L'architecte français Jacques-François Blondel (1705-1774), admis à l’Académie d'architecture en 1728, est réputé pour son "bon goût", qu'il préférait à la "magnificence".
Dans une leçon qu'il donna dans l'École des arts, il consacra un brève partie de son exposé aux pyramides d'Égypte.
Extraits de l'ouvrage Cours d'architecture, ou Traité de la décoration, distribution et construction des bâtiments, contenant les leçons données en 1750 et les années suivantes par J.-F. Blondel, architecte, dans son École des Arts, édition de 1771
"On met ordinairement les pyramides au nombre des plus anciens monuments des Égyptiens ; cependant, Homère qui parle souvent de l'Égypte, et qui en rapporte plusieurs particularités intéressantes, ne dit rien de ces vastes entreprises. Quoi qu'il en soit, personne n'ignore que ces pyramides étaient destinées a immortaliser les souverains à qui elles servaient de sépulture. Rien ne prouve mieux que ces monuments le désir ardent qu'avaient les Égyptiens de faire passer leur nom à la postérité. L'histoire nous apprend d'ailleurs un autre motif qui les avait déterminés à leur donner cette structure étonnante ; ils les regardaient comme une demeure stable, au lieu qu'ils ne considéraient leur habitation ordinaire que comme un lieu de passage de cette vie à une autre, qui devait, selon leur opinion, recommencer au bout de mille ans.
Les trois pyramides que l'on voit encore à trois lieues du Caire sont bâties sur le roc (1), et distantes l'une de l'autre d'environ trois cents pas. M. de Chazelles, de l'Académie des Sciences, ayant mesuré la plus haute en 1693, la trouva entière, et dit qu'elle avait la forme d'un triangle équilatéral, dont la perpendiculaire était de soixante-dix toises trois quarts. Sur les faces extérieures sont des gradins qui conduisent jusqu'au sommet terminé en plate-forme.
Cette pyramide est construite en pierres dures, dont les moindres ont trois pieds de haut et environ six de longueur. Au milieu de son intérieur est un sépulcre de trente-deux pieds de longueur sur seize de largeur et dix-neuf de hauteur : dans une des extrémités de ce sépulcre était, dit-il, un cénotaphe ou tombeau vide, qui avait été destiné à contenir le corps du Roi Pharaon qui fut englouti et perdu dans la mer Rouge.
Pline assure que durant l'espace de vingt années, trois cent soixante mille hommes ne cessèrent de travailler à la construction de cette pyramide. Les descriptions faites par M. de Chazelles servent à la fois à nous donner une grande idée des moyens dont les Anciens se servaient pour élever à cette hauteur des fardeaux si pesants, et à réfuter l'opinion de Diodore de Sicile, qui prétend que les Égyptiens ignoraient la mécanique.
La seconde de ces pyramides est moins conservée que la précédente, et a moins de diamètre. Strabon prétend que celle-ci dans son origine avait été plus considérable qu'elle ne l'était de son temps.
La troisième, qui a encore moins de diamètre que les deux autres, passe cependant pour la plus belle ; on remarque, en effet, qu'elle est construite avec plus de soin, et qu'elle est d'ailleurs incrustée d'une assez belle pierre d'Arabie, nommée marbre balzate.
Il est à présumer que ces pyramides doivent, en partie, leur longue durée à la nature du climat, où les pluies sont peu fréquentes ; car, par l'examen qu'en ont fait plusieurs artistes éclairés, ils ont reconnu que la pierre n'est pas à beaucoup près aussi dure que l'ont décrit nos voyageurs, mais que l'air sec qui les frappe depuis tant de siècles a pu contribuer beaucoup à leur conservation ; et quoique dans les joints des parements extérieurs ils n'aient remarqué ni chaux, ni plomb, ni fer, le volume immense de ces édifices a pu suffire seul pour les préserver de l'intempérie des saisons."
(1) Les anciens choisissaient volontiers un semblable fonds pour leurs édifices, parce qu'il est très solide, et qu'ils ambitionnaient de travailler pour les races futures.
Dans une leçon qu'il donna dans l'École des arts, il consacra un brève partie de son exposé aux pyramides d'Égypte.
Extraits de l'ouvrage Cours d'architecture, ou Traité de la décoration, distribution et construction des bâtiments, contenant les leçons données en 1750 et les années suivantes par J.-F. Blondel, architecte, dans son École des Arts, édition de 1771
Stanley and the White Heroes in Africa... de H.B.Scammel (wikimedia commons)
Les trois pyramides que l'on voit encore à trois lieues du Caire sont bâties sur le roc (1), et distantes l'une de l'autre d'environ trois cents pas. M. de Chazelles, de l'Académie des Sciences, ayant mesuré la plus haute en 1693, la trouva entière, et dit qu'elle avait la forme d'un triangle équilatéral, dont la perpendiculaire était de soixante-dix toises trois quarts. Sur les faces extérieures sont des gradins qui conduisent jusqu'au sommet terminé en plate-forme.
Cette pyramide est construite en pierres dures, dont les moindres ont trois pieds de haut et environ six de longueur. Au milieu de son intérieur est un sépulcre de trente-deux pieds de longueur sur seize de largeur et dix-neuf de hauteur : dans une des extrémités de ce sépulcre était, dit-il, un cénotaphe ou tombeau vide, qui avait été destiné à contenir le corps du Roi Pharaon qui fut englouti et perdu dans la mer Rouge.
Pline assure que durant l'espace de vingt années, trois cent soixante mille hommes ne cessèrent de travailler à la construction de cette pyramide. Les descriptions faites par M. de Chazelles servent à la fois à nous donner une grande idée des moyens dont les Anciens se servaient pour élever à cette hauteur des fardeaux si pesants, et à réfuter l'opinion de Diodore de Sicile, qui prétend que les Égyptiens ignoraient la mécanique.
La seconde de ces pyramides est moins conservée que la précédente, et a moins de diamètre. Strabon prétend que celle-ci dans son origine avait été plus considérable qu'elle ne l'était de son temps.
La troisième, qui a encore moins de diamètre que les deux autres, passe cependant pour la plus belle ; on remarque, en effet, qu'elle est construite avec plus de soin, et qu'elle est d'ailleurs incrustée d'une assez belle pierre d'Arabie, nommée marbre balzate.
Il est à présumer que ces pyramides doivent, en partie, leur longue durée à la nature du climat, où les pluies sont peu fréquentes ; car, par l'examen qu'en ont fait plusieurs artistes éclairés, ils ont reconnu que la pierre n'est pas à beaucoup près aussi dure que l'ont décrit nos voyageurs, mais que l'air sec qui les frappe depuis tant de siècles a pu contribuer beaucoup à leur conservation ; et quoique dans les joints des parements extérieurs ils n'aient remarqué ni chaux, ni plomb, ni fer, le volume immense de ces édifices a pu suffire seul pour les préserver de l'intempérie des saisons."
(1) Les anciens choisissaient volontiers un semblable fonds pour leurs édifices, parce qu'il est très solide, et qu'ils ambitionnaient de travailler pour les races futures.
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