lundi 12 janvier 2009

La théorie d'un "amateur" éclairé sur la construction des pyramides


Les désaccords et chamailleries des professionnels de l'archéologie égyptienne, sous l'arbitrage accepté ou subi du Conseil suprême des Antiquités égyptiennes, actuellement piloté par l'omniprésent Dr. Zahi Hawass, peuvent donner de l'inspiration aux "amateurs" passionnés d'égyptologie. Si aucune théorie relative à la construction des pyramides ne semble pouvoir rallier actuellement tous les suffrages, pourquoi pas la mienne ?
Il n'est point besoin alors d'être grand clerc pour analyser les conséquences d'une telle initiative : le risque encouru est sérieux, à savoir celui de l'improvisation. Chaque profession n'a-t-elle pas ses règles, son éthique, ses savoir-faire découlant d'une formation ad hoc préalable ? L'honnêteté intellectuelle ne fait jamais l'impasse sur l'aveu d'ignorance quand celle-ci est la seule conclusion plausible d'une suite d'interrogations irrésolues. Il vaut mieux reconnaître que l'on ne sait pas que de prétendre savoir à tort et à travers, sous prétexte d'occuper le terrain des incertitudes !
Dans ma recherche sur Internet des théories relatives à la construction des pyramides, notamment celles du plateau de Guizeh, je croise ainsi des théoriciens, ou prétendus tels, émergeant de je ne sais quel terreau scientifique ou pseudo-scientifique.
Loin de moi la prétention d'affirmer que leurs assertions sont "a priori" erronées ! Ou, au contraire, qu'elles sont intellectuellement satisfaisantes. Je n'ai aucune compétence pour porter un tel jugement. Je note simplement que faire cavalier seul dans un univers aussi complexe et exigeant, d'un point de vue scientifique, que celui d'une archéologie à l'histoire séculaire est une entreprise plus que téméraire. Et comment peut-on raisonnablement tenir une théorie en l'étayant uniquement à l'aide de simples "Cela a dû se passer comme cela", sans aucun argumentaire scientifiquement nourri et enrichi par la contradiction ?
Sans pour autant y chercher un cas exemplaire, j'ai parcouru le plus attentivement possible le site signé "nicole.michel" : http://pagesperso-orange.fr/nicole.michel/pyramide.htm
 
Première constatation : l'auteur de ce site y livre le fruit de vingt-sept années de recherches, présentant celles-ci comme « une étude architecturale stricte et méticuleuse de la Grande Pyramide qui laisse augurer de fabuleuses découvertes ». Puis d'ajouter : « En suggérant aux égyptologues des pistes inexplorées, j'espère apporter ma contribution à la recherche archéologique. Certes, je ne suis qu'un amateur, mais il arrive que les amateurs dament le pion aux professionnels. » À bon entendeur...
Le site comporte les rubriques suivantes : méthode de construction (des pyramides), chronologie, description et plan de la Grande Pyramide, le message de la pyramide, la seconde entrée, la grand galerie, les magasins funéraires, la véritable chambre funéraire, le couloir inconnu, les conduits de "ventilation", la pyramide squattée ?
Chacun pourra se faire sa propre idée sur les hypothèses, voire les certitudes avancées par l'auteur du site, de toute évidence un passionné qui a largement ouvert sa curiosité sur les théories des "professionnels" en égyptologie.

Sur la technique de construction proprement dite, l'auteur défend celle « conforme au témoignage d'Hérodote » : on construit d'abord une pyramide à degrés ; on achemine ensuite les pierres de complément vers le sommet ; on pose enfin le revêtement de haut en bas. « On le sait depuis longtemps, commente l'auteur, les pyramides lisses possèdent une structure interne à degrés à laquelle il serait logique d'attribuer une fonction mécanique. » Notons au passage le conditionnel : « il serait logique »...
Un détail de cette technique est développé ainsi par l'auteur : alors que les archéologues "sèchent" sur les inconvénient des rampes provisoires en brique accolées directement aux parois de la pyramide en cours de construction (elles interdisent la pose du revêtement, puisqu'elles occupent la place qui devrait revenir au revêtement), il affirme qu'« il suffit d'intercaler un mur provisoire en briques entre la rampe et le degré correspondant. Cela a pour effet de placer les rampes au-delà de la ligne de pente définitive de la pyramide. (…) Parvenu au sommet, on détruit le mur intercalaire. Cela a pour conséquence de libérer suffisamment d'espace pour disposer les blocs de revêtement en utilisant la rampe correspondante puisqu'elle est toujours accessible. (…) On habille ainsi le degré supérieur en empilant quatre couches de blocs de revêtement les unes par dessus les autres (chaque degré étant apparemment constitué de quatre assises). On procède de la même manière pour le degré inférieur et ainsi de suite jusqu'à la base. » Puis d'ajouter cette remarque dont on appréciera la modestie : « C'est bête comme chou, mais je suis apparemment le seul à y avoir pensé. »
Le site http://pagesperso-orange.fr/nicole.michel/pyramide.htm nous réserve une autre surprise de taille, faisant à nouveau référence à Hérodote : la Grande Pyramide dite "de Khéops" n'abriterait pas la sépulture de ce pharaon, mais celle d'un autre personnage important dénommé Kops ou Keps. Un squatteur en quelque sorte... Et notre pauvre Hérodote, « peu accoutumé à ce genre de procédé, fait l'amalgame et comprend que la grande pyramide est celle de Kops ou Keps (Chops ou Cheps en grec) ».
L'auteur du site parvient à cette conclusion : « Faute de disposer d'une documentation suffisante, je ne m'aventurerai pas en désignant l'un des noms cités précédemment. Je pense toutefois qu'il s'agit de Ramsses 8 ou du fils de Ramsses 9 puisque leurs momies n'ont pas été trouvées. Pour éviter toute confusion, nous l'appellerons dorénavant [pyramide de] "Chops". »
Chaque chapitre de la construction de "Chops" fait ainsi l'objet d'une description, d'un inventaire des théories et de l'énoncé de l'hypothèse de l'auteur du site Internet. À un détour de son cheminement, Michel Nicole (je suppose que c'est le nom de cet auteur) nous réserve cette fois-ci une petite surprise. Il y est question d'un couloir secret, découvert grâce à la micro-gravimétrie, parallèle au couloir conduisant à la chambre dite "de la Reine". Mais où en est la porte d'accès ? Contrairement à la tonalité générale du contenu de son site, l'auteur confesse: « Je vais sans doute vous étonner, mais je n'en ai pas la moindre idée. » Dont acte !
À la lumière de ce parcours trop sommairement résumé ici (voir le site pour plus de détails), je me demande si l'histoire des pyramides du plateau de Guizeh ne subit pas une overdose de "mystères". Ce terme trop commode prête assurément le flanc à mille et une élucubrations faisant trop aisément l'impasse sur l'objectivité du raisonnement et le caractère scientifique de la démarche. Pourquoi ne pas parler plutôt d'incertitudes, d'état plus ou moins avancé de la recherche ? En laissant, cela va de soi, toutes les théories ou pseudo-théories nourries de mystères évoluer dans leur sphère spécifique...

2 commentaires:

Anonyme a dit…

en dégarnissant la pyramide de ses pierres de parement ... n'aurait on pas mis en évidence cette sous structure .. GENRE ?

Anonyme a dit…

C'est vraiment nul, j'espère que l'auteur ce prend pas au sérieux.