En préambule à l'exposé de son analyse et de son diagnostic d'"expert", l'auteur présente sa méthode qui contraste, selon lui, avec celle appliquée par de très nombreux chercheurs dans le domaine de l'égyptologie appliquée aux pyramides. Alors que les architectes, ingénieurs et égyptologues qui s'intéressent aux questions de construction "commencent (...) par développer la manière dont ils imaginent qu'ils auraient procédé, puis (...) en recherchent les preuves a posteriori, oubliant ou niant ce qui les contredit", il se propose non "de faire le procès des uns ou des autres, mais de pouvoir tabler sur un état des lieux objectif aussi précis et solide que possible, afin de jeter les bases d'une expertise construction sur un problème qui, d'évidence, dépasse la seule compétence archéologique classique"? (pp. 18 et 241)
Pas de procès ? Soit ! Il n'empêche qu'Éric Guerrier a la plume acide et particulièrement alerte, à grand renfort de qualificatifs pour le moins peu flatteurs, quand il passe en revue les théories émises par les adeptes des rampes ou des machines et surtout les francs-tireurs, compte non tenu bien sûr des auteurs de théories fantaisistes ou les plus farfelues. Certes, la "démarche expertale [qu'il revendique et souhaite appliquer] n'est jamais polémique" et c'est, affirme-t-il, "dans cet état d'esprit, à la fois impartial et objectif" qu'il examine dans son ouvrage les divers procédés. (p. 325) Mais avant d'être jugés "irréalistes sur le plan technique, ou tout simplement inadéquats au regard de l'état archéologique des pyramides", ces divers procédés, exposés par des égyptologues patentés ou certains "pyramidiots", se voient parfois qualifier, au choix, d'âneries, d'absurdités, d'idioties, dé délires, d'extravagances... sans compter la "paranoïa" propre à ceux qui ne prêtent attention qu'à la Grande Pyramide, en négligeant les autres, ainsi que la "mythomanie du pyramidion" qui atteint les égyptologues les plus sérieux...
On l'aura compris : l'auteur n'échappe pas à la guéguerre des mots qui, me semble-t-il, est trop souvent de mise dans ce pourtant passionnant univers de l'égyptologie, comme si l'exposé d'une théorie nécessitait, en préambule, une lessive générale en guise de tabula rasa... Parbleu ! La volée de bois vert ne fait pas partie, que je sache, des règles de la logique ou de la rhétorique. Mais passons ! À chacun son style et sa manière de discourir.
Pas de procès ? Soit ! Il n'empêche qu'Éric Guerrier a la plume acide et particulièrement alerte, à grand renfort de qualificatifs pour le moins peu flatteurs, quand il passe en revue les théories émises par les adeptes des rampes ou des machines et surtout les francs-tireurs, compte non tenu bien sûr des auteurs de théories fantaisistes ou les plus farfelues. Certes, la "démarche expertale [qu'il revendique et souhaite appliquer] n'est jamais polémique" et c'est, affirme-t-il, "dans cet état d'esprit, à la fois impartial et objectif" qu'il examine dans son ouvrage les divers procédés. (p. 325) Mais avant d'être jugés "irréalistes sur le plan technique, ou tout simplement inadéquats au regard de l'état archéologique des pyramides", ces divers procédés, exposés par des égyptologues patentés ou certains "pyramidiots", se voient parfois qualifier, au choix, d'âneries, d'absurdités, d'idioties, dé délires, d'extravagances... sans compter la "paranoïa" propre à ceux qui ne prêtent attention qu'à la Grande Pyramide, en négligeant les autres, ainsi que la "mythomanie du pyramidion" qui atteint les égyptologues les plus sérieux...
On l'aura compris : l'auteur n'échappe pas à la guéguerre des mots qui, me semble-t-il, est trop souvent de mise dans ce pourtant passionnant univers de l'égyptologie, comme si l'exposé d'une théorie nécessitait, en préambule, une lessive générale en guise de tabula rasa... Parbleu ! La volée de bois vert ne fait pas partie, que je sache, des règles de la logique ou de la rhétorique. Mais passons ! À chacun son style et sa manière de discourir.
