Illustration extraite de Wikipédia
Dans son Voyage au Levant, Pierre Belon du Mans (1517 ou 1518–1564) donne cette description des pyramides qu'il visite en 1547 :
"N'en desplaise aux ouvrages et antiquitez Romaines, elles ne tiennent rien de la grandeur & orgueil des Pyramides. Les Egyptiens attendants la resurrection des morts, avoyent couftume de confire les corps, pour les faire durer à l'eternité. Aussi est-ce, ce que nous usons pour le jourd'huy sous le nom de Mumie, ne voulant pas les brusler, comme faisoyent les Latins, ne les enterrer, comme les Grecs : car ils estimoyent que le feu est un animant qui devore & consume toutes choses, & qu'apres s'estre bien saoulé, luymesmes & ce qu'il a devoré perissent. Aussi ne vouloyent-ils point enterrer les corps, de peur que les verms ne les mangeassent. Et pour eviter tous ces inconvenients, ils les confisoyent anciennement avec du Catran & du Nitre : & après qu'ils les avoyent conficts, les mettoyent dedens des sepulchres, enfermez dessous quelque grosse masse de pierre. Et de fait choisissoyent les lieux les plus steriles qu'ils pouvoyent trouver, pour les sepultures. Tellement que le lieu ou sont les Pyramides, est moult desert. Elles sont delà le Nil environ quatre lieues loing du Caire. […]
Les Mores du prochain village nous accompagnerent pour monter dessus les Pyramides, & nous monstrerent le chemin. Elles sont situés moult loing de la mer, mais ne sont qu’à trois jets de pierre de l’eau du Nil. Il semble à voir que les Pyramides que ce soyent montagnes de desmesurée grandeur, Aussi ont esté là assemblées par moult grand travail & labeur des hommes. Le lieu ou elles sont situées, est fort sablonneux & sterile : duquel Pline a escrit, suyvant ce qu'en a dit Herodote, en ceste maniere :
Arena latè pura circùm lentis similitudine.
La plus grande Pyramide pour estre en lieu un peu plus bas que la seconde, apparoit de loing estre plus petite : mais de prés elle se monstre sans comparaison beaucoup plus grande. Veritablement elles sont plus admirables que ne les ont descrites les historiens, desquelles la plus grande est faite à degrez par le dehors. Nous avons mesuré sa baze, qui ha trois cents vingtquatre pas d'un coing à l'autre, lesquels comptasmes, estendants un peu les jambes. Commençants à compter du pied de ladicte Pyramide en montant, trouvasmes environ deux cents cinquante degrez, desquels chacun degré est de la hauteur de cinq semelles d'un soulier à neuf poincts. Estants à la sommité, veoyons bien à cler la ville du Caire delà le Nil, du costé de l'Arabie deserte, & de l'autre costé nous retournants vers le septentrion, veoyons tout le pays d'Egypte comme submergé, semblant quelque grand’mer.
Puis tournants le visage vers le Midy, qui est le costé d'Afrique ne veoyons sinon le sablon sterile. […]
Nous sortimes de la Pyramide, & allasmes voir la seconde. Nous avons descrit ceste grande Pyramide la premiere, comme surpassant toutes autres en grandeur & orgueil, comme aussi c’est elle que tous les autheurs anciens ont entendu estre admirable à la regarder. Le meilleur archer qui seroit à sa summité, & tirast une fleche en l’air, à peine pourroit l’envoyer hors de sa base, qu’elle ne tombast sur les degrez : car, comme avons dict, est de desmesurée largeur."
Source de ce texte numérisé : Musagora
"N'en desplaise aux ouvrages et antiquitez Romaines, elles ne tiennent rien de la grandeur & orgueil des Pyramides. Les Egyptiens attendants la resurrection des morts, avoyent couftume de confire les corps, pour les faire durer à l'eternité. Aussi est-ce, ce que nous usons pour le jourd'huy sous le nom de Mumie, ne voulant pas les brusler, comme faisoyent les Latins, ne les enterrer, comme les Grecs : car ils estimoyent que le feu est un animant qui devore & consume toutes choses, & qu'apres s'estre bien saoulé, luymesmes & ce qu'il a devoré perissent. Aussi ne vouloyent-ils point enterrer les corps, de peur que les verms ne les mangeassent. Et pour eviter tous ces inconvenients, ils les confisoyent anciennement avec du Catran & du Nitre : & après qu'ils les avoyent conficts, les mettoyent dedens des sepulchres, enfermez dessous quelque grosse masse de pierre. Et de fait choisissoyent les lieux les plus steriles qu'ils pouvoyent trouver, pour les sepultures. Tellement que le lieu ou sont les Pyramides, est moult desert. Elles sont delà le Nil environ quatre lieues loing du Caire. […]
Les Mores du prochain village nous accompagnerent pour monter dessus les Pyramides, & nous monstrerent le chemin. Elles sont situés moult loing de la mer, mais ne sont qu’à trois jets de pierre de l’eau du Nil. Il semble à voir que les Pyramides que ce soyent montagnes de desmesurée grandeur, Aussi ont esté là assemblées par moult grand travail & labeur des hommes. Le lieu ou elles sont situées, est fort sablonneux & sterile : duquel Pline a escrit, suyvant ce qu'en a dit Herodote, en ceste maniere :
Arena latè pura circùm lentis similitudine.
La plus grande Pyramide pour estre en lieu un peu plus bas que la seconde, apparoit de loing estre plus petite : mais de prés elle se monstre sans comparaison beaucoup plus grande. Veritablement elles sont plus admirables que ne les ont descrites les historiens, desquelles la plus grande est faite à degrez par le dehors. Nous avons mesuré sa baze, qui ha trois cents vingtquatre pas d'un coing à l'autre, lesquels comptasmes, estendants un peu les jambes. Commençants à compter du pied de ladicte Pyramide en montant, trouvasmes environ deux cents cinquante degrez, desquels chacun degré est de la hauteur de cinq semelles d'un soulier à neuf poincts. Estants à la sommité, veoyons bien à cler la ville du Caire delà le Nil, du costé de l'Arabie deserte, & de l'autre costé nous retournants vers le septentrion, veoyons tout le pays d'Egypte comme submergé, semblant quelque grand’mer.
Puis tournants le visage vers le Midy, qui est le costé d'Afrique ne veoyons sinon le sablon sterile. […]
Nous sortimes de la Pyramide, & allasmes voir la seconde. Nous avons descrit ceste grande Pyramide la premiere, comme surpassant toutes autres en grandeur & orgueil, comme aussi c’est elle que tous les autheurs anciens ont entendu estre admirable à la regarder. Le meilleur archer qui seroit à sa summité, & tirast une fleche en l’air, à peine pourroit l’envoyer hors de sa base, qu’elle ne tombast sur les degrez : car, comme avons dict, est de desmesurée largeur."
Source de ce texte numérisé : Musagora
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