lundi 28 septembre 2009

"Opération Khéops"

Illustration extraite des
Annales de l'Institut technique du Bâtiment et des Travaux Publics
Flash-back sur l'année 1986 : dans le cadre d'un mécénat technologique EDF, avec la collaboration technique de la Compagnie de Prospection Géophysique Française (CPGF), une prospection par application de la microgravimétrie a été entreprise pour analyser certaines parties de la structure interne de la pyramide de Khéops, sur la base d'anomalies architecturales détectées par les architectes Jean-Patrice Goidin et Gilles Dormion, impliquant l'éventuelle existence de cavités au voisinage des circulations internes de la pyramide.
Au programme :
- des mesures microgravimétriques dans la Chambre du Roi et ses chambres de décharge, la galerie d'accès à la Chambre de la Reine et les deux extrémités de la Grande Galerie (218 stations effectuées) ;
- un examen approfondi des chambres de décharge ;
- des microforages dans le couloir de la Chambre de la Reine.
Résultats communiqués :
- détermination d'une densité moyenne de la pyramide : elle est de l'ordre de 1,95 t/m³. Cette valeur étant majorée de 5 % pour tenir compte de l'effet de la vallée du Nil, la densité moyenne (granit compris) fut alors estimée à 2 t/m³. Compte tenu de la densité du calcaire local (2,06), du calcaire de Tourah (2,6) et d'éventuels remblais (1,8), l'hypothèse fut avancée d'une "pyramide homogène constituée essentiellement de calcaire local" ;
- repérage d'anomalies locales au sein de la pyramide, la gravimétrie permettant de localiser des anomalies de masse et non directement des cavités ;
- existence supposée d'anomalies de masse situées vers l'ouest de la galerie d'accès à la Chambre de la Reine, plutôt en dessous ; coïncidence observée de la partie droite de ces anomalies avec celles de structure observées par J.-P. Goidin et G. Dormion : à cet endroit ont été implantés trois microforages de contrôle. Les microforages ont été réalisés avec les caractéristiques suivantes : hauteur d'attaque à 30 cm environ au-dessus du plancher ; inclinaison verts le bas entre 30 et 40° sur l'horizontale ; longueur de "foration" entre 2,35 m et 2,65 m ; écartement des forages de 1,30 m.
Les principaux résultats ont été résumés comme suit par Yves Lemoine (*):
a) mise en évidence d'un premier bloc de calcaire très dur d'environ 2 coudées (2x53 cm) de large ;
b) au-delà, présence de 1 ou 2 blocs d'une coudée de large, en calcaire plus tendre, les joints étant en général très serrés ;
c) sur ces blocs et "avant" de déboucher dans le sable, les microsondages 1 et 3 ont mis en évidence du mortier ;
d) mise en évidence d'une importante couche de sable, d'une épaisseur variant entre 10 et 40 cm selon l'emplacement des sondages ;
e) au-delà du sable, la maçonnerie calcaire a été retrouvée sur les sondages 1 et 2. Pour le sondage 3, la longueur unitaire des tiges de 30 cm n'a pas permis d'aller au-delà d'une longueur totale de 2,55 m.

"En conclusion, affirme Yves Lemoine, les microforages, réalisés dans des conditions d'environnement très difficiles, ont confirmé l'existence d'une anomalie de masse appréciable dans la zone de coïncidence entre les microgravimétries et les anomalies de construction signalées par les architectes."


La "spirale" de Huy Duong Bui

La communication sur le bilan exact de ces découvertes est restée plutôt discrète. De même pour une autre batterie de mesures, effectuée au début de l'année 1987 et consacrée non plus à la recherche d'une hypothétique cavité, mais à la structure de la pyramide. "Vers la fin des années 80, raconte Huy Duong Bui, directeur de recherches au CNRS et membre de l'Académie des Sciences, mon directeur m’a confié un travail sur la pyramide de Khéops. La présence d’une cavité probable avait été pressentie par des architectes français. J’ai été chargé, en collaboration avec l’ex-CPGF (Compagnie de Prospection Géophysique Française) qui faisait des mesures de microgravité, de mener des études mathématiques et numériques afin de retrouver ces cavités pouvant abriter le tombeau du Pharaon. Devant les résultats négatifs de cette prospection, vous imaginez ma déception et celle de tous ceux qui comptaient sur les retombées médiatiques en cas de découverte… Puis j’ai eu l’idée de reconstituer la densité de la pyramide entière avec les mesures gravimétriques déjà prises et j’ai découvert avec la CPGF une sorte de spirale de déficit de densité, à l’intérieur de la pyramide !" (X-Info, avril 2008) 
Lorsqu'en 2002, lors d’une conférence à Paris, Henri et Jean-Pierre Houdin ont présenté leur théorie de construction de la Grande Pyramide "par l'intérieur", le lien était fait entre cette théorie et la "spirale" de Huy Duong Bui.

(*) lors d'une séance d'étude, le 23 octobre 1986, consacrée aux "Aspects techniques et physiques de l'opération Khéops" et relatée dans les Annales de l'Institut technique du Bâtiment et des Travaux Publics, n° 454, mai 1987, série Architecture et Urbanisme 72 (merci à Manuel Minguez pour m'avoir communiqué ce document)

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