Illustration extraite du livre d'Éric Guerrier
Après un inventaire détaillé des techniques mises en œuvre pour la construction des pyramides ayant précédé celles du plateau de Guizeh, puis des différents éléments de la "macrostructure" de la pyramide de Khéops (noyau, accrétions, complément, parement), complétés par les aménagements intérieurs (espaces, chambres, couloirs...), Éric Guerrier expose ce qui lui semble être le "processus probable de construction" de cette pyramide. Ce processus tient en une expression clé : une macrostructure interne par noyau et accrétions accolées de façon dégressive. Un bémol toutefois, et il est d'une importance majeure : un examen attentif des composantes de la pyramide de Khéops prouve que celle-ci a fait l'objet de modifications successives dans son projet en cours de construction. D'où les architectes de la Grande Pyramide, qui, eux, ont droit à tous les éloges, "ont dû procéder pragmatiquement (sic), mélangeant les deux processus généraux [élévation du noyau jusqu'à son altitude maximale, suivie des accrétions dégressives, ou accroissement progressif du noyau et des accrétions, permettant de terminer la pyramide à n'importe quel moment], sans esprit de système, certes, mais en suivant des principes".
Quels principes ?
Nous voici ainsi "de retour à Hérodote", notamment lorsque ce maître de l'Histoire écrit :"Furent terminées d'abord les parties supérieures de la pyramide, puis celles qui leur faisaient suite, puis les plus basses jusqu'au ras du sol. On la construisit d'abord sous cette forme, puis on hissa les pierres de complément."
Afin de ne pas trahir ou déformer l'interprétation qu'Éric Guerrier donne de cette référence, je préfère le citer longuement :"La description d'Hérodote confirme (...), formellement et sans aucune ambiguïté, le principe de macrostructure de la pyramide de Kheops, conforme à l'histoire des chantiers depuis Djéser. Il donne aussi comme processus général le noyau monté en premier, puis dégressivement, les accrétions, jusqu'à la plus basse, avant le complément. Mais, bien sûr, c'est là le principe d'un processus général qui n'oblige pas à élever d'un coup le noyau jusqu'en haut, puis la vingtaine d'accrétions l'une après l'autre en redescendant. D'abord la raideur de l'élancement, proche de 80°, rendrait une telle tour et chaque accrétion beaucoup trop vulnérables, notamment avec l'inclusion de dispositifs intérieurs. Sans parler des problèmes pratiques de chantier que cela poserait, et du risque si l'Horus venait à disparaître subitement en cours de travaux. Même si la dimension finale avait été fixée dès le projet initial par oracle, le pari sur la durée de vie de l'Horus représentait un aléa considérable. Il est donc certain que l'élévation du noyau et des accrétions se fit progressivement, selon un processus probable que nous allons décomposer. Et c'est ce processus progressif qui a sans doute permis de terminer la quasi totalité des pyramides, sauf celles demeurées à l'état d'ébauches, c'est-à-dire celles pour lesquelles la vie de l'Horus n'a pas permis de dépasser le stades des travaux préparatoires ou des substructures." (p. 351)
Suit alors, dans la logique de l'auteur, un exposé des processus particuliers et des procédés de construction que je ne peux reprendre ici en détail mais que l'on retrouvera évidemment dans l'ouvrage (pp. 352 et sq). Je me contente de relever les quelques précisions techniques suivantes :
- utilisation d'une rampe droite pour les premières assises composées du noyau et des accrétions accolées (hauteur maxi de la rampe : 30 m ; longueur maxi : 600 m) ;
- construction de la Grande Galerie : étayages successifs à partir de l'engravure du 3e encorbellement pour supporter le charroi des énormes monolithes mis en place au-dessus de la Chambre du Roi ;
- pour la construction de la Chambre du Roi, les bâtisseurs ont eu recours à un coffrage, "soit par remplissage de briques ou de pierres cubiques, soit par un solide échafaudage de bois soutenant un épais plancher" (p. 367) ;
- recours à deux rampes adossées au "complément" pour la mise en place des chevrons de la porte monumentale ;
- montage du "complément" par lits horizontaux une fois terminée la macrostructure par noyau et accrétions : les blocs sont hissés par traîneaux glissant sur les arêtes du gradinage...
Tel un preux chevalier de l'expertise, Éric Guerrier fourbit ses armes contre le paradigme d'une édification de la pyramide par grands lits horizontaux. En conclusion de cette chevauchée sur le terrain chaotique et diversifié des théories, il prend soin de répondre par anticipation à quiconque se risquerait à le taxer d'incohérence dans la mesure où les processus de construction qu'il préconise intègrent, bon gré mal gré, les rampes et les "machines" (eh oui !) :"Nous avons montré que quelques rampes basses associées à de simples "machines", faites de bois aux dimensions relativement modestes, sans aucune pièce rotative, permettaient d'élever tous les types de pierres pour réaliser les différents ouvrages et dispositifs... comme tous les constructeurs l'ont toujours fait partout." (p. 432)
Cette citation est précédée par ce rappel à l'ordre :"Outre les masses improbables de brique, les questions de mise en œuvre, de stabilité, d'usure, d'espace de manœuvre et autres questions non résolues, que nous avons analysées (...), les grandes rampes sont condamnées par le principe même de la macrostructure. Il en va de même de tous les "systèmes" inventés par les architectes et ingénieurs, toujours à propos de la seule Grande Pyramide, et qui défient les données archéologiques les moins contestables, sans parler du bon sens." (ibid.)
