Suite de notre voyage le long de la vallée du Nil en compagnie d'Edme-François Jomard.
Après la Grande Pyramide, puis les pyramides de Dahchour (note précédente), nous voici à Saqqarah, avec sa célèbre pyramide à degrés, au cœur du complexe funéraire de Djéser.
La description est rapide, sujette sans aucun doute à un relatif manque d'intérêt pour ce complexe, comparativement aux célèbres monuments du plateau de Guizeh. (*)
Afin de se dédouaner en quelque sorte de la rapidité de son propos, l'auteur se risque à un constat qui, depuis, est devenu une vérité première pour tous les pyramidologues : la corrélation entre les diverses techniques de construction de l'ensemble des pyramides. Le processus, c'est évident, a évolué des mastabas aux pyramides lisses telles qu'elles apparaissent encore dans leur splendeur à Guizeh. Mais il s'agit globalement d'un même processus, et souvent, des mêmes équipes de bâtisseurs : "Il manque sans doute plusieurs renseignements pour compléter la description de cette pyramide intéressante, écrit Jomard ; mais celle des autres monuments du même genre pourra y suppléer en partie, attendu l'analogie qui règne entre ces diverses constructions."
"Analogie entre ces diverses constructions" : retenons bien la formule ! Elle peut être très riche de conséquences...
(*) Vous l'aurez peut-être remarqué, si vous êtes l'un des nombreux fidèles de ce blog : celui-ci, à ses débuts, avait installé ses pénates à Guizeh. Il y a donc été surtout question de Khéops, la référence par excellence en matière de pyramides. Or, l'expérience aidant, et inspiré par des conseils amicaux, je vais désormais l'ouvrir aux pyramides des autres époques, avec les textes anciens ou modernes y faisant référence. Dès que j'aurai mis la main sur un texte traitant de Khéops, Khéphren, Mykérinos... et même du Sphinx, je reviendrai toutefois avec plaisir au point de départ.
"En continuant de nous porter du midi au nord, nous arrivons à la plus considérable des pyramides de Saqqârah : elle est à 2000 mètres au nord de la pyramide de Dahchour, et à 6000 mètres au sud-ouest du village de Saqqârah ; on l'appelle Haram el-Kebireh (la Grande Pyramide). En effet, ses dimensions approchent de celles des grandes pyramides de Gyzeh, et elle mérite le second rang. La base moyenne a environ 200 mètres ; sa hauteur, composée de 152 assises, d'environ 0m 68, est égale à 103m 36.
Quoique dégradée dans les parties inférieures de ses quatre faces, la pyramide conserve encore son revêtement en beaucoup d'endroits, et sous ce rapport elle a un intérêt que ne présente plus le grand monument de l'ouest de Gyzeh. Comme dans celui-ci, l'ouverture est sur la face du nord, et à une certaine distance de l'apothème ; mais elle est située à une plus grande élévation. Dans la grande pyramide, elle est à la douzième partie de la hauteur totale ; et dans la pyramide de Saqqârah, aux deux neuvièmes environ de la hauteur. Dans l'une et dans l'autre, le premier conduit est incliné à l'horizon ; mais ici le second est horizontal. Ces deux conduits ont 1m 06 de largeur, et 1m 14 de hauteur, perpendiculairement au plan inférieur.
À l'extrémité du couloir horizontal, est une salle oblongue, de plain-pied avec le fond, longue de 6m 82 du nord au sud, large de 3m 41. Sa hauteur est de 12m 99. Elle se compose de quatre assises qui s'élèvent en forme de pieds-droits jusqu'à 3m 25, et au-dessus s'élèvent douze autres assises disposées en encorbellement, comme dans la grande galerie ascendante de la pyramide de Gyzeh ; chacune est saillante sur l'autre d'à peu près 0m 108, de manière que le plafond n'a pas plus de largeur que le couloir. Les pierres sont en granit, de très grande dimension, et travaillées avec un tel soin qu'il est impossible de faire entrer entre deux joints la lame d'un couteau.
Au fond et dans l'angle à droite de cette salle, on trouve un autre couloir horizontal, haut et large comme le précédent, et long de 3m 24 à 3,56 : il aboutit à une seconde salle oblongue, qui, du nord au sud, à 7m 47, et, dans l'autre sens, 3m 25, et qui, pour la forme du couronnement, le travail et la nature de la pierre, est en tout semblable à la précédente. On y a trouvé un encombrement de pierres et de débris.
À la partie sud de cette salle, et à 18 ou 20 pieds de hauteur, est un troisième conduit horizontal qui, selon le voyageur Thévenot, a 4m 22 de long, et 1m 95 de hauteur. La troisième salle, dans laquelle il débouche, a 7m 96 dans le sens du nord au sud, et 8m 66 de l'est à l'ouest. La hauteur est 17m 54. Elle est encore disposée en encorbellement dans la partie supérieure. Au milieu de la pièce, on trouve sur le sol une cavité rectangulaire, dont le fond est inégal ; peut-être y avait-il en cet endroit un sarcophage. Il manque sans doute plusieurs renseignements pour compléter la description de cette pyramide intéressante ; mais celle des autres monuments du même genre pourra y suppléer en partie, attendu l'analogie qui règne entre ces diverses constructions.
