calcul ne tient pas compte des pertes de rendement en tous genres : rampe à construire, traîneaux à monter, frottement des traîneaux… Toutefois, malgré ce faible nombre théorique d’ouvriers, certains "pyramidologues" veulent encore le réduire avec des dispositifs plus ou moins compliqués. Or, ce raisonnement n’est valable que si l’on est limité en moyens (humain ou financier) et que le temps de construction n’est pas le critère primordial. Nous savons que, du temps des pyramides, les priorités étaient inverses : le temps était limité et le pharaon disposait d’une main-d’œuvre abondante (pas de guerre et excellent rendement agricole). Donc, les architectes anciens ont très certainement favorisé une solution rapide d’acheminement des blocs de pierre, quitte à utiliser une pléthore d’ouvriers."



Les illustrations sont extraites de l'ouvrage de Jean-Pierre Dupeyron et reproduites avec l'aimable autorisation de leur auteur.

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