lundi 3 janvier 2011

Selon Jean de S. Fere (XVIe s.), Khéops ne fut en rien un modèle pour les princes chrétiens dans le gouvernement de leur royaume

Je n’ai trouvé aucune information sur Jean de S. Fere [Sainte-Feyre ?], sinon qu’il vécut au XVIe siècle et qu’il était doyen de l’église collégiale de Notre-Dame de la Chapelle Taille-fer [Taillefert], dans le diocèse de Limoges.
Il a consacré un court paragraphe aux pyramides égyptiennes dans son ouvrage La République chrestienne, contenant le vray mirouër & instruction d'un Prince chrestien, pour bien & heureusement conduire ses mœurs & actions en l'administration & gouvernement d'un Royaume, comme aussi de tous ceux lesquels ont charge & maniement des affaires du public, & pareillement de toutes autres personnes qui désirent vivre selon les vertus morales & intellectuelles, & conformer leur vie aux préceptes d'icelles (1578)
Quoique brèves, ses remarques sur le pourquoi des pyramides et les intentions de leurs bâtisseurs ne prêtent nullement à équivoque. Elles se traduisent implicitement de la sorte, en guise de conseils avisés aux “princes chrétiens” : pour bien gouverner, n’imitez surtout pas le comportement de vos lointains prédécesseurs égyptiens !
Pour faciliter la lecture du texte, j’ai rétabli, sauf en de rares occasions, l’orthographe actuelle.
“Le cinquième [commandement] est qu’il faut éviter superfluité en somptuosités faites pour ostentation de richesses que l’on possède, comme firent jadis les rois d’Égypte, lesquels pour délaisser à leur postérité perpétuelle mémoire d’eux, édifièrent les pyramides, lesquelles étaient carrées par bas, et en la sommité pointues ; et en icelles, n’[y] avait autre chose que les sépulcres des rois qui les faisaient bâtir.
Il y en avait une entre les autres qui contenait huit arpents de terre en carré, et en telles monstrueuses prodigalités toute la richesse d’Égypte fut consommée.
Hérodote récite que Cleopes [Chéops] roi d’Égypte fit faire deux merveilleuses pyramides, l’une desquelles fut construite de pierres arabiques par six cent mille maçons, ou selon aucuns par trois cent soixante mille, et fut achevée en vingt ans, et c’est celle de laquelle parle Pline, et dit que les ouvriers despendirent [dépensèrent] en aulx, oignons et raiforts mille huit cents talents.
Le talent d’Égypte  (comme récite Budé, en son livre De Asse) valait quatre-vingts livres d’or. Par quoi facilement se peut conjecturer que la dépense que firent les ouvriers en autres viandes était plus excessive.
Ledit Cleopes y despendit si grande quantité de pécune qu’il devint pauvre à merveilles, et par pauvreté fut contraint de prostituer sa fille.”

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