Passons à celles de moindre importance qui sont à l'ouest et au sud-ouest de Saqqârah, ou vers le nord-ouest du même village.
Les unes et les autres sont au nombre de quatre, toutes de petite dimension, hors une seule. La première, en marchant du midi au nord, est très dégradée ; la seconde est divisée en cinq parties ou grands degrés ; la troisième est en grosses briques non cuites, et la quatrième en pierre : elles sont dégradées et occupent deux mamelons couverts de matériaux.
La seconde seule mérite de nous arrêter. Les Arabes l'appellent Mastabet el-Fara'oun ( siège des Pharaons ), prétendant ridiculement que les anciens rois rendaient la justice du haut de ce monument. Les espèces de degrés dont elle est formée sont autant de pyramides tronquées, en retraite les unes sur les autres, dont la hauteur est d'environ 12m 99. En mesurant la base au nord et à l'est, on trouve également 160 pas, ou 121 mètres. Il reste des parties de revêtement, mais fort dégradées.
Les quatre pyramides au nord et au nord-ouest de Saqqârah sont ainsi distribuées. La première ou la plus méridionale est assez petite, ainsi que la troisième. La seconde est la plus importante ; elle se compose de six corps de maçonnerie qui en font une pyramide à six degrés. La quatrième est fort ruinée. Les Arabes donnent à la seconde le nom de Haram el-Modarrageh, c'est-à-dire pyramide façonnée en gradins : autour sont de nombreuses catacombes. Sa base, mesurée au nord et au sud, est d'environ 90m 97 ; à l'est et à l'ouest, de 81m 21. Chaque degré a verticalement environ 8m 12, et horizontalement 3m 2 à 3m 9, indépendamment du talus de chacun des corps pyramidaux. La hauteur totale est évaluée à 48m 73.
La pierre du revêtement est un calcaire blanc, compacte. Du côté du sud, on remarque une forte lézarde, que les hommes ont agrandie. On a cru y reconnaître que l'intérieur de la construction est en partie formé de gravier. Tout le sol des environs a été aplani, et forme autour du monument une place quadrangulaire, inférieure de près de deux mètres au sol de la pyramide."
Après la Grande Pyramide, puis les pyramides de Dahchour (note précédente), nous voici à Saqqarah, avec sa célèbre pyramide à degrés, au cœur du complexe funéraire de Djéser.
La description est rapide, sujette sans aucun doute à un relatif manque d'intérêt pour ce complexe, comparativement aux célèbres monuments du plateau de Guizeh. (*)
Afin de se dédouaner en quelque sorte de la rapidité de son propos, l'auteur se risque à un constat qui, depuis, est devenu une vérité première pour tous les pyramidologues : la corrélation entre les diverses techniques de construction de l'ensemble des pyramides. Le processus, c'est évident, a évolué des mastabas aux pyramides lisses telles qu'elles apparaissent encore dans leur splendeur à Guizeh. Mais il s'agit globalement d'un même processus, et souvent, des mêmes équipes de bâtisseurs : "Il manque sans doute plusieurs renseignements pour compléter la description de cette pyramide intéressante, écrit Jomard ; mais celle des autres monuments du même genre pourra y suppléer en partie, attendu l'analogie qui règne entre ces diverses constructions."
"Analogie entre ces diverses constructions" : retenons bien la formule ! Elle peut être très riche de conséquences...
(*) Vous l'aurez peut-être remarqué, si vous êtes l'un des nombreux fidèles de ce blog : celui-ci, à ses débuts, avait installé ses pénates à Guizeh. Il y a donc été surtout question de Khéops, la référence par excellence en matière de pyramides. Or, l'expérience aidant, et inspiré par des conseils amicaux, je vais désormais l'ouvrir aux pyramides des autres époques, avec les textes anciens ou modernes y faisant référence. Dès que j'aurai mis la main sur un texte traitant de Khéops, Khéphren, Mykérinos... et même du Sphinx, je reviendrai toutefois avec plaisir au point de départ.
Photo Marc Chartier
"En continuant de nous porter du midi au nord, nous arrivons à la plus considérable des pyramides de Saqqârah : elle est à 2000 mètres au nord de la pyramide de Dahchour, et à 6000 mètres au sud-ouest du village de Saqqârah ; on l'appelle Haram el-Kebireh (la Grande Pyramide). En effet, ses dimensions approchent de celles des grandes pyramides de Gyzeh, et elle mérite le second rang. La base moyenne a environ 200 mètres ; sa hauteur, composée de 152 assises, d'environ 0m 68, est égale à 103m 36.
