Joseph Davidovits est un scientifique français de renom international. Il est l'inventeur de la chimie des géopolymères (matières minérales obtenues de façon synthétique, par des procédés chimiques que la nature réalise elle-même, mais sur des cycles très longs de plusieurs millions d'années).
Le Pr. Davidovits
(photo extraite de geopolymer.org)
Il est principalement connu du grand public pour sa théorie sur la méthode de construction des pyramides d’Égypte avec, non pas d'énormes blocs taillés et traînés sur des rampes, mais des pierres ré-agglomérées, autrement dit des pierres calcaires naturelles fabriquées comme du béton, puis moulées. Il a présenté cette théorie dans ses ouvrages Ils ont bâti les pyramides (2002) et La nouvelle histoire des pyramides (2004).
Le matériau utilisé le plus important est le calcaire. Les analyses du géochimiste allemand D.D. Klemm démontrent que 97 à 100% des blocs proviennent de la couche de calcaire tendre et argileuse située dans l'Oued (wadi) en contrebas du plateau de Guizeh. Or, d'après l'égyptologue M. Lehner, les Égyptiens employèrent un calcaire tendre et friable, inutilisable comme pierre de taille. Les ouvriers n'ont pas mis en œuvre le calcaire dur et dense situé à proximité des pyramides, sauf à de rares exceptions pour les restaurations ultérieures. Le géologue L. Gauri démontre que ce calcaire est fragile, car il inclut des matériaux argileux (notamment une argile kaolinite) sensibles à l'eau expliquant l'extrême fragilité du corps du Sphinx, alors que sa tête, taillée dans la couche géologique dure et dense, a résisté à 4000 ans d'érosion.
Ce calcaire argileux tendre, trop fragile pour être une pierre de taille, est bien adapté à l'agglomération. De plus, il contient naturellement des ingrédients géopolymériques réactifs, comme l'argile kaolinitique, indispensable pour fabriquer la colle géologique (le ciment de liaison) et assurer la géosynthèse.
Il n'est pas nécessaire de broyer cette pierre, car elle se désagrège facilement avec l'eau du Nil pendant les inondations (l'Oued ou Wadi est rempli d'eau à ce moment) pour former une boue calcaire. À cette boue, on ajoute des matériaux géologiques réactifs (la mafkat, un silicate hydraté de cuivre et d'alumine, surexploitée au temps de Khéops dans les mines du Sinaï), le sel natron égyptien (carbonate de soude, présent massivement dans le Wadi Natrum), et de la chaux provenant de cendres de plantes et de bois. On transporte cette boue de calcaire dans des paniers, on la verse, puis on la tasse dans des moules (faits en bois, pierre, brique crue), directement sur le chantier. La méthode est identique à celle du pisé, encore utilisé aujourd'hui.
Ce calcaire, ré-aggloméré par réaction géochimique, durcit naturellement pour fournir des blocs résistants. Les blocs sont ainsi constitués de 90 à 95% de calcaire naturel en agrégats avec les coquillages fossiles, et de 5 à 10% de colle géologique (ciment dit "géopolymérique") à base d'alumino-silicates.
Un géologue non formé à la chimie des géopolymères affirmera de bonne foi que les pierres sont naturelles. Elles sont, d'après le professeur Davidovits, le résultat d'une réaction chimique créant du calcaire pur ainsi que de l'hydrosodalite (un minéral appartenant à la famille des feldspathoïdes ou des zéolithes).
Résumé de la formule chimique du liant de la pierre ré-agglomérée : argile + natron + chaux => feldspathoïde + calcaire (c'est-à-dire une pierre naturelle).
Le liant de la pierre ré-agglomérée est le résultat d'une géosynthèse (un géopolymère) qui crée deux minéraux naturels: le calcaire et le feldspath hydraté (feldspathoïde). On comprend pourquoi les géologues peuvent être facilement trompés.
Plus d'informations
Institut Géopolymère
Vidéo sur la fabrication de béton calcaire à partir des ingrédients géologiques utilisés par les anciens Egyptiens :
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire