Dans son Hand-book for travellers in Egypt, 1847, l'égyptologue britannique, considéré comme le "père de l'égyptologie britannique", Sir John Gardner Wilkinson (1797-1875), décrit tout ce que bon "touriste" doit savoir des pyramides : leur histoire, la manière de les aborder, leurs caractéristiques extérieures (dimensions...), leurs aménagements intérieurs. Je n'ai rien noté dans cette description qui mérite une particulière mention. Je relève simplement deux extraits dans lesquels l'auteur aborde la question du canal amenant les eaux du Nil jusqu'au cœur de la Grande Pyramide, puis celle des chaussées d'accès aux trois pyramides.
À ces questions, l'auteur apporte les réponses suivantes :
- il est impossible d'admettre qu'une chambre quelconque de la Grande Pyramide ait pu être entourée d'eau ;
- la configuration des chaussées a changé au temps des Califes et des Mamelouks : elles ont été restaurées et réorientées en direction du Caire pour le transport des matériaux de construction arrachés au revêtement des pyramides.
"Pline mentionne un puits, dans la Grande Pyramide, de 129 pieds de profondeur, par lequel, supposait-on, l'eau du Nil était admise. Mais il est possible qu'il n'en ait eu connaissance que par un récit. Cela ne prouve donc pas que la pyramide était ouverte de son temps. La même remarque s'applique au bloc de pierre qui, selon Strabon, bouchait l'entrée du passage.
Concernant l'admission de l'eau du Nil, mentionnée par Hérodote, le plus bas niveau du fleuve rend totalement impossible l'introduction de l'eau par un canal à l'intérieur de la pyramide dont la base est, même maintenant, plus de 100 pieds au-dessus du niveau de la plus haute inondation. (...)
Qu'un puits dans la pyramide puisse avoir été assez profond pour atteindre l'eau, c'est certain ; mais cette eau ne pouvait pas s'élever au point d'atteindre les chambres les plus basses que l'on voit maintenant au fond du passage. À moins que d'autres chambres n'existent, à une profondeur de 20 à 30 pieds sous le niveau de [celles que nous connaissons], l'eau ne pouvait pas les avoir entourées, même si le Nil avait atteint le niveau qu'il a maintenant. (...) En tout cas, un canal à partir du Nil est hors de question et nullement nécessaire. Étant donné que les Égyptiens devaient savoir qu'en creusant à une certaine profondeur, l'eau s'infiltre toujours à travers le sol et l'argile qui forme la base des rochers, et s'ils voulaient construire des chambres entourées d'eau, ils avaient simplement à les construire à un certain niveau sous le sol pour obtenir ce résultat.
Pline fait allusion au récit où est mentionné ce puits. Mais bien qu'il dise, à proprement parler, que le Nil est plus bas que les pyramides, il n'exprime aucune opinion concernant la possibilité que l'eau soit admise autour de la chambre souterraine. Le "puits" dont il parle n'est pas ce qui porte aujourd'hui ce nom, mais probablement celui situé dans la chambre au bout du passage inférieur (...). L'usage du puits actuel, reliant les deux passages, était réservé (...) à la sortie des ouvriers."
L'auteur mentionne ensuite la chaussée sud de la Grande Pyramide, qui "semble avoir été prévue pour le transport des blocs de pierre de la plaine au sommet de la colline, à partir du fleuve" et qui était vraisemblablement construite avec de nombreuses pierres basaltiques, de telles roches de couleur noire ayant été trouvées au sud de la chaussée et au centre de la face est de la pyramide. Il constate tout d'abord que la chaussée a été rompue pour créer, selon lui, un passage d'évacuation lors des crues du Nil. Quant à sa longueur, elle devait être, conformément à la description d'Hérodote, de 3.050 pieds (correspondant aux 1.000 yards de Pococke), même si les vestiges qu'on peut en observer ne mesurent pas plus de 1.424 pieds, le restant ayant été enseveli sous les dépôts alluvionnaires du Nil au cours des inondations saisonnières.
La largeur de la chaussée est évaluée par John Gardner Wilkinson à seulement 32 pieds, pour une hauteur comprise entre 80 et 85 pieds. Cette hauteur, qui dépasse celle donnée par Hérodote, serait due au fait que la chaussée a vraisemblablement été restaurée par les Califes et les Mamelouks pour le transport des blocs de pierre arrachés aux pyramides pour la construction des beaux bâtiments du Caire.
Par ailleurs, selon l'auteur, il ne semble pas que l'on puisse faire mention d'une chaussée exclusivement liée à la seconde pyramide, sauf à supposer qu'elle ait été démolie lorsqu'elle fut devenue inutile et que ses pierres furent utilisées ailleurs. "Et ne serait-ce que pour la présence de la chaussée de la troisième pyramide, nous pourrions attribuer celle du nord aux califes et expliquer ainsi la relation d'Hérodote : selon lui, à cause de la base sablonneuse sur laquelle la chaussée a été construite, elle avait totalement disparu de son temps."