Quoique dégradée dans les parties inférieures de ses quatre faces, la pyramide conserve encore son revêtement en beaucoup d'endroits, et sous ce rapport elle a un intérêt que ne présente plus le grand monument de l'ouest de Gyzeh. Comme dans celui-ci, l'ouverture est sur la face du nord, et à une certaine distance de l'apothème ; mais elle est située à une plus grande élévation. Dans la grande pyramide, elle est à la douzième partie de la hauteur totale ; et dans la pyramide de Saqqârah, aux deux neuvièmes environ de la hauteur. Dans l'une et dans l'autre, le premier conduit est incliné à l'horizon ; mais ici le second est horizontal. Ces deux conduits ont 1m 06 de largeur, et 1m 14 de hauteur, perpendiculairement au plan inférieur.
À l'extrémité du couloir horizontal, est une salle oblongue, de plain-pied avec le fond, longue de 6m 82 du nord au sud, large de 3m 41. Sa hauteur est de 12m 99. Elle se compose de quatre assises qui s'élèvent en forme de pieds-droits jusqu'à 3m 25, et au-dessus s'élèvent douze autres assises disposées en encorbellement, comme dans la grande galerie ascendante de la pyramide de Gyzeh ; chacune est saillante sur l'autre d'à peu près 0m 108, de manière que le plafond n'a pas plus de largeur que le couloir. Les pierres sont en granit, de très grande dimension, et travaillées avec un tel soin qu'il est impossible de faire entrer entre deux joints la lame d'un couteau.
Au fond et dans l'angle à droite de cette salle, on trouve un autre couloir horizontal, haut et large comme le précédent, et long de 3m 24 à 3,56 : il aboutit à une seconde salle oblongue, qui, du nord au sud, à 7m 47, et, dans l'autre sens, 3m 25, et qui, pour la forme du couronnement, le travail et la nature de la pierre, est en tout semblable à la précédente. On y a trouvé un encombrement de pierres et de débris.
À la partie sud de cette salle, et à 18 ou 20 pieds de hauteur, est un troisième conduit horizontal qui, selon le voyageur Thévenot, a 4m 22 de long, et 1m 95 de hauteur. La troisième salle, dans laquelle il débouche, a 7m 96 dans le sens du nord au sud, et 8m 66 de l'est à l'ouest. La hauteur est 17m 54. Elle est encore disposée en encorbellement dans la partie supérieure. Au milieu de la pièce, on trouve sur le sol une cavité rectangulaire, dont le fond est inégal ; peut-être y avait-il en cet endroit un sarcophage. Il manque sans doute plusieurs renseignements pour compléter la description de cette pyramide intéressante ; mais celle des autres monuments du même genre pourra y suppléer en partie, attendu l'analogie qui règne entre ces diverses constructions.
Source : Wikipédia
Passons à celles de moindre importance qui sont à l'ouest et au sud-ouest de Saqqârah, ou vers le nord-ouest du même village.
Les unes et les autres sont au nombre de quatre, toutes de petite dimension, hors une seule. La première, en marchant du midi au nord, est très dégradée ; la seconde est divisée en cinq parties ou grands degrés ; la troisième est en grosses briques non cuites, et la quatrième en pierre : elles sont dégradées et occupent deux mamelons couverts de matériaux.
La seconde seule mérite de nous arrêter. Les Arabes l'appellent Mastabet el-Fara'oun ( siège des Pharaons ), prétendant ridiculement que les anciens rois rendaient la justice du haut de ce monument. Les espèces de degrés dont elle est formée sont autant de pyramides tronquées, en retraite les unes sur les autres, dont la hauteur est d'environ 12m 99. En mesurant la base au nord et à l'est, on trouve également 160 pas, ou 121 mètres. Il reste des parties de revêtement, mais fort dégradées.
Les quatre pyramides au nord et au nord-ouest de Saqqârah sont ainsi distribuées. La première ou la plus méridionale est assez petite, ainsi que la troisième. La seconde est la plus importante ; elle se compose de six corps de maçonnerie qui en font une pyramide à six degrés. La quatrième est fort ruinée. Les Arabes donnent à la seconde le nom de Haram el-Modarrageh, c'est-à-dire pyramide façonnée en gradins : autour sont de nombreuses catacombes. Sa base, mesurée au nord et au sud, est d'environ 90m 97 ; à l'est et à l'ouest, de 81m 21. Chaque degré a verticalement environ 8m 12, et horizontalement 3m 2 à 3m 9, indépendamment du talus de chacun des corps pyramidaux. La hauteur totale est évaluée à 48m 73.
La pierre du revêtement est un calcaire blanc, compacte. Du côté du sud, on remarque une forte lézarde, que les hommes ont agrandie. On a cru y reconnaître que l'intérieur de la construction est en partie formé de gravier. Tout le sol des environs a été aplani, et forme autour du monument une place quadrangulaire, inférieure de près de deux mètres au sol de la pyramide."
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