dimanche 10 octobre 2010

“Il n’est personne dont l’âme ne se soit élevée en lisant les descriptions ou en entendant les récits de ces prodiges de la puissance de l’homme” (C.-N.-S. Sonnini - XVIIIe-XIXe s. - à propos des pyramides de Guizeh)

Naturaliste français, secrétaire de Buffon, Charles-Nicolas-Sigisbert Sonnini de Manoncourt (1751-1812) fut un passionné de voyages. Il visita notamment l’Égypte en 1777, à la suite d’une demande  adressée au gouvernement français de conduire une expédition pour traverser l’Afrique du nord au sud (demande restée sans suite).
Voici, extrait de son Voyage dans la haute et basse Égypte : fait par ordre de l'ancien gouvernement et contenant des observations de tous genres (1798), ce qu’il écrivait sur les pyramides de Guizeh.
Il y est question de deux dessins, transmis à l’auteur, illustrant la chambre des herses à l’intérieur de la Grande Pyramide. Je ne suis pas certain que ce document représente un apport essentiel à la “pyramidologie”. Je considère toutefois que, comme tel, il a sa place dans l’inventaire auquel je me suis astreint.

“Il n’est personne qui n’ait entendu parler des fameuses pyramides de l’Égypte ; il n’est personne dont l’âme ne se soit élevée en lisant les descriptions ou en entendant les récits de ces prodiges de la puissance de l’homme. Leur masse indestructible, l’admiration des siècles et le désespoir du temps pèsent encore sur le sol où florissait l’antique et superbe Memphis, que les années ont entièrement effacée de la surface de la terre.
La plus grande de ces pyramides, qui a environ cinq cents pieds de hauteur perpendiculaire et sept cents sur son plan incliné, était ouverte ; des mains profanes et cupides avaient violé l’asile sacré et ténébreux de la mort ; son intérieur entièrement nu avait été au pillage, et les choses précieuses qu’elle renfermait étaient devenues de quelque barbare usurpateur.
Je ne tenterai point la description des pyramides, ni des détails de ces souterrains, et de ces salles funèbres, séjour d’un nombre incroyable de chauves-souris. Un coup d’oeil rapide et inquiet n’a pu me suffire, et je veux pas, comme Savary, copier à leur sujet l’ouvrage d’un autre Français qui les a décrites avec beaucoup de soin et d’exactitude. Mais ce que Maillet en a écrit était encore loin de fixer l’opinion sur la destination de monuments que l’antiquité regardait comme l’une des merveilles de l’univers. Les conjectures vont être fixées ; les pyramides qui sont restées intactes vont éclairer sur l’objet de leur construction, et nos compatriotes vont arracher un voile épaissi par des milliers d’années d’incertitude.



Planche XXV

J’ai eu entre les mains deux dessins de quelques parties de la grande pyramide ; ils étaient accompagnés d’un mémoire manuscrit, et le tout m’avait été remis par le ci-devant duc de Chaulnes (*), qui m’avaient engagé à suivre les recherches qu’il m’indiquait. N’ayant pas eu la possibilité de me livrer à ce travail, j’ai laissé au Caire même l’écrit de M. de Chaulnes, afin qu’il eût la facilité d’y chercher quelqu’un qui eût le loisir de seconder ses vues. J’ai seulement fait prendre des copies des deux dessins qui n’ont pas été publiés. (Voyez pl. XXV)
L’on observera que les lettres indicatives répondant aux explications et aux observations contenues dans le mémoire qui m’avait été confié, et que par cette raison je ne me suis pas permis de copier, l’on ne doit pas en chercher les renvois dans mon ouvrage.
La figure première est une simple coupe dont M. Dalton a donné la perspective. Cette coupe étant faite sur une échelle beaucoup plus petite que la perspective, on y a dessiné  une portion de la chambre du sépulcre. Ce dessin a été fait par M. Davissou, qui a été d’abord secrétaire de M. Edouard-Worthley Montaigut, ensuite de M. de Chaulnes.
L’on voit (fig. 2) la perspective dessinée par M. Dalton, de l’espace qui est entre la chambre du sépulcre et la grande galerie inclinée. Ces parties sont dans l’intérieur de celle des pyramides de Memphis, qui est la plus grande et qui est ouverte.
Dans les deux dessins on a également employé les mesures anglaises.
Le point à vérifier avec ces dessins et l’objet pour lequel ils avaient été envoyés par M. de Chaulnes, était de confronter les deux mesures sur la pyramide même. On voit que la coupe donnée par Davissou (fig. 1) ne fait mention que des espaces compris entre A, B et C. Dans ce dessin, B est un mur isolé, et C le massif entre ces espaces et la galerie ; au lieu que dans la pespective de Dalton (fig. 2), le point C est un second mur isolé laissant un second espace entre C et D, lequel est alors le même massif.”

Source du texte : Gallica
Source de l’illustration : Gallica

(*) auteur d’un mémoire sur les hiéroglyphes du puits de Saqqara

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