John Gardner Wilkinson observe enfin l'orientation de la "grande chaussée", qui interfère avec l'implantation des tombes construites à proximité de la pyramide de Khéops :"la direction de l'actuelle chaussée, au lieu d'être celle de l'endroit précis [où les blocs de pierre devaient être déposés en cours de construction de la pyramide, à savoir le coin ou le centre de la pyramide], est en droite ligne vers le Caire. Cela semble indiquer son origine arabe."
Voir également sur cet auteur : autre note
À ces questions, l'auteur apporte les réponses suivantes :
- il est impossible d'admettre qu'une chambre quelconque de la Grande Pyramide ait pu être entourée d'eau ;
- la configuration des chaussées a changé au temps des Califes et des Mamelouks : elles ont été restaurées et réorientées en direction du Caire pour le transport des matériaux de construction arrachés au revêtement des pyramides.
Sir John Gardner Wilkinson (Wikimedia commons)
Concernant l'admission de l'eau du Nil, mentionnée par Hérodote, le plus bas niveau du fleuve rend totalement impossible l'introduction de l'eau par un canal à l'intérieur de la pyramide dont la base est, même maintenant, plus de 100 pieds au-dessus du niveau de la plus haute inondation. (...)
Qu'un puits dans la pyramide puisse avoir été assez profond pour atteindre l'eau, c'est certain ; mais cette eau ne pouvait pas s'élever au point d'atteindre les chambres les plus basses que l'on voit maintenant au fond du passage. À moins que d'autres chambres n'existent, à une profondeur de 20 à 30 pieds sous le niveau de [celles que nous connaissons], l'eau ne pouvait pas les avoir entourées, même si le Nil avait atteint le niveau qu'il a maintenant. (...) En tout cas, un canal à partir du Nil est hors de question et nullement nécessaire. Étant donné que les Égyptiens devaient savoir qu'en creusant à une certaine profondeur, l'eau s'infiltre toujours à travers le sol et l'argile qui forme la base des rochers, et s'ils voulaient construire des chambres entourées d'eau, ils avaient simplement à les construire à un certain niveau sous le sol pour obtenir ce résultat.
Pline fait allusion au récit où est mentionné ce puits. Mais bien qu'il dise, à proprement parler, que le Nil est plus bas que les pyramides, il n'exprime aucune opinion concernant la possibilité que l'eau soit admise autour de la chambre souterraine. Le "puits" dont il parle n'est pas ce qui porte aujourd'hui ce nom, mais probablement celui situé dans la chambre au bout du passage inférieur (...). L'usage du puits actuel, reliant les deux passages, était réservé (...) à la sortie des ouvriers."
L'auteur mentionne ensuite la chaussée sud de la Grande Pyramide, qui "semble avoir été prévue pour le transport des blocs de pierre de la plaine au sommet de la colline, à partir du fleuve" et qui était vraisemblablement construite avec de nombreuses pierres basaltiques, de telles roches de couleur noire ayant été trouvées au sud de la chaussée et au centre de la face est de la pyramide. Il constate tout d'abord que la chaussée a été rompue pour créer, selon lui, un passage d'évacuation lors des crues du Nil. Quant à sa longueur, elle devait être, conformément à la description d'Hérodote, de 3.050 pieds (correspondant aux 1.000 yards de Pococke), même si les vestiges qu'on peut en observer ne mesurent pas plus de 1.424 pieds, le restant ayant été enseveli sous les dépôts alluvionnaires du Nil au cours des inondations saisonnières.
La largeur de la chaussée est évaluée par John Gardner Wilkinson à seulement 32 pieds, pour une hauteur comprise entre 80 et 85 pieds. Cette hauteur, qui dépasse celle donnée par Hérodote, serait due au fait que la chaussée a vraisemblablement été restaurée par les Califes et les Mamelouks pour le transport des blocs de pierre arrachés aux pyramides pour la construction des beaux bâtiments du Caire.
Par ailleurs, selon l'auteur, il ne semble pas que l'on puisse faire mention d'une chaussée exclusivement liée à la seconde pyramide, sauf à supposer qu'elle ait été démolie lorsqu'elle fut devenue inutile et que ses pierres furent utilisées ailleurs. "Et ne serait-ce que pour la présence de la chaussée de la troisième pyramide, nous pourrions attribuer celle du nord aux califes et expliquer ainsi la relation d'Hérodote : selon lui, à cause de la base sablonneuse sur laquelle la chaussée a été construite, elle avait totalement disparu de son temps."
John Gardner Wilkinson observe enfin l'orientation de la "grande chaussée", qui interfère avec l'implantation des tombes construites à proximité de la pyramide de Khéops :"la direction de l'actuelle chaussée, au lieu d'être celle de l'endroit précis [où les blocs de pierre devaient être déposés en cours de construction de la pyramide, à savoir le coin ou le centre de la pyramide], est en droite ligne vers le Caire. Cela semble indiquer son origine arabe."
Voir également sur cet auteur : autre note
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