La revue Science & Vie, dans son numéro de juin 2011, vient compléter la foultitude des dossiers spéciaux consacrés aux pyramides d’Égypte, notamment à l’énigmatique pyramide de Khéops.
Pour rédiger son volumineux article, Émilie Rauscher est allée faire son marché auprès de deux hypothèses contemporaines, présentées comme “nouvelles” et affirmant que “des antichambres, des couloirs et même la ‘vraie’ Chambre du Roi restent à découvrir”.
Au préalable, elle prend soin de se livrer à un état des lieux, par un bref inventaire du monument et de sa structure interne, puis de rappeler les questions, ou plus précisément ”la” question que continuent de se poser inlassablement les pyramidologues : la Grande Pyramide comporte-t-elle des “cavités cachées” ? Et si oui, où peuvent-elles bien être ?
Pour tenter de répondre à cette question, les chercheurs disposent désormais, depuis les années 80, des résultats de campagnes de prospection non “invasive” du monument. Ainsi, “les études de microgravimétrie permettent de déceler les variations de densité dans la structure de la pyramide”.
Émilie Rauscher résume ensuite, en les juxtaposant, les deux hypothèses modernes - celle de Jean-Pierre Houdin, puis celle de Francine Darmon et Jacques Bardot - en précisant, au détour d'une phrase, qu'elles ont toutes les deux "leurs points forts comme leurs faiblesses".
La première de ces hypothèses, selon laquelle “Deux salles jouxteraient la chambre du pharaon”, est bien connue des lecteurs de Pyramidales, puisque de substantielles notes l’ont présentée en détail, avec en préambule une interview exclusive de Jean-Pierre Houdin.
L’article de Science & Vie énumère, en prenant appui sur de très explicites illustrations, quelques-unes des observations qui ont amené Jean-Pierre Houdin à élaborer ce qu’il appelle sa “reconstitution du chantier” de Khéops : l’absence d’antichambre dans les plans habituellement retenus de la Grande Pyramide, le tracé “anormal” des conduits dits “d’aération”, la hauteur “trop haute” de la Chambre du Roi, la configuration du mur nord de cette chambre...
D’où les conclusions suggérées par l’architecte : le “circuit noble”, les deux antichambres, la seconde, ou plutôt la véritable entrée dans la Chambre du Roi...
C’est clair, concis, évidemment incomplet. Mais comment pourrait-il en être autrement dans un article de quatre pages ? Qu’on me permette simplement d’apporter un petit bémol : Émilie Rauscher écrit, pour présenter Jean-Pierre Houdin, qu’il a “privilégié l’analyse des plans et des savoir-faire techniques des anciens Égyptiens plutôt que les études de terrain”. Ce n’est pas tout à fait exact. Certes, l’architecte est un fin connaisseur du langage de la pierre, dans ses différentes techniques, théoriques et pratiques, de mise en oeuvre. Mais il privilégie tout autant les observations faites “sur le terrain” (ce qu’il a fait, au grand jour ou incognito, à plusieurs reprises). La seule difficulté - elle est de taille ! - qu’il rencontre est la non-autorisation officielle, qui jusqu’à présent lui a été opposée, de procéder à des compléments de prospection non invasive de la pyramide de Khéops. Mais le dernier mot n’a pas été dit...
La seconde hypothèse, qui a fait l’objet d’une brève présentation sur Pyramidales, est également décrite en quatre pages, richement illustrées, sous le titre “Deux pièces seraient cachées à côté de la Grande Galerie”.
Émilie Rauscher résume comme suit les indices servant de base aux recherches de Francine Darmon et Jacques Bardot : la présence de fissures dans le plafond de la Chambre du Roi, la révélation par radar et microgravimétrie de zones de sur- et de sous-densité en contrebas du couloir horizontal menant à la Chambre de la Reine ainsi que sous la salle des herses, la présence de faux joints repérés dans la maçonnerie du couloir horizontal, le symbole du double tombeau, les murs “maquillés” de la Chambre de la Reine.
D’où la conclusion : ”En dessous de l’impressionnante Grande Galerie et du couloir horizontal menant à la chambre dite “de la Reine”, Jacques Bardot et Francine Darmon imaginent deux autres voies d’accès. L’une mènerait à une salle au rôle encore indéterminé, l’autre au véritable tombeau du pharaon.”
Pour faire bon poids, bonne mesure, qu’Émilie Rauscher me permette une fois encore une petite remarque : elle emploie le terme “imaginer” pour résumer le travail des deux chercheurs. Je ne suis pas certain que ceux-ci l’apprécient tellement ! Justifiant le degré de certitude qui leur est propre dans la définition de leurs différentes théories ou conjectures, les vrais pyramidologues, dans leur plus grande diversité, sont généralement convaincus de procéder à leurs recherches non pas en faisant appel à leur imagination, mais bien à des conclusions sciemment amenées à partir d’indices collectés et exploités de la manière la plus rationnelle possible.
Pour terminer son enquête, Émilie Rauscher consacre deux pages à “La technique à l’assaut de la vérité”. Il y est question effectivement des techniques d’exploration de la Grande Pyramide, qu’elles aient été déjà utilisées, qu’elles soient proposées (dans l’attente d’un sésame de la part de l’incontournable maître des lieux : Zahi Hawass, ministre des Antiquités) ou qu’elles soient en cours, comme c’est le cas pour la Mission Djedi, dont les premiers résultats sont aujourd’hui officiellement publiés, mais qu’Émilie Rauscher ignorait lors de la rédaction de son dossier.