C.Q.F.D ! Cherchez la différence !
Quels principes ?
Nous voici ainsi "de retour à Hérodote", notamment lorsque ce maître de l'Histoire écrit :"Furent terminées d'abord les parties supérieures de la pyramide, puis celles qui leur faisaient suite, puis les plus basses jusqu'au ras du sol. On la construisit d'abord sous cette forme, puis on hissa les pierres de complément."
Afin de ne pas trahir ou déformer l'interprétation qu'Éric Guerrier donne de cette référence, je préfère le citer longuement :"La description d'Hérodote confirme (...), formellement et sans aucune ambiguïté, le principe de macrostructure de la pyramide de Kheops, conforme à l'histoire des chantiers depuis Djéser. Il donne aussi comme processus général le noyau monté en premier, puis dégressivement, les accrétions, jusqu'à la plus basse, avant le complément. Mais, bien sûr, c'est là le principe d'un processus général qui n'oblige pas à élever d'un coup le noyau jusqu'en haut, puis la vingtaine d'accrétions l'une après l'autre en redescendant. D'abord la raideur de l'élancement, proche de 80°, rendrait une telle tour et chaque accrétion beaucoup trop vulnérables, notamment avec l'inclusion de dispositifs intérieurs. Sans parler des problèmes pratiques de chantier que cela poserait, et du risque si l'Horus venait à disparaître subitement en cours de travaux. Même si la dimension finale avait été fixée dès le projet initial par oracle, le pari sur la durée de vie de l'Horus représentait un aléa considérable. Il est donc certain que l'élévation du noyau et des accrétions se fit progressivement, selon un processus probable que nous allons décomposer. Et c'est ce processus progressif qui a sans doute permis de terminer la quasi totalité des pyramides, sauf celles demeurées à l'état d'ébauches, c'est-à-dire celles pour lesquelles la vie de l'Horus n'a pas permis de dépasser le stades des travaux préparatoires ou des substructures." (p. 351)
Suit alors, dans la logique de l'auteur, un exposé des processus particuliers et des procédés de construction que je ne peux reprendre ici en détail mais que l'on retrouvera évidemment dans l'ouvrage (pp. 352 et sq). Je me contente de relever les quelques précisions techniques suivantes :
- utilisation d'une rampe droite pour les premières assises composées du noyau et des accrétions accolées (hauteur maxi de la rampe : 30 m ; longueur maxi : 600 m) ;
- construction de la Grande Galerie : étayages successifs à partir de l'engravure du 3e encorbellement pour supporter le charroi des énormes monolithes mis en place au-dessus de la Chambre du Roi ;
- pour la construction de la Chambre du Roi, les bâtisseurs ont eu recours à un coffrage, "soit par remplissage de briques ou de pierres cubiques, soit par un solide échafaudage de bois soutenant un épais plancher" (p. 367) ;
- recours à deux rampes adossées au "complément" pour la mise en place des chevrons de la porte monumentale ;
- montage du "complément" par lits horizontaux une fois terminée la macrostructure par noyau et accrétions : les blocs sont hissés par traîneaux glissant sur les arêtes du gradinage...
Tel un preux chevalier de l'expertise, Éric Guerrier fourbit ses armes contre le paradigme d'une édification de la pyramide par grands lits horizontaux. En conclusion de cette chevauchée sur le terrain chaotique et diversifié des théories, il prend soin de répondre par anticipation à quiconque se risquerait à le taxer d'incohérence dans la mesure où les processus de construction qu'il préconise intègrent, bon gré mal gré, les rampes et les "machines" (eh oui !) :"Nous avons montré que quelques rampes basses associées à de simples "machines", faites de bois aux dimensions relativement modestes, sans aucune pièce rotative, permettaient d'élever tous les types de pierres pour réaliser les différents ouvrages et dispositifs... comme tous les constructeurs l'ont toujours fait partout." (p. 432)
Cette citation est précédée par ce rappel à l'ordre :"Outre les masses improbables de brique, les questions de mise en œuvre, de stabilité, d'usure, d'espace de manœuvre et autres questions non résolues, que nous avons analysées (...), les grandes rampes sont condamnées par le principe même de la macrostructure. Il en va de même de tous les "systèmes" inventés par les architectes et ingénieurs, toujours à propos de la seule Grande Pyramide, et qui défient les données archéologiques les moins contestables, sans parler du bon sens." (ibid.)
C.Q.F.D ! Cherchez la différence !
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