vendredi 27 mai 2011

Des “graffiti”, vieux de 4.500 ans, trouvés et photographiés par le robot Djedi dans la pyramide de Khéops

Djedi a commencé à parler. Cette mission égypto-internationale, chargée de l’exploration des “conduits” - dits “air-shafts” - de la Chambre de la Reine, dans la Grande Pyramide, a communiqué quelques premiers renseignements fournis par le robot équipé d’une caméra “serpent” pour inspecter en tout premier lieu la configuration et le contenu de cet espace éminemment secret qu’est l’extrémité du conduit sud dans les entrailles du monument.
Ces renseignements, dont trois clichés reproduits ci-après, m’ont été fournis par l’Université de Leeds (Grande-Bretagne) et Dassault Systèmes, partenaires du projet Djedi.
Je renouvelle mon plus cordial merci à ces informateurs.


Photo Sandro Vannini
Djedi - du nom d’un magicien consulté par Khoufou avant la construction de sa pyramide - est une mission égypto-internationale, placée sous l’autorité directe de Zahi Hawass, ministre égyptien des Antiquités, et comprenant comme membres Shaun Whitehead (Scoutek Ltd, UK), TC Ng (Independent researcher, Hong Kong), Robert Richardson (University of Leeds, UK), Andrew Pickering (University of Leeds, UK), Stephen Rhodes (University of Manchester, UK), Ron Grieve (Tekron, Canada) (Ron Grieve est décédé en décembre 2010), Adrian Hildred (Independent researcher, UK), Mehdi Tayoubi (Dassault Systèmes, France), Richard Breitner (Dassault Systèmes).
Le robot Djedi Rover est au cœur de cette mission. Mis au point par des ingénieurs de l’Université de Leeds, avec l’étroite collaboration de la firme de robotique Scoutek et du leader mondial en univers virtuels 3D Dassault Systèmes, il a été investi de la fonction d’aller explorer les conduits dits “d’aération” (appellation contestée par certains experts) de la Chambre de la Reine dans la pyramide de Khéops, notamment le conduit sud, auquel sont liés d’importantes questions techniques relatives à sa configuration, et donc - a priori - d’éventuels enseignements sur cet espace de tout temps considéré comme l’un des plus secrets du monument.


Une caméra "serpent"
Pour accomplir son travail, le robot Djedi, d’une très haute technicité, est notamment équipé d’une micro-caméra “serpent” de 8 mm de diamètre, articulée de manière à pouvoir obéir à une rotation de 360°. Cette caméra a donc été spécialement conçue pour passer dans le trou creusé, lors d’une précédente mission (lire la note de Pyramidales sur ce sujet) dans la première porte (blocking stone) obstruant le conduit sud de la Chambre de la Reine, puis explorer l’espace - dénommé “chamber” par Zahi Hawass et la mission Djedi - situé immédiatement après.




Illustration extraite des Annales du Service des Antiquités de l’Égypte.
Il ne s'agit bien sûr que d'un croquis , car le conduit n'est pas totalement rectiligne.

Le conduit est particulièrement difficile à explorer, car il est très étroit (20cm x 20cm), et a été construit suivant un angle de 40°, sans issue extérieure (contrairement aux deux conduits de la Chambre du Roi).
La première porte, comportant deux barrettes (sans doute en cuivre) et, maintenant, un trou de 2 cm de diamètre, est située à 63,6 m de l’entrée du conduit, dans la Chambre de la Reine. Son épaisseur est évaluée à 60 mm.
Quant à l’espace, dénommé “chamber”, juste derrière cette porte, ses dimensions ont été évaluées, suite aux observations de la caméra articulée du robot Djedi, à 230 mm pour la largeur, 230 mm pour la hauteur et 190 mm pour la longueur.
C’est dans cet espace qu’ont été pris les clichés qui suivent et qui ont été publiés dans les Annales du Service des Antiquités de l’Égypte, t. 84, Le Caire, 2010. Je les reproduis ici avec l’aimable autorisation de l’Université de Leeds et de Dassault Systèmes.


     
Photo-montage du sol, entre la première porte et le second bloc, en direction de ce bloc. 
On y voit des figures peintes en rouge, à droite d’un “trait de maçon”, de même couleur.  
Copyright Djedi Team
Cliquer sur les illustrations pour agrandir

Photo-montage de l’arrière de la première porte. On y voit notamment 
les pointes recourbées des deux barrettes encastrées dans la porte.  
Copyright Djedi Team


Détail des “hiéroglyphes” peints sur le sol.  
Copyright Djedi Team

Ces représentations - est-il besoin de le mentionner ? - n’ont jamais été vues depuis la construction de la pyramide. Elles pourront peut-être donner, précisent les membres de la mission Djedi, des “indices sur la manière dont a été construite cette partie de la pyramide”.



"Detective story"
Concernant la porte, dont on sait maintenant que les deux faces sont polies, Shaun Whitehead affirme : “Il ne s’agit pas d’une pierre grossièrement taillée, qui n’aurait été utilisée que pour stopper des débris dévalant dans le conduit. Autrement dit, elle a dû avoir un rôle important.”
Mais quel rôle ? La question reste ouverte, au même titre qu’une autre interrogation demeure sur la configuration et le rôle du second bloc délimitant le fond de la “chamber”. S’agit-il d’une autre porte ? Si oui, qu’y a-t-il derrière ? La “detective story”, pour reprendre l’expression de Shaun Whitehead, est loin d’être terminée.
On l’aura donc compris : la mission égypto-internationale se poursuit, son contrat portant jusqu’à la fin 2011. Mais le robot Djedi est prêt à toute éventualité. En plus de sa caméra très sophistiquée, il est équipé d’un dispositif à ultrasons pour déterminer l’épaisseur d’un bloc, ainsi que d’une mini-foreuse qui serait mise en action au cas où la décision serait prise d’aller explorer au-delà du désormais fameux second bloc dont, aux dernières nouvelles, on ne sait encore rien.
Affaire à suivre...